Pourquoi es-tu là ?

 

Le décor est planté :  

        

une gare, un port ou un aéroport

 

Placez un personnage dans ce décor (vous ou quelqu’un  d’autre)

 

Pourquoi est-il là ? Que va-t-il se passer ?

 

Racontez-le dans un texte qui commencera par

 

« Ce matin, je me suis levé(e)… »

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Image par andre costargent de Pixabay

 

 

         Ce matin là, je me suis levée pour ma promenade quotidienne. J’arrivai à un vieux bâtiment, la gare désaffectée du village.

     Sur la façade grise, des traces du nom «  Saint… ». Plus d’aiguilles pour l’horloge. Les herbes envahissaient les voies, quelques touffes anémiées poussaient entre les dalles disjointes du quai.

     Sur un banc, un « ancien » à casquette informe attendait, immobile.

Je m’assis à côté de lui, le saluai. Comme s’il m’attendait, il raconta, raconta…

 « J’étais homme d’équipe ici. Je mettais les envois dans le wagon de queue. Je sortais le courrier, les colis que j’entassais sur le diable pour les entreposer à l’abri. J’aidais une dame à monter dans la voiture, portais la valise d’une autre, j’étais serviable. Les jeunes plaisantaient gentiment ma casquette. Les paysans se plaignaient des prix trop bas à la vente de leurs produits.

Je saluais de la main le conducteur du poussif train pinardier, vérifiais l’exactitude du rapide qui ne s’arrêtait jamais. J’évoquais une éventuelle hausse des salaires avec le chef de gare en mangeant ma gamelle au soleil.

J’imaginais des voyages lointains, des gares immenses fourmillantes de voyageurs. J’avais des coupons gratuits, je ne les utilisais pas.

« Au revoir, Chef, à demain » « Au revoir, embrasse ta femme pour moi » 

 

Je repartis.

Depuis sa retraite, il passait ses journées sur ce banc. Sa femme morte, rien ne le retenait dans sa maison vide, vide comme la gare.

Sans avenir, il vivait au passé.

 Line

 

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Fichier: Cuernos del Paine du lac Pehoé.jpg

wikimédia  Par Miguel Vieira (discussion · contributions) — Travail personnel, Domaine public

 

 

L’INCONNUE DE LA GARE

 

         Ce matin je me suis  levée pour une fois à l’heure à la gare pour venir chercher mon fils au train de 9h35 en provenance de Lyon. J’ai même 10 mn d’avance, j’entre dans le grand hall et je m’assois sur un banc à côté d’une dame imposante qui s’est bien étalée avec sa valise et ses sacs. Elle se pousse en me lançant un regard noir. Un grand nombre de voyageurs arrivent, des familles avec des enfants, des hommes en costumes, des jeunes, des seniors, un handicapé en fauteuil tous s’éparpillent aux quatre coins du hall. Quel monde, j’en suis toute étonnée on est mardi matin pourtant !!!! Soudain une jeune fille d’une vingtaine d’années entre équipée d’un énorme sac à dos et traînant une grosse valise à roulettes. Elle me demande la permission de s’assoir à côté de moi sur le banc, au grand dam de la grosse dame qui fait de la place. Cette jeune fille en jogging et baskets tout souriante, libère et cale son grand sac entre ses pieds à côté de sa valise…. Méfiante, je me demande bien ce qu’elle transporte de si lourd dans ce sac. Et le haut parleur avec une voix féminine annonce 30 mn de retard pour notre train. Bon je suis coincée entre cette dame imposante et ma jeune voisine chargée comme un sherpa. La jeune fille commence à s’agiter, se lève, consulte son portable et me demande de lui garder son sac pour se rendre au kiosque à journaux. Ah misère, elle part, son sac reste sur le banc et la grosse valise devant moi. Mais où peut-elle bien se rendre avec un attirail pareil et tellement encombrant. Je lance un regard curieux au sac, une étiquette se balance avec inscrit MARSEILLE en gros dessus. Voila, elle va à l’aéroport et certainement prendre un avion long-courrier pour où ? je ne sais pas. Elle revient et se plonge dans la lecture d’un magazine de National Géographic. Donc c’est certain, il s’agit bien d’une grande voyageuse. Je regarde curieusement son sac où je vois un bout de bonnet de laine tricotée multicolore qui sort d’une poche. Elle le remet en place et range aussi des gants tricotés. Nous sommes au mois de juin, donc elle part loin vers le froid et la neige. J’en suis sure, elle part pour l’Himalaya retrouver un groupe de randonneurs et elle va escalader peut-être le K2 pour planter le drapeau français avec des compatriotes. Quel courage de se lancer dans une telle aventure, quelle condition physique faut-il avoir, affronter le froid, la neige, les températures extrêmes, l’oxygène qui manque, les crevasses, le blizzard…. Et avancer, avancer, toujours malgré la fatigue, pour planter ce fameux drapeau. Je me mets à sa place, j’y suis moi aussi dans la neige et dans la tourmente, les congères… Mais à nouveau le haut-parleur crépite, annonçant l’arrivée imminente du train en Voie A. D’un même élan la foule bruyante se dirige vers le train avec ses valises, ses sacs, ses poussettes, alors que ma voisine ne bouge pas et sort de son sac « le guide du Routard du Chili « !!! Je suis stupéfaite, mais ce n’est pas le bon continent ! je me suis trompée. Je me lève et accueille mon fils qui arrive. Et tout souriant il s’exclame et fait la bise à ma jeune voisine. Il la connait bien Mathilde, ils ont fait 3 années ensemble au Lycée. Elle explique qu’elle a fini ses études d’infirmière et qu’elle va embarquer sur un bateau de La Crois Rouge à Marseille. C’est un bateau avec des vivres, des vêtements, des équipements médicaux et du matériel scolaire. Elle part au Chili rejoindre une équipe de bénévoles dans un dispensaire de la Cordillères des Andes, où ils manquent de tout bien sûr. Son fiancé Kévin s’occupe de l’école et du centre social déjà depuis l’hiver dernier. Ils seront absents pendant une année au service de ces pauvres gens si démunis. Quel bel engagement, tout quitter et vivre autre chose, autre part avec une autre culture chez les plus pauvres. Cela me rappelle la décision à 17 ans que j’avais prise au lycée en étudiant l’Afrique.. Si à 30 ans je n’avais ni mari, ni enfant, je partirai une année pour creuser des puits et apporter de l’eau avec l’Unicef dans des villages perdus. Et soulager ainsi  la misère des petites filles qui parcourent des kilomètres à pieds pour aller chercher l’eau. Je ne suis jamais partie en Afrique à 30 ans j’avais mari et enfants mais j’ai toujours participé par des parrainages, des actions ou à des dons de matériels scolaires vers l’Afrique.

 

M-Christine

 

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Domaine public, Lien

 

 

    « Ce matin, je me suis levée dès l’aube, pour ne pas rater le départ ! » Patrick tourna la tête. Près de lui, une jeune femme, très excitée, faisait part de son émotion à une amie, visiblement aussi émue qu’elle même. Il soupira : « Moi aussi j’ai vu l’aube ce matin, mais parce que je ne m’étais pas couché de la nuit… »

   Et voilà. Le grand paquebot quittait lentement le quai parmi les clameurs de la foule, pendant que Patrick essayait, sans succès, de refouler ses larmes.

« Tout ça pour ça ! »

Tout ça !  Ces mois de travail acharné, horaires doublés, dans la grisaille de Belfast. Dans le but, l’unique but, le magnifique but de gagner de quoi se payer un billet d’embarquement à bord du bateau qu’il avait aidé à construire. Mais ce n’était pas suffisant. Suivirent trois  horribles mois au fond d’une mine à charbon. Oui, tout ça !   La somme réunie deux jours seulement avant la date fixée pour le départ  du navire. Le voyage fou, de Dublin à Southampton  avec pour finir cinq minutes, cinq malheureuses minutes de retard. Cinq minutes qui l’avaient fait arriver sur le quai au moment précis où les matelots achevaient de retirer la passerelle.

Pour ça ! Cinq minutes qui détruisaient son beau rêve et allaient désormais  changer toute sa vie ! Non, il ne demanderait pas à Maureen de le rejoindre en Amérique, une fois fortune faite. En revanche, il l’épouserait à Galway, leur ville natale, et avec l’argent du billet, ils achèteraient une petite ferme dans le Connemara …où ils élèveraient leurs huit enfants à cheveux rouges, comme lui. Voilà.

   Tandis que le majestueux paquebot  quittait à présent le port, tracté par un remorqueur…… Les larmes ne purent empêcher Patrick  de voir sur la poupe  un nom inscrit en lettres géantes :          T I T A N I C.

El Pé

 

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Image par Fabrizio Zarulli de Pixabay

 

 

Un sauveteur d'occasion

 

Ce matin, je me suis levé tôt pour préparer mes bagages.

Les vacances sont terminées et je repars pour le Kenya. En perspective un voyage de 26 heures entre train, avions, taxi et attentes de plusieurs heures, dans les aéroports, 26 heures avec le masque sur le visage, en permanence. J’en suis fatigué à l’avance !

Nous arrivons à la gare où mes parents m’ont accompagné. Tout va bien, train prévu à l’heure, pas de stress par crainte de louper une correspondance. Dans le hall, un personnage passe devant nous, attirant notre attention. Il n’a pas l’air très net, cheveux gris, gras et longs, vêtements très négligés, et se comporte d’une manière curieuse : les écouteurs sur les oreilles, il se dandine comme s’il dansait au son d’une musique, ce qui, chez un adolescent semblerait parfaitement normal, mais qui, chez lui, parait étrange, compte tenu de l’âge avancé que nous lui donnons. Il a l’air « dans son monde », inaccessible à ce qui l’entoure.

Le temps est ensoleillé, nous allons attendre sur le quai, un peu à l’écart, mesures sanitaires obligent.

Le personnage aux écouteurs nous rejoint.

Quelques minutes pour discuter, puis annonce du haut-parleur…..le train va entrer en gare…..Ah oui, il arrive, je l’aperçois au bout du quai.

C’est juste à cet instant que je vois l’homme descendre sur la voie, il est entre les rails, il n’a pas entendu l’annonce, il n’a pas vu le train, il est de dos. Oh mon Dieu ! que veut-il faire ? Il se penche vers un morceau de tissu qui est par terre, un foulard me semble-t-il. Et on entend le klaxon du train qui corne, qui corne…en vain…et le train approche.

Je me dirige vers l’homme, je suis très calme, et tandis que mon esprit s'emballe, calcule le nombre de secondes avant l’impact, et imagine tout le sang qui va gicler sur moi, même si je recule, j’arrive à sa hauteur, je me penche, lui tape sur l’épaule. Il me regarde, je lui fais signe de venir, lui tends la main, l’aide à remonter sur le quai….trois secondes, le train est là dans un grand bruit de freinage. L’homme ne s’est aperçu de rien, occupé à ramasser le tissu, et quand il semble avoir enfin réalisé, il me fait un signe, pouce levé, sans doute pour dire « chapeau et merci ». Puis il part vers un wagon, tranquillement !

Ma mère est dans tous ses états « j’ai eu très peur qu’il ne t’attire vers lui » , et mon père est furieux contre cet « abruti ». Quant à moi, un peu secoué à retardement, je n’en reviens pas du calme qui ne m’a pas quitté.

installé dans le train, prêt à partir, je songe qu’en me levant ce matin, je ne pensais pas que j’allais sauver une vie.

Gill

 

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Ce matin je me suis levée très tôt, je vais prendre le premier train pour aller me balader à Montpellier et faire les boutiques évidemment. Je suis loin d’imaginer ce qui va suivre. Arrivée à la gare je me dirige vers le tableau d’affichage, train retardé de 20 minutes, ce qui finalement me laisse le temps de prendre un café ;  je regarde le va et vient, quand soudain mes yeux restent figés sur le personnage qui chante et joue de la guitare, son chien à ses côtés, de la menue monnaie éparpillée dans un chapeau. C’est lui, j’en suis sûre, c’est notre copain de fac étudiant brillant, promis à un bel avenir, parti cinq ans auparavant à l’étranger faire fortune comme il disait, ne donnant quasiment plus de nouvelles, et voilà qu’aujourd’hui le hasard me met sur sa route, que fait il là ? Que s’est il passé, pourquoi n’a t’il rien dit ? Je l’observe sans qu’il me voit, j’ai peur de le gêner, le blesser dans sa fierté, pourtant je ne peux partir sans rien dire, je vais le regretter ; doucement je m’avance vers lui, demande si je peux caresser le chien, s’il n’est pas méchant, il lève la tête, à cet instant il me reconnait, je lui souris, son regard s’éclaire. Pour le moment les questions sont inutiles, je lui tends une carte avec mon n° de téléphone, je suis heureuse de le revoir, moi aussi me répond-il. À bientôt de se parler. 

Louisa

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