Récit épistolaire

 

Un de vos proches (enfant, mari, frère, etc.) est parti pour quelques mois

à l’étranger.

 

à la manière de Madame de Sévigné

 

racontez-lui quelques uns des événements qui ont jalonnés ces mois

d’absence.

 

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Par Doc James — Travail personnel, CC BY-SA 4.0       wikimédia 

 

 

                     Mon cher frère,

    Voilà plusieurs jours que vous êtes parti pour ces pays lointains. Votre présence ici étant très importante, vous nous manquez beaucoup.

Mais ne revenez pas, dans ce cruel moment un très sournois virus nous fait trembler de peur.

Dans notre lingerie nous fabriquons des masques que nous distribuons à tous nos amis paysans et autres… Nous couvrons nos visages par grande précaution.

Plus d’atelier théâtre, les chorales non plus n’enchantent nos soirées. Savez-vous ce que c’est que d’être confiné ?

Vous me demandez, mon cher, si j’aime toujours la vie. Et bien oui malgré ses nombreuses misères, ses douleurs, ses chagrins et comme disait mon grand ami Jean-Pierre : « Quelle vilaine bête que ce Covid 19 ! »

Même si une envie vous prenait de venir près de nous, chassez vite cette idée.

Ne cessez pas d’écrire car vous êtes aimé

                Votre très affectionnée sœur

              Gisèle

 

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Par William Halsall — Pilgrim Hall Museum, Domaine public             wikimédia 

 

 

Mon Patrick que j’aime,

  J’ai bien reçu ta dernière lettre, avec tous les détails de votre débarquement du Mayflower, faisant suite à celle où tu me racontais les péripéties de votre traversée…et Dieu merci, tout s’est bien terminé. Deux lettres palpitantes, captivantes, magnifiques.

Comme je t’envie, Pat, mais surtout, comme j’aurais aimé partager ces moments avec toi !  Avant de partir, tu m’as fait promettre de te tenir au courant de tout ce qui se passe à Shannon, alors j’obéis pour te faire plaisir ; mais comme tout cela me semble de peu d’intérêt comparé à tes aventures !

Alors voilà : Après leurs six filles,  les O’connell ont eu des jumeaux, aussi rouges et braillards que leur père quand il rentre du pub. Monsieur le Curé nous a appris un cantique, très joli, que nous devrions chanter pour la Noël. Il a aussi recueilli un nouveau chien hirsute et hargneux  à qui il a donné le nom d’Edouard, on se demande pourquoi.  Hier,  en me promenant sur la lande, j’ai aperçu une horde de chevaux sauvages galopant vers le Sud. Père  décrétant aussitôt que cet hiver promet donc d’être particulièrement rigoureux, a rameuté les hommes du voisinage et ils sont tous partis faire provision de tourbe ; occasion, tu t’en doutes bien, de vider ensemble quelques pintes de cette nouvelle bière noire de Dublin.

  Bon, j’en arrive à l’essentiel : les Anglais ont arrêté et exécuté Gérald Flaherty. De jeunes gars de Shannon ont aussitôt décidé de le venger et ont abattu cinq Tuniques Rouges. Puis ont réussi à s’enfuir. Mon frère et deux de ses amis (que tu connais aussi) se sont cachés sur une goélette qui lève l’ancre demain pour Boston. Et voilà ce que je voulais te dire : Je vais les rejoindre en secret cette nuit, déguisée en garçon, et une fois en mer nous nous ferons engager comme matelots…d’autant que le capitaine est des nôtres... Autrement dit, je serai bientôt dans tes bras, aussi trouve vite un prêtre catholique pour bénir notre union.

A toi pour la vie. Ta fiancée qui t’embrasse. Maureen          

El Pé

 

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Par Chnarlok — Travail personnel, CC0           wikimédia 

 

 

Mon cher cousin,

      Exilé à Paris pour ton travail, tu réclames des nouvelles de notre ville.

Il ne s’y passe pas grand-chose. La grande roue a disparu, remplacée par les manèges d’enfants. Sans banc pour bavarder, les Allées ont perdu leur charme.

Près de la Bourse du Travail, on bouleverse la place pour installer une fontaine avec jet d’eau.

Le marché de la nourriture est au Champ de Mars, c’est loin. Celui de la fripe est à la Devèze, je n’y vais plus.

On troue les rues, on démolit, on construit. Si tu as des projets immobiliers, dis-le, je t’enverrai de la documentation.

Derrière la cathédrale, en creusant, on a trouvé des vestiges très, très anciens, je n’ai vu que de grosses pierres formant mur.

Au Plateau des Poètes, on a restauré « l’enfant au poisson » d’Injalbert ; il est superbe, comme le jardin. Les musées, sauf Fayet, sont fermés, c’est triste et peu attractif pour les rares touristes.

Quelques bagarres, du monde aux terrasses des cafés, le Maire qui arpente les rues…quand il ne passe pas à la télé.

       Je t’attends avec impatience pour aller à la mer. Bises.

  Line

 

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