Le silence à l'honneur

 

L’animatrice dit

« Silence »

Qu’évoque ce mot pour vous ?

Vous avez carte blanche pour nous le dire en 20 minutes

sous forme de poème, récit, réflexion….

 

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Image par Mohamed Hassan de Pixabay

 

 

Pourquoi tu te tais ?

 

-- Pourquoi tu ne dis rien ?

-- ...

-- Mais qu'est-ce que je t'ai fait ?

-- ...

-- C'est depuis que j'ai raconté cet épisode de nos vacances chez les Durand-Duval ?

-- ...

-- Mais enfin ce n'était pas quelque chose que j'aurais dû taire tout de même ?!!

-- ...

-- Tu m'as lancé un drôle de regard et après ça, plus rien.  Tu n'as plus pipé mot.

-- ...

-- Sans aucune explication. Même pas dans la voiture.

-- ...

-- Rien quand je t'ai raconté au sujet de la petite Arlette.

-- ...

-- Pourtant quelle histoire, celle-là ! Je ne veux pas être indiscrète et ça ne nous regarde pas. Mais enfin, fréquenter ce petit voyou de Michel Lardinier ! Une fille si convenable ! Je ne comprends pas que ses parents ne mettent pas le holà. Tu comprends ça, toi ?

-- ...

-- Je parie que tu le trouves possible, ce gamin. C'est tout toi, ça.

-- ...

-- Tu sais que je les ai vus dans le Parc de Bruxelles avant hier ?  Ils se bécotaient sans vergogne.

-- ...

-- Et qu'est-ce qu'il est vulgaire avec ça ! Tu ne trouves pas ?

-- ...

-- C'est ça ne dis  rien.  Tu sais quoi ?

-- ...

-- À partir de maintenant, je ne dis plus un mot. Tant que tu ne me réponds pas, plus un seul mot, tu peux compter là-dessus.

-- ...

-- Plus un mot, je te dis ! Tu verras comme c'est agréable !

 

L'homme au volant ne dit toujours rien. Mais il eut un grand sourire.

 

Suzanna

 

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Image de Freepik

 

 

Silence

 

Comment décrire le plaisir ressenti lorsque le soir après une rude et bruyante journée, je m’installe dans l’antique fauteuil de mon grand-père qui dégage un bruissement craintif à chaque mouvement. Là, les pieds bien au chaud près du rebord de la cheminée, je me laisse délicieusement envahir par l’ondulation des flammes fluctuant du jaune orangé au rouge sang, flammes qui évoquent dans un silence apaisant la danse d’une déesse ensorcelée qui s’élance harmonieusement vers les étoiles.

Ma respiration rythmée par le tic-tac de la pendule, absorbée par le crissement des bûches qui se consument lentement, je laisse mon imagination s'évader dans le bruit et la fureur provoqué par le tir violent de la kalachnikov du terroriste au milieu de la foule. Je prends alors bêtement conscience en ouvrant les yeux, étonné par le silence assourdissant qui envahit l’espace que mon livre attiré par la loi de la gravitation s’est affalé au pied de mon fauteuil.

Que faire !

Dans ce silence macabre où le bruit des balles résonnait encore dans ma tête, j’étais confronté à un choix délicat entre l’envie de connaitre le sort réservé au terroriste et la fin de l’histoire ou reprendre ma somnolence voluptueuse jusqu’à la fin de la bûche en compagnie de la déesse enflammée.

Lorsqu’un cri strident est venu résoudre mon dilemme «  Il est tard, viens te coucher »

Christian

 

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Image par Agata de Pixabay

 

 

Silence

 

Après une journée agitée, j’aime goûter aux quelques minutes de silence qui précèdent ma soirée. Le tumulte et le vacarme ont rythmé les longues heures depuis le matin.

Tout d’abord, c’est la sonnerie du réveil qui rompt le silence de la nuit. Puis les miaulements de mon chat affamé agressent mes tympans à peine éveillés. S’ensuivent les bruits de vaisselle entrechoquée lors de la préparation du petit déjeuner. Quand tout est en place, mon fils hurle depuis sa chambre « MAMAN, JE SUIS RÉVEILLÉ ! ». Et là, fini le silence… je sais que la journée va s’inscrire dans une agitation sonore – et pas uniquement sonore. Entre les appels téléphoniques, les aboiements du chien du voisin, les voitures qui klaxonnent ou qui font crisser leurs pneus, les conversations des collègues, le brouhaha au restaurant, les jeux de mon fils – sa bataille de Playmobil suivie de sa course de voitures -, les leçons qu’il doit réciter, l’histoire de sa journée, point par point, puis celle de mon mari, point par point… Un flot quasi continu de sons m’envahit, jusqu’au soir. Les miaulements du chat réclamant sa pâtée et l’appel de mon fils depuis son lit « MAMAN, J’AI FINI MON LIVRE, UN BISOU ! » sonnent la fin de la journée sonore… et ouvrent une perspective d’un moment de calme.

Alors, je me laisse tomber dans mon canapé, pour goûter à ce silence réparateur et bienfaisant. Mais impossible de faire taire mon esprit, qui continue à s’agiter bruyamment, ressassant un brouhaha de pensées. Je me saisis de mon livre et les mots silencieux envahissent ma tête, puis tout mon corps. Alors que j’ai espéré le silence depuis les premières lueurs du jour, je ne peux m’empêcher de poursuivre avec la magie et la musicalité des mots. Je ne dois pas être faite pour le silence ; mais à bien y réfléchir, le silence existe-t-il vraiment ?

Fabienne

 

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Image par Arek Socha de Pixabay

 

 

SILENCE !!!

 

« Silence les enfants ! Silence !! »

« Écoutez cette belle histoire! À une condition: faites silence les enfants ! »

 

C’est le premier jour de classe d’Alexandre. Tout est nouveau : les enfants, la maîtresse, les cahiers, les petites tables, les crayons, les jouets, tout même les mots !

Alexandre avait toujours vécu chez sa grand-mère, seul enfant de la famille, ses parents travaillaient énormément et avaient peu de temps à lui consacrer. Il était toute la journée avec sa chère grand-mère. C’était un enfant calme, sérieux, il parlait peu, sauf avec ses jouets.

Il ne faisait pas de bruit.

Alors ce premier jour, perdu au milieu des enfants avec cette maîtresse qui parlait fort pour se faire entendre, tout cela perturbait Alexandre.

«  Silence, silence ! » disait la maîtresse.

Alexandre ne comprenait pas le sens de ce mot, mais il le trouvait fort joli et il résonnait agréablement à ses oreilles.

Silence, peut-être était-ce un majestueux papillon glissant sur un rayon de soleil ?

Silence, peut-être était-ce une récompense, un biscuit moelleux sortant du four de Grand-Mère ?

Silence, peut-être était-ce un rêve, un voyage au pays des merveilles ?

Ce mot résonna dans la tête d’Alexandre toute la journée, remplit ses rêves pendant la nuit. Le lendemain matin, il demanda à sa grand-mère :

«  Grand-Mère, qu’est-ce que c’est SILENCE ? La maîtresse dit ce mot sans arrêt ! « 

« Ah ! répondit Grand-Mère, silence veut dire chut … taisez-vous… ne faites pas de bruit. À l’école il faut écouter la maîtresse bien sagement !. »

Silence était donc un ordre ! pas très poétique en somme, mais très utile !

Désormais quand il y avait trop de bruit dans la classe, Alexandre chuchotait: « silence les enfants, silence » 

Chris

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Cours de français

 

« – Puis-je avoir le silence s’il vous plait !

Merci.

Aujourd’hui, notre cours va porter justement sur le mot que je viens de prononcer : « silence »

À quoi vous fait-il penser ? oui Kevin.

    Silence égal absence de bruit, mais aussi absence de parole, comme dans l’expression « garder le silence », ou « la loi du silence »

    Oui, effectivement. Quoi d’autre ? Christelle.

    Il y a le silence en musique, qui correspond à l’interruption du son. Le « silence on tourne » du cinéma. Puis le silence au théâtre, aussi important que la parole, où l’acteur fait passer des émotions en concentrant toute l’attention des spectateurs sur lui.

    Oui, très bien ! et à votre avis, le silence est-il agréable ou pas ? Ludivine, tu rêves ou tu es avec nous ? Qu’en penses-tu ?

    Je crois que cela dépend des moments : il peut être bienfaisant s’il est désiré ou attendu alors qu’un bruit agresse nos oreilles - cris, klaxons, tronçonneuse – mais il peut être assourdissant, pesant ou angoissant s’il nous fait ressentir plus intensément l’absence des bruits qui sont les repères de notre vie quotidienne et qui la rythment. Ne dit-on pas « il régnait un silence de mort » ?

    Parfait. Quelqu’un d’autre ? Ludovic

    Je pensais au silence des profondeurs ou à celui des vastes espaces enneigés qui peuvent être inquiétants, majorant notre sentiment de solitude ou de petitesse.

    C’est très bien tout cela. Je vais ajouter que le silence est une chose subtile qui peut rapprocher ou éloigner les êtres. Ils peuvent regarder ensemble un beau paysage ou un beau tableau dans un moment de communion magique où la parole serait superflue. Au contraire, il peut régner un silence gênant quand rien ne les rapproche et quand l’absence de parole ne permet pas de combler l’absence de connivence.

Bien, nous arrivons à la fin de ce cours où nous avons commencé à analyser cet intéressant sujet. Aussi, pour continuer notre réflexion plus en détail, je vous propose de traiter cette maxime pour la prochaine fois :  

  « la parole est d’argent mais le silence est d’or »

    Merci et à la semaine prochaine

Gill

 

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