Conversation dans le train

 

Proposition:        

Dans le train, à l’aller ou au retour des vacances, un couple est assis en face de vous ; Tout en faisant semblant de lire, vous écoutez leur conversation.

en 20 minutes, racontez

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Apparences trompeuses

 

Installée dans le train qui me ramène à Paris, je n’arrête pas de penser à ce merveilleux séjour que je viens de faire et j’ai du mal à me concentrer sur mon bouquin. Je n’ai vraiment pas l’esprit à la lecture, tout me perturbe et ce grand type, en face de moi, qui parle si fort, me déconcentre encore plus. La frêle jeune femme à côté de lui a de la patience car moi, à sa place, cela fait longtemps que je l’aurais envoyé balader. Ce doit être son patron car elle semble très réservée ; elle ne doit pas oser lui répondre de peur de se faire virer. En fait si, elle parle, mais si doucement que je ne comprends pas ce qu’elle dit ; son expression parle pour elle.

 

On va finir par connaître toute sa vie, à lui, sa villa à Cannes, ses sports d’hiver en Suisse, son appartement à Paris. Tiens, pourquoi n’arrête-t-il pas de regarder ses mains ; mais ma parole, il a retiré son alliance, on en voit la trace. Je vois, c’est un m’as-tu vu faux jeton qui doit profiter d’un voyage d’affaires pour draguer sa nouvelle secrétaire. Amusant comme certains hommes restent attachés à ces petits détails ; il faut croire qu’ils prennent les filles pour des idiotes.

 

Il lui propose un repas au Fouquet’s pour ce soir, et bien il ne lésine pas ! Mais ce petit mouvement de tête est un refus j’imagine. Il insiste, le gros lourdaud, pensant sûrement être irrésistible ; s’il la voyait lever les yeux au ciel en faisant semblant de regarder le paysage, il se rendrait compte combien il est grotesque. Comme elle doit être gênée, il parle si fort que tout le compartiment peut se croire convié au restaurant.

 

 Elle va être bientôt tranquille, on arrive à Paris ; ça y est, terminus ; il se lève et lui glisse quelque chose dans la main avant de quitter sa place. Oh, elle en fait une petite boule et avec un gros « ouf » la jette dans la poubelle ; j’entends alors distinctement le son de sa voix: « espèce de cinglé, hors de ma vue ».

Je comprends alors que je me suis fait mon petit roman. Ces deux-là n’étaient pas du tout ensemble ; il s’agissait seulement d’un voyage gâché par un banal dragueur. C’est fou comme on peut se tromper quand on espionne les gens !

 

Gill

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INDISDRETION

 

Tout en regardant d’un œil vide le paysage - et ses vaches bien sûr - défiler derrière les vitres à la transparence douteuse, je feuillette machinalement le dernier Paris-Match. Mes paupières sont lourdes et sont prêtes à tomber sur les dernières aventures de Johnny.

 

Face à moi, un couple visiblement intéressé par la couverture de ma revue, émet des commentaires sur les titres annoncés. Leur chuchotement interpelle mon attention. Je relève mon périodique en fixant mon regard sur un article, tandis que mon oreille se fait de plus en plus indiscrète.

 

-      Tu penses que Johnny va continuer sa bringue encore longtemps ?

-      T’inquiètes, il a le sang pour durer !

-      Et Depardieu chez les Russes, ça te dit quelque chose ?

-      Tu parles d’une mascarade, lui et Poutine !

-      La vodka doit être bonne pour qu’il se scotche à l’est !

-      Ça ne doit pas être triste !

-      Et le prince d’Angleterre… On parle de ses frasques…

-      Oh, tu sais, on dit tout et n’importe quoi. Des racontars, y-en-a plein la terre…

-      C’est vrai, les gens ont besoin de déblatérer sur tout !

 

Je replie d’un coup Paris-Match qui fait sursauter mes vis-à-vis.

 

Fini le colportage !

 

Mouty

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