Imagine une prison

 

 

 1/  Touver trois mots correspondant à des parties du corps

·        2/  Trouver trois mots appartenant au vocabulaire médical

·        3/  Trouver trois objets pouvant se trouver dans un hôpital

·        Lire ses mots et demander à son voisin de droite d’en choisir un dans chaque rubrique, qui sera conservé.

·        En 20 mn écrire un texte contenant les trois mots conservés sur le thème : « prisonnier de son corps »

 (Votre corps vous empêche de faire ce que vous voulez ou vous commande de  faire ce que vous ne voulez pas. votre corps n’obéit pas ou obéit mal, ne répond pas à votre volonté, il souffre d’addiction, etc.……………..)  

 

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 Il y a des prisons préférables à d’autres : je pourrais être prisonnière en Afghanistan, prisonnière aux Baumettes, prisonnière au fond d’un bateau de pirates, prisonnière après une prise d’otages, prisonnière de ma famille, prisonnière de mes habitudes, ou de mes peines, ou de mes fantasmes, ou que sais-je encore……

Et bien, non…..Je ne connais pas ces galères-là !

Ma prison, c’est mon corps. Je ne l’ai pas choisi, il est comme il est et je n’en aurai jamais d’autres, sauf si je me réincarne mais ça, je n’y crois pas…

Mais en fait, rassurez-vous, je suis très heureuse de cette prison….donc, en est-ce une vraiment ?....

Pour prendre soin de mon corps qui m’a très bien servi jusque là, mon ostéopathe fait courir ses mains sur lui de façon imperceptible mais fort efficace !

Pour le reste, je lui donne (je parle de mon corps, pas de mon ostéo.) ce dont il a besoin : du sport, du repos et des plateaux repas équilibrés.

Mon corps et moi, on s’entend bien et le jour où il ne pourra plus fonctionner, je lui dirai simplement : « Merci ! La prison était bonne »

Marie-Hélène

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Un oiseau en cage, tourne en rond, pépiant furieusement, se cogne aux barreaux, heurtant de son bec sa prison, comme lui, prisonnier au fond de mon lit où me cloue une grosse laryngite, je m'agite incapable de rester immobile de parler; aphone, le tronc raidi de courbatures, rouge de fièvre, seule arrivée espérée attendue, l'infirmier avec sa seringue qui me soulageront quelques heures ,l'esprit encombré de pensées qui se veulent légère, vite sortir de cette chambre, faire une belle rando l'imagination décuplée me parle de toute cette vie extérieure qui me manque, la nature les fleurs, les parfums je les vois je les sens, dans ma tête ils s'interpellent me permettant de patienter, de guérir, bouillant intérieurement mes idées s'envolent  les mots se forment, les notes font la farandole autour de mon corps affaibli, tout m'invite joyeusement à la danse pour m'aider dans une révérence disant,  adieu au lit,  à la chambre, demain bonjour la liberté des mouvements, le corps pourra bouger, s'exprimer, tous les sens en fête s'enivrer d'air embaumé. 

Rina

 

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L’astragale brisé le faisait encore diablement souffrir. Cette sale fracture l’immobilisait depuis plus de trois mois qui lui paraissaient interminables. Et cette foutue lombalgie qui le coinçait dans un étau de torture ! Le fauteuil roulant était devenu son moyen de transport, bloquant paradoxalement son imaginaire. Son esprit ne vagabondait plus par monts et par vaux comme avant son accident : il s’avérait alors une suite logique, semblait-il, à l’agilité de son corps. Ses rêves restaient à l’état embryonnaire. Son moi intime ne s’extériorisait plus, paralysé par la souffrance physique. Le moral en avait pris un coup. Il était prisonnier corps et âme dans un mitard, tel une loque. Il avait pourtant admiré les exploits télévisés de sportifs handicapés qui étaient parvenus à sortir de leur coquille malgré l’absence de leurs membres. Ils avaient dû certainement surmonter des souffrances terribles et affûter un moral d’acier. Mais, bon, tant mieux pour eux, que ce leur fut facile ou non. Lui, le meurtri dans sa chair et son âme, ne pourrait jamais atteindre le centième de leur exploit. Alors, à quoi bon ? Il pensa à la mort. Il vit avec bonheur entrer l’infirmière qui lui posa son masque à oxygène. Là, il pourrait s’endormir doucement, dans la quiétude. Peu importait la suite.

 

Mouty

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Comment faire quand on a une ANGINE  avec une extinction de voix pour se faire entendre d’un public peu attentif ? C’est le problème que je devais résoudre ce matin-là en me rendant au lycée pour y enseigner le français à  des élèves qui allaient être heureux de mon handicap, pensant que « ça leur ferait des vacances ».

 

Avant de partir, je me bourrai de CACHETS pour essayer d’améliorer cet état mais ça ne pouvait pas être efficace instantanément et il faudrait bien assumer.

 

J’entrai donc en classe sans prononcer le bonjour traditionnel. Ils furent étonnés.

 

J’écrivis au tableau une phrase d’excuses et d’information de mon incapacité provisoire, suivie des consignes du devoir qu’il allait falloir fournir pour remédier à ces aléas.

 

Je demandai donc de rédiger un texte argumentatif puisque c’était le sujet étudié à cette période-là et ce fut bien sûr un tollé et un brouhaha car il ne faut  surtout pas leur

changer les habitudes à l’instar des petits vieux en maison de retraite.

Je levai la MAIN  pour demander le silence et la mise au travail et bon gré mal gré la concentration se fit pendant deux heures. Ouf ! La situation était sauvée mais j’aurai des copies à corriger à la maison. En attendant, cela me reposa et pas seulement la voix.

 

MIMI

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Je veux,  mais mon corps ne veut pas. Est-ce mon cerveau qui ne commande pas bien ou mon corps qui ne veut pas obéir ? Vous me direz que le résultat est le même. Et pourtant j’ai déjà fait beaucoup de progrès depuis que je suis arrivé ici, prêt à basculer dans un autre monde, meilleur dit-on. Un pantin inconscient et désarticulé a échoué dans un lit d’un service de réanimation. Comment concevoir que le danseur si doué et si prometteur que j’étais, réputé pour ses sauts, mais pour son malheur épris de moto, ne puisse même pas se redresser.

 

La dernière image qui me revient est celle d’un garçon plein d’énergie, enfourchant son engin, l’humeur particulièrement joyeuse après la réussite de ce difficile concours, un signe de la main aux amis, puis le démarrage et la vitesse, trop confiant, trop heureux. En un éclair, la vie entre parenthèses,  voiture,  choc, changement de trajectoire, vol plané, terreur,  chute brutale, trou noir, corps immobile.

 

Réveil douloureux, incrédule - la mort était si près -, la gorge percée d’une trachéotomie, obligé de respirer au rythme d’une machine ; tourné, retourné par des mains gantées, mais aussi tranquillisé, assisté nuit et jour par ces mêmes mains bienfaisantes et compatissantes. Je ne sors pas du lit, ne peux rien commander. Mon corps emprisonne ma volonté.

 

Puis arrive le temps où il faut bien le solliciter ce corps qui m’entoure comme une gangue et a tout oublié de ses fonctions antérieures. On m’installe dans un lève-malade- merveilleuse technique- qui va me hisser et me transporter du lit au fauteuil où je suis calé par des coussins aux formes savantes. «Retirez ces coussins, je ne vais pas tomber ! » Mais personne ne m’entend, aucun son ne sort de ma bouche ! Ma tête tombe sur ma poitrine.

Je me retrouve sur une table de rééducation, à plat ventre; je voudrais me retourner, impossible, décoincer mon bras, entreprise insurmontable, mon dos ne suit pas, ni mes jambes, ne ma tête, ni……rien.

Echec, échec, échec, puis un jour je lève un doigt, ma bouche laisse échapper un son, mon corps cède du terrain. La prison s’entrouvre ; Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant de me retrouver debout, entre les barres parallèles, avançant un pied devant l’autre.

 

Pourtant un jour, j’en suis sûr, je sortirai de prison!

 

Gill

 

* à Roland, Catherine et les autres.........pour leur courage

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