Imaginez la suite

 

 Vous êtes dans la situation suivante:

« Ma valise est fermée. Je suis prête à partir, quand….. »

 En 20-25 minutes, imaginer la suite.

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MA VALISE

 

Le tic-tac de mon réveil scande mon insomnie. Je me demande s’il aura encore la force de sonner à l’heure. Quelques respirations adéquates à la relaxation restent inopérantes. Cet automne de la fin des années cinquante est pluvieux et triste. Je vais quitter le bercail familial : j’attends ma feuille de route qui me précisera mon affectation dans un département de l’Est de la France.

 

Ma valise est fermée. Cadenassée devrais-je dire. Elle est en bois. Fabriquée artisanalement par mon oncle pour son séjour dit « de pacification » en Algérie, elle n’avait dormi que six mois au grenier avant de reprendre du service. J’y avais entassé des livres, mon dictionnaire et quelques fringues qui étaient loin de remplir les armoires à l’époque. Cette valise avait un avantage : elle était pour moi un accompagnement familial. Mais aussi un inconvénient : son poids qui me cassait le dos. Elle pesait un âne mort disait-on chez moi. Et les roulettes n’avaient pas encore été adaptées à ce genre de bagage.

 

Bref, elle est là, prête à partir pour des tribulations insoupçonnées. Elle arbore avec fierté une carapace passée au brou de noix et à l’encaustique. Elle semble me dire : « Alors, tu viens ? »

 

Je suis prête à partir aussi, vers un monde nouveau que je ne connais pas. Ce n’est pas une exploration,  mais presqu’une aventure.

 

Chaque jour qui passe sans l’arrêt du facteur devant ma boîte à lettres appesantit un peu plus l’inquiétude sur mes épaules. Mes nuits ne connaissent plus un brin de sérénité. Pourtant, je suis ravie de larguer les amarres. Je refais de mémoire l’inventaire du contenu de ma valise et ressasse des extraits de mes bouquins. Au dernier moment, il faudra que j’ajoute dans ce fourre-tout : ma trousse, mon cahier sur lequel je tiens mon journal, mon réveil, quelques objets de toilette préparés sur un bord d’étagère, une paire de chaussures et mes mules.

 

Après quelques jours d’attente devenue insupportable, un télégramme ! Mon affectation ! Et mon départ précipité : c’est pour demain. A genoux sur ma valise, je la cadenasse pour la dernière fois et Adieu mon enfance !

 

 Mouty

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Ouf , ça y est , elle est fermée cette satanée valise ; bouclée , je la soulève , la repose, tire sur la tige et la fais rouler ; je peux partir , mon sac à dos avec mon billet , mes papiers et mon petit dictionnaire , je n'ai plus qu'à attendre le taxi qui m'amènera à l'aéroport , et , à moi une semaine sous le chaud soleil  de RIO , j'ai pensé que ce moment n'arriverait plus depuis le temps que je me prépare , quitter l'hiver avec sa grisaille , le Brésil c'est la première fois que je vais découvrir ce pays , on dit que les gens qui y vivent sont si gais et aiment la danse à la folie ; c'est vrai que déjà le climat chaud se prête à la joie et  la bonne humeur ; je vais voir un peu de ce fameux carnaval , si réputé , mais sûrement très bruyant  avec la déambulation des chars minutieusement fleuris et  parés de couleurs chaudes et multicolores , animés et accompagnés de toutes sortes d'écoles de Samba , qui se disputent le meilleur prix pour la danse ; la cohue qui se bouscule , faisant avancer tout ce monde qui se déhanche sur place , aux sons mélangés de toutes sortes d'instruments  dans les rues bondées , me donne le frisson et j'appréhende un peu, mais  je suivrai le mouvement me dis-je , peut-être que je regarderai du balcon de ma chambre tout simplement , ce sera plus sage ; je me vois déjà flânant sur les si belles promenades, le long des plages ; j'en ai eu un petit aperçu par les photos sur internet , je vais ouvrir grands, yeux et oreilles car le Portugais, langue parlée ne m'est pas familière et je la maitrise mal , il va me falloir jongler avec mon petit dico précieux , pour me faire comprendre ; j'y suis déjà , mais un coup de sonnette strident me tire de mon rêve , le taxi , vite , il sera toujours possible de revoir les quelques phrases usuelles qui vont me permettre  d'échanger avec les habitants là-bas , durant le voyage dans l'avion ; pour le moment je quitte la maison !!!! Tout à ma joie et follement excitée !!!!!!!!, 
          

Rina

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Le déchirement

 

Ma valise est fermée, devant la porte. Je suis prête à partir, quand dans ma tête se met à défiler tout ce que j’ai vécu ici. Prête à partir, le suis-je vraiment ? Obligée de partir, plutôt.

 

Je suis née ici, dans cette grande maison.  J’y ai vécu toute ma vie, dans ce cadre idyllique de nature sauvage, parmi les animaux de la réserve, avec mes parents qui y sont enterrés puis avec l’amour de ma vie. Je n’ai pas eu d’enfant, mais le travail, les recherches, les soins m’ont accaparée pendant toutes ces années, sans laisser de place à autre chose. J’ai été à la fois la femme de mon mari, sa collaboratrice, sa confidente, son assistante, sa secrétaire. Tout à nos travaux, nous n’avons pas eu conscience de la rébellion qui s’organisait dans le pays, nous avons vécu ici comme dans un cocon, imperméable au monde extérieur qui changeait.

 

Et puis tout s’est enchaîné très rapidement ; il y a eu cette avancée des rebelles, puis ces attentats pas très loin, puis cet attentat ultime où il a perdu la vie. Tout s’est écroulé alors, au chagrin s’est ajouté l’impossibilité de rester ici ; trop dangereux. Nos fidèles indigènes sont partis, s’éparpillant dans la nature, pour échapper aux représailles certaines. Quant à moi, je me suis promis de quitter aussi ce qui avait été ce havre de paix, et me voilà au seuil de ce départ.

 

Une dernière fois, je fais le tour de la maison, je parcours  les chambres, la vaste véranda, le salon, tous chargés de souvenirs heureux, puis je me retrouve désemparée devant la porte. Je ne puis me résoudre à abandonner tout cela ; pour aller où, pour retrouver qui ? Tout ce que j’avais, tout ce qui me reste est ici. Alors, mon regard se pose sur un bidon d’essence resté dan un coin ; ma décision est prise très vite,  tout naturellement. Calmement,  tout à fait consciente de ce que je vais faire, je l’ouvre, puis sort une allumette et la craque…

 

   -« Bon, là, zoom avant sur la main de Claire, zoom, zoom  jusqu’à ce qu’elle lâche l’allumette. Parfait, COUPEZ ! Fabuleux, Claire, tu as été sublime avec cette expression de désespoir palpable confinant à la folie. Une seule prise suffira. Il ne reste plus qu’à incorporer les flashbacks dans cette scène  et le film est terminé. Je sens que ce sera un triomphe, mes enfants ! Le César de la meilleure actrice au moins ! »

 

Gill

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