Chère sœur...ou...cher frère

 

Voici une consigne à deux

 

Vous écrivez une lettre à votre frère ou à votre sœur

Vous échangez votre lettre avec votre voisin ou voisine  

 

Celui ou celle-ci rédige la réponse

 

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Image par Robert Cheaib de Pixabay

Image par Quidec Pacheco de Pixabay


 

 

Lettre Line  /  Chris

 

Mon cher frère

Je sais que tu préfères les messages arrivés sur ta tablette, mais la mienne est en panne. J’attends une personne charitable qui m’emmène dans la zone industrielle pour la remplacer. Que me conseilles-tu ? Darty ou Boulanger ? Quelle puissance ? Quel prix ?  Je compte sur toi, le grand spécialiste de l’informatique, pour me renseigner. Je ne te demande pas de venir, quoique …Je n’insiste pas, tu fais ce que tu veux. Je comprends qu’entre le bridge, le golf, les apéros avec tes amis, ta vie est bien remplie.

Je n’ai pas de nouvelles de ton fils, mon neveu, depuis quelques jours. Je ne parle pas de ta fille, je me demande si elle se rappelle que j’existe. Quand je pense que je les gardais pendant les vacances quand ils étaient petits … Je ne dis plus rien mais je n’en pense pas moins.

Au cas où cela t’intéresserait, je te signale que je compte partir 15 jours aux îles Galápagos avec mon amie Eugénie. J’ai besoin de soleil. Nous allons dans un Club Med pour seniors. Le programme est alléchant. Nous allons avec ma copine visiter les marchands de vêtements demain. J’espère que vous allez bien.

Je vous embrasse

Line

 

 

Ma chère sœur

Pas de problème, j’ai un petit créneau la semaine prochaine, mardi après-midi. Je passerai te prendre vers 14 heures et nous irons dans la zone commerciale. Nous comparerons les prix. Je te conseillerais une tablette MAC, de 20 pouces, 64 giga , elle te coûtera environ 550 euros. Je préfère Boulanger car ils  sont compétents et ont un bon service après-vente, SAV comme disent les jeunes. Dommage que tu n’ailles pas aux USA, tu as choisi une ile sauvage pleine de tortues préhistoriques, tu aurais dû penser à ta tablette, à Miami elle t’aurait coûté seulement 300 dollars ! Enfin chacun à sa guise !

Tu as de la chance d’avoir des nouvelles récentes de Gérard, moi je n’en ai pas souvent, quant à Isabelle, je crois qu’elle a  émigré en Australie, mais je n’en suis pas sûr. Tu vois, moi aussi je les ai gardés, choyés, nourris pendant des années et pas seulement pendant les vacances ! Malheureusement ou heureusement ils ont grandi et volent de leurs propres ailes, ils n’ont plus besoin de nous.

Je t’embrasse et à mardi

Ton frère bien-aimé

Justin

 

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Lettre Gill  /  Louisa

 

Ma chère sœur,

Hier, j’étais sans voix quand tu m’as offert ce bijou pour mon anniversaire. Maintenant, je réalise la valeur qu’il peut avoir pour toi. Bien sûr, il est en or, mais ce n’est pas ce qui le rend unique. C’est son histoire. C’est « LUI » qui te l’avait offert dans un moment de pur bonheur et c’est cette valeur sentimentale dont tu t’es séparée. J’imagine combien cela a dû être difficile pour toi. Faut-il que tu aies de la tendresse pour moi. À chaque fois que je le porterai, un petit morceau de vous deux sera avec moi.

Merci, ma chère sœur, pour la plaisir que tu m’as donné.

Reçois mes plus affectueux baisers.

Ta petite sœur

Gill

 

Petite sœur,

Ce bijou, je te l’ai offert de tout mon cœur. Bien sûr, il a une certaine valeur comme tu dis, et comme tu le sais, sentimentale, mais mon affection et ma tendresse pour toi sont  immenses, ce bijou, toi seule le méritait et je n’aurais pas voulu qu’il aille à quelqu’un d’autre. Même lui serait d’accord, alors porte-le avec bonheur et qu’il te porte chance.

Ta sœur qui t’aime et pense à toi.

Louisa

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Lettre Simone  /  Gill

 

Il m’est très difficile aujourd’hui de t’écrire après le tour pendable que tu m’as fait. J’avais décidé de te rayer de mon entourage, mais après réflexion je préfère crever l’abcès pour avoir une explication. Pourquoi as-tu pris l’initiative d’annuler le rendez-vous que j’avais obtenu trois mois auparavant pour aller prendre un repas chez Ducasse. De quoi te mêles-tu ? Toi pour qui la nourriture n’a aucun intérêt, que ce soit de la tambouille de cantine ou un repas gastronomique. Tu savais que le repas avait autant d’importance que la personne avec qui je devais la partager. Tu t’es fait passer pour moi, dans quel  but ? alors que de ce repas dépendait mon avenir. As-tu au moins profité de cette réservation !

Simone

 

Ma chère sœur,

je l’ai fait exprès ! et je dois te dire que cela faisait des années que j’attendais une si belle occasion.

Tu dis que la nourriture n’a aucun intérêt pour moi, c’est presque vrai. Une seule chose me met l’eau à la bouche : le gâteau au chocolat. Je ne sais pas si tu te souviens, mais il y a trente ans, tu m’as fait rater celui de l’anniversaire de Patrick auquel j’avais été invitée, mais pas toi !

Tu étais si en colère que tu t’es arrangée pour me faire punir par maman. J’avais pris un de ses colliers dans sa boîte à bijoux, tu me l’as arraché des mains, il s’est cassé, toutes les perles se sont répandues par terre et toi, tu as raconté à maman que c’était moi la coupable. J’ai protesté vigoureusement, bien sûr, mais elle ne m’a pas cru et elle m’a punie en m’interdisant de sortir. C’est comme cela que j’ai raté Patrick et le gâteau.

Me voilà vengée, des années après je te l’accorde, mais tout de même vengée !

Remarque, maintenant que nous sommes quittes, si tu veux, je t’invite au salon de thé. Tu pourras choisir autant de pâtisseries que tu voudras et moi un beau fondant au chocolat.

Rien de tel que quelques sucreries pour se réconcilier.

Ta sœur préférée.

Gill

 

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Lettre El Pé  /  Line

 

                                         Sidi-Bel-Abbès le 1O octobre1960

                              Chère frangine unique et préférée,

      Tu m’as demandé sur le quai de la gare, juste avant mon départ : « Surtout Jeannot, écris moi ! Promis, hein ? ». Alors je le fais. Juste pour te faire plaisir. Parce que moi, les lettres…

     Et bien voilà : Nous avons embarqué à Marseille, il y a deux jours. Il faisait froid. Un mistral terrible. La traversée ?  Impeccable…enfin, pour moi. Pour la plupart des autres gars, par contre, je te raconte pas ! Malades comme des chiens, ah, ah ! Pas comme notre brave Surcouf, bien sûr : Un chien de pêcheur breton, ce serait malheureux ! Où en étais-je ? Ah oui, on arrive à Oran.

    Un temps splendide. Les maisons blanches, sur la colline, brillaient au soleil. Magnifique. Mais pas le temps d’admirer le paysage. On débarque. L’adjudant n’arrêtait pas de nous gueuler dessus  car nous n’allions pas assez vite à son goût. Bon. On nous fait monter dans des camions. 80 km de route, et voilà Sidi-Bel-Abbès. Une jolie ville. Et d’après ce que j’ai pu voir en passant, pleine de jolies filles.

     Malheureusement, elles ne seront pas pour moi. Même pas une.

Il y a eu contre-ordre tout à l-heure : Dès les premières heures demain matin, nous partons pour les Aurès. Il parait qu’ils ont besoin de renforts  tout-de-suite, là-bas. A mon avis, ça doit chauffer dur. Mais ne t’inquiète pas, je me sors de tout, tu le sais bien. Bon. A part ça, surtout ne dis rien à Monique au sujet des filles de Bel-Abbès. Embrasse les parents pour moi et garde la plus grosse bise pour toi.

               Ecris vite à ton trouffion de frère qui pense à toi

          Jean-Yvon*

PS : Dans le premier colis, envoie-moi mon harmonica STP, ça peut servir.

    *alias El Pé

 

                           Mon frérot adoré,

        Bien sûr que je vais t’écrire ; j’ai ainsi l’impression que tu es près de moi, à me dire des blagues, à me charrier gentiment avec ton humour habituel.

   Quand tu racontes, on dirait un voyage d’agrément entre copains. Je voudrais rire, mais j’ai peur. Les journaux ne disent pas tout, mentent, mais le peu que je lis et ce que je devine me font le cœur lourd.

   Ne sois pas imprudent, ne quitte pas le camp pour aller voir les femmes. Il y a en a plein dans notre village, tu n’auras que le choix en revenant.

   Ne sois pas imprudent, reste derrière, laisse passer l’adjudant devant, c’est son métier, il est payé pour ça.

   Je ne dirai rien à Monique, mais écris-lui, elle vient chaque jour voir si nous avons une lettre de toi.

   Garde-toi bien, dépêche-toi de rentrer. Nous t’embrassons,

        Ta sœur*

PS : Pour l’harmonica, c’est fait, avec les roudoudous à la réglisse que tu aimes.

*alias Line

 

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Image par jacqueline macou de Pixabay