Animation à Béziers

 

En 25 minutes faire un texte dont le thème est

« La Féria de Béziers »

 

Il doit commencer par :

« Affolées par les cris, par la musique des chevaux de bois et un sifflet de machine  à vapeur sorti on ne sut d’où, les juments se cabraient et faisaient le vide. »

 

Il doit se terminer par :

« Oui, mais la campagne toute l’année, tu sais, c’est un peu triste…Il nous faudra une voiture pour revenir ici le samedi soir. »

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Pesos, sangria et tango

 

     Affolés par les cris, par la musique des chevaux de bois et un sifflet de machine à vapeur sorti on ne sut d’où, les juments se cabraient et faisaient le vide.

 

   Paulo, bousculé par la foule, se retrouva à plusieurs mètres de là. « Ce n’est pas possible, plus con on ne fait pas, récrimina-il, Se donner rendez-vous en pleine feria de Béziers ! Ah vraiment faut le faire ! »

 

    Faut dire que Paulo vivait d’ordinaire dans l’arrière-pays, au beau milieu de la garrigue. Oh, pas depuis bien longtemps, mais ces quelques semaines avaient suffi pour semer en lui des graines de misanthropie, sur un terreau certes déjà fertile.

 

     Et la foule continuait d’avancer, aveugle et hurlante comme un dragon en goguette, lorsque Paulo s’aperçut que quelqu’un lui tapait sur l’épaule. Il se retourna brusquement, prêt à inculquer, par la force si besoin, les premiers éléments de savoir-vivre au malotru, quand il reconnut Sania. Comme son prénom ne l’indiquait pas, le dit Sania était un géant de deux mètres de haut, presqu’autant de circonférence et à l’évidence tartare depuis plusieurs générations, ce qui décourageait immédiatement toute velléité éducative. D’une voix de basse frisant les infra-sons  ce dernier annonça, placide : « Bon, petit, viens ! On va s’en jeter un pendant que je t’explique. »

 

    Ils se dirigèrent vers la bodega la plus proche, s’assirent de part et d’autre d’un tonneau qui- comme il est d’usage dans toute bodega qui se respecte- servait de table, puis commandèrent des demi-pressions, car l’un comme l’autre avaient la sangria en horreur.

 

« Voilà, ici on peut causer. » En effet, entre la musique des Gipsy Kings,  Luis Mariano qui informait les rares personnes qui l’ignoraient encore que : « C’était la feria » et le bruit de tempête produit par des milliers d’individus en liesse, penché à l’oreille de son voisin, l’incroyable sosie de Tarass Boulba put détailler à loisir le plan du cambriolage décidé quelque temps auparavant et mis au point par ses soins.

« -Tu comprends, conclut-il, ça va être fastoche de faire sauter la porte de service de la Société Générale, et ensuite celle, blindée, de la salle des coffres, j’ai tout ce qu’il faut…

 

-Ouais, bien sûr, et avec le boucan qu’il y aura samedi soir, veille de 15 Août en plus, personne n’entendra rien. Enfin, j’espère !

-T’inquiète mec, ils croiront juste que ce sont des pétards, ces braves gens, et de toute façon, avant que les flics réussissent à arriver jusque là, ça fera belle lurette qu’on aura fichu le camp.

-T’as raison, comme d’hab, Sania.

-Evidemment. On va s’en mettre plein les fouilles, mon pote. A nous la belle vie ! Ouais, et à part ça, tes chèvres, elles vont bien ?

-Ah bon, parce que ça te dirait d’aller leur rendre visite ?

-Pour sûr, comme planque, on ne fait pas mieux. Avant le coup…et même après finalement, pourquoi pas… »

 

    Pendant une seconde de pure panique, Paulo eut la vision apocalyptique de sa petite maison, si merveilleusement isolée et blottie au cœur de la garrigue, occupée, pendant des mois peut-être, par le grand tartare. Aussi, de son air le plus naturel, il s’écria ; « Oui, mais la campagne toute l’année, tu sais, c’est triste… et… il nous faudra une voiture pour revenir ici Samedi soir. »

 

                 El Pé

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La Féria de ceux qui veillent

 

«- Affolées par les cris, par la musique des chevaux de bois et un sifflet de machine  à vapeur sorti on ne sut d’où, les juments se cabraient et faisaient le videOui, oui, Paul, je t’assure, Sylvie, qui est allée au spectacle de la carrière équestre hier soir m’a dit que ça s’était passée comme ça. Mais heureusement il n’y a pas eu de blessés, les cavaliers ont réussi à calmer les chevaux. »

 

Sous la tente de la sécurité civile, Paul et Benoit, deux secouristes de garde, discutent entre deux soins, en rangeant le matériel et en attendant d’éventuels éclopés.

 

«- Nous en sommes au troisième jour, Benoit, et il n’y a pas eu d’accidents graves. Pourvu que ça dure ! Nous avons eu notre lot de malaises, de petites blessures d’excités et d’alcoolisés agressifs, mais tout ça, pas bien méchant. Nous, nous ne voyons la féria que de son mauvais côté, ainsi que le mauvais côté des participants, ce qui ne nous donne pas vraiment envie d’en chercher une autre image. Mais il y a certainement des choses bien, des soirées festives et sympathiques, sans excès, des spectacles de danse enchanteurs et ces magnifiques démonstrations équestres ; Nous, ce que nous souhaitons, c’est zéro catastrophe.

 

 - Aïe, Paul, tu entends, c’est le SAMU. On dirait qu’il va vers les Arènes. Cela ne m’étonnerait pas qu’il s’y soit passé quelque chose.

 

 - Le toréro a peut-être trouvé son maître. Ce n’est pas moi qui vais le plaindre, il sait à quoi il s’expose ! Viva el Toro ! Non, non, Benoit, je ne continue pas, pas la peine de t’insurger, nous ne serons jamais d’accord sur le sujet : moi, anti-corrida et toi…..pas vraiment.

 

 - Tu as raison, n’abordons pas les sujets qui fâchent. D’ailleurs, finalement, il n’allait pas aux Arènes. Je saute du coq à l’âne – à cause du bruit et de l’agitation qui règne - mais parfois je me dis que j’aimerais bien m’installer à la campagne, ce serait plus tranquille. Ma femme, à qui j’en ai parlé, n’est pas vraiment séduite par cette idée ; elle m’a dit : Oui, mais la campagne toute l’année, tu sais, c’est un peu triste…Il nous faudra une voiture pour revenir ici le samedi soir.

 

Gill

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Affolées par les cris, par la musique des chevaux de bois et un sifflet de machine à vapeur sorti on sut d'où, les juments se cabraient et faisaient le vide.

 

Le vide de quoi? D'urines et crottins? De spectateurs? Ou tout simplement partaient-elles en meditation ? Ma foi, je n'en sais rien, je n'étais pas là ! Car moi, la feria...

 

Quand j'étais beaucoup plus jeune peut-être... J'avais campé dans une manade, au milieu des taureaux, ouais ! Ça, c'était floklo !

 

Mais aujourd'hui, je me contente largement du village occitan. Pour l'ambiance, pour la bonne bouffe proposée par les calandretas (achat militant!) et pour la musique surtout! Le village occitan, déplacé il y a quelques années de la place de la citadelle à la place du champs de mars, juste au côté du village équestre.

 

Le village équestre, je suis allée voir une fois le spectacle, enfin voir, c'est un bien grand mot!

Je ne suis pas restée plus de 10 minutes. Avilissant !

 

Beaux chevaux, humains moches de leur fierté de faire faire le clown à des bestiaux.

 

Je te le dis moi ! C'est pas ça le respect de la nature !

 

C'est vivre toute l'année, avec le cours des saisons, sans que nul s'y impose, sans que l'homme y laisse sa trace destructrice, sans que nous y dominions cours d'eaux et animaux...

 

Alors, l'autre empafé du sifflet de la machine à vapeur me répondit :

 

   oui, mais la campagne toute l'année, tu sais, c'est un peu triste... Il nous faudra une voiture pour revenir samedi soir.

 

DÉSESPÉRANT !

 

Nanou

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Affolées par les cris, par la musique des chevaux de bois, et un sifflet de machine à vapeur sorti on ne sut d’où, les juments se cabraient et faisaient le vide

 

Mais quelle mauvaise idée j’ai eue d’aller voir le spectacle de chevaux ! Tout le monde en parlait, je ne pouvais mourir ignorante car qui sait si l’an prochain je serai encore là. Du monde, du monde qui va, vient. Un enfant me bouscule, je le houspille ; le père me jette un regard noir, la mère serre son rejeton contre elle et le caresse.  « Elle est vilaine la dame, pas vrai mon bébé ? »

 

Je m’éloigne prudemment. Un individu me pousse et me jette au visage : « Tu aurais mieux fait de rester dans ta maison de retraite, mémé ». Je m’indigne silencieusement, en moi-même, c’est plus prudent. J’avance, un pas en avant, deux en arrière, mon pied s’enfonce dans du mou… Horreur, du crottin frais qui éclabousse mes mollets.

 

Les chevaux hennissent, font des écarts, la foule bouge, me happe. Je m’en extrais avec peine et regagne le calme de mon appartement pour écrire ma lettre quotidienne à ma nièce. Elle regrette son rendez-vous annuel et je dois lui envoyer un compte-rendu. Comme je sors très peu, en général, je m’inspire des articles de journaux, brodant par ci, par là, pour faire plus personnel. Le téléphone sonne : - Tata, j’arrive avec mon copain, débrouille-toi, je m’ennuie de toi et de la féria, même si le pays est beau ici.Oui, mais la campagne toute l’année, tu sais, c’est un peu triste… Il nous faudra une voiture pour revenir ici le samedi soir.

 

Line

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