La comédienne est face à son miroir, soudain...un bruit!

 

Une comédienne est face à son miroir, dans sa loge.

Elle s’apprête à se maquiller, quand soudain

Un léger bruit attire son attention

Imaginez la suite

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Un léger bruit bizarre

Ça y est, c’est le grand jour ! ou plutôt le grand soir. C’est la première. La salle est comble, l’heure tourne, tous les comédiens sont prêts  ou presque. Gina, le rôle principal, est devant son miroir, dans sa loge et s’apprête à apporter les dernières retouches à son maquillage. Comme à chaque fois le trac la saisit et sa main tremble. Elle doit se ressaisir pour ne pas gâcher son maquillage. Son cœur bat la chamade. Voilà c’est presque fini, presque parfait.

Elle contemple son image dans la glace et satisfaite du résultat, commence à se lever quand tout à coup elle entend un léger bruit bizarre qui semble venir du plafond. Au même moment  quelqu’un frappe à sa porte : «  Mademoiselle Gina , c’est l’heure !!! »

«  J’arrive, j’arrive  !!! »

Le bruit provenant du plafond s’amplifie et ressemble maintenant à un mugissement. Gina s’élance vers la porte, très effrayée. Elle a beau tirer sur la poignée, celle-ci est bloquée, la porte refuse de s’ouvrir. Le mugissement devient un hurlement, un froid glacial se répand dans la loge et enveloppe Gina. Elle tente toujours d’ouvrir la porte en criant. Le froid glacial l’emprisonne. Elle a l’impression d’être écrasée entre les serres d’un énorme oiseau de proie. Elle hurle de terreur, elle suffoque, elle panique, elle s’évanouit …

Quand elle reprend ses esprits quelques heures plus tard, elle apprendra qu’elle a été retrouvée inconsciente dans sa loge, trois minutes avant son entrée en scène. Sa doublure a du prendre sa place.

La pièce a été un énorme succès. Les critiques sont dithyrambiques.

Ah oui ! J’oubliais le titre de la pièce pour que vous puissiez aller la voir !

    « La fiancée de Dracula »

Peut-être qu’il avait élaboré ce stratagème pour ne pas la partager avec le public, qui sait ???

Chris

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Interruption

 

La comédienne devant son miroir s’apprêtait à se maquiller lorsqu’un léger bruit attira son attention. Elle se mit en colère :

« Fichez-moi la paix. Vous ne voyez pas que je suis occupée ? Je passe dans 10 mn et je dois finir mon maquillage. »

Personne ne répondit mais c’était trop tard, la concentration était partie. Elle pesta à nouveau et se regarda dans la glace. Ce soir, elle devait être à son avantage car même si elle connaissait le rôle par cœur, les années commençaient à peser sur ses épaules. Et pas seulement sur ses épaules. La fatigue traçait un sillon entre ses sourcils, plissait la peau au coin de ses paupières, alourdissait son menton. Avec lassitude, elle reprit ses pinceaux et essaya de gommer les ravages du temps. D’une main experte, elle allait poser son mascara quand le bruit recommença et un courant d’air la fit frissonner. Agacée, elle se leva pour fermer la fenêtre et c’est alors qu’elle vit l’hirondelle s’envoler.

« Comme j’aimerais te suivre… »dit-elle avec un soupir.

Evelyne

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Par François Chauveau — césar, Domaine public   wikimédia

 

 

Isabelle sentait le trac monter en elle : c’était le soir de la première et elle n’avait pas droit à l’erreur. Seule dans sa loge, face à son miroir, elle tentait de se maquiller, les mains tremblantes. Elle essaya de faire ses exercices respiratoires pour calmer l’emballement de son cœur et faire le vide dans sa tête. Elle se disait qu’elle ne serait pas à la hauteur de feu sa mère, une grande actrice renommée.

Elle se demandait encore pourquoi le metteur en scène l’avait choisie pour jouer le rôle de Bérénice. Les mauvaises langues disaient bien sûr que c’était parce qu’elle était « la fille de ». Et elle avait fini par les croire. Elle se sentait tétanisée par l’enjeu. Elle avait tellement envie de leur donner tort, de leur prouver à tous qu’elle avait Bérénice dans ses tripes.

Soudain, un léger bruit la fit sursauter. Elle se tourna et aperçut qu’un des costumes était tombé du portant derrière elle. Déconcentrée par ce mouvement, elle se leva, pas mécontente d’occuper son esprit pour replacer le vêtement. Elle le reconnut instantanément : il s’agissait du costume mythique que portait sa mère pour la première de Bérénice, au début de sa carrière. Son costume porte-bonheur, en quelque sorte, véritable pièce de collection du théâtre. Que faisait-il là ? D’ordinaire, il était rangé et personne n’osait y toucher. Il devait y avoir une nouvelle costumière et elle avait dû se tromper. Elle entreprit de ramasser la majestueuse robe et remarqua un billet qui avait glissé de la poche. Elle le déplia et reconnut l’écriture de sa mère. Sa vue se brouilla, mais elle commença la lecture de ces quelques lignes.

« Ma chérie, mon Isabelle. Le soir de la première de Bérénice, j’étais paralysée par l’enjeu. Je t’ai peut-être donné l’image d’une femme sûre d’elle en toutes circonstances, mais il n’en est rien. Et c’est mieux ainsi. Ce doute, qui habite les artistes avant leur représentation, leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes. À condition qu’il ne soit pas trop exacerbé, bien sûr. Toi aussi, tu es et tu seras une Bérénice, j’en suis sûre : tu en as l’étoffe… Et le jour où cela se produira, je serai là à te regarder et à t’applaudir car tu le mériteras. Crois en toi, aime Titus et tu seras Bérénice à jamais. Je t’aime. »

Émue aux larmes, Isabelle reposa le costume de sa mère, replia la missive et la rangea dans son propre costume, près de son cœur. Ce soir, elles seraient deux dans la peau de Bérénice et pour une telle héroïne, ce n’était pas de trop. Elle finit de se maquiller, plus confiante et surtout animée par l’envie d’aller fouler les planches et de triompher.

Les critiques furent dithyrambiques : une nouvelle Bérénice était née.

Fabienne

 

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Son bras resta en l’air alors qu’elle se recoiffait. Elle n’osait pas bouger, et cela se répétait encore… Une fine transpiration mouilla son front…Elle était seule dans sa loge, le théâtre était désert.

      Lentement, elle se leva de sa chaise, terrorisée ; elle ne pouvait pas rester sans savoir…

Elle entrouvrit tout doucement la porte.

Battant des ailes, une chouette blanche atterrit sur son siège. Mon Dieu quelle émotion ! Elle en tremblait encore.

Avec des gestes doux, elle poussa la hulotte tout en haut, vers les cintres où très certainement elle avait fait son nid.

      Assise dans son fauteuil, elle riait de sa peur.

                                                            

  Gisèle

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C'était la dernière représentation de Faust à l'Opéra de Paris. Marielle, un peu nerveuse, la main tremblante, commençait à cercler ses jolis yeux bleus, d'un trait de Kôhl sombre, lui donnant un peu un air de Shéhérazade, qu'elle n'était pas. Elle devait remplacer Adeline, l'interprète principale, n'ayant pu se présenter, car souffrante. Marielle avait pris la précaution de venir à l'avance, afin d'être prête, et pouvoir aussi se remémorer le rôle.

Etant seule à l'étage, elle en profita, pour répéter à tue tête, l'air de Marguerite. Soudain, un froissement persistant, contre la porte de sa loge, se fit entendre, puis s'arrêta, surprise elle se tut, n'entendant plus rien, repris le refrain, d'une belle voix claire.  Elle aimait s'entendre chanter, et ce remplacement représentait pour elle, la chance de se faire connaître.

 De nouveau ce froissement, suivi d'un petit tapotement à la hauteur de sa tête, n'en pouvant plus, elle ouvrit brusquement la porte, et se trouva face à face à un homme, grand, portant une cape rouge, un chapeau haut de forme.  Le visage couvert d'un masque noir, laissait apparaître deux yeux bruns, profonds, qui la fixaient avec attention. Surprise, mais peu effrayée, dans un théâtre tout est possible, pensa-t-elle, ce "gentleman" a dû se tromper de loge. S'adressant à lui poliment :            " Bonsoir Monsieur, que me vaut l'honneur de votre visite ?  je pense que vous faites erreur, car dans la distribution, je n'ai pas le souvenir que nous devions être partenaires. "

" Vous vous trompez, car le vrai Belzébuth c'est moi, et j'habite dans les sous- sols de ce théâtre qui est aussi mon palais, je suis le                  Fantôme de l'Opéra  ".

 

Christine

 

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       « Elise, à toi dans dix minutes » venait de crier le régisseur derrière la porte de la loge, et la pauvre Elise se disait que jamais elle ne serait prête à temps.

   Confuse, et c’est peu dire, d’avoir piqué un petit ( ?)) somme sans s’en apercevoir. Et tout ça pour avoir suivi les conseils de Raymond, le chef machiniste : « Tu sais ma poule, pour chasser le trac, rien de tel qu’un bon verre de whisky ! ». Tu parles ! Elle avait à peine fini le verre que déjà elle piquait du nez …

   Après l’avoir enduit de céruse, la jeune fille se hâta de poudrer son visage. Généreusement. Puisqu’elle allait jouer Ophélie et que, comme chacun sait, les fantômes ou approchant sont tous d’une blancheur tirant fortement sur le livide. Elle entamait le bleu-marine autour des yeux lorsque soudain : «  cric, cric, cric… », un léger craquement, surgissant là où se trouvaient ses pieds, attira son attention ;

   Elle jeta un œil et…horreur, aperçut alors une souris- oh, pas bien grosse, mais souris quand même- s’ébattant joyeusement parmi les papiers épars sur le sol (le ménage, dans les loges, n’est-ce-pas…) Un cri strident s’en suivit, ce qui ne manqua pas de terroriser le petit animal qui disparut sur le champ.

« Ah, ou est passée cette affreuse bête ? »La pauvre jeune fille se mit à chercher frénétiquement le coupable rongeur…en vain…et le temps passait !

« Elise, sur le plateau, c’est à toi dans trente secondes ! »Pauvre Elise en effet ! Elle qui venait enfin de décrocher un rôle, dans Hamlet en plus, alors qu’elle n’avait joué jusqu’ici que dans des spots publicitaires, ne pouvait certes pas se permettre de rater son entrée.

Elle enfila à toute vitesse sa perruque blonde tout en se précipitant hors de la loge.

Ce n’est que dans l’escalier qu’elle réalisa qu’un seul œil était maquillé. Et ce n’est qu’une fois sur scène qu’elle découvrit qu’elle n’était pas seule sous sa perruque.  A l’évidence, la souris y avait trouvé refuge et cherchait à présent désespérément la sortie.

Ce fut un triomphe ! Jamais Ophélie n’avait été aussi convaincante dans sa détresse. Elle eut même droit à une standing ovation de la part du public au moment du salut.

       Gloire hélas bien éphémère ! Car une fois la perruque ôtée, la souris s’enfuit et on ne le revit jamais.

 El Pé

 

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UN LEGER BRUIT

         Natasha Pétunia Pavlona la Grande Cantatrice était installée devant le beau miroir de sa coiffeuse et commençait à se maquiller. Elle hésitait avec sa palette de fards à paupière, le bleu, le vert ou le mordoré… un peu de blanc? Elle aimait ce moment de tranquillité dans sa loge où elle faisait ses vocalises et ainsi se chauffer la voix avant le spectacle. Les musiciens déjà en place répétaient sans Chef d’Orchestre pour le moment. Cela faisait une belle cacophonie. Malgré cela tout en étalant son fond de teint « crème de pêche », elle entendit un léger bruit, un frottement, ou un bruissement plutôt, surprise, elle s’arrêta et écouta encore, plus rien. Natasha se retourna et observa sa loge du sol au plafond. Bien sur il s’agissait d’un vieux théâtre plein de courants d’air mais les loges avaient été refaites à neuf il n’y avait pas longtemps. Elle se leva et inspecta le paravent, le guéridon, une armoire et un petit placard, rien il n’y avait rien. Pourtant le bruit un bref instant suspendu, reprit, on dirait quelque chose qui rampe se dit-elle. Aussitôt elle pensa à une souris, un mulot, un petit lapin égaré, un serpent sournois ou une grosse araignée venimeuse, quelle horreur !!! elle était toute énervée et apeurée. Elle déplaça son gros fauteuil capitonné en velours rouge dans lequel elle jouait la vedette et acceptait de se faire photographier, rien, ni derrière, ni dessous. Soudain un discret éternuement la fit sursauter. C’est certain il y avait quelqu’un et elle demanda d’une voix de stentor :

-   Sortez de votre cachette qui que vous soyez, je suis armée et j’appelle la sécurité.

Elle attrapa aussitôt d’une ombrelle multicolore et commença à taper sur le portant, sur le canapé, le guéridon renversant chapeaux et capes, et soudain elle pensa à sa grande malle en osier.

-   Sortez de là tout de suite ! criait-elle toujours en tapant avec son ombrelle

C’était surement là-dedans. Elle saisit l’arquebuse d’un soldat « des Rois Maudits » et tapa sur la malle furieusement. Venant de l’intérieur une petite voix lui demanda d’arrêter et Natasha aperçut un petit visage d’enfant qui soulevait le couvercle de la malle. Stupéfaite elle regardait cette fillette si belle avec ses nattes blondes qui toute penaude se taisait et tremblait assise au fond de la malle sur. Natasha ne s’attendait pas à une telle surprise, elle prit l’enfant par la main et la hissa hors de la malle et lui demanda des explications. Entre 2 sanglots la petite fille lui expliqua qu’elle rêvait de voir la Grande Cantatrice sur scène mais qu’elle n’avait pas d’argent pour cela. Elle adorait le chant et l’opéra. Natasha était sa cantatrice préférée qu’elle écoutait cachée près de la loge du concierge, pendant que sa mère faisait le ménage du théâtre. Bouleversée par cet aveu, Natasha accorda des places privilégiées pour toutes ses représentations à la fillette pour son le plus grand bonheur.

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         M-Christine

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Mathilde est très en avance, elle a tout le temps de se préparer pour la représentation du soir. Elle a besoin de ce moment de calme, quand le théâtre est encore silencieux. Elle en a besoin pour gommer les effets du temps et se transformer, physiquement et mentalement. 

Les lumières, autour du miroir, reflètent un visage fatigué auquel les fards vont devoir redonner tout l’éclat de la jeunesse. Elle se regarde, amère mais consciente, sans pitié pour elle-même, quand soudain un léger bruit se fait entendre. Mathilde jurerait que c’est un ricanement. Impossible ! il n’y a personne. Sans prêter plus d’attention au phénomène, elle s’apprête à prendre sa base de maquillage quand elle voit les pinceaux qui tressautent dans leur pot. N’en croyant ni ses yeux, ni ses oreilles, elle s’approche et entend nettement de petits rires suivis de ces paroles :

«  -Oui, oui, Mathilde, c’est bien nous, tes pinceaux de maquillage, qui te parlons. Tu ne te rends pas compte que tu n’as plus l’âge de jouer les midinettes, que même si tu nous utilises – trop d’ailleurs – pour cercler tes yeux de noir, recouvrir d’ocre tes paupières, de rose tes pommettes ou ourler ta bouche de rouge, tu n’auras plus jamais l’air d’avoir 20 ans. Il faut t’y faire, tu es plus âgée que tu ne le voudrais et il faut l’assumer.

_ Oui, oui, oui, acquiescent en chœur tous les fards présents sur la table, rends-toi à l’évidence ! »

Mathilde se frotte les yeux, incrédule, doutant de sa lucidité. Incapable d’en supporter plus, elle les ferme un instant, fait le vide dans sa tête, puis les rouvre. Tous les produits de maquillage sont là, bien rangés et …parfaitement immobiles.

Cette scène s’est passée il y a plusieurs années et Mathilde jura qu’elle était bien réelle, mais vous savez ce que c’est, l’imagination est débordante parfois et … joue des tours. Ce qui est sûr, c’est que ce fut la dernière soirée où Mathilde incarna les ingénues, mais on la vit encore   interpréter bien des rôles, car elle avait quelque chose qui se joue de l’âge ou de l’apparence, elle avait du talent. Il fallait juste qu’elle accepte de vieillir pour pouvoir l’exprimer, encore longtemps, à sa juste mesure.

Gill

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