Mon jardin

 

Faites un texte sur le thème

 

Un jardin

 

Ce jardin peut exister dans votre souvenir

ou être actuel

ou vous pouvez l’imaginer

 

 

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     Certes, ce n’était pas le Jardin Extraordinaire de Charles Trénet mais lui, du moins, avait le mérite d’exister. Surtout dans une ville située à l’orée du désert, à deux pas du Golfe Persique…une ville dont le nom, traduit, signifie Port de la Gazelle et en VO donne Abu Dhabi.

    D’ailleurs, d’après sa superficie, ce jardin ressemblait davantage à un parc, c’est dire s’il avait du mérite !

On le connaissait sous le vocable « Jardin des Femmes » pour la simple raison que seuls les mâles de moins de douze ans y avaient accès. Et les eunuques. Je parlerai de ces derniers un peu plus tard. Promis.

Toutes les espèces du règne végétal (hormis peut-être les sapins et les bouleaux) y étaient représentées. Et c’est vraiment dommage que je sois si nulle en botanique, j’en aurais décrit les plus remarquables. Sinon, c’était un déluge de couleurs, un délice de chants d’oiseaux, une symphonie de parfums qui vous accueillaient dès l’entrée….avec des jeux d’enfants à profusion bien sûr, toujours situés dans des espaces ombragés.

Forcément, on n’y rencontrait que des jeunes filles ou des mères accompagnées de leurs bambins. Des  expatriées de diverses nationalités, mais aussi et surtout des « locales », comme l’on disait là-bas. Et ça, c’était le super cadeau surprise offert par le Jardin des Femmes ! Car ces dames et demoiselles se prélassaient sur les pelouses en sous-vêtements, masques et voiles noirs abandonnés en tas un peu plus loin. Allongées dans l’herbe, elles fumaient, riaient, chantaient…et ne ménageaient guère leurs quolibets aux eunuques qui patrouillaient dans le parc, impassibles tels des Horses Guards londoniens.

 J’adorais me rendre dans ce petit paradis. Mes enfants aussi, et Fred, mon fils aîné, le lendemain de son douzième anniversaire, nous regarda partir avec beaucoup de mélancolie.

      El Pé

 

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Le potager de mon grand-père

Comme tous les étés, je suis en vacances chez mes grands-parents. J’aime ces moments un peu hors du temps, passés auprès de papy et de mamie. Je peux m’occuper des volailles : nourrir les lapins, entrer dans la volière pour collecter les œufs – même si, je dois bien l’avouer, les poules me font peur depuis que l’une d’entre elles m’a attaquée quand j’essayais de récupérer son œuf. J’aime aussi jouer sous le figuier ou le prunier et actionner la fontaine. Mais, ce que j’affectionne par-dessus tout - y compris les chats Rousseau et Grisette à qui je donne les restes tous les soirs – c’est le jardin de mon grand-père. Quand on tourne à l’angle de la maison, on emprunte l’allée en gravier bordée de lilas, qui mène à son royaume. Les fragrances de ces arbres majestueux sont le signal qu’on va pénétrer dans son jardin. Le potager de mon papy, c’est un peu sa vie et surtout son jardin secret. Et l’été, cela devient le mien aussi.

Le soir, quand le soleil décline, il m’invite à le rejoindre pour arroser les pieds de tomates, de courgettes et d’aubergines. Nous cueillons les légumes encore tout chauds d’avoir passé la journée sous le soleil de juillet. Je pense déjà à la belle ratatouille que nous cuisinerons avec mamie Nénette. Les petits poils des courgettes me chatouillent un peu, j’adore cette sensation. Quant aux tomates, le parfum qu’elles dégagent dès qu’on les cueille est inimitable… tellement différent des tomates que nous achetons avec maman. Pour les aubergines, c’est la couleur qui me plaît : elles brillent tant qu’elles semblent avoir été lustrées. L’arrosage est une opération savante. Guidée par papy, je suis les recommandations avec le plus grand soin : il faut veiller à ne pas arroser les feuilles et à ne pas éclabousser les légumes. Le jet de l’arrosoir doit être parfaitement dosé et dirigé au pied de chaque plant, dans la partie en creux aménagée par mon grand-père lors de la plantation. Nous puisons l’eau dans un bassin et, même si l’arrosoir est très lourd, je m’aide de ma jambe pour arriver jusqu’aux rangées bien alignées. La fierté que je ressens est palpable…

Après avoir arrosé les autres légumes – plans de haricots et d’artichauts – nous enchaînons avec la partie que j’affectionne le plus. La collection de merveilles de ce jardin : les fraises et les framboises. Je sais que papy me laissera en goûter quelques-unes, même si mamie râle, car il vaut mieux les rincer pour enlever la poussière et la terre. Mais moi, je m’en moque de la poussière : les fraises n’ont pas le même goût quand on les cueille soi-même et surtout quand on les déguste directement… Je ferme les yeux et je me laisse envahir par leur goût sucré, inégalable, une vraie explosion de saveurs dans ma bouche. Les petites graines craquent et viennent se loger entre mes dents, puis elles laissent place à la chair délicate de ces fruits nés de ces jolies fleurs blanches que je couve du regard depuis mon arrivée.

Je remplis mon petit panier. La récolte est fructueuse : demain, salade de fruits rouges au dessert et avec celles qui sont trop mûres et un peu meurtries, j’aiderai mamie à préparer des confitures, qui nous accompagneront tout l’hiver. Je rejoins la maison, pleine des odeurs, des couleurs et des saveurs de ce jardin qui, j’en suis certaine, me suivront encore longtemps.

Fabienne

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Souvenirs d’enfance

 

La maison de mes premiers souvenirs, vers l’âge de 5/6 ans, était une grande bâtisse où différents couples et familles logeaient à chaque pallier. Nous étions au 3ème et dernier étage et la fenêtre de ma chambre donnait sur l’arrière et me permettait de voir le jardin.

Ah ce jardin, ce fut le théâtre de mes plus folles aventures! Il était divisé en plusieurs parcelles, correspondant à chaque logement, qui étaient elles-mêmes aménagées en jardins potagers. La nôtre me semblait plus petite mais tellement plus mystérieuse ! Mes parents n’étant jardinier ni l’un ni l’autre, l’avaient laissée à l’état naturel avec quelques herbes tendres et vertes au milieu desquelles poussaient pâquerettes, boutons d’or et pissenlits.

Notre petit coin était caché au fond de l’espace, à l’abri de quelques arbres fruitiers, certes derniers survivants de leur espèce, mais pour nous sentinelles majestueuses de nos secrets d’enfants.

Un grand mur en pierre l’abritait des regards indiscrets des voisins, et un autre côté était longé par un petit canal, qui passait sous les maisons et allait se jeter quelques rues plus loin, dans la grande rivière qui traversait la ville.

Dans un angle, une cabane en bois permettait de ranger outils et jouets.

Ce lieu était apparemment si sécurisé que ma mère nous y laissait jouer ma sœur et moi pendant des heures entières. Et c’est là que nous apportions poupées, nounours et dînettes. Mais ce qui m’intéressait le plus, était surtout de partir faire la cueillette des différentes denrées que nous pourrions mettre dans notre soupe magique. A ce moment-là, je n’étais pas une cuisinière mais plutôt une amazone, une chasseuse-cueilleuse qui allait braver toutes sortes de dangers pour nourrir sa famille.

C’était pour moi l’aînée, un défi à relever à chaque fois. D’abord parce que nous avions l’interdiction formelle de nous approcher du canal, celui-ci n’étant protégé que par un petit muret, sur lequel j’avais pourtant l’habitude de grimper et de me déplacer. Ensuite, parce que c’était précisément là, le long de ses longues parois, que poussaient les petites baies rouges, qui représentaient l’ingrédient enchanté de notre bouillon coloré.

Alors, inconsciente du danger, j’enjambais le parapet, glissais mes pieds dans les interstices entre les pierres, m’agrippais d’une main aux racines des plantes et là, retenant mon souffle, j’attrapais de l’autre main les petites merveilles que je tenais bien précieusement entre mes doigts. Puis, doucement je me redressais pour tendre à ma sœur le butin obtenu, après avoir été tant convoité. Mais un seul voyage n’y suffisait pas, alors je recommençais et lorsque j’estimais en avoir suffisamment, je remontais et prudemment je remettais pied à terre.

La 2ème partie de l’après-midi nous voyait nous transformer en druidesses qui, touillant leur mixture sous les yeux écarquillés des petits personnages assis autour de nous, allaient leur donner la plus délicieuse soupe jamais inventée.

J’avais déjà conscience que le monde qui nous entourait était terrible et qu’ils auraient besoin de toutes les vertus nécessaires de ce breuvage pour partir l’affronter.

 

Evelyne

 

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Ayant été depuis mon enfance attirée par la nature, tous les jardins, attenant ou non à la maison du moment,  ont laissé leur emprunte dans mon esprit et de la nostalgie. Je parlerai peu du jardin de mes premiers pas,  la découverte des odeurs d'herbes fraîchement tondues, le parfum du chèvrefeuille, couvert de bébés escargots, après les pluies d'orage les soirs d'été, ont ouvert pour toujours mes sens à la beauté. Je décrirai plutôt celui qui m'a laissé le plus d'images, de couleurs, d'aventure, de découvertes.  On pouvait du balcon admirer ce lieu magique, le buisson de Bougainvillier le surplombait, dont les papillons citrons de multiples couleurs pastel, se délectaient de sa floraison violette abondante. Le matin "il" dormait encore, le soleil avançait lentement,  laissant aux arums odorants  le temps d'étirer leurs feuilles gigantesques. Puis vint le coin des aspidistras où je me réjouissais de la rosée  matinale, car sous ses pousses naissantes, il y avait toujours une rainette craintive, s'abritant de la chaleur contre les deux tortues Carol et Fantasia.  L'endroit, le plus sec, sous les palmiers, étaient le domaine des lézards verts, où les chats menaient une vigilance sans répit, spécialement  "Ficelle" la chatte, venant  de mettre bas de nouveau,  chassait pour nourrir ses petits.  La partie la plus ensoleillée, dans un enclos de protection, s'épanouissaient les roses, toutes magnifiques, de couleurs recherchées, la rose de Damas nous étonnait toujours par son parfum très doux bien distinct de ses congénères.

L'espace "Verger" nous était interdit, car nous avions  ma sœur et moi, une manie détestable "d'essayer" des fruits encore verts, oranges, mandarines, mais les plaqueminiers restaient nos favoris, et nous guettions ses fruits avec beaucoup d'impatience, non pas pour les déguster, nous haïssions ces fruits visqueux, au goût bizarre, mais à la perspective des futures batailles, à leur extrême maturité. Au grand désespoir de notre mère !

Chaque semaine, nous partions ma sœur et moi à l'aventure, dans tout le village et ses environs, à la recherche de chats "nécessiteux ", petits ou grands, maigres ou gras, ils atterrissaient dans notre jardin, et au cri de "Petitous "  "Petitous", ils arrivaient ventre à terre et s'empiffraient de pâtes cuites dans de l'huile, restes de viande, fromages, ils resplendissaient de santé et nous fûmes toutes deux très fières de notre bonne action,  au grand désarroi du jardinier, qui redoublait de surveillance afin d'anéantir une ou deux portées de nouveaux nés. Nous réussissions toujours à détourner son attention, lorsqu'il était prêt de découvrir et mettre â sac un nid « habité »  . Cette fois -ci  "Ficelle" avait réussi à sauver sa descendance et nous fûmes si heureuses ma sœur et moi dans notre jardin, avec maintenant ses treize chats !

 Souvenirs ...  Souvenirs.. Qu'êtes vous devenus ? devant les volets clos à jamais, le jardin déserté avec sa lessiveuse vide de nourriture, lorsque nous avions été forcés de partir en catastrophe. "Ficelle",  ses adorables petits  " Boutdezan"  et  "Miquette", vous avez gravé en moi,  pour toujours, l'image d'un paradis perdu.

Christine

 

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Mémoires de jardin

Je suis un jardin de ville, et de la rue, on ne peut soupçonner mon existence  à l’arrière de cette maison début 1900 qui ressemble à un petit immeuble. De  la véranda qui me domine de quelques marches, le regard m’embrasse tout entier. En effet, je suis petit, mais tellement original. Triangulaire, avec une pointe effilée qui va mourir entre deux murs de pierres grises recouverts de lierre, on a l’impression que je me prolonge indéfiniment.

Ce matin, je me sens un peu orphelin, car mes propriétaires ont déménagé, et je leur étais très attaché.

J’ai souvent  changé d’aspect, tant mon jardinier était imaginatif et fantasque. Il avait « la main verte », tout poussait avec lui. Il plantait… et quelques semaines après naissait une fleur, une plante, un arbuste. Au cours des ans, j’ai vu se succéder, roses, rhododendrons, camélias, jonquilles, thym, romarin, laurier et même un petit sapin. Une glycine magnifique, d’un joli mauve a laissé tomber ses lourdes fleurs de chaque côté de la véranda. Mon sol a été recouvert de terre, de pelouse, de gravillons blancs. Un jour, de minuscules allées ont été savamment tracées par le jardinier, et ce spectacle, vu de l’étage, a provoqué les commentaires admiratifs de la famille, le rendant particulièrement fier de son œuvre.

J’ai entendu les aboiements du chien, les miaulements du chat, frustré de n’avoir pu attraper la pie qu’il avait patiemment guettée, immobile sur une branche d’arbre. J’ai même assisté au premier vol d’un goéland recueilli et nourri avec patience. J’ai vu les enfants naître et grandir, j’ai été le témoin silencieux de leurs caprices, de leurs colères, de leurs angoisses avant les examens, de leurs premières amours, je les ai entendus passer du rire aux larmes au milieu des fleurs qui me coloraient de rose, de rouge, de jaune, de fushia et de toute cette verdure, écrin protecteur de leurs émotions.

Oui, moi j’ai vu leur jeune vie se dérouler et je suis sûr que je suis présent dans leur mémoire et associé à bien des souvenirs qui leur sont chers. Ils sont partis ailleurs, s’occuper d’un autre jardin, et moi, je demeure, immuable, prêt à offrir à d’autres le spectacle floral qu’ils imagineront pour moi.

Gill

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