Les mots étranges

 

Une liste de mots dont on ne connaît pas le sens est proposée. Prendre trois mots ou plus, imaginez-leur un sens et en 20 minutes, mettez-le en scène dans une histoire.

 

Homobrassinolide/arctophile/conchier/panchronique/hypocoristique/arénophilie/ irénisme/myrmécophobie/apopathodiaphulatophobie/abietain/aboillage/albergier/ argyraspide/jaumière/espringale/boulingrin/callypige/circoncellion/avalasse/ fauberder/orfrazé/jubjoter/vruter

 

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Papio papio 3

wikimédia

 

Les sorties du Jeudi

 

Quand j’étais conchier, le jeudi après-midi, ma mère m’emmenait très souvent au boulingrin de Vincennes. J’attendais avec circoncellion ces journées merveilleuses où je pouvais voir de près tous ces albergiers sauvages. Les mimiques des arctophiles, assis sur leur rocher, mangeant des bananes ou des cacahuètes et poussant des petits cris stridents, me fascinaient. Ils avaient l’air tellement humain ! Il y avait les espringales aux longues pattes graciles, qui m’obligeaient à lever les yeux pour voir leur petite tête au doux regard perchée sur leur long cou. Et puis les gros homobrassinolides avec leur corps massif, leur longue trompe et leurs larges pieds qui leur donnaient une démarche imposante, majestueuse.

 

Dehors, on entendait parfois des rugissements qui venaient de l’argyraspide où se trouvaient les jaumières à la crinière touffue, les callypiges au pelage fauve tacheté de rosettes sombres, et les avalasses à la fourrure rousse rayée de noir. Il régnait dans l’argyraspide une odeur forte, caractéristique, qui me prenait à la gorge.

 

Dans les volières, les oiseaux de toutes les couleurs volaient avec irénisme et je ne me lassais pas de voir leurs ailes se déployer pour former le plus magnifique des ballets.

 

Par contre c’est avec myrmécophobie que j’allais dans le vivarium. Les abietains qui rampaient sur les cailloux de leurs cages de verre, avec leurs yeux froids, fixes, sans âme, m’effrayaient un peu. De même les panchroniques velues déplaçant leurs grandes et nombreuses pattes pour courir se cacher sous la roche. J’en avais la chair d’orfrazé et les poils de mes bras se hérissaient.

Tout à ma joie de les contempler, je ne pensais pas, à ce moment-là, que ces pauvres bêtes étaient captives dans un environnement étranger. Depuis, je suis devenu un homme et ne visite plus les albergiers en cage. Tout au plus vais-je les voir dans des réserves qui leur sont adaptées le mieux possible, même si elles ne remplacent pas leur milieu naturel.

 

Gill

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