Dialogue de bêtes

 

C'est le titre d'un roman de Colette

 

Comme elle, nous allons écrire une courte histoire incluant un

 

dialogue entre.... deux personnages des Fables de La Fontaine

 

Exemple: Le Loup et l'Agneau. Le Corbeau et le Renard.

Le Lièvre et la Tortue. La  Grenouille et le Bœuf, etc.  

 

Bien  entendu, l'histoire ne devra pas obligatoirement

 

se rapporter à la fable

 

 

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LE  RAT DES VILLES  ET LE RAT DES  CHAMPS

 

           Non, décidément, la vie en ville n’était plus possible !Outre la pollution, une grande campagne de désinfection des rues, caves, greniers et autres lieux de villégiature avait déjà décimé une bonne partie de ses congénères lorsque la jeune Rat Bout Gris, Minnie de son prénom ( très en vogue alors)  décida de s’exiler en solo à la campagne. Evidemment, avec un ensemble touchant ses nombreux parents et amis avaient tenté de l’en dissuader : « On sait ce qu’on perd mais on ne sait pas ce qu’on trouve » », « Ces grandes désinfections sont sporadiques, tu connais les humains, patience ! », « Tu as tout pour être heureuse ici, voyons, sois raisonnable ! », « Une jeune rate seule sur les routes, ce n’est vraiment pas raisonnable ! », et toutes ces sortes de choses.

   Mais Minnie Rat Bout Gris était plutôt du genre déterminé et fit donc ses adieux à la communauté éplorée .Prenant  d’abord le chemin des égouts (comme l’avait fait avant elle, ailleurs, Jean Valjean), et avoir déjoué moult embûches,  elle ne tarda pas à s’engager dans la campagne par un beau matin  ensoleillé.

    Après plusieurs heures de marche sur un rythme évoquant de loin le trop d’un âne, au beau milieu d’un champ de lavande, elle tomba nez à nez avec….un superbe rat des champs. De belle taille et bien fait de sa personne. Elle s’en trouva fort émue. Lui, en revanche, l’interpela aussitôt sans aménité et avec un accent méridional assez prononcé : 

« -Et là ! La miss, tu penses aller où, comme ça ?

-Mais, je, je ne sais pas ! Je me suis enfuie de la vile parce que…

-Oui, je suis au courant, les nouvelles vont vite à la campagne, quoique vous en pensiez, vous les bobos… et d’ailleurs, je l’aurais deviné, rien qu’à ton odeur !

-Oh !!! (Souffla Minnie, offusquée par une telle muflerie)

-Ah, Ah, Ah !!! Pas besoin de faire ta mijaurée, tu pues ma jolie ! Ah, Ah ! Tu ne sens pas la lavande, c’est le cas de le dire !!

-Vous,( rétorqua –t-elle, au bord des larmes) vous n’êtes pas très gentil. Je dirais même que vous n’avez rien d’un gentleman, mon cher….

-Allez, tu ne vas pas te mettre à pleurer pour si peu ! J’ai mon franc parler, mais dans le fond, je ne suis pas mauvais bougre. D’ailleurs, tu as eu de la chance de m’avoir rencontré, parce qu’à te balader seule, comme ça, cela pourrait donner des idées…à un autre…

-Merci Monsieur

-Au fait, tu ne m’a toujours pas dit ton nom. Et relève un peu ton museau, ma mignonne, que je regarde bien ta frimousse….( puis s’interrompant brusquement) Mais dis-donc, il est tout gris, le bout de ton museau !!

-Comme le vôtre, Monsieur, je l’avais remarqué…

-Mais alors, nous sommes  tous deux des Rats Bout Gris ! Quel bonheur…

-Cousin !!!

-Cousine !!! »

   Ils tombèrent dans les pattes l’un de l’autre et….après avoir fait plus ample connaissance, décidèrent d’émigrer pour vivre sereinement leur amour. Ils construisirent séance tenante un petit radeau sur lequel ils embarquèrent puis voguèrent, bercés par les flots bleus de la Méditerranée.

     Ils n’allèrent pas bien loin d’ailleurs et accostèrent  sur une toute petite île. La plus petite en fait (bien qu’ils l’ignorassent) de l’archipel d’Hyères…Sur laquelle ils croissèrent et multiplièrent à l’envie comme on peut l’imaginer.

    Cette île, sur laquelle il est déconseillé aux Hommes de débarquer s’appelle l’île Garaud. Mais elle est plus connue sous le nom de l’Île aux Rats.

 

El Pé

 

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LE  LIEVRE ET LA TORTUE

 

    « -Bon, voilà je suis toute belle, ma maison est terminée- En route pour la balade !!

-Bêê, bêê ! Bonjour Madame la chèvre, comment allez-vous ?

-Oh, Madame le crapaud, vous êtes sublime sur votre fleur. Votre amie la grenouille n’est pas mal non plus sur son nénuphar…

-Oh ! Quelle belle journée aujourd’hui. Le soleil brille, les oiseaux chantent et on entend le murmure du vent dans les roseaux.

-Bon, je m’éloigne du chemin pour aller me reposer sous le gros chêne. »

        Soudain une voiture roulant à vive allure roule sur sa patte, lui créant une vive douleur. Oh la la ! Impossible de bouger, que faire ?

Bip ! Bip ! Bip ! Voilà Arthur le lièvre :

« -Bonjour Clotilde ! Mais que t’arrive-t-il ?

-Oh, j’ai très mal à ma patte ! Je ne peux plus bouger !

-Bon, Clotilde ! Grimpe sur mon dos. En route vers l’hôpital.

-Mais j’ai très peur !

-Mais non, ne t’inquiète pas. C’est parti !! Mon GPS est en route et mes oreilles nous serviront de voiles… »

     Après une courte visite au service des Urgences : plus de peur que de mal.

                                        Voilà, lorsque dans la vie la situation se montre difficile et inextricable, rien ne vaut la solidarité entre les êtres. Ceci en utilisant nos différences.

                                        Rien ne vaut l’entraide, la solidarité. Avec elles on peut soulever le monde.

 

Brigitte

 

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LE LIEVRE ET LA TORTUE

 

Le lièvre affirme à la tortue :

« Je gagnerai la course, c’est bien vrai. »

La tortue répond : « Mais j’ai le virus ! »

Le lièvre file loin de l’autre côté.

Lentement, la tortue a gagné le trophée.

 

Moralité :

          De fins virus la tortue point n’avait

          Mais d’intelligence moult elle possédait.

                                    

Line

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LE LION ET LE RAT

               

Aux portes d'un désert Africain, un matin, au lever du soleil, sur une piste sablonneuse, dissimulée par des hautes herbes de savane, deux animaux bien différents, soudain se firent face : un énorme lion jaune majestueux, secouant une magnifique crinière ocre, et un petit rongeur, jaune pâle, avec des oreilles un peu larges pour sa taille, ainsi que de longues pattes, prêtes à se déplier, mais il n'en fit rien, il se tint à distance et dévisagea ce géant de la brousse trop connu pour son caractère lunatique.  Après avoir pris une grande bouffée d'air encore frais, essayant de cacher sa crainte, il se permit d'interpeller cette créature hautaine et assez dédaigneuse. Décidant que la flatterie serait une bonne approche, il salua le lion d'un ton enjoué,

:" Bonjour Ô Toi ! Roi de la Brousse ! Ta force et ton courage sont célèbres dans tout ce territoire et même au-delà, tu cours  tellement vite, et tes muscles sont si forts qu’un soir j'ai entendu les femelles  se battre, pour sélectionner, celle qui viendra aujourd'hui à ta rencontre et rester avec toi un très  l o n g ...moment..".

 

Le lion, surpris de tant de témérité, émanant  de cette petite créature, qu'il juge si minable, même pas digne d'être mangée ! lui répondit :" Comment peux-tu te permettre de m'adresser la parole ?  Toi que l'on appelle la "Gerbille" tu portes ce nom bizarre, mais tu n'es qu'un rat médiocre, même pas beau, incapable de chasser ! Tu es la proie des serpents, cet animal  haïssable, sans dents, qui t'aspire, comme un vulgaire ver de sable !. Quant à moi, si je voulais, juste un coup de ma patte agile, sans même à avoir à sortir mes longues et belles griffes effilées, tu serais dans mon estomac ".  Le rat avala sa salive et essaya de se grandir et grossir un peu mais en vain, car ce qu'il voulait surtout, c'était gagner du temps, afin que le chemin fut enfin libre, pour qu'il puisse passer sans problème rejoindre sa famille.

Il rétorqua un peu mielleux,

–« Ô Roi de cette Savane ! Bien sûr, je sais que tu peux me dévorer sur le champ, mais à quoi te servira cette mise en bouche ? car tu vois, je suis vraiment maigre, je saute beaucoup et ne peux accumuler aucun gras. En plus, je ne mange que des buissons aussi desséchés que moi ! Si tu me laisses la vie sauve, je vais te mettre au courant de beaucoup de choses que certainement tu ne dois pas encore savoir. 

–Ah ! bien Gerbille ! cela m'intéresse, s'agit-t-il d'une jolie femelle ? je les aime un peu dodues, et aussi coquettes !.... 

–Non Ô Roi ! C'est un sujet moins désinvolte, il s'agit de trafiquants, qui en veulent à ta crinière, à tes griffes, à ta queue, à tes dents, et jusqu'à ton  sexe, qu'ils font sécher en plein vent.  Eh oui ! En direction du soleil, il y a depuis peu un campement de chasseurs chinois, armés de fusils mais aussi de filets et ils creusent des fosses assez profondes et étroites, que lorsque tu tombes dedans, tu ne peux plus sortir très facilement. En plus il y a un filet qui se détache d'un arbre voisin et couvre soudain ce piège, jusqu'au lendemain, où ces braconniers viennent, en compagnie de chiens féroces, te tuer et te découper. »

Le lion ouvrit des yeux énormes, et se mit à claquer des dents malgré la chaleur, il poussa un grognement rauque qui secoua toute la savane et fit détaler, zèbres et impalas. La rat réalisa enfin qu'il avait l'avantage et continua de terrifier le lion et se rapprocha afin de pouvoir enfin passer. Soudain, le lion se ressaisi, croyant être habilement manipulé, car il en avait vu d'autres ! Avec des Dames girafes essayant de lui caresser la crinière de leurs longues pattes, ou bien même une fois, une maman zèbre, voulant sauver son petit, demanda si  elle pouvait éventuellement faire partie de son harem ! Bien sûr, il se jeta  sur elle et dévora la mère et l'enfant en trois bouchées !..

 Se redressant il demanda au rat,

–« Comment sais-tu tout cela ?

–moi je ne dors jamais la nuit, je saute, et couvre de longues distances, car mes yeux ne sont pas aussi grands que les tiens, mais ils voient tout, enregistrent tous les changements sur les trajets habituels parcourus. Ainsi récemment j'ai découvert une trace de pieds, pas de pieds nus, mais de bottes. Alors intrigué je l'ai suivie et suis arrivé dans ce campement. Je me suis caché et j'ai écouté leur conversation, je peux te dire, que je suis tellement heureux de t'avoir  rencontré, car enfin je peux t'avertir de ce danger. Fais bien attention à toi. Il parait que chez toi, tout est bon pour la médecine des humains, même que cela aide à faire plus de bébés, comme s'il n'y en avait pas déjà assez !. Maintenant si tu as des doutes, juste suis-moi, sois discret car il fait jour. »

Les deux animaux, presqu'amis se mirent en route, le rat devant, et le lion d’accord, ravalant enfin son orgueil, suivit le rat en rampant , évitant de laisser dépasser sa tête au-dessus de la savane. Contournant un bosquet d'acacias dans lesquels des singes se disputaient bruyamment, le rat soudain entendit le bruit sourd d'un choc mou, se retourna et ne vit plus le lion. Il revint sur ses pas et au fond d'un trou, dans la terre ocre, la tête du lion, couverte de poussière dépassait, avec par-dessus, un filet de cordes épaisses en sisal. Ceci le couvrait d'une façon si efficace, qu’il lui serait impossible de sortir. Le rat se pencha, surpris et effrayé, mais toujours essayant, même en cette situation d'urgence, de montrer sa supériorité.

–« Ô Roi quelle tristesse! je suis tellement désolé, depuis tant de fois que j'ai   utilisé ce chemin, je n'ai jamais remarqué ce piège. »

 Bien sûr il mentait. Sachant que les braconniers passeraient le soir ou le jour suivant, il laissa "mijoter" un peu le félin dans l'anxiété et la poussière. Secouant la terre de sa crinière et clignant des yeux, essayant de capter le regard du rat, le lion l’interpella

–« Gerboise, je t'en supplie, ne me laisse pas seul, j'ai peur, tu sais bien, je suis grand , fort et puissant, mais j'ai également du cœur et je peux aussi être reconnaissant. Je promets de te protéger, si tu me viens en aide, tu n'auras juste qu'à émettre un petit sifflement strident, et en deux bonds je serai  là, à tes côtés pour te défendre, car nous serons désormais, amis pour la vie »

Le rat le regarda, et avec un hochement de tête, voyant que le lion était sincère, il s'exécuta. Il se baissa et avec soin, commença de ronger le filet aux quatre coins du trou, puis tirant et poussant de toutes ses forces, en appui  sur ses longues pattes, il réussit à déplacer le filet, dégageant enfin son nouvel ami, qui tout heureux, bondit enfin libre, sur la piste de la savane. Ivre de gratitude il se rua sur la Gerbille et lui donna un grand coup de langue sur le museau, la renversant les quatre pattes en l'air !  Moralité, on a toujours besoin d'un plus petit que soi.

Christine

 

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L’ÂNE ET LE CHIEN

 

Il se faut entraider, c’est la loi de la nature,  l’âne un jour pourtant s’en moqua … Voici comment :

Il cheminait tranquillement sur les chemins de France et de Navarre avec son maître et le chien.

Ils entendirent qu’une terrible maladie s’était abattue sur le royaume, une maladie au nom bizarre ANOROCvirus.

Il fallut s’arrêter et trouver refuge en quelque village.

Ils furent rejetés de partout comme des pestiférés. Personne ne voulait accueillir ce trio errant et sans doute porteur du  terrible virus. Ils trouvèrent refuge dans une méchante cabane au fond d’une forêt sombre et menaçante. Notre baudet passait son temps dans une clairière à brouter l’herbe fraîche et tendre, faute de chardons. Le maître malade s’éteignait doucement dans la cabane et le chien, habitué à recevoir ses aliments des mains de son maître, mourrait de faim.

Il alla trouver son compère l’âne dans la clairière, le suppliant de l’aider

à trouver de quoi manger en l’emportant sur son dos au village voisin,  il était trop faible pour marcher si loin. Le baudet se gaussa, lui rétorquant qu’il ne faisait pas de transport et que le chien pouvait bien se débrouiller seul. Quant à lui il avait fort à faire : brouter, brouter et brouter !!!

Le chien, la queue basse, les pattes traînantes, retourna lentement vers la cabane, le cœur lourd. Son maître s’était éteint. Il s’allongea près de lui pour attendre sa propre fin.

Le soir il entendit de forts braiments dans la clairière. Le chien se traîna jusqu’à l’âne avec peine et lui demanda pourquoi il faisait  un tel vacarme.

–«  Je suis au plus mal, j’ai besoin d’aide. J’ai attrapé le virus, je crois bien.

Tout comme le maître je vais mourir, aide-moi Le Chien, va au village chercher un médicament           

– Désolé L’Âne, je n’ai plus de force et ne vois aucun taxi à l’horizon. Vas-y toi-même au village, tu as bien mangé, tu as encore des forces « 

Sur ce il retourna veiller le maître dans la cabane.

Pendant la nuit, l’ANOROC emporta l’âne !!!

J’en conclus qu’il faut qu’on s’entraide !

Chris

 

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Le loup et le chien

«  – Houououou. Houououou

  Mais qui es-tu, toi qui hurles si tristement ? »

Comme tous les soirs, quand la nuit est tombée, Châtaigne entend l’appel lointain d’un animal inconnu et ressent sa détresse.

Le jour, elle est à son poste, attachée avec une chaîne si courte qu’elle ne peut s’éloigner de sa niche de plus d’un mètre. Elle est là pour prévenir, par ses aboiements, toute intrusion dans la ferme de son maître située à l’orée de la forêt. Ce maître qui la nourrit, certes, copieusement mais sans lui prodiguer la moindre caresse, le moindre signe d’affection, ce maître à qui elle obéit par obligation et qui lui est indifférent. Elle sent, d’instinct, qu’il existe autre chose, bien qu’elle n’ait jamais connu que cette vie-là, depuis sa naissance, il y a trois ans.

Cette nuit-là, elle est à l’affût, comme toujours, elle entend la plainte, comme toujours mais elle semble plus proche que d’habitude. Puis, le silence, troublé seulement par des branches qui craquent, des frottements, un souffle, puis une odeur inconnue, puis deux yeux qui luisent en face d’elle.

« – Qui es-tu ? approche un peu que je te vois. Est-ce toi qui hurle si tristement ?

  Si tu veux bien, je préfère rester dans l’ombre. Je ne suis pas beau à voir et je ne voudrais pas t’effrayer. Mon nom est Leu gris. Et toi ?

  Moi, c’est Châtaigne car j’en ai la couleur, et je n’ai peur de rien, alors sûrement pas de toi qui a une voix si douce, plus douce que je n’en ai jamais entendue »

Alors Leu gris s’approche d’un pas hésitant et Châtaigne voit un animal qui ressemble à un de ses congénères. Son museau est très pointu, il porte sa queue très basse, et il est si maigre, si efflanqué, qu’il fait peine à voir, ce qui émeut profondément Châtaigne.

« – Es-tu malade pour être si maigre, ou bien n’as-tu pas de      maître pour te donner à manger ?

  Mais voyons Châtaigne, je suis un loup, je vis dans les bois,

et les humains ne sont pas mes amis. Je ne leur suis pas soumis, normalement même, je les attaque. Mon malheur, à moi, c’est que je ne peux pas attaquer les humains, ni les autres animaux d’ailleurs. Je suis né comme cela, je suis né pa-ci-fi-que et c’est une malédiction qui m’a valu d’être chassé de ma meute car je suis différent. Mais je ne peux pas vivre seul, alors j’ai du mal à subsister.

  Écoute, je ne mange jamais complètement ma pâtée, du pain trempé dans du bouillon. Regarde, il en reste encore,  mange-la, cela calmera ton estomac. Et puis tu sais, moi, avant toi je n’avais jamais vu de loup, alors je ne sais pas exactement comment ils doivent se comporter. Ce que je sais, c’est que je suis contente de t’avoir rencontré et que je suis bien avec toi. Reviens demain, je te garderai un peu de pâtée. 

  Hum, c’est bon cette nourriture, cela fait du bien »

Et Leu gris revint le lendemain et les jours suivants. Châtaigne partagea son repas avec lui et peu à peu il reprit des forces et se sentit en meilleure forme.

Un matin, le fermier retrouva par terre, près de la niche, la gamelle vide et le collier déchiqueté au bout de la chaîne.

Je me suis laissé dire que Châtaigne et Leu gris étaient partis tous les deux très très loin, et qu’ils étaient arrivés, après des jours, des semaines, même des mois de marche dans une véritable oasis, une forêt inexplorée dans un lieu encore inconnu, où ils avaient trouvé toute la nourriture dont ils avaient besoin. Je me suis laissé dire aussi que les petits qui étaient nés avaient la stature de leur père et la couleur de leur mère. De leurs parents, ils avaient aussi hériter le caractère pacifique.

Mais chut, n’en parlons pas, laissons-les tranquilles dans leur Paradis. Peut-être sont-ils les premiers d’une nouvelle espèce qui repeuplera la terre quand les hommes et leurs épidémies auront eu raison de tout ce qui la peuple.

Gill

 

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LA CIGALE ET LE BOURDON

(suite  de la cigale et la fourmi)

 

Pauvre cigale, ayant perdu tout moyen d’assistance de la fourmi, était bien triste. Où trouver quelques subsistances pour elle et ses petiots avant l’hiver ?

 Elle prit rendez-vous chez son banquier, un gros bourdon suffisant assis sur son coussinet dans un large fauteuil qui lui dit :

-      Et que me vaut cette charmante visite Madame la Cigale ?

La Cigale fit sa coquette et l’œil de biche :

-      Cher Monsieur, je suis dans le désarroi le plus complet, la famine me cerne et hélas je me retrouve sans mouche ni vermisseau pour nourrir mes cigalons. Je me trouve dépourvue et souhaite contracter un prêt pour subsister avec mes chers enfants. Vous me connaissez et savez que je suis fiable et honnête. Pourriez-vous m’aider cher Monsieur ?

Le gros bourdon prit son air important et connaissant le vide abyssal du compte de Madame Cigale et  il lui dit :

-      Eh bien, eh bien, ma chère Cigale, cela demande réflexion, la banque n’engagera pas ses deniers ainsi sans garanti et vous ne pourriez me rendre intérêts et capital même aux Calendes Grecques. Je ne peux rien vous prêter à mon grand regret  et j’en suis confus …

La cigale dépitée reprit aussitôt :

-      Que voila un cœur sec et sans compassion, laisser mourir de faim une jeune mère et ses enfants. N’y a-t-il pas moyens pour vous attendrir ? vous aurez bien quelques gestes de compassion ou un peu de bienveillance ?

Monsieur Bourdon écoutait les supplications de cette écervelée. Il l’enviait, cela elle ne le savait pas ;  Elle, si svelte, à la silhouette élégante et au chant léger. Lui gros, lourd, maladroit le plus gros bébé de sa maman il s’appelait HERCULE…. et il était Baryton dans le groupe « des Bourdons de l’Orb ». Alors, pour la légèreté….

Soudain, une idée lui vint et le Bourdon reprit la parole :

-      Ma chère, j’ai une proposition non négociable à vous faire. Je suis un cœur bon mais cependant un Banquier ne vous déplaise. Vous allez dès demain déménager sur le gros tilleul devant mon bureau avec toute votre maisonnée. Vous me ferez un récital matin et soir sous ma fenêtre de votre chant léger et mélodieux. En contrepartie je vous donnerai sonnant et trébuchant le nécessaire pour subvenir avec vos enfants jusqu’à l’hiver venu.

La Cigale stupéfaite et ravie, d’un battement de cil accrocheur lui répondit :

-      Quel bonheur cher Banquier devoir que vous avez un cœur tendre, je vous en remercie et accepte votre proposition avec grande joie.

La cigale comme convenu emménagea sur une grosse branche du tilleul et enchanta le gros bourdon de ses vocalises jusqu’à fin octobre révolu.

 

 

Marie-Christine

 

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Le lièvre et la tortue

« – Je me présente Arthur le lièvre et toi ?

     Moi Sidonie la tortue.

     Alors, c’est donc toi, dont tout le monde parle derrière les buissons. Il parait que tu te présentes aux élections du royaume du bois fleuri.

     Oui, pourquoi, ça te dérange ?

     Non, pas du tout, mais dis-moi, ne crains-tu pas d’être ridicule face  à un adversaire aussi fort, puissant, habile que moi, sans parler de ma rapidité, ma réputation n’est plus à faire. Il n’en est pas de même pour toi la tortue, tu es plus lente qu’un escargot.

     Et bien ! dis donc le lièvre, qu’elle modestie…..Au fait, es tu convié au repas organisé par les anciens du royaume ?

     Bien entendu, je suis l’invité d’honneur. Et toi la tortue y vas-tu ?.

     Bien sûr, d’après ce que l’on m’a dit, un civet de lièvre est prévu au menu, et bien que je sois végétarienne, je goûterai volontiers à la chose, je ne raterai ce plaisir voyons.

 

À bon entendeur, salut le lièvre !

Ou ADIEU ARTHUR

 

Louisa

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