Les trois thèmes

 

Pour cette consigne, trois thèmes sont proposés 

-  La fête battait son plein, quand soudain….

-  j’étais devant la porte, je m’apprêtais à signaler ma présence, quand soudain….

-  l’endroit était magnifique, le guide très érudit, les visiteurs attentifs, quand soudain….

 

choisissez un thème et écrivez la suite, en 20Mn

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          Je les connaissais à peine. Nous nous étions rencontrés au cours d’une de ces soirées où d’ordinaire rien ne se passe et à l’issue de laquelle l’on se dit : « Plus jamais, on ne m’y reprendra, plus jamais ! » mais dans laquelle l’on se retrouve plongé la semaine suivante sans savoir ni pourquoi ni comment. Un verre à la main et cherchant désespérément du regard un visage si ce n’est amical du moins avenant…

 

       Bref, c’est ainsi que je l’avais rencontré, ce jeune couple fort sympathique bien qu’anglais (mais non Madame, on rigole !). Nous avions échangé les banalités en usage Outre Manche sur le temps, l’horticulture et les mérites comparés du Scrabble et des fléchettes, comme il se doit. Mais ces deux jeunes gens avaient tant et si bien pimenté la conversation d’humour so british que je ne pus m’empêcher de leur confier tout le bien que je pensais d’eux. Illico, ils m’invitèrent à venir partager leur thé chez eux, le lendemain. J’acceptai avec joie.

 

       A cinq heures tapantes le lendemain je franchissais la grille d’un jardin aux allures de parc, admirant tout au long de l’allée qui menait au perron l’ordonnancement sauvage de ce paradis de verdure. M’apprêtant à gravir les quelques marches menant à la porte d’entrée  je perçus soudain un grognement sourd, profond, pour tout dire effrayant.

 

      Me retournant brusquement, je vis, sortant de sa niche, un molosse noir, approximativement de la taille d’un âne. Ses yeux rouges me fixaient avec une certaine gourmandise tandis que ses babines, en se retroussant lentement, laissaient apparaitre deux rangées de crocs acérés, mais d’une blancheur éblouissante toutefois.

 

     Bien entendu tout le monde sait que dans ce cas il ne faut surtout, SURTOUT pas montrer que l’on a peur. La mienne fut à l’évidence tellement perceptible que le chien se mit à aboyer furieusement en avançant de quelques pas…et c’est ainsi que je m’aperçus qu’il n’était pas attaché !! Décidemment, mes nouveaux amis bien qu’anglais poussaient un peu loin à mon avis l’amour des animaux ! N’espérant plus de salut que dans leur immédiate intervention, je voulus saisir le cordon de la sonnette…je n’en eus pas le temps.

 

      Devinant mes intentions, en deux bonds le molosse fut sur moi. Dans un élan remarquable, il lança ses pattes avant sur mes épaules puis entreprit de me laver la figure à grands coups de langue bien humide pendant qu’un gémissement de bonheur s’échappait de sa gorge. 

 

       Avec un certain soulagement je compris alors…que j’avais à faire à un grand fou sentimental.

                                                 El Pé

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Cruel dilemme

 

J’étais devant la porte, au bout du monde ou presque. J’arrivais au terme du voyage, au terme de ces milliers de kilomètres parcourus et j’avais à portée de main ce que j’avais toujours désiré posséder. Il ne me suffisait plus qu’à tirer sur la chaînette du carillon métallique qui pendait à côté de la porte et j’allais le voir, là, devant moi, quand soudain ma main, qui s’élevait, prête à signaler ma présence, resta en suspens, semblant s’interroger.

 

Tout un flot de souvenirs me submergea : la rencontre, si jeunes, si insouciants, si amoureux l’un de l’autre ; les moments merveilleux passés à construire un futur idéal puis son départ pour l’aventure, mon refus de le suivre, ma carrière avant tout ; mon désespoir ; puis sa notoriété grandissante, ses reportages, ses écrits primés. J’avais suivi sa vie dans la presse, avidement, tout en suivant la mienne, sérieusement mais sans passion.

 

Il restait seul, je le savais, et moi aussi, inexorablement ; Alors, après tant d’années passées à le rêver, un jour je me suis décidée à quitter ma vie bien réglée pour partir le retrouver. Je savais d’instinct qu’il espérait ma venue. J’ai préparé ce voyage avec l’énergie du désespoir, sachant que je jouais là ma dernière carte et que ce devait être la carte gagnante.

 

Et là, maintenant, je n’ose plus me manifester, je doute. S’il ne me reconnaissait pas, s’il ne m’aimait plus, s’il avait une compagne ! Je suis paralysée, et puis je me lance, je sonne deux fois, trois fois. Rien. Personne ne répond. Etonnamment j’en suis soulagée, c’est le destin qui se manifeste. Il est absent. Nous n’étions pas faits pour vivre ensemble.

 

Alors je m’éloigne, d’un pas léger et le cœur lourd à la fois, quand j’entends, derrière moi, une porte qui s’ouvre. Que vais-je faire, me sauver ou me retourner ?

 

Gill

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Monte Oliveto Maggiore

 

Le monastère respirait calmement dans un environnement serein où seuls les chants d’oiseaux transgressaient la loi du silence. Nous avions décidé de suivre un chemin creux dont le panneau indicateur mentionnait « Monastère de Monte Oliveto Maggiore » blotti dans un vallon d’un petit coin de Toscane. La verdure tapissait le paysage. Débouchant sur une clairière, nous fûmes frappés de stupeur devant une abbaye médiévale tapie au milieu d’arbres centenaires et d’aubépines parfumées. Nature et patrimoine y étaient harmonieusement enlacés. Nous avions l’impression d’être attendus dans ce lieu de recueillement. Un moine, chargé de conduire les visiteurs, nous accueillit avec une bonhommie inattendue. Il nous souhaita la bienvenue dans un français approximatif navigant souvent sur des crêtes italiennes. L’endroit étaitmagnifique, le guide très érudit, les visiteurs attentifs, quand soudain la torpeur ambiante fut bousculée par un coup de tonnerre qui retentit alentour, répercuté par les coteaux environnants. La pluie ne tarda pas et le chemin creux se transforma en torrent. Heureusement l’hospitalité des lieux nous fut salutaire et nous attendîmes la fin de la bourrasque autour d’un café chaud et bienfaisant.

 

Mouty

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