Rêve de célébrité pour la journée de la femme

 

Pour nous associer à la journée de la femme,

Écrivons sur trois papiers les noms de trois femmes célèbres et mélangeons-les pour faire un pot.

Puis tirons chacun(e) un nom au sort, et en 20 minutes écrivons un texte commençant par

« La nuit dernière, j’ai rêvé que j’étais…….. nom tiré au sort »

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Juliette Greco October 1951 2

wikimédia

 

Juliette Gréco

 

La nuit dernière, j’ai rêvé que j’étais Juliette Gréco. Tout au moins, c’était le nom que je portais. J’étais une jeune fille brune, aux longs cheveux raides, avec le nez légèrement busqué, qui s’habillait toujours d’une robe noire, sans aucune fioriture.

 

Je rêvais que je voulais devenir chanteuse, mais j’avais une voix rauque et sans grâce, des gestes empotés et une timidité maladive qui me paralysait dès qu’on me regardait. Il faut avouer que ma carrière était mal partie. Pourtant, j’insistais, je courais d’un concours de chant à un autre, je me ruinais en cours de solfège, de chant, de diction afin de pouvoir proposer mes talents à qui voudrait bien m’écouter. Personne ne voulait m’engager, personne ne voulait croire en ma future célébrité. Trop mal coiffée, trop moche, trop gauche disait-on. Je me faisais même refaire le nez, mais cela ne changeait rien à l’affaire et j’étais désespérée.

 

Quand je me suis réveillée, j’étais en train de me préparer en sanglotant à une vie d’anonymat, aussi……. quand le téléphone a sonné et que j’ai entendu une voix amie dire : « Allo Juliette, ma chérie, comment vas-tu ce matin ? » j’ai poussé un soupir de soulagement. Ce n’était qu’un affreux cauchemar ! Moi, LA Juliette Gréco, toujours aussi célèbre après tant d’années, MOI, j’étais là, et là encore pour quelques années, je l’espérais.

 

Gill

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Les droits des femmes

 

La nuit dernière je rêvais que j’étais Christiane Taubira: je porte en moi et sur moi l’espoir de tout un peuple, pas celui qu’on croit : des remarques désobligeantes vont fuser tout à l’heure dans l’hémicycle, comme d’habitude, des sifflets , des insultes, des insinuations sexistes et racistes; j’appelle à moi Louise Michel, Simone Veil et les autres, j’appelle à moi les trois athlètes de Mexico, noirs , Barack Obama ,noir, et tous les anciens esclaves noirs ,ils sont là , je le sais, avec moi, ils me portent , lève-toi, debout, marche d’un pas assuré vers le micro, face à tous les encravatés .Les fixer du regard, les défier. Lors de l’élection de Barack Obama , un journal avait titré d’un génial:« ‘l’Amérique a grandi: elle n’a plus peur du noir». C’est à moi maintenant de faire grandir l’assemblée nationale, d’amener à l’âge adulte ces gamins, qui ne font que reproduire ce qu’ils ont vu et entendu depuis des siècles. Je prends la parole, je toise du regard un député qui étouffe une invective mais dont les lèvres gardent encore l’empreinte du mot « singe ».

Je parle, j’appuie bien sur les consonnes, je les fais sonner comme autant de cymbales , ça frappe, ça cogne, ça impose le silence.. un flottement, une hésitation, puis les applaudissements. L’assemblée nationale a grandi, elle n’a plus peur du noir. Il reste encore à l'éduquer pour qu'elle n'ait plus peur des femmes.

 

Louis

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