In situ

 

Décrire la pièce où vous vous tenez de manière impressionniste,

c'est à à dire en laissant percevoir

les sentiments, émotions, qu'elle vous inspire

 

 

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Berthe Morisot 003

wikimédia

 

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Décrire une pièce, tu parles d’une idée de consigne ! Mais je ne veux pas me plaindre, d’autant que cette idée, c’est moi qui l’ai eue. Bon, alors allons-y. Pour la visite guidée, M’sieurs-Dames, si vous voulez bien me suivre…

       D’abord, à l’heure où j’écris, je suis assise dans le salon. Comme la plupart du temps où je suis chez moi d’ailleurs, vu que mon appart ne comporte, outre la cuisine et la salle de bain que deux pièces et que la seconde  est la chambre à coucher. Et en effet, cette chambre, je n’y vais que pour dormir ; étant donné qu’elle est située au Nord Est, on peut aussi l’appeler « chambre froide »  toute l’année. Bien.

        Donc le salon. Enfin, quand je dis « salon », je résume. Puisque cette pièce, de quatre mètres sur cinq a visto de nas* fait à la fois office de salon (mais je l’ai déjà dit il me semble), de salle de séjour, de salle à manger, de bureau et de bibliothèque.

      Elle est essentiellement meublée d’étagères, en bois et métalliques, sur lesquelles se pressent, rangés séparément bien sûr, livres, cahiers, classeurs, vaisselle, matériel audio-visuel et informatique, sans oublier les disques, ces derniers  étant pour la plupart en vinyle…d’époque, précisons-le.

      Le tout joliment décoré de bibelots divers, qui n’ont, pour la plupart, d’autre valeur que sentimentale et quelques photos dans leurs cadres avec support.

Puisque nous en sommes aux photos, disons tout de suite qu’il y en a partout chez moi, y compris dans la cuisine et les toilettes. Sauf que dans le salon, elles disputent aux tableaux-Des reproductions ! On se calme ! Mais aussi les œuvres de mes deux filles !- le peu d’espace restant sur les murs.

    A part ça, quoi d’autre ? Oh, que du classique ! Un fouillis de plantes vertes délimitant le coin serre, devant la porte fenêtre, une petite table ovale en pin vernis un tantinet marquée par les ans, un bureau, un canapé ultra martyrisé par des générations de chats, un gros fauteuil que je soupçonne de faire la tête en permanence et des tapis (dont un persan original), qui recouvrent le sol, mais seulement en hiver. Et puis…des coussins comme s’il en pleuvait, et quelques uns de mes chef-d’œuvre au point de croix, que personne ne veut sauf moi, disséminés de ci de là.

Quand j’aurais dit que j’habille mon salon en rouge et or en hiver et en percale fleurie en été, j’aurai tout dit. Tout ? Non. Pas l’essentiel.

     Parce que dans cette pièce, franchement  dénuée de style et de toute prétention à y parvenir il y a moi, évidemment, mais aussi…

…mais aussi tous ceux que j’aime, humains et félins, passés et présents, dont la présence, indiscutable, se perçoit dans chaque centimètre carré et me fait affirmer, avec Gilbert Bécaud : « La solitude, ça n’existe pas ». **

   Voilà, c’est tout. La sortie, c’est ….quand vous voudrez. Merci.

               El Pé

*pas nécessaire de traduire, hein ?

**ce qui est fort appréciable en ce moment.

 

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Voyage autour de ma chambre

 

                     Je suis la première occupante de la pièce. Elle n’a d’âme que la mienne. Photos et objets familiers témoignent d’un long vécu s’effaçant devant un avenir plus court et incertain. Elle est meublée sobrement, elle me permet de vivre au mieux de mes désirs, de mes besoins.

        Du balcon, je vois passer les gens, les voitures. Mais moi, a l’instar de Joseph de Maistre, j’accomplis mon voyage autour de ma  chambre.

                                Line

 

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–« Voilà, c’est parti !!! pour combien de temps, on ne sait pas. » 

Dans cette pièce, j’entends le bruit de ma pendule, tic, tac, elle rythme minutes, heures angoissantes en ce moment. En fond sonore, le coronavirus est partout à la TV. Je stoppe tout cela. Je pense à mes collègues soignants. Comment vont-ils continuer à travailler dans des conditions si difficiles.

Oh ! le soleil entre dans ma cuisine, la réchauffant de ses merveilleux rayons. J’ouvre ma fenêtre ouvrant sur le jardin. La vue est magnifique ! De grands chênes et platanes ornent le centre Bouges      désormais fermé. Ce centre où j’ai travaillé si longtemps. J’entends les bruits, les conversations, les rires au milieu de ces couloirs. Mais cela reste dans ma mémoire.

Dans ma pièce de vie, j’ai ma merveilleuse armoire en cerisier. Lorsque j’entends le crissement des portes, c’est un peu de sa vie qu’elle me donne. Une bonne odeur de bois qui a traversé les générations me rappelle les longs monologues de mon père

–« Tu vois, me disait-il, quand je l’ouvre, ce sont tous mes souvenirs d’enfance qui me reviennent. Elle a été fabriquée par le menuisier du village et c’était les cerisiers qui lui appartenaient. Autrefois, c’était ainsi lorsqu’on mariait sa fille. Tu n’auras cette armoire qu’après ma mort. »

Et voilà, elle est là, trônant dans la pièce comme un témoin vivant.

Au mur, les photos familiales : mon grand-père, mon père et ma mère, les enfants, sont là. Ils m’accompagnent. Lorsque je suis un peu triste, je les regarde et tout va bien.

Voilà, nous nous préparons pour vivre des moments difficiles, mais ensemble, en pleine conscience qu’il faut être solidaires, humains, et à notre échelle, prenons soins les uns des autres.

Restons chez nous, en nous souciant des plus démunis.

Brigitte

 

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Aujourd’hui, le soleil qui entre par la grande porte-fenêtre donne au papier-peint orangé des reflets irisés et baigne le salon d’une chaude lumière.

La pièce toute entière semble raconter plusieurs époques, plusieurs vies, tant elle est meublée de manière disparate. Sur chaque mur, dans chaque vitrine, l’histoire d’une famille, des aïeux jusqu’au dernier né. Sur les photos, là un couple, ici un enfant rieur, puis la grand-mère et sa petite fille, un chien et un chat…1900, 1950, 2020, la vie passée, l’instant présent, le futur qui se dessine.

Sur ce meuble orné de coquilles, des petites mains se sont accrochées pour tenir debout pour la première fois. Il a entendu des rires, le son du piano qui lui faisait face, il a été le témoin de baisers et peut-être de disputes, il a aussi vu la vie s’en aller sous la lumière voilée du lampadaire voisin, son compagnon de route. Il est là maintenant, chargé de son histoire et me regarde vivre.

Dans les vitrines, des bibelots, une natte de cheveux, une couronne de communiante, des souvenirs heureux emprunts de nostalgie, qui transportent dans un passé qui semble lointain mais si proche à la fois.

Là, un brûle-parfum dont j’ai l’impression de sentir encore l’odeur.

Et puis des livres dans la bibliothèque, beaucoup de livres, les histoires de mon enfance, les passions et les rêves de mon adolescence, les ouvrages de mes études, studieuses.

Enfin, disséminés dans la pièce, une collection d’objets hétéroclites unis cependant par un même esprit, l’amour du voyage, qui demeure ici bien vivant, très présent :  colliers tahitiens, bibelots éthiopiens, poignard yéménite, tirelire australienne. Ils sont là, prêts à se serrer pour accueillir ceux que le voyageur apportera dans ses bagages.

Et assise au fond du confortable canapé, en regardant ce qui m’entoure, je voyage dans ma propre vie.

Gill

 

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Une certaine émotion m’envahit chaque fois que je me trouve dans ce bureau, je ne peux m’empêcher de caresser le vieux fauteuil de cuir usé par le temps, où pendant tant d’années, il était assis à son bureau rempli de paperasses en désordre qu’il ne fallait surtout pas toucher.

Le soir venu, la petite lampe habillée d’un abat jour orange, diffusait une douce lumière qui amplifiait la chaleur de cette pièce à l’aspect un peu démodé, aux tentures passablement défraîchies, les étagères où s’alignent livres nouveaux et anciens, un peu poussiéreux pour certains, les murs tapissés de tableaux, qu’il avait peint, des portraits le représentant avec les anciens camarades, d’autres plus poignants.

Je sens sa présence partout, étrange sensation.

Est-ce mon imagination un peu délirante ou la magie de cette pièce où rien n’a été changé ?

Les deux peut-être, mais qu’importe.

Je sais qu’i est toujours là.

 

Louisa

 

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