Crime odieux et humour noir

 

Inventez un crime particulièrement odieux et outré

Décrivez-le sous forme d’article de journal de la rubrique faits divers.

 

Puis, faites parler l’avocat commis d’office

chargé de défendre….. l’indéfendable

(dialogue entre l’avocat et son client, réflexions de l’avocat, plaidoirie ou autre)

__________________________

 

Image par mohamed Hassan de Pixabay

 

 

Il y a deux jours ou plutôt deux nuits, le 05 Mai 2020, le commissaire de police  O Fess était de garde dans le commissariat de Coussivas, lorsque la sonnerie du téléphone retentit.

Un ilotier du quartier des Saoutorandissas l’avertissait qu’il se passait quelque chose « d’insolite et d’inhabituel « (c’étaient ses propres paroles) dans un immeuble situé 69 Rue du Cochonnet de Pétanque,

Immédiatement après avoir terminé son whisky (Olov Fess était d’origine russe et ses parents buvaient plutôt de la vodka, mais ils avaient émigré en Amérique il y a longtemps et le jeune Olov avait été élevé au whisky)

Pourquoi avaient-ils émigré ? Tout ceci est une autre histoire qui nous entraînerait trop loin et qui fera l’objet d’un autre article que vous pourrez lire sur le supplément informatique du journal, qui paraît tous les Mercredis , moyennant la modique somme de 5 €, (paiement par carte bleue sécurisé obligatoire)

Quand il est arrivé sur place il y avait déjà un bel attroupement qui envahissait l’appartement du deuxième étage, le palier et une partie de l’escalier. Une foule de gens plus curieux les uns que les autres, qui se pressaient, s’agglutinaient les uns contre les autres, se bousculaient, jouant des coudes des épaules et des genoux et qui aspiraient tous arriver au premier rang  assouvir leur sadique désir de la vue d’un spectacle qu’ils espéraient croustillant.

De sa voix de stentor, le commissaire, accompagné de deux agents en uniforme fit évacuer les lieux, et entra dans l’habitation de Mr et Mme P.

Tout était en ordre. Pas de signe d’effraction au niveau de la porte d’entrée, à première vue, rien ne semblait avoir été déplacé.

Mme P était dans la salle de bains, en tenue de nuit C’était une femme d’un certain âge vraisemblablement entrain de faire quelques ablutions avant de se coucher

Son mari était assis devant la télévision qui fonctionnait encore où venait de se terminer comble de l’humour une émission assommante et où passait  le film américain Qui a tué Liberty Valence ?

Ils présentaient tous les deux le même type de blessure, une plaie du cuir chevelu au niveau de l’occiput

   Le médecin de garde, appelé sur les lieux ne tarda pas à arriver. Après avoir examiné les deux personnes il posa son diagnostic

Commotion cérébrale par choc occipital pratiqué grâce à un objet contondant, ayant entraîné une perte de connaissance Nécessité d’une hospitalisation en urgence pour mesurer l’étendue des dégâts

On peut en effet craindre une fracture du crâne et un hématome extra ou intra cérébral

Les sapeurs pompiers furent vite sur place et transportèrent sans tarder les deux personnes au centre hospitalier le plus proche

Le commissaire commença immédiatement son enquête par l’interrogatoire     de la concierge de l’immeuble, une immigrée grecque , Mme Visiparesmescouneissitout . Il apprit ainsi que ces personnes s’appelaient Mr et Mme PANGOLIN et que depuis le début de l’épidémie au SRAS Coronavirus, ils avaient reçu plusieurs lettres de menace de mort, les accusant d’être à l’origine de la pandémie

Ils avaient mis cela sur le compte d’une mauvaise plaisanterie un peu comme le fait leur voisin du dessus Mr Lazare quand on l’appelle en pleine nuit pour lui dire : «  Ici Jésus, lève-toi et marche ! »

 

Plaidoirie pour LIMBEUT

 

Monsieur le Président, Messieurs les Jurés, vous allez juger ce pauvre garçon, ici présent.

Que lui reproche-t-on ? Un meurtre ? Un assassinat ?

Mais, allons, il n’y a pas eu mort d’homme !

En fait, vous allez juger, non pas un coupable, mais une victime.

Oui messieurs, une victime !

Victime des inondations, que dis-je? d’un véritable tsunami médiatique !

Des médias qui à longueur de journée nous ont submergés d’affirmations plus contradictoires les unes que les autres, d’explications pseudo-scientifique grandiloquentes, renchérissant chaque jour sur le mensonge de la veille. La pseudo-science étalée sur les écrans de télévision, dans les stations de radio, sur la une des journaux, même les plus sérieux.

Tout semblait compliqué à souhait pour semer le doute et le trouble dans le cerveau des gens.

Où se trouvait la raison ?

Mon client, Monsieur le Président ,Messieurs les Jurés ,est un homme simple et toutes ces histoires, déjà difficiles à comprendre et à intégrer par le commun des mortels, représentent pour lui une véritable montagne que ses capacités intellectuelles assez restreintes l’empêchent de gravir.

De ce gloubi-boulga scientifico-médiatique, mon client, Aristide LIMBEUT a retenu une seule et unique chose: l’origine de la pandémie de Corano virus, avancée par les autorités chinoises pour se dédouaner et se mettre à l’abri de sévères critiques, se trouvait dans l’infestation des PANGOLINS,

Les PANGOLINS ? Mais il les connaissait, ils habitaient l’immeuble, au deuxième.

Un soir, à la fin d’une longue journée de confinement pendant laquelle il avait traité son ennui à grands coups d’Arquebuse (pardon, Mr le Président, je ne voudrais pas que vous vous mépreniez; quand je dis Arquebuse, c’est de la liqueur des frères maristes, dont je parle, pas de l’arme de nos vaillants arquebusiers d’antan) son cerveau passablement embrumé, ses capacités intellectuelles au plus bas, il passa à l’acte.

Il descendit vaille que vaille les deux étages qui le séparaient du logis des PANGOLINS.

Il poussa la porte qui n’était pas fermée à clef, (les PANGOLINS ne sont pas particulièrement craintifs ,tout le monde vous le dira ) et entra dans l’appartement ,sans arme ,je tiens à le souligner ,ce qui ,malgré les apparences élimine la préméditation.

Le rouleau à pâtisserie de Mme Pangolin se trouvait sur la table de la cuisine car elle venait de terminer une tarte aux pommes qui finissait de cuire dans le four, pendant qu’elle se préparait pour la nuit,

Dans sa soulographie, il s’empara du gourdin et en porta un violent coup sur la tête du mari en dormi devant son poste de télévision. Sans bruit il s’approcha de Mme Pangolin et lui fit subir le même sort, puis il regagna son logis, emportant l’arme du forfait, le rouleau à pâtisserie que Mr Pangolin avait offert à son épouse pour la fête des mères .Il avait même emprunté un thermographe à l’un de ses petits enfants pour graver dans le bois de l’instrument : « A Mme Pangolin la reine de la tarte Tatin ».

Le lendemain, après une nuit particulièrement agitée, il trouva un rouleau à pâtisserie sous son oreiller. Sans aucun souvenir de son expédition de la veille, il alla rapporter l’instrument à ses propriétaires. Sans trop comprendre ce qui lui arrivait, il se retrouva au commissariat quelques minutes après.

Voyez-vous, Mr le Président, Messieurs les Jurés, tout ceci n’a pas eu de lourdes conséquences.

Les époux Pangolin en ont été quittes pour quelques points de suture et une soirée à l’hôpital Ils ont d’ailleurs retiré leur plainte

De cette malheureuse histoire, ils n’ont, heureusement gardé aucune séquelle

Je vous le disais donc, vous allez juger ,non pas un assassin mais un pauvre bougre, victime des élucubrations médiatiques qui ont éveillé chez lui de profonds troubles anxiogènes auxquels il a eu le tort d’appliquer sa propre thérapeutique qui s’est avérée ne pas être la mieux adaptée.

Je vous demanderai donc toute votre indulgence Il a compris son erreur, accepte de se soigner et il s’est juré de ne plus jamais croire tout ce qu’on raconte à la radio ou à la télévision

Jean-Pierre

_____________________________________

 

 

 

Image par Gundula Vogel de Pixabay

 

 

UN VIEUX CRIME….

 

Maître Lionel S. remarqua tout de suite l’article en première page du journal. Un titre accrocheur bien sûr :

 

L’assassin du notaire de Grasse retrouvé 20 ans après et égorgé sur son bateau au Cap d’Antibes.

 

Il avait eu le temps d’étudier en diagonale le dossier dans le taxi qui l’emmenait au Commissariat.

Céline M.38 ans architecte, avait égorgé l’assassin de son père, le notaire très estimé Fabien M sur un bateau au Cap d’Antibes. L’affaire remontait à une vingtaine d’année, le notaire avait été étranglé dans le bureau de son mas au-dessus de Grasse. Une très grosse somme d’argent avait disparu du bureau ce soir-là. La femme de ménage avait vu vaguement un homme dans sa voiture sortant de la propriété, mais l’enquête pourtant bien menée n’avait pas permis de retrouver l’assassin.

Arrivé au Commissariat, on emmena l’avocat dans une salle vitrée avec un gardien à la porte. Céline M. entra blonde, un port élégant, des yeux clairs en amande….lumineux, intenses, des yeux revolvers. Une belle femme, un masque triste et des petites rides aux coins des yeux et de belles mains. Lionel se sentit troublé.

Il se présenta, lui demanda son identité et lui posa la première question qu’il avait préparée :

     Comme saviez-vous que Samuel B. était l’assassin de votre père ?

     Lydia notre femme de ménage avait vu un homme partir en voiture ce jour-là. Elle se rappelait ce visage et plusieurs années plus tard elle l’a reconnu sur une photo dans le journal, c’était un éleveur de chevaux parti à l’étranger depuis plusieurs années. Elle a été victime d’un grave accident de voiture, elle est morte il y a 2 semaines, son mari Mario et son fils Nicolas ont trouvé une enveloppe à mon nom avec l’article du journal. Elle me racontait ses soupçons et il était mentionné le nom de Samuel B. J’ai contacté un détective privé pour le retrouver.

     Pourquoi n’avez-vous pas raconté tout cela à la police ? lui demanda-t-il

     Je voulais d’abord savoir moi pourquoi mon père avait été assassiné et je voulais le venger.

 

Un bref silence s’installa et l’avocat eut le loisir de voir la finesse de son grain de peau et reprit :

 

     Comment êtes-vous partie le rencontrer?

     Je travaillais à mon bureau quand le détective privé m’a envoyé un message que Samuel B. arrivait sur son bateau au Cap d’Antibes. J’ai fait suivre le message à Mario et à Nicolas et je suis partie pour le rencontrer seule.

     Je me suis présentée et j’ai dit que je savais qu’il avait tué mon père et qu’une personne l’avait reconnue que c’était bien lui le soir du meurtre à la maison. J’explosais de colère et il m’a répondu que je n’avais aucune preuve. Il m’apprit qu’il était une vague connaissance de mon père et qui voulait lui vendre des chevaux, la passion de mon père.

     Aviez-vous emmené la photo avec vous et qu’a-t-il dit ? demanda Lionel

     Je me suis approché de lui, il sentait l’alcool à vous dégoûter et il était passablement  ivre ! il a dit qu’il n’était jamais venu chez nous.  Et que la femme de ménage s’était trompée et qu’elle conduisait comme une folle et que les freins de sa voiture avaient lâchés. Comment savait-il pour l’accident de Lydia ? et il a dit en riant que c’était facile avec un gros pick up de pousser une petite voiture dans un tournant… pauvre Lydia, il l’avait tuée aussi. Elle se mit à pleurer doucement.

     Vous croyez qu’il a fait basculer Lydia de la corniche ?

     J’en suis certaine ! et il a ajouté que mon père était un avare, un cœur sec car il n’avait pas voulu lui acheter 2 chevaux pur-sang espagnol. Son commerce de chevaux à ce moment-là était au bord de la faillite et il était venu demander à mon père de reporter une dette immobilière importante. La réponse de mon père fut négative. Samuel B. a tué mon père, par colère, par fierté, et pour lui voler la grosse somme d’argent préparée dans son bureau pour acheter un nouvel étalon anglais le lendemain à un éleveur écossais. Il m’a tout avoué et je l’ai étranglé car abruti par l’alcool il s’était assoupi dans son fauteuil. Après je suis repartie, j’ai marché longtemps, longtemps en bord de mer, il faisait nuit et je suis rentrée.

     Et vous êtes rentrée chez vous ? à Grasse ?

A ce moment-là un policier tapa à la porte et emmena l’avocat dans le bureau du Commissaire. Celui-ci l’informa d’une nouvelle stupéfiante….. L’agent de sécurité de l’immeuble de Céline ainsi que la caméra de surveillance marquaient une heure de départ de Grasse incompatible avec le décès de Samuel B et la durée du trajet. Il était mort d’après le légiste largement 2 ou 3 heures avant son arrivée et le sang sur le manche du couteau était celui d’un homme….  Lionel étonné, retourna voir Céline et lui demanda :

     Pourquoi vous accusez-vous de ce crime ? c’est un homme qui l’a tué d’après le sang analysé sur le couteau et les horaires ne correspondent pas. Alors qui est venu avec vous ?

     J’étais seule, il était vivant quand je suis repartie dit-elle en se cachant les yeux, c’est vrai je n’ai pas réussi à venger mon père et elle se mit à pleurer.

Céline fut libérée et l’enquête se poursuivit et se dirigea vers Mario et Nicolas….  c’est Mario qui avait assassiné Samuel B et qui ne supportait plus de vivre sans Lydia.

Lionel trouva mille et un prétextes pour rencontrer à nouveau Céline et il avait succombé au charme de ses yeux revolvers.

 

M-Christine

 

________________________________

 

Image par Peggy Choucair de Pixabay

 

 

 

                                         LE CRIME

Paru dans le Petit Journal du Lundi (date difficile à lire) :

« Une horreur pareille, nous ne sommes pas prêts de l’oublier.

Pourtant il était beau, ce matin de mai, et l’air plein de promesses. La petite mouche grise voletait, innocente, insouciante et gaie…quand soudain, elle heurta un mur, un mur de fils à l’allure fragile…en réalité, un piège mortel : une toile d’araignée, tissée entre deux branches d’un tas de fagot. La mouche vit le monstre tapi au centre de la toile et comprit aussitôt. Trop tard !!! Elle ne pouvait plus se détacher des fils et chacun de ses efforts l’enserraient encore davantage. Elle vit s’approcher l’horrible prédateur, énorme, sinistre et noir. Alors la pauvrette cessa de bouger, paralysée de terreur. Sans la quitter des yeux, l’araignée la saisit entre ses deux mandibules griffues, lui occasionnant déjà mille souffrances atroces, et, à reculons, l’entraina dans son antre. La mouche vit alors arriver sur elle une bouche profonde comme un gouffre, terrible, qui lui arracha la tête. Le reste du corps disparut bientôt.

         Par bonheur, la police a pu arrêter l’auteur de ce crime odieux. Le procès s’ouvrira demain. »

                                      LA  DEFENSE

« - La parole est à l’avocat de la défense, proclama le juge.

- Merci Monsieur le Juge. Mesdames et Messieurs les Jurés, comme vous le savez certainement, je suis commis d’office et tout récemment inscrit au Barreau. C’est dire si la pauvre accusée n’a que très, très peu de chances de s’en tirer, n’est-ce-pas ?  D’autant que Monsieur le Procureur, dans son réquisitoire, (et avant lui la presse), l’a dépeinte comme un monstre sadique et barbare…ce qui, d’ailleurs, est la vérité, je suis parfaitement d’accord !!! Sauf !!

   Sauf que ce monstre n’est pas ma cliente ! Il s’agit d’une lamentable erreur, pour ne pas dire d’une coupable négligence !

   En effet, sitôt arrivée sur les lieux et sans chercher plus loin, la police a tout de suite procédé à l’arrestation de ma cliente, qui prenait tranquillement le soleil, la conscience en paix…

      Tandis que l’abominable meurtrière, elle, tapie dans son trou, digérait lentement  et sans le moindre remords le produit de son crime

         L’araignée que vous voyez dans ce bocal n’est pas coupable, n’est pas LA coupable ! Vous le voyez bien, il est impossible qu’elle le soit. Elle  implore par ma voix, Mesdames et Messieurs les Jurés, non pas votre pitié, mais votre JUSTICE !!! »

   L’araignée fut acquittée à l’unanimité moins une voix. ; En la ramenant chez elle, l’avocat s’exclama : «  On les a bien eus, hein, ma Choupinette, et grâce à toi, je suis lancé, désormais. Tiens, je t’ai apporté une petite surprise : une grosse, grosse mouche à viande (pour rester poli) ! N’aie crainte, elle ne s’envolera pas, je lui ai arraché les ailes …»

   L’avocat déposa l’araignée et la mouche affolée et s’en retourna, en sifflant un petit air de tarentelle.

 

  El Pé

_______________________________

 

Image par mohamed Hassan de Pixabay

 

 

Humour, noir…noir…

 

    Je lis dans mon quotidien habituel un titre racoleur : « la mort atroce d’un chien étranglé puis noyé » Curieuse de voir qui avait perpétré cette ignominie, je voulus aller plus loin et lire l’article.

    Il s’ensuit une description atroce de la façon dont ce crime avait été commis. Et je lis l’implication de la SPA, de la fondation Brigitte Bardot et d’autres sociétés protectrices des animaux, regroupées en parties civiles, scandalisées par cette horreur. L’avocat, en charge de représenter le propriétaire était  un novice, inconnu, nommé d’office. Connaissant la notoriété de l’avocat de la SPA,  j’étais sure et ravie de savoir que la personne incriminée allait prendre cher, et très cher. Pour moi, il méritait la peine de mort, ou la loi du talion, rien de moins. Certains seront choqués, mais c’est comme ça que je vois les choses. Je ne suis pas pour la peine de mort, mais dans certains cas, je me dis : « on écrase la vermine ». Et de continuer à m’énerver, à vociférer contre la barbarie. Mes propos outranciers, pour certains dans mon entourage, étaient de plus en plus véhéments et je voyais un malaise chez mes amis présents, des mimiques ironiques chez d’autres.

    Un rire sardonique me réveille, j’ouvre les yeux, je ne comprends plus rien, je sors d’un cauchemar, je suis dans mon lit. Mes amis présents dans ce satané rêve auraient tout inventé, voulant voir jusqu’où pouvait aller mon indignation. Pourtant  j’ai bien lu l’article du journal… Pourquoi, comment ? Je ne sais pas. C’était d’une réalité déconcertante. Si c’était une plaisanterie pour tester ma réaction, elle était de mauvais gout. Même en rêve j’étais atteinte au plus profond de mon être. Voulaient-ils tester ma sensibilité, ou plutôt ma sensiblerie, comme ils disent ? Je ne sais, mais je n’ai pas apprécié ce style d’humour ! Même en rêve.

Simone

 

____________________________________

 

Image par jacqueline macou de Pixabay

 

 

        «    Monsieur le Président, Mesdames Messieurs du jury, « crime odieux » écrit un échotier dans son journal : au bord du canal, une promeneuse tue d’un coup d’éventail un couple étranger de covid 19.

    Le « pisse-copie » dramatise un accident malheureux.

    Examinons les faits objectivement.

-  le décor : un quai quasi désert.

- les protagonistes : deux touristes chinois, voletant gracieusement ; une dame profitant paisiblement de son déconfinement ensoleillé. En vérité, une aimable bleuette.

       Brutalement, la tragédie éclate.

La dame, victime d’un confinement douloureux  resurgissant dans sa mémoire, ne peut maitriser sa rancune et sa réaction.

Car, si ce ne sont pas eux, ce sont leurs frères qui l’ont privée de liberté pendant cinquante jours.

De son éventail, elle frappe et tue les deux asiatiques, les précipitant dans le canal où les canards s’en régalent.

       Elle ne voulait point les occire, mais les chasser. Regardez la mise modeste, la mine contrite d’une accusée bourrelée de remords…

 Est-ce là l’image d’une criminelle ? Allez-vous condamner cette malheureuse à un nouvel enfermement ?

Elle ne récidivera pas, la justice a confisqué son éventail. Trairez-là avec équité. »

            Bien. Le verdict est repoussé aux calendes grecques. Madame peut reprendre ses promenades et moi percevoir mes émoluments.

  Line

 

___________________________

 

Image par Klaus Hausmann de Pixabay

 

 

Ce matin, madame Dupont, âgée de 98 ans,  a été retrouvée chez elle égorgée. Son appartement a été cambriolé.

C’est sa femme de ménage qui l’a retrouvée ce matin en arrivant sur le lieu.

L’enquête en cours révélera quelques heures plus tard qu’un jeune adolescent âgé de 18 ans a avoué être l’auteur de ce crime.

Maître Rémi Martino, avocat commis d’office pour la défense du jeune ado.

     Je suis chargé de votre défense, Monsieur, je vous avoue que votre dossier est sérieux.

     Je hais les vieilles, cette voisine pourrie était méchante, elle ne m’aimait pas.

     Mais enfin, vous prenez conscience de votre acte, vous avez basculé de l’autre côté.

     J’en ai rien à faire ! personne ne m’a jamais aimé, ni ma mère, ni mon père, donc ces vieux ne servent plus à rien.

     C’est ainsi que vous justifiez votre geste !! vous pensez que rien ne peut se réparer sans arriver à ce point de non-retour. Bon, nous nous reverrons demain. Je vous laisse et à très vite.

Dès sa sortie maître Rémi pris la notion de gravité du dossier. Il faut se détacher affectivement de toute cette horreur ! mais il se pose quand même la question : comment se fait-il qu’un jeune homme privé de temps d’amour puisse  basculer tant de cruauté ? A qui la faute ? à la société, à la famille, à de mauvais parents ?

La question reste posée, en suspens, comme quoi le manque d’amour est souvent irréparable.

Brigitte

__________________

 

 

Image par Gerhard Gellinger de Pixabay

 

 

Crime à Natura

 

Article paru dans le journal UNIVERSALIS de Mai 3070

« Un groupe de touristes venus de Terra, qui visitait tranquillement la planète Natura, a été sauvagement déchiqueté et englouti par une lionne en furie. Jusqu’à présent, les excursions humaines, autorisées quatre fois par an par le Président de Natura, Le Roi Lion, s’étaient toujours déroulées sans problème, animaux sauvages et touristes se respectant mutuellement.

Bien entendu, la lionne sera jugée par ses pairs, la loi de Natura punissant sévèrement l’attaque et l’assassinat de touristes humains, sans aucune raison valable.

Maître Lapigriaiche, jeune avocat prometteur commis d’office, défendra l’accusée. »

 

Maître Lapigriaiche se leva, et virevoltant, avec force effets d’aile, fit face au jury composé d’un zèbre, d’une girafe, d’un guépard, d’un éléphant, d’une biche, d’un suricate, d’un gorille et d’un ara.

« Mesdames et Messieurs, comme vous le savez, il y a plus d’un millénaire, les hommes de Terra- nommée Terre à cette époque – ont fini par détruire la majorité de la faune. Heureusement, l’éminent savant, le professeur Noébis, a pu sauver un couple de chaque espèce. Installés sur Natura, planète déserte, ils ont pu se reproduire et vivre tranquillement, à l’abri des hommes. C’est ainsi que ma cliente, bien des années plus tard, a pu naître. Mais malheureusement, elle a toujours montré une grande fragilité psychologique, et malgré les nombreuses séances de rééducation dont elle a bénéficié, destinées à lui faire  comprendre que les touristes humains ne sont pas des prédateurs, elle est encore victime de crises de panique. Elle les surmonte la plupart du temps, mais dans l’affaire qui nous concerne, elle a été saisie d’une bouffée d’angoisse qui l’a persuadée d’un danger imminent et elle s’est défendue contre une attaque imaginaire. Revenue à la réalité, ma cliente a immédiatement regretté son geste et d’ailleurs elle en a été punie, victime d’une grosse indigestion, les touristes ayant dû consommer des mets frelatés.

Monsieur le Procureur a requis une privation de liberté à perpétuité par enfermement dans la fauverie du zoo de Terra. J’implore la clémence du jury, eu égard aux souffrances déjà subies par la famille de ma cliente. Pour l’exemple, je demande un mois de présence dans la réserve de semi-liberté de Terra, suivie d’une rééducation intensive dispensée par le conseil des singes, qui doit la conduire à la confiance envers les humains qui visitent Natura. »

C’est ainsi que Maître Lapigriaiche termina sa plaidoirie, écartant ses deux ailes noires dans un geste particulièrement théâtral.

Il avait été brillant et les jurés le suivirent en prononçant la peine minimale. La lionne avait échappé au terrible exil sur Terra !

Gill

____________________________

 

 

 

Image par Edward Lich de Pixabay

 

 

Dans notre journal du « 31 février », nous relations la macabre découverte d’un corps mutilé à demi calciné jeté sur des gravats.

Rebondissement dans cette affaire, en effet, aujourd’hui, de source sûre, nous en savons un peu plus. L’homme qui avait été interpellé a avoué son horrible forfait. Il a été aussitôt incarcéré. Par ailleurs, il semblerait que l’individu  soit quelqu’un de très proche de la victime. Il apparait que cette dernière, âgée d’une trentaine d’années, très fragile et sans défense, se soit retrouvée paraplégique à la suite d’un accident jugé suspect, quelque mois auparavant. Le mobile de cet odieux crime n’est pour l’heure pas encore connu, y aurait-il un lien avec cet accident pour le moins étrange ?l’enquête suit son cours.

 

« Bonjour, je suis l’avocat commis d’office pour assurer votre défense, j’ai pris connaissance des faits extrêmement graves et accablants qui vous sont reprochés. Vous êtes conscient de l’atrocité de votre acte qui a plongé toute une famille dans le malheur et le chagrin. Vous avez détruit leur vie. Je vous pose la question suivante : avez-vous des remords ? Vous n’en éprouvez aucuns ! Je ne vous cache pas qu’il va être très difficile de vous trouvez des circonstances atténuantes, plaider votre cause, défendre l’indéfendable.

Louisa

 

_______________________