Le don surnaturel

 

Vous vous apercevez que vous possédez un don surnaturel

Racontez comment et en quelles circonstances

 

 

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     Un énorme miroir à l’entrée ; un de plus dans cette immense salle emplie de dorures et de décors gigantesques ! Je vérifie une dernière fois ma mise : le costume que Jean Pierre m’a prêté me va comme un gant, peut être légèrement étriqué avec le bas du pantalon un tout petit peu court, mais avec des chaussettes noires ça ira. Par contre j’ai bien fait de regarder une dernière fois : Jean Pierre chausse du 42 et moi du 40, je nage un peu mais je ne suis pas là pour faire une randonnée. Une fois   rentré, je n’aurai plus qu’à m’asseoir. Dans ce palais, les fauteuils sont si profonds que je pourrai m’y cacher à ma guise. Non, ce qui m’inquiète, c’est qu’elles ne sont pas cirées!, et ça doit faire quelques années qu’elles n’ont pas goûté une quelconque crème ! Elles sont ternes et pas besoin d’être un fin observateur pour voir qu’elles sont usées jusqu’à la corde ! Je frotte ma chaussure droite contre l’arrière de ma jambe  gauche, ça ne brille pas vraiment mais au moins ça paraît un peu plus propre, pareil pour la chaussure gauche : le pantalon de Jean Pierre ramasse toute la crasse mais c’est à l’arrière, je ne vois pas pourquoi je me retournerais.

     Une dame en uniforme s’incline devant moi, elle porte des gants blancs immaculés et  me fait signe de la suivre. Elle a une main derrière le dos comme à la télé quand le Président sort de sa voiture: je n’en mène pas large : ça y est, j’y suis ! Il est là. Le Président de la République en personne, qui me sourit et me donne l’accolade ! Il m’invite à monter à ses cotés les quelques marches, puis se retourne et me serre énergiquement la main devant les caméras.Ca dure un peu, les journalistes me hèlent «  Louis, Louis ! » Je tourne et retourne ma tête au gré des appels. Le Président de la République me sourit puis m’emmène dans ses bureaux privés : tous les ministres forment un couloir et s’inclinent à mon passage, Ils ont l’air très impressionnés. Il faut dire que je suis un peu le Messie ! Si je suis là, c’est parce que j’ai un don : sans le savoir, alors que je versais une cuillère de Ricorée dans ma tasse, j’ai soudain aperçu le visage du prochain président de la république dans le fond de ma tasse ! Innocemment j’ai raconté sur les réseaux sociaux mon aventure. Incroyable, j’ai eu 45 millions de followers comme on dit.

      Je connais le nom, le visage, l’identité du prochain président, c’est une évidence. J’ai été successivement invité chez tous les anciens présidents, chez tous les

postulants, et bien sur par le président lui-même ! On me sert un bol de ricorée bien chaud, on se penche avec moi sur le breuvage. Je vois … un morceau de sucre fondu, et très distinctement un visage ! Mais chut ! Je ne peux pas en dire plus. Je, d’ailleurs l’image a déjà disparu. Les ministres, le Président, tout le monde reste suspendu à mes lèvres : ma responsabilité est trop lourde : je m’élance : « le prochain président de la république sera … » Ma voix se  bloque, je ne parviens qu’à éructer des sons suraigus, inaudibles.

      Je suis désolé, je ne peux pas … le Président me saisit par le col, ses yeux

envoient des ondes meurtrières : on me fait asseoir sur un chaise et on me branche des électrodes : « aie , aie ! » la douleur est insupportable mais je n’arrive pas à m’exprimer , quelque chose m’en empêche ...dépités, découragés, ces messieurs dames se détournent et me laissent seul avec les gardes du corps : je dévale les escaliers de l’Élysée à plat ventre , jeté en boule par les gorilles du Président ; il y en a beaucoup des marches et elles sont en marbre, aïe , ça fait mal !

 

Louis

 

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Il y a quelques jours, j’ai trouvé des bonbons oubliés dans la poche d’un de mes pantalons, et comme j’avais envie de grignoter et que je suis très gourmande, j’en  ai mangés quelques uns.

J’ai eu un peu de mal à les avaler, ils avaient un goût bizarre, alors, avant de manger le dernier, je l’ai regardé de plus près et me suis aperçue qu’il s’agissait de petites bouchées destinées à mon chien, oubliées dans cette poche depuis longtemps. Pourvu qu’elles ne me rendent pas malade.  Bah, il n’y a pas de raison, mon chien n’a pas de problème !  

La nuit même, 3 heures du matin, j’entends : 

« – lève-toi, j’ai mal au ventre » 

«  Pourquoi me lèverais-je si tu as mal au ventre, lève-toi tout seul » dis-je à mon mari

« – Je suis pressé, il faut vraiment que tu m’ouvres la porte du jardin » insiste la voix 

J’émerge de mon demi-sommeil et j’allume : mon mari dort comme un bienheureux et mon chien est à côté de moi. Il pose sa patte sur le lit et je l’entends de nouveau:

« Bon alors, tu viens m’ouvrir, ça presse »

Je l’entends qui me parle ! impossible ! J’obéis sans me poser de question, il sort, puis rentre, nous nous recouchons.

À mon réveil, le lendemain, je me dis que j’ai rêvé de drôles de choses, quand j’entends:

« Bonjour ma maîtresse chérie, tu me donnes mon déjeuner ? »

Complètement éberluée, je constate  qu’il n’y a pas de doute, et qu’aussi inconcevable que cela puisse paraître, je suis capable d’entendre parler mon chien. Alors commence une conversation surréaliste où nous échangeons lui et moi, comme si nous étions deux humains. Je n’en crois pas mes oreilles. J’ai acquis le don de parler avec les animaux, tous les animaux, et Dieu sait s’il y en a dans le quartier ! Notre promenade matinale n’est maintenant faite que de rencontres et de bavardages de tout un petit monde que je ne faisais que regarder en lui prêtant les pensées  que j’imaginais. C’est agréable et un peu effrayant à la fois. Par eux, j’apprends toute la vie de leurs maîtres et je m’aperçois que je les connaissais mal : par exemple, le voisin du 12, que je pensais si gentil, nourrit à peine ses deux chats, et c’est pour cela qu’ils sont toujours fourrés chez moi.

Et je m’habitue à cette nouvelle vie qui dure déjà depuis huit jours.

Le matin du onzième jour, j’ouvre les yeux. Une jeune et jolie dame en blanc est penchée sur moi, j’ai une perfusion dans le bras.

« – Ah, vous êtes réveillée madame, vous nous avez fait peur. Il n’y a que quelques heures que vous n’avez plus de fièvre. Vous avez eu une intoxication alimentaire sévère. Vous avez dû manger quelque chose de mauvais.

  Mais, où est mon chien ? je l’ai entendu me parler.

  Ah non madame, les chiens sont interdits dans les hôpitaux, et jusqu’à preuve du contraire, ils ne parlent pas »

Les gâteries pour chien, mon Dieu, tout me revient à l’esprit. Ce don, ces conversations, rien de cela n’était vrai, je délirais j’étais malade…..comme un chien. Ah quel dommage, je l’aurais bien gardé, ce don.

Gill

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Ce n’était pas vraiment un don inné, non, il l’avait découvert par hasard dans le grenier de sa grand-mère, dans une petite malle poussiéreuse, qui avait appartenu à son arrière-grand-père, célèbre illusionniste.

Sur un petit sac en soie mordorée il avait vu une mystérieuse étiquette jaunie par le temps : ATTENTION !!! AIGUILLE INVISIBLE TÉLESCOPIQUE.

Qu’est ce que cela pouvait bien être ?

Il avait desserré les cordons du petit sac, glissé un œil prudent par l’ouverture et rien vu !!! Aiguille invisible télescopique ! invisible ! Pas étonnant s’il ne voyait rien !!

Plutôt logique en somme !!

Il palpa minutieusement le petit sac et crut sentir quelque chose à l’intérieur. Il ouvrit plus largement le sac et osa plonger la main dedans. Au contact de la chaleur de sa main, l’aiguille devint visible. Il la sortit avec précaution.

C’était une belle aiguille, longue de 15 cm environ avec à sa base une sorte de petite perle . En appuyant sur la perle, il sentit que l’aiguille s’allongeait, un peu comme le nez de

Pinocchio quand il mentait. Plus il pressait sur la perle, plus l’aiguille grandissait. S’il relâchait la pression, l’aiguille gardait la taille atteinte mais devenait invisible !!!

Incroyable !! Quelle trouvaille !!!

A l’école il était toujours en but aux représailles, aux coups bas et aux moqueries. C’était un excellent élève que ses professeurs appréciaient. Il était solitaire et ses bonnes notes ne plaisaient pas à ses compagnons de classe. Eh bien ! ils verraient tous maintenant ce qui leur en coûterait de l’embêter. Il remit l’aiguille dans son sac et se promit de l’utiliser à l’école dès le lendemain matin.

Il était en rang à 8h30 quand il sentit qu’on essayait de lui arracher son sac à dos. Il avait tout prévu, discrètement il mit sa main droite derrière son dos, appuya sur la petite perle, l’aiguille s’allongea et piqua au bras celui qui tentait de lui arracher son sac !!! Ce dernier se mit à crier qu’un insecte féroce l’avait piqué, car il avait  très mal et qu’il allait sûrement mourir ! Notre héros put ainsi conserver son sac à dos ! En classe pendant que le professeur avait le dos tourné, il reçut plein de boulettes  de papier, certaines enduites de colle blanche, d’autres avec un caillou au milieu.

Son aiguille invisible eut tôt fait d’arrêter ces bombardements. Un coup à droite,  un coup à gauche, un autre derrière. L’aiguille s’allongeait, se rétractait et punissait les voyous qui criaient : « Au secours, un terrible insecte nous attaque et nous pique !! »

Le professeur ne voyant rien de suspicieux demanda aux élèves de se calmer sous peine d’une colle collective.

Ainsi se passa toute la journée, pendant la récréation, pendant le repas, pendant les cours de l’après-midi, il se défendit à merveille avec son aiguille magique. Jamais personne ne put expliquer les piqûres …

Des spécialistes procédèrent à une fumigation complète de l’école, on ne trouva aucun insecte dangereux mais c’était plus sûr !

A partir de ce jour-là, notre arrière petit-fils d’illusionniste fut tranquille comme Baptiste !!

 

Christine

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