Trois objets pour une histoire

 

Divers objets sont déposés sur la table

En choisir trois, et en 20 minutes écrire un texte inspiré par ceux-ci

Vous pouvez citer dans votre texte un ou plusieurs autres objets présents en dehors de ceux que vous avez choisis.

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Une image de bateau, un béret marin, un coupe-papier Oh !  C’est une bien triste histoire que nous  racontent ces trois objets ! Inoffensifs, innocents pris séparément, rassemblés, ils évoquent aussitôt une musique fantastique, une musique d’opéra.

    (Italien, n’en déplaise au masque vénitien qui me fixe, goguenard, mais n’a pas de place chez Puccini. Chez Mozart, peut-être…)

    Parce que bien sûr, ce bateau, c’est une corvette. Elle vient d’accoster au tout début du XXème siècle dans le  port de Nagasaki, toute blanche au soleil.

    Et c’est un marin qui en descend. Non ! Personne ne songerait à toucher le pompon de son béret car c’est une casquette qu’il porte, une belle casquette d’officier de marine, assortie à l’uniforme blanc (lui aussi). Il faut reconnaitre que les militaires américains ont drôlement de la chance ! Leurs uniformes sont superbes ! Jusqu’aux treillis ! Admirablement bien coupés…mais revenons à l’histoire, ou plus exactement au livret.

    Et justement, on aimerait bien que le coupe-papier le fasse mentir, ce fameux livret !

On aimerait que la jolie et sympathique geisha l’utilise pour ouvrir une lettre qui vient de loin ; celle que le bel officier lui a envoyé, sitôt rentré dans son pays, pour lui dire, lui dire…     Quoi au fait ? Et bien que lors de son prochain voyage vers l’Amérique, elle, sa femme devant Dieu et les hommes, se tiendra près de lui, en route pour une vie pleine de bonheur, d’enfants et de ces nouvelles inventions qu’on appelle automobiles…

     … On aimerait .Mais non.

Inexorable comme le destin, le coupe-papier va se transformer sous nos yeux en sabre de samouraï.

 El Pé

 

Tornai Geisha 1904

wikimédia

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Fangataufa, mars 1970, Bâtiment Base Médoc.

Tout l’équipage est sur le pont. Nous sommes alignés les uns à côté des autres, l’air grave, emplis de tristesse, écoutant le prêtre célébrant la messe en leur honneur. Comme nous tous, j’ai les larmes aux yeux, et je pense à lui.

Je ne me souviens pas de son nom, à peine de son visage, mais je sais qu’il n’avait même pas 20 ans, qu’Il était rieur et ravi de son affectation sur un sous-marin. Je l’ai connu à l’école des commis aux vivres où il était avec nous pour apprendre à faire le pain, car sur les sous-marins, c’est le commis qui fait office de boulanger. Je ne sais plus s’il avait choisi cette affectation ou s’il n’y avait plus d’autre choix, mais sa bonne humeur et son excitation à l’idée d’embarquer faisait plaisir à voir.

Quand il est parti, je ne l’ai jamais revu et je n’en ai plus entendu parler jusqu’à ce jour. Il a dû monter à bord, le sourire aux lèvres, dans un port du Midi, pour une simple patrouille. Il n’est jamais revenu.

C’était il y a quelques jours, le sous-marin, c’était l’Eurydice, et aujourd’hui, cette messe à laquelle nous, marins du Médoc, dans la lointaine Polynésie, assistons, c’est pour rendre hommage à tout son équipage, 57 hommes portés disparus.

Gill

 

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Le président de la république a déposé un crayon sur le cercueil, bien en évidence. Jean d’o s’est retourné doucement, sans faire de bruit, étouffant tant bien que mal les grincements des planches :

« Voyons, le public est massé vers la gauche, Si je soulève doucement le couvercle à droite, juste de quoi passer la main pour attraper le crayon, personne ne verra rien » :

 

 Jean d’o jette un coup d’œil à sa montre gousset : c’est long, c’est interminable, ennuyeux comme une séance à l’académie française ! Le couvercle s’entrouvre, deux yeux bleus immaculés d’azur, malicieux, observent la foule : tout ce noir ! Ça reste là, ça bouge pas, rien pour attirer le regard ! Ah si, peut être le bracelet en perles de la dame, juste devant ! Jean d’o glisse sa main en dehors de la boite, tâtonne, c’est doux une perle, ça y est, je l’ai ! Hé hé ! »

 

Le bracelet rejoint la poche de l’académicien !

 

Louis

 

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              BONNE-MAMAN

 

 

Bonne-Maman ! Que de souvenirs !

 

Le Crotoy, la baie de Somme, le lilas de mer, les baignades, les

Goûters  sur  le  sable  chaud , le  réveil avec la  bonne  odeur  de chicorée et de tartines grillées qui vous chatouillait le nez.

 

Bonne-Maman, toujours de bonne humeur, la maison pleine de petits-enfants pendant les vacances.

Elle était institutrice, tout comme sa sœur l’était, tout comme je le suis devenue !

 

Il y avait toujours un petit coin tranquille où faire les devoirs de

vacances, un porte-plume, de l’encre, des buvards, des cahiers ….. et Bonne-Maman, gentiment penchée sur notre épaule, nous

guidait, nous expliquait. Elle m’a appris à lire lorsque j’avais 4

ans. Elle m’a donné envie d’apprendre, elle a éveillé ma curiosité. Nous l’écoutions, bouche bée, nous lire les aventures de l’âne Cadichon, du Général Dourakine et de Robinson Crusoé. Nous avons ainsi voyagé des après-midi entiers bercés par ses lectures.

 

En été les marées n’avaient plus de secret pour nous, les crevettes ne nous résistaient plus, de retour à la maison on se régalait de bigorneaux que l’on sortait de leurs coquilles avec une épingle et de coques fraîchement trouvées dans la vase. Les meilleures bâches étaient cartographiées dans notre cerveau, ces trous d’eau tiède lors de la marée basse faisaient

notre joie, on s’y jetait, on s’ébrouait…

 

Bonne-Maman !  Que de souvenirs !!!

 

 

Christine

 

PScrotot9203

wikimédia

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