Trois prétendants au Paradis, une seule place

 

Trois personnes se présentent à la porte du Paradis qui est en travaux pour agrandissement.

Il ne reste qu’une place.

Lequel des trois pourra entrer ?

en 20 minutes, imaginer ces trois personnes et faire un texte les mettant en scène.

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     Juliette, Pierre et Renaud: c’était leur jour, leur destin, on dira ce qu'on voudra, bref: les voilà aux portes du paradis. Surprise : ici pas de ciel infini, pas de vieillard à la barbe blanche, pas d'anges ailés ! Des grues ! Oui oui ! Des grues gigantesques, des camions, des engins de chantier, des bétonnières et des nuées d'ouvriers vêtus de jaune fluorescent : une sorte de cabane type Algéco de chantier, une pancarte : « entrée »

« Bonjour

        –Bonjour, c'est pour qui ?

        –Comment, pour qui ? Pour nous trois, on a eu un accident dans la même voiture, on est ensembles.

        –Désolé... les travaux, il ne reste qu'une place.

        –Une place, et les deux autres alors ?

        –Au purgatoire, permettez, je consulte l'ordinateur céleste

        –Pierre… voyons... (le préposé pianote sur son ordinateur) : des vols à l'étalage, des jurons, des fêtes un peu beaucoup arrosées : hum, quelque chose à déclarer ?

        –Euh, j''étais bénévole aux restos du cœur, pendant plus de cinq ans !

        –Hum, madame, Juliette ? C'est bien ça ? Pas de péchés avérés mais par contre des tenues, disons, provocantes ! Mini jupes, corsages échancrés, démarche lascive … hum hum pas bon tout ça.

        –Et vous, Renaud ? C'est comme ça que vous vous présentez ? Blouson de cuir noir, foulard rouge, cheveux en bataille ? Hou là là , regardez vous-même! Alcool drogues, langage vulgaire, provocations multiples ! Désolé, aucun de vous trois n'est admissible !... Euh... attendez !

        –«Pi donner à manger à des pigeons idiots ,

et leur filer des  coups de pied pour de faux

et entendre ton rire qui lézarde les murs

et qui sait surtout guérir mes blessures... »

        –C'est vous qui avez écrit ça ?

        –Ben ouais !

        –Ah … bon ! Allez-y soufflez dans le ballon, fort, à fond.

        –Hum !! c’était vous le conducteur de la voiture ?

        –Ben ouais !

        –Hum, mais vous êtes encore complètement bourré !

        –Ben ouais, Baudelaire disait : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l’or », ben quoi, faut bien de la boue pour faire de l’or !

        –Bon allez, entrez ! »

Louis

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S’il n’y a plus de place au paradis, retourne-t-on au purgatoire ? demande le premier.

 

S’il n’y a plus de place au paradis, va-t-on directement en enfer ? demande le second

 

Je ne crois ni au paradis, ni au purgatoire, ni à l’enfer, dit le troisième.

 

Et, bien entendu, c’est au troisième que l’on ouvre la porte ! Histoire de le convaincre de l’existence de….

 

Valérie

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Qui aura la dernière place ?

 

Le Paradis n’a jamais changé depuis qu’il existe, et même s’il ne s’est pas rempli très rapidement, l’homme n’étant pas spécialement bon, il va manquer de place à plus ou moins longue échéance. C’est pourquoi de grands travaux d’agrandissement ont été entrepris, supervisés par un Saint-Pierre surbooké. C’est donc le concierge, un ange de 10ème catégorie, qui accueille les nouveaux arrivants. Il est un peu inquiet car actuellement, il ne reste plus qu’une place.

 

Ce matin-là, ils sont trois devant la porte, trois à prétendre entrer : un célèbre magicien victime d’un infarctus du myocarde, qui manie l’hypnose à merveille et qui a fait rêver et diverti des milliers de spectateurs, une femme qui s’est occupée toute sa vie, sans un mot de rébellion, de sa maison, sa famille, son travail, ses bonnes œuvres, s’oubliant elle-même et oubliant surtout de regarder en traversant l’avenue…et un SDF accompagné de son chien, tous deux morts de froid.

Qui, plus que les deux autres, va gagner ce Paradis tant espéré ? Notre ange est perplexe, comment les départager ?

 

D’abord le SDF, se dit-il, ce sera facile :

 

« – Dites, Monsieur, vous savez que le Paradis est interdit aux chiens, même tenus en laisse. Si vous voulez entrer, vous laissez le chien.

 

– Jamais de la vie, il m’a tenu chaud pendant quinze ans, je ne l’abandonnerai pas. C’est tous les deux, ou je préfère l’enfer. Je sais qu’ils ne nous sépareront pas, ils ne sont pas regardants, eux ! »

Parfait, éliminé le SDF ! Il n’en reste que deux. La femme est effacée, elle a été effacée toute sa vie, notre ange se dit qu’il ne sera pas difficile de la convaincre qu’elle a commis deux ou trois petits péchés passibles du Purgatoire. En attendant, il se tourne  vers le magicien dont le regard accroche immédiatement le sien. Il se sent petit à petit convaincu que cet homme est le plus digne des trois d’entrer au Paradis. Il le voit auréolé de lumière, bref, il s’apprête à convaincre la femme quand, précédé d’un éclair aveuglant, apparaît le Seigneur en personne fort courroucé, qui sait tout, qui devine tout, c’est bien connu.

 

« Malheureux, tonne-t-il, c’est comme cela que tu essaies de rendre la justice, en te laissant hypnotiser, manipuler par un malhonnête homme. Qui de ces trois-là a le plus souffert et mérite de se reposer en paix ? C’est celui qui préfère se sacrifier pour le compagnon qui lui a voué sa vie, donné sa chaleur, qui l’a peut-être défendu. Désormais, je vous le dis, les chiens pourront accompagner leurs maîtres au Paradis et jouir d’un bonheur éternel.

 

Notre maîtresse de maison qui, soit dit en passant, n’a rien fait pour essayer de sortir de sa triste condition – ne dit-on pas ? Aide-toi, le ciel t’aidera – sera quand même accueillie dès que possible au jardin d’Eden, mais notre magicien ira hypnotiser Lucifer en réfléchissant à sa dernière malversation. »

 

Gill

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