Souvenir de rentrée

 

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Souvenir de rentrée scolaire

 

 

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Image par Olya Adamovich de Pixabay

 

 

Rentrée scolaire 1989. Nous venons de déménager : nouvelle ville, nouveau collège, nouveaux professeurs, nouveaux amis –enfin, j’espère.

L’été m’a semblé insurmontable : l’entrée dans l’adolescence, le déménagement, la tristesse de quitter ma meilleure amie Nathalie, l’accident de maman qui s’est fracturé le bassin en tombant dans l’escalier. La faute à cette fichue maison, qu’elle ne connaît pas bien et surtout la faute à mon père qui nous impose sa mutation professionnelle. Je lui en veux, je suis en colère, mais je ne dis rien.

À chaque veille de rentrée scolaire, je sens l’angoisse monter en moi.Serai-je capable de reprendre le rythme ? Retrouverai-je mes amis ? Les professeurs seront ils sympas ? Mais là, en cette rentrée en cinquième, l’angoisse est à son paroxysme. Tout est nouveau, inconnu, alors pas facile d’avoir confiance en soi. Pour ajouter à mon appréhension, ma mère est clouée dans son lit d’hôpital et elle ne pourra pas m’accompagner. Son amie Nicole s’y colle, mon père étant accaparé par son travail.

 Je débarque dans cette cour du collège Varsovie – même ce nom m’angoisse – en cette matinée de septembre. Tous les élèves semblent se connaître : ils discutent en petits groupes, des rires fusent, ils se racontent leurs vacances. Et moi, je me sens seule, perdue au milieu d’eux, même si Nicole me fait quelques petits signes encourageants depuis la coursive surplombant la cour. Le proviseur commence l’appel, classe après classe. Des cris de joie pour certains de se retrouver dans la même classe, des soupirs de déception pour d’autres qui sont séparés, mais qui se promettent de se rejoindre à la cantine. Je les envie !

Je me tourne vers la droite et, maintenant que la cour s’est un peu vidée, je remarque une fille, seule elle aussi, qui ne semble connaître personne. Elle sent mes yeux posés sur elle et se tourne, un sourire aux lèvres : échange de regards et à cet instant précis, je ne me sens plus seule. Je devine que nous serons amies, mieux je le sais. Nous nous rapprochons, telles deux naufragées échouées sur une terre inhospitalière.

- Tu es nouvelle ? me demande-t-elle

- Oui. Toi aussi ?

- Oui, je m’appelle Sophie et je viens du Puy.

- Moi, c’est Fabienne, je viens de Perpignan.

- J’espère que nous serons dans la même classe, chuchote-t-elle

Son vœu est exaucé, nous nous retrouvons en 5ème B1, où tous les élèves se connaissent et dont la majorité vient de 6ème B1. Et c’est le début d’une histoire d’amitié de plus de vingt ans.

Quand je repense à ce jour-là, c’est le sourire de Sophie que je revois. Alors aujourd’hui, j’ai choisi de retenir cette image de cette rentrée 1989. J’ai voulu chasser l’appréhension, l’angoisse et la tristesse pour ne retenir que cette rencontre, cette belle rencontre : notre vie est faite de cela, de belles rencontres qui font de nous ce que nous sommes.

Fabienne

 

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Les prés se dessèchent, une rosée fine surgit dès les premières heures du jour. Les colchiques montrent leur corolle rose tendre. Nous  sommes sur les monts du Vercors. Les brebis sont réveillées depuis de longues heures. Les feuilles des hêtres deviennent des feuilles d'or, et tous les feuillus des pentes suivent docilement ce mouvement.

Peut - être se sont- ils concertés ?  Non, c'est la ritournelle, éternelle....

 

 

 Je me souviens de mon premier jour d'école,  comme si c'était hier.  Exceptionnellement, mon papa me prenant par la main m'amena lui-même dans la cour de la petite école du village. Il me présenta à une dame blonde souriante, elle avait des yeux très bleus, presque comme ceux de ma maman, cela me fit un peu peur, car des questions me vinrent à l'esprit: va-t-on  me laisser là ?  pourquoi maman n'est- elle pas venue aussi ?  Ma gorge se noua,  j'eus envie de pleurer, mais dans la classe, papa enthousiaste,  soudain me lâcha la main en disant :" A l'école la jeunesse ! " cela me réconforta.

 

Madame Mondiègue, qui devait être notre maîtresse, se présenta, puis déposa un baiser sur le front de chacune d'entre nous, je me calmai, avec un petit signe de la main, papa disparu.

Je commençai à découvrir mon futur environnement. J'eus la chance d'être au premier rang ; sur le bureau de la maîtresse, tout était intéressant : des boites de boules de pâte à modeler, des palettes de peinture à l'eau, des stocks de papier à dessin, je bus tout ces trésors, impatiente d'apprendre.

 

Nous commençâmes par une séance de "piquage" : munies d'une grosse aiguille à laine, nous devions piquer, tout le tour d'un animal, peint sur une feuille de papier à dessin. Une fois terminé, l'animal se détachant tout seul, nos "chefs-d'oeuvres" étaient affichés sur un cadre de bois clair, cela me faisait tellement plaisir,  et je m'appliquais, avec une grande patience, à encercler un éléphant bleu.

 

Christine

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Image par Gordon Johnson de Pixabay

 

 

La rentrée d’Oscar

Bon, on y est ! c’est le jour « J », le jour de ma dernière rentrée. Je suis un peu ému.

On m’a sorti de ma housse d’été, un peu dépoussiéré, et  installé sur mon socle, dans la salle de travaux pratiques. Ici, c’est moi le roi ! Même si je n’ai pas affaire à des élèves très jeunes, je sais quand même que je vais en impressionner certains, ou du moins susciter leur curiosité. Je ne laisse personne indifférent.

Voyons, un check-up s’impose. Ai-je bien tous mes os, surtout les plus petits ? J’ai un certain âge, et, bien que mes articulations aient été vérifiées, il se pourrait qu’un petit fil métallique ait lâché, me privant de ce fait d’une phalange ou d’un orteil.

Autour de moi, la classe est encore vide et je savoure mes derniers instants de calme. Je suis un peu nostalgique, tout à coup, en pensant à tous ces enfants qui se sont assis sur ces chaises. J’en ai vus défiler, des bruns, des blonds, des forts, des faibles, des timides, des bavards. Certains sont devenus des têtes bien pleines tandis que d’autres n’ont pas su profiter de ce qu’ils ont appris. Mais ma grande fierté, c’est la réussite spectaculaire de l’un d’entre eux, qui est devenu très très célèbre, très en vue, avec de très grandes responsabilités. Il est à la tête de la …Non, je ne vous en dis pas plus, mais je suis sûr que vous voyez de qui je parle.

Ah, j’entends un brouhaha dans le couloir, ils ne vont pas tarder. Bon, je prends la pose, tête haute, l’air fier.

La porte s’ouvre : en premier…oh non, pas celui-là ! c’est Jérémy, qui a redoublé. Je croyais que le proviseur n’en voulait plus. L’année dernière, en chahutant, il m’a bousculé, fait tomber, et il a failli mélanger tous mes os. Une catastrophe ambulante ce gamin.

Et un à un entrent des anges ou des démons qui seront mes compagnons pendant toute une année scolaire, tandis que fusent des « salut Oscar, salut à notre squelette préféré. J’espère que tu n’as pas perdu un tibia pendant l’été ! »

Moi qui croyais les impressionner pour ma dernière prestation ! Je vous le dis, il n’y a plus d’enfants, ni de respect.

Gill

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Wikimédia     Par LPLT — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, 

 

 

       En ces temps bénis, les vacances d’été duraient trois mois.

Aussi, la rentrée des classes 62 s’effectua comme d’habitude début Octobre…à un détail près : 2000 kilomètres plus au Nord que les précédentes.

Autre différence : j’avais peur. Une peur terrible. A en avoir des coliques.

Pourtant le lycée où j’allais (probablement) passer cette année de Première était plus que recommandable. Pensez donc : Hélène Boucher, sis Cours de Vincennes, Paris XXème.  Chef d’œuvre d’Art Déco en plus. Cela en aurait ravi plus d’un,( ou plutôt d’une, car l’Education Nationale ignorait encore la mixité)…Pas moi J’avais seulement peur. Tout m’était étranger, inconnu, hostile : l’accent qui trainait dans la cour et heurtait mes oreilles, les pionnes à l’air suspicieux, le ciel parisien, pas très au dessus des toits, en fin de compte et aussi gris qu’eux, et surtout ces centaines de filles en blouses beiges qui envahissaient l’espace, criaient, me bousculaient sans me voir. Comme elle était loin, cette Seconde merveilleuse qui s’était déroulée sous le ciel d’Oranie d’une part, et d’autre part, dans une classe de garçons  dont j’étais la seule fille. Ici, pas un homme à l’horizon, à l’exception du concierge, individu vieux et laid qu’on devinait méchant au premier coup d’œil. Dieu, quelle décadence !

Une cloche sonna. Les rangs se formèrent dans la cour, vite avalés par couloirs et escaliers. Je demeurai seule. Seule dans l’immensité bitumée d’une cour désertée. Etait-ce le rapprochement des deux mots ? Aussitôt je n’eus plus qu’une idée : déserter cet enfer. J’irai n’importe où, on verrait bien. Je pris mon cartable, mes jambes à mon coup et détalai.

    Hélas, une main de fer me saisit au collet juste avant la sortie. Celle du cerbère en casquette à galon doré. Mon destin était donc scellé à jamais ! Je me mis à pleurer.

  Quinze jours plus tard, j’avais plein de copines, deux ou trois profs que j’admirais, me sentais plutôt fière de mon bahut…et mon accent commençait même à ressembler à celui qui traine par tous les temps  dans l’air de l’Ile de France.

    El Pé

 

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