La machine à explorer le temps

Vous entrez dans une machine à explorer le temps et appuyez sur les commandes. Vous vous retrouvez à une époque différente. En 25-30 minutes, racontez. Votre texte devra comporter quatre mots choisis au hasard dans des livres :

            Aube    mouchoirs    relative    tard

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Julien avait été fortement marqué par « Retour vers le Futur ». Le Film.

 

C’est certainement ce qui détermina plus tard sa vocation de physicien. Modeste thésard dans une équipe de chercheurs au CNRS- branchée sur les nanoparticules mais cela n’a pas une importance primordiale pour la suite du récit-il fabriquait dans le garage de ses parents, en grand secret et à ses heures de loisir une machine à explorer le temps.

 

    N’ayant malheureusement pas à sa disposition une De Laurean, il avait tant bien que mal bricolé sa vieille Deux Chevaux-héritée de sa grand-mère- et, alors que ce dimanche matin s’annonçait plutôt brumeux, il décida soudain de mettre son invention à l’épreuve.

 

     A peine installé derrière le volant, il opéra sur le tableau de bord quelques réglages spatio-temporels, rendus assez aléatoires compte tenu du caractère plutôt spartiate du véhicule, inspira un grand coup, mit le contact…

 

    Il y eut un éclair aveuglant et avant même de dire « Ouf », de deuche et pilote se retrouvèrent sur l’herbe d’un pré noyé par la brume dans ce qui semblaient être les premières et timides lueurs d’une  aube  naissante.

 

    Julien chaussa ses lunettes alors que dans le même temps de courageux rayons de soleil parvenaient à traverser les nuages, ce qui eut pour effet immédiat de dévoiler un bien étrange spectacle.

 

   A l’évidence, deux hommes venaient de se battre en duel car les pistolets qu’ils tenaient fumaient encore. L’un d’eux, ressemblant férocement à Barry Lyndon (dans le film de Kubrick) appuyait contre sa cuisse gauche un mouchoir taché de sang.

 

     « Mince alors, j’ai débarqué en Irlande au XVIIIème siècle !! » hurla, fou de joie, l’imprudent jeune homme. D’autant plus imprudent que, jaillissant de la voiture, il s’avança de quelques pas, désirant, muni de son portable, prendre la scène en photo sous son meilleur angle.

 

     Hélas ! Miraculeusement réconciliés, les duellistes en jabots de dentelles ainsi que leurs quatre témoins tout de noir vêtus accourraient vers lui, animés, à première vue, d’intentions rien moins qu’amicales. Le sosie de Barry Lyndon surtout, dont la gravité de la blessure, finalement, se révélait toute relative.

 

 Julien n’attendit pas de faire plus ample connaissance avec ces gentlemen. Il se précipita vers sa machine et ne prit même pas le temps de s’assoir avant d’actionner les manettes tandis que six visages patibulaires se pressaient déjà contre les vitres. Puis ce fut l’éclair blanc et par bonheur le retour au point de départ.

 

     Il s’aperçut alors, avec une consternation bien compréhensible, que son portable avait disparu, tombé sûrement au cours de sa fuite. Quel dommage ! De toute façon, il était trop tardpour faire demi-tour, d’autant que la bagnole avait pété une durite. N’empêche, grâce à lui, quelqu’un recevrait peut-être bientôt un appel venant du passé ! Brusquement, à l’idée qu’un possible paradoxe temporel était sur le point de s’accomplir, le pauvre garçon fut empli d’effroi, puisque tout le monde le sait, n’est-ce-pas, ce genre de chose entraine inexorablement la fin du monde. Mais il se ressaisit assez vite cependant, pensant, à juste titre, que jamais des contemporains de Louis XV ne découvriraient comment faire fonctionner cette petite merveille de la technique moderne qu’est un I phone.

 

      Julien fit réparer la voiture et peu après, son second voyage l’emmena au cœur du XXVIIème siècle. Vous et moi aimerions beaucoup connaitre le récit de cette aventure, naturellement. Mais çà, comme dit le papa de Mowgli, çà, c’est une autre histoire.

 

           El Pé

                                                             

 

 

 l'aube  de toute cette technologie moderne , le nouveau millénaire , l'ère fantastique , nouvelles inventions, changements si rapides , pour une ancienne comme moi , qui n'arrive ni à maitriser ,ni à suivre , alors j'ai inventé ma propre machine , un engin qui doit me permettre d'explorer le temps à mon rythme ; je laisse aux radoteurs  qui pleurent le temps de leur jeunesse , sortir leurs  mouchoirs , il faut savoir  relativiser , après tout il n'est jamais trop tard pour se lancer, et là, je suis toute excitée à l'idée du grand départ , je suis curieuse  de voir ce que je vais découvrir si ma folle invention se met en route , alors j'appuie sur les pédales et je me sens soulevée et emportée a une vitesse vertigineuse qui me fait traverser les nuages ; hourra je vole !!!!!, la tête me tourne , tel un fétu de paille tournoyant dans l'air , je fonce surement vers une nouvelle planète , j’ai l'impression de  ne plus rien contrôler, mes pieds perdent les pédales et dans une terrible secousse qui me font reprendre mes esprits, j'ouvre les yeux un peu secouée , et ébahie , je regarde autour de moi ; ma parole ; je suis au paradis, un air léger me caresse le visage, j'entends des oiseaux chanter , je sens la douceur du soleil sur mon corps , tout n'est que beauté et lumière , quel beau jardin , des parterres de milliers de petites fleurs de toute les couleurs tapissent le sol , des arbres fruitiers minuscules croulent de fruits juteux si j’en juge  par les abeilles qui les butinent , dessous j’aperçois circulant , gais et  insouciants tout une foule de petits êtres , tout a l'air d'être fait pour des enfants ici , des chalets de couleur vive semblent abriter des humains hauts comme trois pommes et cette piscine ; mais je rêve, ce sont des lilliputiens qui se baignent , ils sont si petits , et je réalise que j'ai atterri sur une planète de nains , où  tout est à l'échelle de leur taille , je ne peux absolument pas descendre de mon engin, je vais tout piétiner , si je marche avec mes pieds géants , je vais les écraser , ces malheureux ; baissant les yeux, je sens des chatouillement sur mes chevilles , ils grimpent sur mes jambes , ils veulent me toucher , mais je n'ose pas ouvrir la bouche, rien que le souffle de ma voix va les affoler  et les faire chuter au sol , je ne veux pas , il faut que je fasse redémarrer mon engin avant de provoquer une catastrophe , dans la si belle harmonie de ce peuple ou ils vivent si tranquilles , vite, une petite secousse des pieds les fait fuir et, dans un coup de pédale, je sens que je prends de la hauteur ouf !!!!!!, je respire , j'espère pouvoir retourner sur ma planète  sans soucis , mais je renouvellerai l'expérience et  d'abord pour maitriser la direction de mon engin , je vais me pencher sur l'apprentissage de toutes les nouvelles technologies  qui nous donnent à tous la fabuleuse envie de vivre pour découvrir encore et toujours .
Rina

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EXPLORER LE TEMPS

 

Je suis sortie de ma machine à explorer le temps à l’aube. Je ne reconnus plus ma ville dont les rues avaient rétréci ou disparu. Les immeubles haussmanniens étaient remplacés par des maisons en torchis et à pans de bois, et qui s’étaient rapprochées de façon indécente, laissant franchir d’une fenêtre à l’autre des quolibets ou des poses hardies, des images de personnes avinées, plus ou moins dénudées. Je pataugeais au milieu de la ruelle, au milieu d’une foule bigarrée, dans un cloaque nauséabond, évitant de justesse des contenus de seaux balancés depuis les étages.

 

J’errais comme une âme en peine tout le jour, n’arrivant pas à capter les sujets de conversation dans un français farfelu, tronqué, imagé, ou bafoué.

 

Où suis-je tombé ? Me dis-je, pas en pays étranger, les trognes ressemblant relativement à la mienne. Le soir avançait à grand pas. Les chandelles allumées dans les maisons m’incitaient à franchir une porte avant qu’il ne soit trop tard.

 

Le froid commençait à engourdir mes membres. Je sentais la crève m’envahir. Mon nez coulait, et j’avais utilisé mon stock de mouchoirs. Je m’essuyais avec la manche de ma veste.

Je débouchais sur une place de marché où se mêlaient les marchands de légumes, de volailles, d’œufs, de soupe, et divers camelots hélant les passants.

 

Sur une charrette-estrade officiait une troupe de théâtre qui déversait des tirades captivant les spectateurs. Je fus clouée de surprise : Jean-Baptiste Poquelin lui-même, et sa suite d’acteurs, déclamant leurs rimes sataniques !                                                                        

Mouty

                                                            

 

 

Voyage d’anniversaire

Je me suis levé à l’aube  et il n’est pas tard quand je monte dans la machine à explorer le temps construite par mon grand ami, le docteur Euréka. Mon impatience est relative  car je sais depuis longtemps que je dois attendre le jour de mon 17ème  anniversaire  pour y monter, ce que j’ai fait patiemment. Ce jour est arrivé et avant d’en franchir le seuil, je m’éponge le front avec mon mouchoir et je m’installe, faisant un petit signe au professeur.

 

Porte fermée, je mets en marche, le cœur battant, et pousse sur le levier doucement, puis de plus en plus fort. J’ai l’intention de remonter très loin  dans le temps, pour voir à quoi ressemblait mon quartier, des siècles auparavant. Quand, estimant mon voyage suffisamment long  je veux remonter le levier, impossible d’y parvenir ; ce n’est qu’après un temps qui me paraît interminable  que le levier remonte seul et que la machine s’arrête.

 

Je sors, un peu étourdi, et me trouve dans un décor splendide : verdure, fleurs odorantes aux couleurs magnifiques, lacs, cascades, au loin, l’océan d’un côté, les montagnes de l’autre. Spectacle idyllique pour moi qui n’ai eu pour univers qu’une barre HLM de banlieue ; Des animaux déambulent tranquillement sans se soucier les uns des autres ; Chaque espèce est représentée ; je n’en ai jamais vu autant cohabiter dans la plus parfaite harmonie. Mais pas d’humains ! Où sont-ils donc ? Tiens, un chemin. J’y vais. Tout au bout, un homme de dos, à la haute taille et aux cheveux argentés, penché sur un ouvrage  qui semble particulièrement délicat.

 

Je m’approche. « Bonjour », dis-je ; L’homme se retourne et laisse entrevoir son œuvre. J’en suis stupéfait : un jeune homme est là, allongé sur une table, semblant dormir.

« Il est beau n’est-ce pas, Bientôt il sera en mesure de vivre et je lui donnerai une compagne. A eux deux ils peupleront ce beau monde  que j’ai déjà créé et feront de très belles choses. Mais dis-moi, toi qui viens de loin, la vie est-elle belle, à ton époque. Raconte-moi ce qui va se passer pour mes créatures et leurs descendants ».

 

Alors je me remémore mes cours d’histoire à l’école et je raconte à l’homme aux cheveux d’argent les disettes, les épidémies, les crimes, les guerres, les attentats, les armes de destruction, enfin tout ce que je sais sur ce que les hommes ont fait au cours des siècles. Attristé tout à coup, il me regarde, puis tourne la tête vers sa créature en attente de vie et me dit : « ce que tu me dis est bien loin de ce que je pensais et désirais. Je ne sais pas si je dois poursuivre ». Puis il se retourne et le dos courbé reste immobile, semblant se plonger dans une réflexion qui ne fait que commencer.

 

Alors je me précipite derrière lui et lui débite en bloc, pêle-mêle les courageux, les charitables, les progrès de la médecine, la découverte des vaccins, la beauté des arts, le rire des enfants, les grandes inventions,  Mère Térésa, L’abbé Pierre….. Parce que tout d’un coup, j’ai envie de pouvoir rentrer à mon époque.

Alors dans ses yeux je vois une lueur d’espoir.

 

Gill