Chères années folles

 

Cherchez 6 mots en rapport avec la folie.

Utilisez-les dans un texte dont le thème sera

 

« les  années folles »

 

Vous pouvez écrire en prose, en vers,  faire un acrostiche ou un abécédaire

 

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LA LETTRE D’HOSSEGOR

           

         Ma chère Eugénie,

 

         Je t’écris du Grand Hôtel d’Hossegor, je sais nous sommes partis si soudainement, sur un coup de folie de Lucien pour fêter mon anniversaire. Quel bonheur de filer sur la route comme des foldingues pour arriver à l’heure au spectacle de Joséphine Baker à Biarritz. Te rends-tu compte nous roulions avec l’Hispano-Suiza à plus de 100 kilomètres/heure, des fous-furieux, je t’assure! Bientôt je passerai mon permis de conduire avec l’aide de Lucien, il n’est pas trop d’accord mais j’insisterai dans « ma folie-douce » comme il dit. Selon lui les femmes n’ont pas besoin de conduire, «Regarde un peu ce qui est arrivé à Isadora DUNCAN !»Il supporte mal cette influence nord-américaine, cette effervescence artistique, cet art nouveau : l’art déco aux formes géométriques et aux couleurs contrastées et encore moins cette nouvelle musique« d’aliénés ».Moi,  J’ADOOORE : - le Charleston et le Jazz - quel plaisir de danser et de s’amuser follement jusqu’au petit matin. Tu seras très surprise mais je porte les cheveux courts à présent, je sais encore une divagation. Et pour mes 30 ans…. un nouveau délire, Lucien m’a offert un serre-tête en strass avec une splendide aigrette, un sautoir ravissant, un superbe éventail en plumes d’autruche et un porte-cigarette. C’est très à la mode de fumer pour les dames maintenant. Nous avons loupé Marlène Dietrich au Casino, mais juste après nous avons rencontré Melle Coco Channel dans une soirée. Il y avait l’orchestre de jazz de Sydney Bechet, et Coco était extravagante en marinière et pantalon. Tu ne peux pas imaginer ce brassage de culture, cette diversité de genre et de couleurs. Nous étions présents aux vernissages des nouveaux peintres à la mode Fernand Léger, Picasso, Modigliani et les autres quelle fascination pour la couleur, les formes, ce style si différent, hallucinant  tout de même ! Toute la Jet Set était présente. Pour sortir, j’ai de nouvelles robes. Quel bonheur de jeter les gaines, les guêpières et les corsets, enfin une mode qui libère le corps avec des lignes souples, des tenues épurés et confortables. Bien sur le nouveau « look à la garçonne » est un peu déconcertant mais ne sera qu’une toquade passagère. Mais les créations de Jeanne Lanvin, Patou ou Poiret sont divines avec des tissus à franges, légers, brillants, colorés et brodés de perles, de plumes, de paillettes, c’est affolant. Et en plus - des gants immenses dépassant le coude– quelle lubie !!!

Cette saison mondaine, tout est fait pour l’amusement et le plaisir, même les ourlets remontent vers le genou et découvrent les chevilles, c’est tellement plus facile pour danser. Bien sur Lucien a profité du golf d’Hossegor qui vient d’ouvrir, pour moi ce n’est pas tellement folichon aussi je me promène aux « bains de mer » avec quelques connaissances parisiennes.

Très chère amie, je t’invite à venir nous rejoindre quelques jours si tu le souhaites avant fin Juillet.

         Je t’envoie mes pensées amicales et j’ai hâte de te voir pour tout te raconter,

                                      Ta chère Marguerite

        

M-Christine

 

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Image par Anemone123 de Pixabay

 

 

        Pendant les années folles du Covid, mon imagination, que les poètes nomment «  la folle du logis » erre à la recherche d’un avenir imprévisible.

    Est-ce que je vais rester confinée dans un enfermement terrible ? Pourrai-je enfin partir pour un pays heureux, terre d’asile pour gens déboussolés ? Devrai-je consulter un psychiatre pour échapper à la démence proche ? Est-ce que je vais cesser de délirer sur les délices d’antan ? La paranoïa va-t-elle m’amener à tuer le chien aboyeur du voisin ?

     J’ai peur, je déprime, j’angoisse, je stresse pour tout pour rien…

              A l’aide ! Au secours !

   Line

 

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Image par Calen Sindar de Pixabay

 

 

C’EST   FOU !

        Francine et Françoise. C’étaient les prénoms que les heureux parents avaient donnés à leurs jumelles. Des vraies. D’ailleurs, cela se voyaient au premier coup d’œil, tant elles se ressemblaient.

  Elles grandirent, se marièrent, et le même jour, eurent chacune une fille qu’elles prénommèrent Annie. Très vite, les petites se mirent à terriblement ressembler à leurs mères, donc, en toute logique, à se ressembler au point qu’il était quasiment impossible de différencier les deux cousines.  Cet effet/miroir à quatre faces ne pouvait que conduire chez un  psychiatre. Et c’est hélas ce qui se produisit.

Annie A  fut atteinte de névrose obsessionnelle un 14 Août, sans que l’on ne puisse jamais en déterminer l’origine. Etat qui se traduisit aussitôt par une succession de tocs (vérifications compulsives, lavages de mains permanents, etc.) qui n’amusent d’ordinaire l’entourage que le premier jour de leur apparition.

A propos d’apparition, le lendemain, un 15 Août donc- et lors de sa procession-celle de la Vierge ne cessa plus de hanter Annie B. Un expert dûment consulté diagnostiqua sur le champ  une psychose hallucinatoire invasive galopante.

Ce qui n’était pas rien, vu que le délire s’accompagnait généralement et sans logique apparente de chants militaires et de cris d’animaux.

Mais comme les deux pauvres filles hormis ces petits soucis, ne causaient de tort à personne, elles purent vivre sans histoires dans leur maison de famille. Seulement, jusqu’à leur mort, on ne les connut dans le village que sous le nom des « Annies Folles »

Oups, je viens de m’apercevoir que le thème de la consigne est en réalité « les ANNEES Folles » ! Je recommence tout ? Ah non, tant pis. Ce serait un boulot de dingue !!!

El Pé

 

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Jean Béraud, Public domain, via Wikimedia Commons

 

 

La reine des Catherinettes

En ce jour d’hiver 1938, j’époussetais les cadres, sur la cheminée, quand mon regard s’arrêta sur l’un d’eux, abritant la photographie d’une jeune fille coiffée d’un chapeau particulièrement extravagant, moi, il y a près de vingt ans.

Sur ce cliché, je viens juste d’avoir vingt-cinq ans, je ne suis pas encore mariée, mais ce célibat n’entraine chez moi ni mélancolie, ni dépression. Je ne souffre pas de névrose obsessionnelle du mariage. Après avoir été arpète dans la maison de Madame Jeanne Paquin, je fais maintenant partie de l’atelier couture depuis plusieurs années et aujourd’hui, c’est le 25 novembre, le jour de la Sainte-Catherine, grande fête des filles célibataires ayant dépassé mon âge. Toute Catherinette se doit de porter un chapeau où dominent   le jaune et le vert, fruit d’une collaboration de toutes les ouvrières de l’atelier. Nous sommes trois, elles ont donc confectionné trois chapeaux. Le mien est une large capeline surmontée d’un savant échafaudage de fleurs, papillons, oiseaux et rubans.

Ce fut une journée de folie, dans la plus pure tradition de l’époque où cette fête était annoncée par les journaux, Le Gaulois, L’Écho de Paris…..et prenait une ampleur considérable, envahissant la rue. Le matin, procession pour aller fleurir la statue de Sainte Catherine, à l’angle des rues de Cléry et Poissonnière, puis office en l’église de Notre-Dame de Bonne Nouvelle. L’après-midi, participation à un cortège joyeux et bruyant, dans les rues de Paris. C’était du délire ! il ne fallait surtout pas souffrir d’agoraphobie. Puis après un dîner succulent, empreint de bonne humeur et de gaieté, départ pour le bal des Catherinettes, celui du Moulin Rouge où nous nous sommes déchaînées sur ces nouveaux rythmes venus des États-Unis, charleston,  fox-trott….Nous devions ressembler à des aliénés en pleine crise. L’occasion pour les demoiselles décomplexées que nous étions, dans cette atmosphère de promiscuité et de rapprochement, de rire et de plaisanter, de marivauder, de chercher l’âme sœur, et peut-être de trouver le futur mari idéal. Puis est venu le moment de l’élection de la reine des Catherinettes, coiffée du plus beau chapeau, et….J’AI gagné cette élection ! d’où la photo, immortalisant ce merveilleux moment. Je ne me souviens plus de la valeur du prix mais je sais qu’il m’avait rendue très fière et très heureuse.

Comme à chaque fois que me revient ce souvenir, je sais que je vais obéir à un rituel : sortir le carton de l’armoire, soulever lentement le couvercle, écarter précautionneusement le papier de soie protecteur, sortir le chapeau presque religieusement, le regarder avec attendrissement, puis refaire les gestes à l’envers, soigneusement, avant de le ranger jusqu’à la prochaine fois.

Pendant dix ans, la Sainte-Catherine fut à l’image de cette période où la fantaisie, la liesse publique, les débordements étaient de mise, jusqu’à la grande dépression qui a amené notre époque. Alors, j’ai plaisir à me souvenir de ces « années folles » car j’ai bien peur que l’avenir nous réserve de bien tristes épreuves.

Gill

 

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Image par Angela Rose de Pixabay

 

 

 

Les années folles

 

Elle était un peu frivole

Au temps des années folles

Adorant la fête

Avec son bal musette.

Le bibi et sa voilette

La voilà fin prête.

Dansant toute la nuit

Avec tous ses amis,

Le charleston et la java

La rendait un peu fada.

Elle est un peu zinzin

Disaient certains coquins

 

Bien des années ont passé

La jeune femme s’est ridée

Souvent perdu dans ses délires

Elle se surprend à sourire.

Les médisants la traient de sénile

Elle est juste un peu fragile,

Ne parlez pas d’asile, ni d’aliénation

Elle n’a point perdu la raison.

Chut ! pas de bruit

Elle s’est assoupie

 

Louisa

 

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