Un moment de douceur en Languedoc

 

Une balade, un repas, une dégustation, des vendanges, etc....

 

     dans le Languedoc

 

       En trente minutes

 

décrire un moment de douceur grâce aux révélations subtiles des cinq sens

 

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BALADE EN LANGUEDOC

 

L’itinéraire de ma balade estivale est guidé par mon pas nonchalant,  errant entre vignes et garrigue. Mon regard parcourt un tableau coloré où la verdure des haies d’arbustes festonne les champs. Le soleil est déjà haut en cette fin de matinée languedocienne qui présage un après-midi caniculaire. Les ceps attendent de pied ferme cette chaleur qui rougit le raisin tandis que les feuilles s’ourlent d’une frange ocrée. Des chants d’oiseaux encore un peu partout, annonciateurs du silence de la sieste. Seule, l’alouette restera figée dans le ciel turquoise, là-haut, égrenant son babil de petite sirène.

 

La terre exhale son parfum d’été, odeur âcre mais légère, entrecoupée de celles de lavandes et de rosiers plantés au bout des rangs. La brise maritime y ajoute son air iodé en caressant mes cheveux. Chaque instant est magique.

 

Je grappille au passage quelques grains mordorés, annonciateurs d’un succulent breuvage.

 

Ce doux moment m’imprègne pour une éternité.

 

      Mouty

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Journée d’été en famille

 

Il est breton, elle est savoyarde, ils n’auraient pas dû se rencontrer ; Mais les hasards de la vie ont fait que ces deux là n’en ont plus formé qu’un, et cela dure depuis plus de cinquante ans ! Qu’allaient-ils choisir, leur vie devenue commune, l’Ouest iodé ou le pied des montagnes enneigées ? Après bien des voyages, bien des paysages ensoleillés, bien des escales colorées, leur choix pour se reposer entre deux aventures fut ce coin de colline, dans le beau Languedoc, isolé, un peu sauvage, loin de toute agitation. Et là, bien des années après, installés dehors, dans la douceur d’un soir d’automne, ils se rappellent ce jour de bonheur, ce moment de douceur où la famille en vacances était venue les voir dans ce havre de paix, ce repas partagé, ce court instant dans une vie qu’on aurait voulu voir durer une éternité.

 

Elle avait encore sa mère chérie, un peu fragile déjà, qu’elle avait installée confortablement sous le chêne pour la protéger du soleil ardent. Le chat, béat, ronronnait sur ses genoux. La colline mauve offrait au regard un spectacle reposant qui contrastait avec la lumière éblouissante de la mi-journée. L’air embaumait, mélange subtil des parfums de la garrigue toute proche et des arômes des quelques fleurs qu’elle avait plantées et des petits arbustes amoureusement cultivés, pêchers, abricotiers dont on avait mangé les fruits juteux et  savoureux au dessert. Ses neveux et nièces couraient avec leurs cousins autour de la maison aux murs blancs, toute simple, qui s’intégrait si bien dans le paysage ; les enfants, les joues rougies par le jeu, dont les visages brunis ressemblaient à ceux des petits africains qu’elle avait côtoyés, mêlaient leurs cris de joie et leurs rires au crissement incessant des cigales ; Lui, encore en bonne santé, bien loin de cet accident qui allait transformer leur vie, discutait joyeusement avec son beau-frère tout en surveillant attentivement les sardines grillées dont les effluves agressaient les délicates senteurs de la nature. Non loin, sa chère sœur tentait d’installer une nappe fleurie sur la grande table que  le sol caillouteux et inégal rendait un peu bancale ; mais les coins indisciplinés remontaient, mutins, soulevés par un vent léger bienvenu mais à peine rafraîchissant. Le chien, allongé à l’ombre, surveillait d’un œil mi-clos les préparatifs.

 

Puis on avait déjeuné, joyeusement, bu un vin rosé bien frais, en devisant. On s’était reposé pendant que le soleil déclinait, doucement, et la journée s’était terminée, comme à regret. Maintenant, la maison était toujours là, toujours à sa place près de la garrigue, eux aussi dans leurs fauteuils, mais un peu vieillis, lui ne pouvant plus guère marcher et elle souffrant pour lui ; certains avaient grandi, d’autres étaient partis et l’insouciance aussi. Ne restait que le souvenir, rangé discrètement dans un tiroir de leur mémoire, d’une belle et douce journée d’été.

 

   GILL 

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 Une ballade dans les gorges de l'Heric

 

 Il y a un bout de temps que j'avais envie de les voir, ces gorges si grandioses, si pittoresques, si impressionnantes, et bien là j'y suis, et je vais les faire découvrir à mon petit fils en vacances, Mel. C'est avec fébrilité et joie qu'on se prépare, ce matin de juillet où la chaleur n'est pas encore trop insupportable, et il faut essayer de ne rien oublier car c'est une grande journée qui va commencer ;  je scrute le ciel souhaitant que le temps soit clément et l'air agréable ; comme à chaque randonnée nous pratiquons le covoiturage, nous montons avec Danielle et en route pour une journée très tonique. Arrivés sur le parking déjà bien plein, nous cherchons une place ; heureusement le parking n'est pas éloigné de l'entrée des gorges, nous pouvons rejoindre tout de suite le départ ; l'étroit chemin, entouré de murailles gigantesques taillées en forme de feuilles d'ardoises très fines me font frissonner, j'ai l'impression de me trouver tout au fond d'un gouffre d'où je vais devoir monter toujours plus haut pour enfin découvrir la lumière, le soleil bienfaisant, l'air vivifiant , mais ce n'est qu'une fugitive , courte  impression  qui dure si peu , car passé un petit pont d'où monte un murmure , puis un bourdonnement assez intense  faisant penser à un essaim de guêpes qui voltige autour de nos oreilles  mais qui reste invisible, c'est l'eau des gorges qui dévale  en cascade , courant , sautillant, se faufilant à travers les grosses pierres, se frayant un chemin; éclaboussant au passage les plantes colorées qui sont autour , profitant d'un bienfait rafraîchissant , lissant les cailloux , jaillissante , impétueuse , elle doit passer coûte que coûte , jusqu'à un élargissement où elle se calme pour former un baignoire ou pataugent des enfants , à certains endroits les roches sont énormes et le serpent se rétrécit ne formant plus qu'un étroit goulot où même les kayaks doivent être tirés par les conducteurs qui soufflent et peinent pour avancer ; des familles entières s'interpellent, plongeant, barbotant plus que nageant , puis s'installent sur des roches pour prendre le soleil ; nous admirons des ados, qui, tous fiers nous montrent leur exploit en se lançant du plus haut rocher quitte à se fracasser tout en bas, mais heureusement , ils remontent hilares sous les applaudissements des spectateurs ;  nous grimpons toujours allègrement entre les failles surmontées de roches, tantôt grises, tantôt rougeâtres , où, par endroits sortent hirsutes des arbustes rabougris , accrochés par miracle entre les pierres et le peu de terre , ils se balancent offrant leur minuscule fleur à nos yeux , il y a peu de végétation ici , c'est la roche, la pierre qui est reine et domine , avec l'eau verdâtre tout en bas , la vie fourmille tout au long de cette ballade , la répercussion des sons monte et va très loin, les  clameurs nous suivent dans cette ascension , nous abordons un escalier qui semble se perdre dans un virage dont on ne peut savoir où il va nous mener , mais si , il va à un petit hameau , nous en sommes loin , nous faisons halte  pour un rafraîchissement bien mérité , et une trempette dans un petit lac , profitant de l'ombre d'un chêne vert , enfin plutôt roussâtre , le temps file,  il nous faut à présent continuer , pour enfin arriver et découvrir le grand plateau qui domine au-dessus des quelques toits du hameau, un petit air frais nous accueille , l'étendue verdoyante , ondoyant sous la brise légère , nous offre une vue époustouflante loin sous la brume de chaleur ; c'est d'une beauté !!!!!  et très impressionnant , et cet air revigorant nous donne des ailes pour le retour.

 

Mel et moi aussi  avons bien aimé et sommes près pour une autre ballade.

 

                     Rina

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        IL Y A DE CELA LONGTEMPS, TRES LONGTEMPS,

                QUAND L’HOMME SORTAIT A PEINE

                                EN BALBUTIANT

                                  DE             LA

                                  PREHISTOIRE…

 

          L’orage cessa au milieu de la nuit, après avoir duré, bien sûr plusieurs jours. A peu près quatre, ou plutôt trois car à l’évidence et aux dires des anciens, durée et fréquence des colères du ciel raccourcissaient d’année en année. Quoiqu’il en soit, le soleil brillait ce matin –là et Ori s’en réjouit fort.

 

     Elle adorait se promener après la pluie. La terre sentait si bon ! Les oiseaux chantaient si bien ! Mais surtout, herbes et champignons poussaient alors à profusion et c’était merveille d’en emplir son panier ! Car, le moment est à présent venu de le dévoiler : Ori était une sorcière. Celle d’un petit village accroché aux coteaux embrassant ce que l’on appellerait plus tard la plaine du Languedoc.

 

      Une jolie sorcière cependant, comme les aimaient déjà les autochtones : yeux de braise, taille souple et allure délurée…Extrêmement compétente toutefois dans sa spécialité ; l’on venait de loin pour la consulter ! Justement ce jour-là, une femme l’avait accostée, en larmes : « Ori, par pitié, avait-elle supplié, fais quelque chose pour moi ! Malgré mes œillades et mes bracelets, Yoko ne me regarde pas, il ne s’intéresse qu’à la chasse ! Même que ça en devient désespérant !! » Ori avait relevé la pauvre délaissée tombée à ses genoux et souriant, lui avait promis un philtre d’amour, autrement dit une boisson qui rendrait fou amoureux le distrait Yoko. Aussi, tout en s’acheminant vers le sommet de la colline, elle cueillit les grains d’un arbuste sauvage qu’elle avait découvert récemment : sucrés, délicieux.

 

     Une fois là-haut, elle admira comme à l’accoutumée le paysage boisé qui s’étendait jusqu’à cette ligne bleue, féérique, qu’elle ignorait être la mer. Et comme à l’accoutumée, ce fut à cet endroit précis qu’apparut le dieu des forêts pour lui souffler l’un de ses secrets ; cette fois-ci, celui de la confection du philtre d’amour.

 

       Aussitôt rentée, Ori s’employa à appliquer la recette. Le résultat fut d’une efficacité stupéfiante ! Tant et si bien que tout le monde voulut tester le philtre d’amour. Encore, encore et encore…

 

      Ainsi naquit le vin. Vous pariez que c’était un Faugères ?

 

                   ElPé

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