A la manière de.....

 

 

  Après avoir lu un extrait du livre de Philippe Delerme,

    « La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules »

décrivant des actes de la vie quotidienne,

écrivez un texte à sa manière en choisissant un thème parmi plusieurs

propositions. (30 à 40 mn)

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DANS UN VIEUX TRAIN 

 

Mon cœur bat à tout rompre, j'ai 5 ans et c'est la première fois que je prends le train …...

Je suis accompagnée de ma mère, jeune femme encore svelte et brunette elle va d'un bon pas. Depuis longtemps on en parlait en famille, Maman disait «  il faut que j'aille voir ma mère à TROYES, car dans sa dernière lettre elle me réclame et aimerait m'embrasser …..

Papa est tout à fait d'accord mais, lui dit-il, n'y va pas seule emmène Sylvie avec toi, elle sera heureuse de la voir elle aussi ! ….  Maman est ravie à cette idée et moi aussi pardi !

 

Nous voici toutes les deux sur le quai de la gare de l’Est, un monde fou envahit l'espace du bitume et grouille en courant dans tous les sens. Maman me sert fortement la main puis de l'autre porte une petite valise en carton bouilli qui contient nos quelques affaires.

 

 Enfin elle trouve comme par enchantement un wagon de 3ème classe qui lui parait convenable.

 Il est vrai que je suis de petite taille à 5 ans, et je me trouve à la hauteur des roues et des pistons de cette énorme machine qui lance de la vapeur comme un monstre, je suis  terrorisée ! …  je lève les yeux, alors  je vois  la tête de ce dragon  avec une cheminée; ma mère me dit que c'est la locomotive qui est chargée de tirer les wagons ….  tout cela me paralyse et je sais en voyant cet engin crachant et suant dans un bruit d'enfer, que se n'est pas ma Grand-Mère que je vais retrouver mais Lucifer  aux plus profonds des ténèbres !

 

 Nous escaladons les 3 hautes marches qui conduisent aux places assises, puis d'un rapide coup d’œil, Maman remarque deux places de libres côté fenêtre.

 

Les banquettes sont faites de fines lames de bois, et au dessus de nos têtes, un filet qui doit recevoir nos bagages et nos manteaux. Des inscriptions S.N.C.F sont gravées sur une vitre qui peut s'ouvrir ou se fermer à volonté. Au moment précis où je m’assois, je me fais écraser les pieds par des voyageurs peu scrupuleux qui veulent se pencher à la fenêtre pour dire au revoir à ceux qui sont restés sur le quai.

 

Enfin cette énorme et rugissante machine tousse et grogne autant qu'elle peut … Maman me dit «  ça y est, on part ! », mon cœur bat à tout rompre, on part mais où ? Je ne suis pas rassurée du tout, puis j'entends un grand coup de sifflet et une voix tonitruante qui crie «  attention au départ, fermez les portières ! »

 

Après quelques secousses qui nous font basculer d'avant en arrière, le convoi lentement avance, j'ai l'impression de reculer quand je regarde les autres trains à l'arrêt ! ….

Bientôt le train prend de la vitesse en crachant de plus en plus fort, pour moi je crois qu'il est très en colère car il fait un bruit d'enfer …..

 

Deux grands coups de sirène retentissent, je regarde ma Mère, elle sourit son regard me rassure et je crois qu'elle est heureuse de m'avoir emmenée vers cette grande inconnue. Je me détends tout à fait à présent que j'entends les voyageurs du compartiment qui parlent et rient entre eux, je me dis qu'aujourd'hui ce n'est pas un baptême de l'air dont j'ai fais la connaissance, mais la guerre du rail !!!

 

A toute à l'heure Grand-Mère - - - -

 

          SYL

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  Lire sur la plage

 

 Pas trop de vent ce matin ? Hum, ma foi, ça peut aller. La tramontane semble faiblir, on dirait…mais pas question pour autant de tremper un orteil dans l’eau ! Brrr !! Cette idée seule vous hérisse le poil et déclenche immédiatement une suite d’images telles que : Ours blancs sur la banquise, kermesses inuites et expédition à chiens de traineaux.

 

     Bon, vous voilà partie. Vous n’avez rien oublié ? (question qui revient systématiquement quand vous êtes à mi-chemin). Rapide check list mentale de ce que contient votre sac de plage un peu trop sexy à votre goût mais cadeau de la dernière Fête des Mères, alors…

 

       Voyons : La crème solaire. Indispensable pour ne pas rentrer déguisée en homard Thermidor ; les lunettes de vue, convertissables en lunettes de soleil. Merveilleuse invention dans le style camouflage ; le bob chipé à votre petite-fille car le bleu délavé met en valeur votre magnifique bronzage ; le thermos empli de thé glacé ; un Mars pour la petite faim de onze heures et tant pis s’il est mou mou mou à ce moment là ; la serviette de bain encore un peu humide   car ramassée sur le fil juste avant de partir et bien sûr votre bouquin !

 

     Celui qui ne vous quitte pas depuis le début des vacances et n’a pas beaucoup avancé car, parole d’honneur, hormis les deux heures de plage quotidienne vous n’avez pas une minute à vous ensuite. Le soir venu, bien entendu, vous êtes trop crevée pour lire au lit et d’abord il y a les moustiques.

 

     Enfin bref, le bouquin chéri, désiré, attendu depuis des semaines, celui que l’on se permet avec un zest de culpabilité car littérature de plage égale plus ou moins littérature de gare, lui c’est sûr, vous ne l’avez pas oublié. Un polar série B, un roman à l’eau de rose ou bien un livre de la collection Rouge et Or gentiment prêté par votre petite-fille (encore elle). En un mot comme en cent, vous vous apprêtez à passer un moment délicieux.

 

     Sitôt arrivée, vous étalez votre serviette là où il reste une place, c'est-à-dire entre une famille nombreuse bien que germanique et un couple d’amoureux désinhibés et vous vous allongez avec volupté. Lunettes chaussées, vous ouvrez votre bouquin, hésitez à savourer le Mars tout de suite, cédez à la tentation finalement. C’est tellement bon de lire à plat ventre, appuyée sur les avant-bras, en grignotant une friandise…

 

       Toutefois, la position ne tarde pas à vous fatiguer. Vous optez pour la dorsale, sauf que la tête au ras du sable vous accueillez tout ce que le vent (qui a repris de la force semble-t-il) veut bien vous apporter. D’ailleurs au bout de dix minutes vous avez mal aux bras. Contre toute attente vous décidez soudain d’aller faire trempette. OUH !! Quelle horreur !! Vous battez en retraite en courant et inondez votre livre en vous asseyant dessus, toute grelottante.

 

        Allons, ne vous désespérez pas ! Avec un peu d’optimisme, ce bouquin, vous l’aurez fini à la fin de l’été, malgré les vents contraires ! Quoique…

 

                        El Pé

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 On pourrait presque manger dehors me dis-je ouvrant les volets et  voyant le beau ciel bleu prometteur d'une magnifique journée surement  chaude de ce  Mois d'Aout, la famille au grand complet se trouve réunie pour les vacances d’été.

 

 Je me suis levée tôt, et avec délice je hume l'air frais du petit matin, six heures ;  c'est si tôt ! Mais je sais que je n'aurai pas beaucoup d'aide  car  il y a les gourmands du soleil, qui vont aller lézarder à la plage et ceux qui vont buller récupérant leur courte nuit agitée,  alors qui va retrousser ses manches pour préparer ce repas ? Bien sur c'est maman, allez, il va falloir s’activer, avec un petit air de musique ça ira, c'est parti, le plus important c'est l'installation  de ma table, l'été souvent je prévois plat et dessert pouvant se préparer la veille ;je vais te bichonner ma belle , tu es comme moi , plus très jeune ,ça ne fais rien , tu feras parfaitement l'affaire ; tu vas retrouver toute ta fraîcheur , je vais te parer comme une princesse,  dessous de cotonnade , jupon froufroutant , vont te recouvrir et  t'embellir,

 

les assiettes  colorées,  petites dans les grandes, verres et couverts scintillants vont parader,  entourés de serviettes pliées artistiquement laissant le centre libre pour poser les plats qui arriveront triomphant, suivis du dessert qui fera ouvrir grand les yeux des petits et des grands ; à présent il faut disposer les chaises garnies de coussins de tissus vifs, venant compléter l'harmonie de cette renaissance ;  un bruit de voix annonce l'arrivée des convives affamés, je vais pouvoir servir , manger dehors me plait bien , j'aime parer ma table pour un repas festif , partagé dans la joie , les exclamation fusant de tout part, et le brouhaha qui donne l'ambiance chaleureuse de la tablée, puis  il y a la valse des plats qu'on se passe, celui qu'on enlève vide, défié par le nouveau, regardé avec envie , et la fin du repas, ma jolie table désertée, un peu orpheline, mais pas triste, car l'été elle sait que la magie de sa transformation sera souvent renouvelé alors, tranquille elle saura attendre.

 

                      Rina  

 

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Le journal du petit déjeuner

 

La porteuse de journaux est annoncée par les aboiements intempestifs de mon chien qui, gros comme deux balles de tennis, manifeste son caractère de pitbull en jappant comme un forcené : « défense de toucher à ma boîte à lettres ».

 

Sept heures trente. Personne n’a raté l’heure : ni la distributrice, ni mon chien, ni moi qui finit de tartiner mes tranches de pain grillé.

Ah, cette odeur forte de papier  fraichement imprimé, vite déplié sur la table, qui se mêle sans me gêner à celle des toasts chauds…

 

Le papier est d’une douceur un peu rêche sous mes doigts : je caresse un pyjama dont le molleton est un attrait supplémentaire pour ma curiosité.

 

Les titres de la Une m’étonnent, me hérissent, ou me prêtent à rire, tel un t-shirt dont l’inscription m’irrite ou m’éclate par son manque de délicatesse. Coup d’œil en diagonale : pas très  prolixe le gaillard ! L’intérieur m’en dira plus. La diagonale zigzague sur les pages deux et trois. Les rengaines y sont un peu lourdes. Les pages quatre et cinq ont acquis plus de légèreté pour raccourcir les textes concernant la vie des villages. Des textes moins encombrés, mais d’une banalité ! Ils provoquent l’accélération de ma lecture. Les pages suivantes sont survolées : annonces légales, avis d’obsèques, programme télé, météo. Et, en dernière page, les avis diversifiés des lecteurs qui ne sont jamais contents. Il y a de quoi…

 

Et pourtant j’y tiens à ce journal quotidien. Ma curiosité m’a incitée à y apprendre à lire pour me changer du livre d’école « Rémi et Colette » qui commençait à devenir ennuyeux.

 

Penchée sur ma table, je savoure à la fois l’odeur et les textes du journal - il y en a de fort bien écrits - et l’arôme de ma tartine à la confiture de fraises accompagnée d’un thé oriental.

 

Le papier chatouille mes avant-bras et mes neurones. Je me plais à le déplier et à le replier. Je me laisse aller dans les bras de ce personnage complexe qui , tour à tour, a l’heur de me plaire ou de me déplaire. Il m’hypnotise sans doute, car le temps m’échappe. Je le déshabille, le rhabille, je m’engouffre dans son intimité qu’il me livre avec générosité.

 

Une petite récré avec les mots fléchés, un coup d’œil à la recette de cuisine, et me voici parée pour un bon départ d’une journée que j’ai chargée malgré moi d’un potentiel d’idées et d’activités que je ne pourrai encore toutes réaliser.

 

Mon cher petit journal, tu as encore beaucoup rogné sur mon temps !« Temps perdu » me direz-vous. Mais au fait, où le perd-t-on : dans une lecture que je ne qualifierai pas de saine ou de malsaine, ou dans des tâches ménagères rasoirs ?

 

Mouty

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Dans un vieux train

 

   On a préparé les paquets qui sont déjà partis avant nous pour la petite maison de vacances, à la campagne; restent à prendre les bagages que nous emportons avec nous dans le train, les bagages à main, si l’on peut dire, conséquents quand même, pour une famille de cinq personnes. Papa portera la grosse valise et la taille des autres correspondra à celle de chaque propriétaire.

 

   On boucle l’appartement, nous voilà partis pour deux mois à la campagne. Au revoir Paris ! A plus tard.

   Le taxi nous dépose à la Gare d’Austerlitz où une foule chargée de lourds bagages se hâte vers les trains à la stature imposante qui attendent le long des quais de faire leur plein de voyageurs; dans l’autre sens, les arrivants se bousculent pour intégrer la file d’attente des taxis ou pour s’engouffrer dans le métro. Je suis très excitée pendant que nos parents cherchent le quai où stationne le train qui nous emportera pour le long voyage vers ces vacances tant attendues; rendez-vous compte, Paris-Orléans, 150 kilomètres, au moins 3heures !    

 

   Notre petite troupe arrive sur le quai, repère le wagon de 3èmeclasse dont la masse nous domine,  monte les hautes marches et se retrouve dans le couloir à la recherche du compartiment où nos places sont réservées. Nous y voilà ! Un voyageur est déjà installé, lisant son journal. Les bancs de bois de l’année dernière sont toujours là ; je m’en souviens, tellement ils sont inconfortables mais cela ne fait rien, j’aime ce train car il nous fait voyager de corps mais aussi d’esprit; il a beau être bruyant, mélange de bruits métalliques, de grincements, de crissements, j’aime être dedans, c’est pour moi le début de l’aventure. Notre père referme la porte du compartiment puis installe les valises, non sans mal car elles sont lourdes, sur les rangements de bonne contenance prévus pour six voyageurs au dessus de nos têtes, sauf la mienne qui contient tous mes trésors dont je ne veux pas me séparer malgré l’insistance de ma mère contrariée par mon entêtement ; je tiens bon ! Ma poupée, ses vêtements, mon nounours et ma dînette resteront sous mon étroite surveillance. Assise bien droite sur les sièges si durs qu’on ne risque pas de s’y endormir, la famille attend le départ ; le quai se vide, les portes sont fermées, coup de sifflet du chef de gare et le train s’ébranle bruyamment et à petite vitesse pour sortir lentement de Paris, accompagné des signes d’au revoir de ceux qui restent.

 

   Mon père sort alors un journal, pour passer le temps, mes sœurs et ma mère lisent des magazines ou des livres et moi je regarde le paysage qui défile doucement: des champs colorés, des arbres, du vert, du jaune et l’écharpe de fumée de la locomotive passant devant la fenêtre légèrement ouverte par laquelle s’insinuent de noires escarbilles de charbon. Aux arrêts fréquents se répète le même spectacle d’un flot de voyageurs se croisant, descendant, montant, en famille, tous autant chargés de bagages les uns que les autres, et les annonces nasillardes et incompréhensibles du haut-parleur informant des arrivées et des départs ; encore un coup de sifflet…et un autre. Le train roule si lentement entre deux gares qu’on a le temps d’apprécier le paysage et de rêvasser. Un ou deux arrêts en rase campagne ne nous étonnent nullement. Aux Aubrais, nœud ferroviaire, un arrêt un peu plus long nous permet de nous dégourdir les jambes dans le couloir et de regarder la vie fourmillante de la gare.

 

   Et puis une micheline de campagne à deux wagons, vue sur une autre voie, nous fait comprendre que nous arrivons bientôt. Mon père descend les bagages et chacun récupère le sien. Le voyage prend fin, nous sommes prêts à descendre dans la petite gare bien connue où commence notre période de détente ; nous pouvons prendre notre temps, le train ne repartira pas avant que tout le monde soit descendu.

 

            Gill

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