Une seule scène, plusieurs récits

 

DRAME DE LA JALOUSIE

Après une partie de chasse, en rentrant chez lui un homme trouve sa femme avec son amant. Il tire sur ce dernier et le blesse très sérieusement.

Après avoir tiré au sort un personnage,

en 20 minutes, racontez cette scène par la bouche de ce personnage

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Non Monsieur l’Inspecteur ! Non, je vous assure que nous ne faisions rien de mal ! Vous imaginez ! Avec Maurice ! Que je connais depuis vingt ans ! L’ami d’enfance de mon époux ! Le parrain de mon fils ! Il faut vraiment avoir l’esprit tordu pour aller chercher des trucs pareils !

 

       Il était venu afin de changer le pommeau de la douche. Vous me direz, avec raison : « Normalement, cette tâche incombe à l’homme de la maison… ». Ce n’est certes pas moi qui vous contredirais, seulement voyez-vous, l’homme de la maison, au lieu de bricoler le dimanche chez lui comme tout le monde, préfère partir à la chasse pour toute la journée. Enfin bref, je téléphone à Maurice, en lui faisant part du problème. Il arrive cinq minutes plus tard et bien gentiment effectue la réparation. Mieux qu’un professionnel, pour sûr ;

 

« -Si tu veux bien, je vais tout de même essayer ton installation » que je lui fais.

 

Il est tout de suite d’accord et me propose d’essayer lui aussi, parce que, dit-il, deux avis valent mieux qu’un. Evidemment, avant d’entrer dans la douche, nous avons ôté nos vêtements. Quoi de plus naturel en somme ; vous auriez fait pareil.

 

C’est à ce moment là que les évènements se sont précipités. En mettant un pied sur le bac à douche j’ai glissé, Maurice m’a retenue dans ses bras pour m’empêcher de tomber et à cette seconde même, la porte s’est ouverte violemment sur mon mari fonçant comme un taureau furieux et saoul comme une vache, sauf votre respect Monsieur l’Inspecteur. Parce que la vérité vraie, c’est que ses soi-disant parties de chasse, c’est surtout l’occasion de bonnes cuites dominicales. La preuve, à part ça, il ne ramène jamais rien.

 

   Nous surprenant dans notre position innocente, son esprit malade a conçu le pire et aussitôt…Pan, pan, pan, le voilà qui se met à tirer de tous côtés comme un dément, ne nous laissant pas même le temps d’ouvrir la bouche. Maurice, n’écoutant que son courage, me fait un rempart de son corps, ce qui lui vaut d’être blessé (grâce à Dieu fort légèrement), au bas du dos. Oui grâce à Dieu ! Heureusement que le fusil était chargé aux petits plombs, pour les cailles ! Parce que, si cela avait été de la chevrotine…

 

                                  El Pé (la femme)

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Le camion du Samu file à toute vitesse sur la route de campagne ;  un blessé par balle , urgent !!!!! Et en plus le lieu dit très mal localisé : une ferme loin de toute civilisation urbaine.

 

- « Restons  en ligne avec la personne qui nous  guide ; ça  y est ,  je crois apercevoir la  ferme » dit le médecin .

 

Prenant sa sacoche il se dirige rapidement vers la porte d’entrée , mais au moment où il la pousse , il se trouve nez à nez avec le canon d’un fusil braqué sur sa poitrine . « Hé là , doucement , que se passe-t-il  ici. » Son regard fait rapidement le tour de la pièce puis s’arrête sur une forme allongée faisant entendre de faibles gémissements ; repoussant le canon , il se précipite vers la forme sous laquelle un liquide rouge forme une large flaque  ,un blessé  semblant fort mal en point  mais pouvant  tout de même, en l’invectivant , désigner l’homme au fusil .

 

- «  C’est lui le criminel , il a voulu me descendre, regardez, mais regardez-moi ça, je me vide de tout mon sang , je suis mort, arrêtez-le,  vite. »  Le mis en cause ne se trouble nullement , toujours brandissant son arme , éructant,  fou de rage ,  se sentant doublement outragé, réplique vertement : 

 

- «  Mais docteur , il profitait de mon absence pour me tromper avec ma femme , ce moins que rien ;  me faire ça, à moi , un ami de plus de vingt ans , regardez comment je les ai trouvés  tous les deux , ces minables. »  Le médecin se rends compte  alors  de la présence d’une autre personne ratatinée et toute tremblante , à moitié dévêtue dans un coin de la pièce , une femme, le visage caché dans ses mains.  Elle sanglote bruyamment.   

- « Je vais m’occuper de vous après Madame ;  calmez-vous, vous ne risquez plus rien, je suis là. »  Se tournant vers le blessé, il l’examine, se rendant compte des dégâts causés par les plombs.

 

- «  bon ça ne m’a pas l’air trop grave, vous l’avez échappé belle , mais je dois vous hospitaliser car je n’ai pas ce qu’il faut dans cette trousse pour enlever tous ces plombs sur place , vous règlerez vos différents plus tard ; voyons vous n’avez aucune blessure Madame ? 

 

- Non , non , docteur .

 

- Alors relevez-vous et  allez vous rhabiller s’il vous plait, je vous prescris un calmant à prendre ce soir »  puis se tournant vers le chasseur :

 

«  Quand à vous Monsieur donnez-moi cette arme,  ça suffit  pour  aujourd’hui, d’ailleurs je vous la confisque  pour l’instant. »

 

Se débattant comme un beau diable , celui-ci finit par céder en maugréant.

 

« Allez ;  on peut à présent  embarquer  le blessé. »

 

Rina (le médecin)

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Mauvais plan

 

Sur le chemin du retour, je pense à cette partie de chasse et je me dis –déformation professionnelle oblige- qu’il n’y a rien à en dire ; pas le moindre petit papier à faire ; aucun fait divers à raconter ; pas de chien pris pour un sanglier, pas de balle perdue, rien qui puisse faire un article digne de ce nom. Une chasse ordinaire, quoi. En arrivant chez moi, pas un bruit, une ambiance de calme et de détente, peut-être le calme qui précède la tempête.

 

C’est alors qu’en entrant dans le salon s’offre à mes yeux cette scène : volets baissés, musique douce, deux verres en cristal à moitié vides sur la table basse, couple enlacé sur le canapé, mon épouse adorée abandonnée dans les bras infâmes de mon ami Gilbert, chroniqueur vedette du journal et familier de la maison depuis de nombreuses années. On le comprendra, je vois rouge, lève mon fusil, vise et tire sur Gilbert qui ‘écroule.

 

Tandis que ma femme s’enfuit en hurlant, je m’approche du blessé qui gît à terre et me fixe d’un regard interrogateur : « Mais qu’est-ce-que tu ?.... ». Une flaque de sang s’élargit autour de lui. « Zut, je crois que je t’ai blessé plus que je ne devais le faire ; j’ai mal visé, cela ne devait pas se passer ainsi, nous avons mal répété. Tu ne devais pas être dans cette position mais plus à gauche sur le canapé pour que ma balle atteigne le haut de ton bras, provoquant une simple éraflure. Tu devais être très légèrement blessé, évidemment ne pas porter plainte, étant très compréhensif pour mon coup de colère et je pouvais alors l’accuser, elle, d’adultère, divorcer sans problème et récupérer pas mal de fric dans l’histoire. Ce n’est pas ce que je devais te donner pour ce service qui aurait beaucoup amputé mes gains. Mais maintenant tu as l’air vraiment mal en point et l’enquête sera très sérieuse ; d’ici que les flics découvrent notre accord, il n’y a pas loin. Peut-être que je devrais te faire taire complètement. Au point où j’en suis, c‘ est la meilleure solution. Cela passera pour un crime passionnel »

 

Alors je lève mon fusil et m’apprête à tirer quand soudain, j’ai l’impression d’une présence derrière moi. Faisant volte-face, je la vois, elle, un gros cendrier dans ses mains levées, et puis j’ai l’impression que ma tête éclate et puis…….plus rien.

 

Gill (le journaliste)

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La nuit est chaude. « Supercaliente » à tous points de vue. Pierre serre Adeline dans ses bras en comptant les étoiles par la fenêtre grande ouverte. Jean - le grand absent - n’est pas rentré de sa journée de chasse. Adeline est tranquille : ce type de sortie avec les copains se termine toujours par un repas pantagruélique bien arrosé qui se prolonge jusqu’au petit matin.

 

Soudain, un crissement de pneus sur l’allée gravillonnée. Claquement de portière. Des pas gravissent le perron avant que Pierre ait eu le temps de bouger. Irruption de Jean dans la chambre, canon pointé sur le lit. Coup de feu et plus rien.

 

Pierre se réveille avec peine sur son lit d’hôpital, torse bandé, un pansement sur l’œil gauche. Deux agents de police sont plantés devant lui. Il est HS mais il doit raconter : traditionnelle déposition…

 

« J’ai du mal à me souvenir. Je revois la scène en grisaille. Adeline m’avait fait part de l’absence de Jean, me demandant si ce jour-là, faute de moyen de locomotion, je pourrais la conduire en ville pour diverses urgences. Je suis arrivé sur le coup de quinze heures. Nous avons fait le tour du potager pour des conseils de jardinage. Nous avons ramassé quelques légumes, puis nous avons pris un café sur la terrasse. Là, le temps est devenu menaçant et a tourné vite à l’orage. Notre sortie a donc été reportée. Nous avons passé la soirée ensemble. Adeline, effrayée par les grondements, s’est jetée dans mes bras quand la foudre est tombée sur le paratonnerre. Les éclairs inondaient les alentours de flambées intempestives. Pourquoi me suis-je retrouvé dans son lit ? Pierre est si gentil que, délibérément, je ne lui aurais jamais fait un coup pareil ! Et pourtant j’ai été noyé dans la chaleur du corps et des caresses… Et soudain : Pierre ! Le coup de feu ! Et puis plus rien… »

 

Mouty  (l'amant)

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