Du violon au château, choisissez votre titre

 

 

Écrire un texte qui aura pour titre l'un des quatre suivants

au choix

 

Le violon dans le brouillard

Pas si sage!

La porte qui ouvrait sur deux mondes

La maison qui se prenait pour un château

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Image par effigas de Pixabay

 

 

LE VIOLON DANS LE BROUILLARD

 

        La voiture roulait certainement à plus de 130 lorsque le pneu avant gauche éclata.

      L’homme au volant tenta de garder le contrôle du véhicule, et dans les deux premières secondes, cela ne lui parut pas infaisable. N’était-il pas, dans le milieu des affaires, connu sous le nom de Ice Man, à cause de son sang-froid légendaire ? Mais cette fois, Ice Man ne put rien contrôler du tout.

      Dans un furieux élan, l’auto (une jolie italienne) sauta par-dessus la glissière de sécurité et fit trois tonneaux en contrebas avant d’atterrir sur son toit dans un fracas de tôles déchirées.

      Ayant  perdu connaissance sous ce choc effroyable, le chauffeur ne put voir l’attroupement qui se formait peu à peu autour de lui, ni l’ambulance qui l’emporta peu après vers le plus proche hôpital, toutes sirènes hurlantes.

     Y était-il déjà arrivé lorsqu’il finit par ouvrir les yeux ? Peut-être. Toujours est-il qu’il ne se vit entouré que d’un épais brouillard. Blanc et glacé. Il n’eut pas le temps de s’étonner car au même instant, une étrange musique parvint à ses oreilles : un air, joué maladroitement au violon, et qu’il ne tarda pas à reconnaitre. « Mais c’est la quatrième étude de Kreutzer »,  découvrit-il, tout joyeux. Et soudain, comme appelé par cette pensée, un enfant surgit du brouillard, sans cesser de jouer, la tête penchée sur son violon.

    «  De plus en plus étrange, en vérité…mais, mais, cet enfant, c’est moi ! Moi à sept ans !!! »

En effet, c’était lui. Juste avant que ses parents,   jugeant sans doute ses progrès nettement insuffisants, aient trouvé plus utile de remplacer le violon par une raquette de tennis.

Il avait éprouvé beaucoup de chagrin, puis avait fini par oublier. Et voilà qu’aujourd’hui  l’instrument lui était rendu, tendu à bout de bras par un gamin.

« Avec joie, s’exclama Ice Man, et cette fois, personne ne pourra m’empêcher d’améliorer cette sonatine et même, pourquoi pas, de passer à autre chose, non mais !! » Alors  l’éternité s’ouvrit devant l’homme-enfant et son violon qui disparurent dans le brouillard…et il n’y eut plus que le silence.*

 

    El Pé

 

*En hommage à Michel Piccoli, inoubliable dans « les choses de la vie ».

 

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Paris; The Hotel-Dieu an Notre Dame. Wellcome M0011668

wikimédia

 

 

LA PORTE DES DEUX MONDES

 

Cette année je me lance, j’ai écouté les conseils de papa et de tonton Roland, je sais où, comment, l’arrosage, les canisses, etc… J’installe tout et pendant la sieste de bébé, je planterai mes tomates !

Je mets en place quatre rangées de plants de tomates et je creuse avec la grosse pioche. Soudain, ma pioche heurte quelque chose de duret j’ai trouvé un petit fut en métal plein de terre contenant une petite boite cuivrée, bien ouvragée. A l’intérieur j’ai découvert seulement une lettre dans une jolie enveloppe bleue un peu tachée avec Philippine écrit d’une belle écriture à la plume et un petit bouquet de fleurs séchées.

Toute étonnée de ma trouvaille, je m’installe sur un muret et commence ma lecture.

    

Ma chère Philippine,

Je te dois bien une explication après tant d’années d’amitié. Il m’arrive une chose extraordinaire. La semaine dernière, le jardinier enlevait les vieux lauriers derrière la maison et dans une tranchée il y avait un tas de cochonneries et un petit fut métallique contenant une jolie boite un peu cabossée. Dedans j’ai trouvé une lettre et un œuf de pierre marron irisé avec de belles incrustations de couleurs. Cette pierre m’a attirée et j’ai lu le message. Pendant 2 jours, on pouvait ouvrir une porte vers le passé ou le futur, choisir d’y rester ou pas. Toujours curieuse, je suis partie dans «les couloirs du temps» la pierre dans mes mains comme Aladin et sa lampe magique.

Ma première expérience ne m’a pas convaincue.

Je me suis retrouvée sur Mars en 2150 dans une colonie d’humains tous tristes, travaillant sans cesse, se nourrissant de pilules et de boissons fadasses. Quelle désolation cette planète et cette poussière rouge qui vole partout. Je suis revenue.

Ma deuxième expérience c’était la semaine suivante.

J’étais en l’an 1240 et âgée de 12 ans, je m’appelais Jehanne, il pleuvait très fort et ma nourrice Louison me forçait à rentrer à la maison. J’étais triste, un petit chien abandonné noir une tache blanche sur le front attendait devant la porte depuis le matin. C’était la maison de mon père Germain d’Alenbhert le Maître de la Corporation des Verriers de Paris. Lui seul pouvait donner l’autorisation et accepter ce chien, Louison me le rappela sèchement, une fille obéit respectueusement à son père.

Nous sommes rentrées et Louison m’aida à me vêtir de sec. J’étais une petite jeune fille avec encore les joues rondes et pleines de l’enfance et sous ma coiffe une longue natte dansait dans mon dos. J’avais 3 grandes sœurs bien plus vieilles que moi, mariées et loin de la maison. Ainsi, j’étais la seule enfant au foyer de mes parents, arrivée tardivement.

Mon père avait belle prestance et grande autorité sur la place de Paris avec sa confrérie et sa multitude d’ouvriers et d’apprentis. Il avait deux ouvriers consciencieux et capables depuis fort longtemps et un apprenti Petit Louis, enfant abandonné recueilli par Louison. Depuis toute petite j’observais en cachette mon père travailler dans son atelier. Son travail me fascinait, m’attirait, les couleurs, le verre, le plomb…..tout me paraissait magnifique. Ce soir était important, je fus habillée avec soins et sermonnée par ma chère mère et Louison car mon père devait me parler. Il était installé dans son grand fauteuil dans la petite pièce des visiteurs. Tout d’abord, Il m’autorisa à sauver ce chien tout noir qui tiendrait compagnie à notre fidèle Bella qui était vieille et un peu sourde et ainsi il apprendrait à devenir bon gardien pour notre demeure.

J’étais très contente et remerciais mon père. Malheureusement le reste du discours me chagrina beaucoup. Il s’était déjà préoccupé de mon avenir et souhaitait me faire étudier encore 2 ans de plus chez les sœurs pour avoir les connaissances convenant à une fille de bonne famille et savoir tenir une maison. A mon grand désespoir, il m’apprit avoir parlé de fiançailles pour mes 15 ans avec le fils du plus gros marchand drapier du Nord.

Ma mère avait la tête baissée et se torturait les mains, une larme glissa sur sa joue et Louison gémissait derrière moi. Ni l’une, ni l’autre ne devait être au courant des projets de mon père.

Je ravalais mes larmes et répondis bien respectueusement à mon père, la tête baissée que je ne voulais pas de cet avenir. Je souhaitais travailler à l’atelier et apprendre le haut-savoir. J’étais heureuse de le regarder œuvrer en secret, je voulais être apprenti et le rester puisque j’étais une fille. 

Ce fût un coup de tonnerre…, ma mère était stupéfaite, Louison pensait à la sévère punition qui m’attendait et mon père était surpris de tant d’audace... C’était donc elle l’ombre furtive qu’il apercevait quelquefois en travaillant ! L’atelier repris par une fille ! impossible mais sans héritier mâle pour lui succéder quel nom porterait dans l’avenir son bien ? et le Maître d’œuvre qui lui avait confié les vitraux de la magnifique cathédrale qui commençait à s’élever dans l’île de la Cité. Ils y travaillaient déjà et dans 4 ou 5 ans la première rosace devrait être terminée… l’ouvrage ne manquerait pas !

Au bout de 2 jours et je retournais dans mon temps. Voilà, J’ai bien réfléchi, je ferme ma maison et je repars en 12… et j’écris une lettre à Philippine avec des violettes, cette fleur que j’aime tant.

Philippine, nous avons 87 ans et tu es ma meilleure amie. Tu as perdu la tête et tu es dans ton monde enfermée à l’Hospice. Ici je n’ai plus personne à aimer : mon mari Albert, mon fils Pierre, Madeleine ma sœur, Patou mon fidèle chien et Finette ma chatte blanche tous morts, partis. Je vais retourner chez mon père, je m’appelle Jéhanne, j’ai des parents aimants, une nourrice affectueuse, Noiro et Finette qui m’attendent. La pierre, je la cacherai dans un trou sur le chantier de la nouvelle cathédrale. Et si mon père m’y autorise, j’apprendrais et je rentrerais peut-être dans la corporation des Verriers ?

Je t’embrasse, Blanche.

Toujours assise sur mon muret je suis surprise, courageuse Jéhanne, j’espère que tu as réussi… Etrange tout de même, cette maison reçue en héritage, avait appartenu à une grand-tante de maman qui s’appelait Blanche une dame très âgée qui avait disparu du jour au lendemain depuis des lustres. J’ai gardé comme un secret la veille boite, sa lettre et son bouquet de fleurs séchées.

 

M-Christine

 

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Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

 

                                                                 Le Violon dans la Brume

 

                       C’était un son perçant. Semblable à celui d’un crincrin d’antan. On frissonnait quand on l’entendait, on se claquemurait chez soi. Les notes grinçantes avaient résonné avant les pluies torrentielles, les gelées dévastatrices, les guerres.

       Les maires successifs, lassés des reproches de leurs administrés, avaient convoqué les plus fins limiers : Hercule Poirot, Jules Maigret, Nestor Burma, Miss Marple, même le chien yankee Rintintin.

        En vain.

Comme il n’y avait jamais eu de fausse annonce, les habitants désertèrent le village. L’air diabolique avait annoncé l’arrivée de terribles tueurs : le moustique tigre, le Covid 19, le péril jaune et le rouge.

        C’était sûr, le violon dans la brume ne se trompait jamais. Il était plus crédible que Madame Soleil aux fantaisistes prédictions.

                                                    

    Line

 

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Vezin7 21 1 06

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La porte qui ouvrait sur deux mondes.

 

    Me voilà en Touraine pendant que mon mari se balade, en montgolfière, au dessus du château de la Loire, moi plus terre à terre, je me décide d’aller faire un tour à Cheverny au château pour visiter la plus grande meute de France. Une meute de chiens courants des Beagles  Français : chiens athlétiques manteaux noir, membres marron, poitrine blanche avec de grands yeux vifs et doux à la fois.

    Je déambule dans les pièces du rez-de chaussée, dédiées à la chasse à courre dont j’abhorre la pratique, pleines de trophées remportés depuis des siècles par les châtelains du cru.  

 Je suis plongée, à l’époque tellement riche de la Renaissance qui a vu l’éclosion des arts, de la littérature et a codifié les règles de la chasse à courre.

    Plus loin toujours dans l’enceinte du château, je pénètre dans le domaine des chiens qui vont prendre leur repas sous la surveillance des maîtres-piqueux.

    Ils sont tous alignés, le long d’une grande gouttière remplie de croquettes, jappant d’impatience, couinant, n’osant pas aboyer. Soudain le silence se fait, le maître chien en chef lève son fouet, tous les regards sont tournés vers lui, tous les museaux plongent dans l’auge et l’on entend que le bruit des mâchoires et le jappement des chiens. Je déteste entendre les humains faire du bruit en mangeant, mais quand ce sont les chiens ou les chevaux, j’apprécie qu’ils se régalent.

    Je parle un moment avec le responsable du chenil qui m’explique comment ils sélectionnent les chiens, surtout les lices en me laissant entrevoir un coin de la maternité très confortable et très nette, et là je me dis quel  voyage je viens de faire en quelques heures de la Renaissance au 21ème siècle !

    Ces chiens qui font partie du patrimoine Français n’ont pas conscience de la chance qu’ils ont de vivre dans ce contexte où beaucoup de leurs congénères ont souffert avec les humains d’ailleurs, de l’ignorance de la précarité de l’époque où ils n’étaient que du bétail.

    Peut-être s’ils parlaient, pourraient-ils nous dire qu’ils apprécient d’être à Cheverny au 21ème  siècle, et peut-être, tout de même dans le monde animal, savent-ils que leurs ancêtres ont travaillé comme chez les humains pour le confort des générations suivantes.

    Sait-on jamais !

Simone

 

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The Jury by John Morgan

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Pas si sage !

Si sage ! elle était si sage étant enfant.

Une jolie petite fille blonde, polie, obéissante, calme, ordonnée, une petite fille enviée par tous les parents de petits chenapans agités. Comme on dit, « on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession ». Seul le regard sans chaleur dérangeait dans ce portrait idyllique.

C’est pour cela que lorsque le chat des voisins fut empoisonné, bien qu’il niât vigoureusement, on accusa immédiatement Victor, un garnement qui accumulait les menus méfaits mais n’en avait jamais commis de graves. Personne ne remarqua la lueur dans les yeux d’Ella.

C’est pour cela que lorsque le fiancé de sa sœur fut victime d’un accident de voiture qui le précipita dans un ravin, on accusa le garagiste qui l’avait révisée d’avoir omis de remplacer une pièce défectueuse. Personne ne se demanda pourquoi Ella avait les yeux secs devant le chagrin de la future épouse. La pudeur, n’est-ce pas, elle était tellement pudique dans ses manifestations, cette jeune fille parfaite.

Lorsque le mari d’Ella mourut d’un mal inconnu en lui laissant une grosse fortune, le coupable fut un virus foudroyant qui laissait une jeune et digne veuve au chagrin discret.

Quand son second mari – quelle malchance – succomba à une chute dans les escaliers, la femme de ménage, qui les avait trop cirés, fut licenciée. Elle eut la chance de ne pas être poursuivie pour homicide involontaire, Ella, veuve pour la seconde fois, magnanime, ne porta pas plainte contre elle.

D’autres « accidentés » jalonnèrent la vie d’Ella, sans qu’elle ne soit jamais inquiétée, sauf un ultime………qui cette fois, la conduisit devant la cour d’assises.

Les jurés, devant cette femme vieillissante aux yeux baissés, ayant conservé la grâce et la dignité quelle avait dans sa jeunesse, élégante sans ostentation, semblant là par erreur, ne surent quoi penser. Qui aurait pu imaginer que ce corps brûlait d’un feu intérieur dévastateur.

Était-elle coupable de tout ce dont on l’accusait ? Impossible !

Elle avait l’air si sage.

Gill

 

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Image par JL G de Pixabay

 

 

 

Le violon dans le brouillard

 

Quelle inconscience ce jour-là, partir aux champignons par temps couvert, à une heure assez tardive, j’allais vite le regretter. En peu de temps j’étais entouré d’un épais brouillard, comment retrouver mon chemin ; les minutes passaient, la nuit commençait à tomber, bientôt je n’y verrais plus rien, l’angoisse, la peur m’étreignaient de plus en plus, quand une douce mélodie assez lointaine se fit entendre, enfin une lueur d’espoir. D’un pas mal assuré, j’avançais lentement, maintenant la musique se faisait de plus en plus présente, quelqu’un jouait merveilleusement du violon, mais où ; pas une seule lumière.

Soudain, là, devant moi, l’incroyable, l’inimaginable : tel un automate, un violon jouait et dansait. Comment un instrument de musique pouvait-il s’animer ainsi tout seul, hallucinant, irréel. Par la suite, j’ai appris qu’il existait une légende sur ce mystérieux endroit ; en effet, ce lieu serait hanté par un très vieux violoniste mort là par une nuit de brouillard, son inséparable violon à ses côtés ; il se dit à qui veut l’entendre que ce dernier, habité par l’âme du musicien, reprendrait vie et s’animerait chaque nuit de brouillard. Étrange, non, cette histoire ! Bizarre, vous avez dit bizarre ! Peut-être.

Louisa

 

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Image par Lawrie Phipps de Pixabay

 

 

 

Le brouillard et le violon

 

Je marchais le long du fleuve à la couleur d’étain. On distinguait à peine les masses noires des péniches amarrées sur le bord du quai car un épais brouillard venait de s’abattre sur la ville et la visibilité se trouvait réduite à quelques mètres. C’était un 11 Novembre; il était 15 heures. Les lumières des lampadaires éclairés bien avant l’heure, avaient de la peine à traverser cette purée de pois. Là-haut, sur la route, les voitures roulaient au pas et leurs conducteurs suivaient leur chemin guidés uniquement par les bordures des trottoirs.

Par cet après-midi-là, je marchais .Glissant de temps en temps ma main sur le parapet qui sécurisait mes pas et m’évitait un écart fatal vers les eaux glauques du fleuve, je pensais.

Privé de la vision du décor qui m’entourait, j’avais la tête ailleurs. Debout, mais je rêvais tout éveillé. Et là, incroyable, au milieu de nulle part, la musique. D’abord quelques pizzicatos d’un violon, puis l’artiste reprenant son archer  entama une série de trilles. L’instrument, comme par enchantement se mit à me parler. Pas de classicisme, mais quelque chose qui ressemblait plus à de l’improvisation sur un de ces thèmes qu’adorent les tziganes. Une musique venue de l’Est et d’après les historiens peut-être issue de quelque contrée lointaine de l’Inde. J’allais dire, une musique pas de chez nous, mais la musique est universelle .Celle-ci, dans le contexte, vous prenait aux tripes

Isolé du reste du monde et rendu aveugle par cet épais brouillard je ressentais avec encore plus de force le message que portait cette mélodie. Musique chaude, venue d’ailleurs et qui semblait sortir tout droit des eaux glacées du fleuve. Le contraste était frappant et je restais là, médusé, savourant ce moment de bonheur musical avec gourmandise et il faut bien le dire avec quelques états d’âme.

Tout d’un coup, la musique s’arrêta, rompant l’harmonie de cet instant sublime. Curieux, j’attendis encore quelques instants, mais plus rien ne se produisit.

  Le cœur lourd et la tête pleine de rêves, je repris ma route pour suivre mon chemin le long du fleuve à la couleur d’étain.

 

Jean-Pierre

 

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