Jour "J"

 

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Tirez au sort le prénom de deux participantes à l’atelier. Choisir leurs phrases  pour faire deux   incipits au choix. Ecrivez un texte ayant pour titre : «  Jour « J »

Les  deux phrases retenues sont :

« des visions anciennes passèrent devant ses yeux » (Une vie de Maupassant)

« il déroula sa queue touffue et la laissa traîner sur le trottoir » (L’écume des jours de Boris Vian)

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Mounted police officer in Helsinki Finland

wikimédia

 

OUR  J

 

Il déroula sa queue touffue et la laissa trainer sur le trottoir. Gaston venait de déféquer là, aux pieds de sa mémère qui, pourtant, n’en finissait pas de critiquer la saleté de cette ville dont les trottoirs étaient transformés en patinoires grâce à l’insouciance des toutous, et surtout de leurs maîtres. Et , c’était sur le parvis du théâtre. Au beau milieu. Pas le temps de tirer le chien au pied d’un arbre ou dans le caniveau : trop loin. Pas de sachet ramasse-tout dans la poche ! Pas même un kleenex ! La mémère prit l’air indifférent pour s’éclipser, mais bigre ! c’était le JOUR J : premier jour où était mise en pratique la menace municipale de contravention pour ce genre de délit. La police était partout : à pied, à cheval,  oui, la police montée était également de faction,  sur roues et sur roulettes. Le constat fut remarquable, et remarqué par un attroupement hilare. C’était le jour du marché aux fleurs. En plus du procès-verbal - cent cinquante euros, ce n’est pas rien - la mémère hérita d’un sac plastique et dut s’exécuter sur le champ pour faire place nette. Quant à Gaston, soulagé, il avait repris son air heureux des jours de balade. Quelle galère cette ville sans canisettes !

 

Mouty

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Nagasakibomb

wikimédia

 

Jour « J » à Mururoa

 

Des visions anciennes passèrent devant ses yeux : 2 juillet 1966, l’océan Pacifique, l’atoll de Mururoa, la « Maurienne » la veille du 1er des 138 essais nucléaireseffectués à Mururoa, la veille du jour « J ».

 

Je m’y revois.

 

Ordre a été donné à tous les bâtiments de s’éloigner d’une centaine de kilomètres de l’atoll, puis il a fallu attendre le lendemain matin, 6h. pour que commencent les opérations. Je suis sur la passerelle, chargé de transmettre les consignes des ingénieurs du CEP restés dans le blockaus pour procéder aux derniers préparatifs.

 

Instant moins 2 heures entend-on dans les haut-parleurs de tous les bâtiments alentours, puis instant moins 1 heure, moins 30 minutes, moins 1 minute, 59, 58, 57.

Tout le monde est sur le pont. Premier essai nucléaire sur l’eau, à l’air libre. Tout l’équipage sait ce qu’il doit faire quand il entendra 3, 2, 1...... : chacun doit avoir mis des lunettes de soleil, doit tourner le dos à l’éclair et se cacher les yeux.

 

L’instant arrive, il est là, l’on entend le compte à rebours, puis le fatidique « ZERO » !  Malgré les protections, nous voyons tous la lumière et sentons même la chaleur dans notre dos ;  en nous retournant, nous voyons pour la première fois quelque chose d’effrayant et de beau à la fois, un embrasement de l’horizon, reflété par le Pacifique, puis ce champignon si caractéristique que nous étions appelé à revoir plusieurs fois.

 

Oui, c’était  le jour « J » pour cette partie du monde, le premier jour d’une longue série qui devait calciner palmiers et cocotiers, qui devaient polluer mer, nature et hommes.

 

Gill

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