Les neiges d'antan

 

Un jeu de scrabble nous a permis de trouver les six mots suivants

Gratons  /  tramée  /  rhume  /  scients  /  poire  /  déballée

Inclure ces mots dans un texte ayant pour titre

« Les neiges d’antan »

 

-------------------------------

 

Grattons

 

 

Grattons sur fond de neiges éternelles

Lorsque j’étais enfant, j’adorais l’hiver : je passais mes vacances chez mes grands-parents, qui vivaient dans un chalet à la montagne. Pour une petite citadine du Sud qui n’avait jamais vu la neige, mon premier séjour chez eux avait été un choc. Une fois mes affaires déballées, je courus dans la neige, une neige bien épaisse et moelleuse où je pouvais me jeter à loisir. Dès le deuxième jour, je fus prise d’un terrible rhume bien sûr : après avoir jouépendant plus de deux heures dans la neige la veille, j’étais rentrée trempée jusqu’aux os, grelottante. Mais qu’importait ! Mon plaisir de me fondre dans la neige le valait bien. Pour me revigorer après cet épisode, ma grand-mère me proposa de prendre un petit goûter réconfortant. Elle sortit un pot de grattons et, devant mon air surpris, elle m’expliqua de quoi il s’agissait…

-  Du gras de canard confit ! Hors de question que je mange cela » lui dis-je, avec un air dégoûté.

Elle essaya de substituer discrètement le récipient par un pot de confiture, mais on ne plaisantait pas avec les grattons et mon grand-père, qui avait suivi la scène, s’exclama :

- Que s’est-il tramé par ici, avec cet échange de pots ? Pourquoi lui as-tu expliqué de quoi il retournait ? Je suis formel : si elle n’avait pas été sciente de la chose, elle aurait chéri les grattons ! C’est un mets succulent, ajouta-t-il à mon attention.

Mon grand-père s’exprimait avec des mots que je ne comprenais pas toujours, mais ce que je compris surtout c’est qu’il me faudrait goûter les fameux grattons… Je me pinçai le nez et mis un petit morceau en bouche, qui libéra un arôme terrible de gras de canard. Pour faire passer le goût, j’attrapais le verre qui était sur la table et le but avidement. La brûlure fut immédiate et concomitante avec le cri de ma grand-mère. La transparence du breuvage m’avait induite en erreur : il ne s’agissait pas d’eau, mais d’alcool de poire, que mon grand-père s’était servi pour se réchauffer, après avoir coupé du bois.

Je me souviendrai longtemps de ce premier jour de vacances chez mes grands-parents : découverte de la neige, des grattons et de l’alcool. Je peux bien vous l’avouer : aujourd’hui, j’adore les trois !

Fabienne

 

_______________________________

 

Image par Alexa de Pixabay

 

 

LES NEIGES D’ANTAN

L’enfant posa son livre de contes, ferma les yeux et rêva qu’elle voyageait au pays de Niels Holgerson sur le dos d’une oie sauvage. De là-haut, le paysage se déroulait sous ses yeux à perte de vue : de la neige, de la neige partout d’un blanc éclatant.

Ce n’était pas le moment d’attraper un RHUME car elle devait déjouer le piège TRAMÉ par la méchante fée des neiges. Cette dernière avait attiré dans son antre, sous un prétexte fallacieux et diabolique,  tous les lutins SCIENTS, normalement, de la fée du printemps !!! Elle avait DÉBALLÉ ses super pouvoirs et les pauvres lutins ne pouvaient plus sortir de la caverne, caverne nauséabonde s’il s’en fût car la méchante femme mangeait à longueur de journée des GRATTONS huileux, pas frais, faits avec de la peau de rats !!!

Mais le problème était le suivant : Si les lutins ne sortaient pas à temps de leur prison, le printemps n’arriverait pas et la neige resterait !!

L’enfant et l’oie sauvage arrivèrent en vue de la caverne de la méchante fée des neiges. L’enfant demanda à l’oie de l’attendre et d’un pas assuré entra dans la grotte.

«  Qui ose entrer chez moi ? » hurla l’épouvantable mégère.

«  C’est moi, Ondine, j’ai un délicieux cadeau pour vous ! »

L’enfant tendit à la fée une magnifique POIRE dorée, mûre à souhait.

La fée saisit goulument la poire et sans dire merci, sans plus attendre, croqua dans  le merveilleux fruit ! La vilaine fée poussa un cri strident ! La poire était magique … La fée se mit à rapetisser, rapetisser, elle devint plus petite qu’un rat ! Ces derniers qui en avaient vraiment assez d’être transformés en grattons fondirent sur l’atroce bonne femme et n’en firent qu’une bouchée !

 

La magie disparut et les lutins furent libérés !!!

Le printemps pouvait s’installer …

Chris

 

____________________

 

Image par Klaus Reiser de Pixabay

 

 

En me promenant sur les traces de mon enfance, soudain une impression de "déjà vu " m'envahit.  Oui, c'était bien ici, je reconnu le haut portail en fer forgé, sur lequel deux petits cerfs incrustés se serraient l'un contre l'autre,  la haie de cyprès de chaque côté de l'allée menant à la chaumière coquette, ne semblait pas avoir trop changé.

Je fermais les yeux et les voix de mes chers disparus, se firent entendre. A l'étage, où les "scientes" de la famille se réunissaient régulièrement et discutaient les écrits de Freud et la politique de l'époque, les volets désormais demeuraient clos.  Les fenêtres de la cuisine apparaissaient encore avec leurs petits rideaux rouges et blancs. En fin de journée notre tante Marie, s'affairait à préparer les grattons dont nous étions tous friands.

Dans les vergers,  les poires magnifiques, murissaient au soleil, puis étaient déballées, pour finir leur maturité, sur des clayettes, bien au frais dans la cave,  avant de grossir la rangée imposante de confitures, et de fruits au sirop.   

Souvent notre grand - mère, restait des heures indécise, devant quel bocal ouvrir, afin de soigner l'un d'entre nous, qui après s'être roulé toute une journée dans la neige glacée, était alité avec une sorte de rhume encore inconnu...

Souvenirs, souvenirs, la douceur de cette vie passée, restera à jamais dans mon jardin secret.

 

Christine

 

______________________________

 

 

 

Georges Duboeuf Beaujolais nouveau

 

 

Les neiges d’antan

Nous sommes à Lyon, de nos jours. Une très vieille dame entre dans un vrai petit bouchon. Elle porte une robe tramée de fils d’argent à la mode de jadis. Elle commande des petits grattons de porc salés et un verre de beaujolais nouveau. Elle renifle mais elle n’a pas du tout de rhume : ses yeux sont remplis de larmes. Pour dessert, elle commande simplement une poire et du fromage. Mais à peine a-t-elle trempé ses lèvres dans son verre, qu’elle pique du nez dans son assiette. Elle est morte.

Elle y avait mis du poison diront les scients. Quand son histoire est déballée, on apprendra que son mari vient de mourir et que c’est dans ce petit restaurant qu’ils s’étaient rencontrés il y a cinquante ans.

Suzanna

 

_________________________

 

Image par Elias de Pixabay

 

 

Hiver en Morvan

Aux premiers flocons qui blanchissaient les grandes forêts du Morvan, nous savions tous que pendant des mois, notre hameau allait devoir vivre sur ses réserves. Les mères de famille faisaient l’inventaire des celliers, se demandant si la nourriture serait suffisante pour subvenir à leurs  besoins, et les pères vérifiaient que les récoltes étaient bien rangées dans les greniers et qu’il y aurait de quoi nourrir les quelques bêtes de la petite étable.

On mangerait des grattons dans les quiches, la soupe bien chaude cuite dans l’âtre réchaufferait les corps autant que le feu dans la cheminée. Les pommes et les poires qu’on avait récoltées garniraient les tartes moelleuses pour des desserts prestement engloutis. Avant de se coucher, les couvertures de laine les plus chaudes seraient déballées pour recouvrir les lits et pallier aux basses températures de la nuit. Malheureusement, cela n’empêcherait pas les nez de couler, les gorges de tousser et les gros rhumes qui étaient le lot de chaque hiver. Il faudrait se débrouiller pour les soigner avec des remèdes de grand-mère, le médecin du village voisin ne pouvant pas se déplacer jusqu’aux quelques maisons perdues pour des maladies si bénignes.

Il y aurait aussi le moment attendu par les enfants, quand, à la veillée, l’aïeul le plus âgé et le plus scient raconterait les histoires du pays, quand l’hiver était encore plus long et que les loups avaient si faim qu’ils rôdaient autour des maisons.

Puis à la fin de l’hiver, quand tout le monde aurait fait de son mieux pour survivre, comme tous les ans la neige fondrait, le sol dégèlerait et toute la nature sortirait de sa léthargie pour revivre. Les villageois reprendraient le chemin des champs et les garnements pourraient en riant, recommencer à tramer leurs mauvaises farces.

Gill

 

___________________________________