Souvenir, souvenir.....

 

"Je me souviens des coups de règle de fer sur les doigts

Je me souviens des vaccinations en collectivité

Je me souviens de la mort de Brassens..."

Comme Georges Pérec, nous avons tous des souvenirs très marquants qui sommeillent  dans notre mémoire.

En citer cinq (ou plus) puis en choisir un pour le développer sous forme de récit, poème, chanson...ou autre.

 

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Saxifraga umbrosa a3

wikimédia

 

 

JE ME SOUVIENS

 

-      – Je me souviens de l’odeur de l’encre dans la bouteille en verre que la meilleure élève de la semaine versait dans les encriers des bureaux en bois le lundi matin.

 

-      – Je me souviens de mon short rose et de sa fée brodée sur la poche que je portais quand ma mère lisait en larmes le télégramme bleu annonçant le décès de ma mémé Françoise.

 

-      – Je me souviens de mes nouveau-nés endormis contre mon sein, de l’odeur de bébé, de la finesse de la peau, de la petite bouche, des joues veloutées, des minuscules petits doigts…

 

-   – Je me souviens de la soirée « surprise » au Moulin Rouge l’an dernier. Repas et spectacle, les costumes étaient magnifiques, des plumes, de la couleur, des strass, une revue superbe.

 

-      – Je me souviens du jardin de ma nourrice, des fleurs, des arbres fruitiers, des légumes, de la glycine et du gros tilleul abritant notre cabane-château à Guillaume et moi.

 

LA CABANE DU JARDIN

 

J’ai habité dans une ancienne gare à la campagne pendant 6 ans dans une famille d’accueil qui gardait aussi un autre enfant Guillaume, nos mamans travaillaient pour nous élever seules.

On s’entendait très bien tous les deux il était mon chevalier et moi j’étais une princesse. A cette époque, point de télévision, point d’écrans de toutes sortes, on jouait dehors, les poules, les chèvres et les chiennes nous surveillaient. Dans le grand jardin devant la maison, il y avait plein de plantations de légumes, des arbres fruitiers, une glycine, une petite fontaine et des grands tonneaux et bassines pour récupérer l’eau.

Nous avions construit avec l’aide de Dédé, dernier enfant de la famille nourricière un peu plus vieux que nous une belle cabane avec des planches, de vieux rideaux et des canisses contre un gros tilleul. C’était un gros château fort que Guillaume surveillait prêt à attaquer les ennemis qui voulaient nous voler notre trésor bien sûr. Les chiennes Bella et Dolly (à l’époque tous les chiens portaient les mêmes noms) étaient des soldats vaillants et nous protégeaient. Je sais à présent qu’elles nous accompagnaient pour vadrouiller dans les champs de fraises et en manger à volonté. J’avais installé mon unique poupon avec sa petite chaise dans la cabane et les soldats en plastique ainsi que les chars et les camions de l’armée de Guillaume assuraient la sécurité des lieux.

Mais un jour, une catastrophe arriva, en revenant de goûter, nous avons retrouvé mon beau poupon, les soldats et les camions de Guillaume recouverts de crottes et de fientes de poules. Malheureusement les gallinacées avaient envahi notre château !!! après bien des pleurs, les jouets furent récupérés et lavés et plus tard une autre cabane avec une porte fût construite sous la glycine.

Je garde un bon souvenir comme auréolé d’un nuage scintillant de cette cabane et de ce jardin plein « de lilas d’Espagne, de désespoir du peintre, de roses trémières géantes », noms que je trouvais magnifiques et qui me faisaient rêver.

 

          M-Christine

 

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Image par VIVIANE MONCONDUIT de Pixabay

 

 

Je me souviens… des 45 tours/ … Des jupons gonflants /… Du jingle S L C Salut Les Copains/ … Des images « Histoire de France » dans les paquets de biscottes/ … Des cerceaux de Hula-Hoop

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Je me souviens des 45 tours

 

       Et surtout du premier. Mais pour raconter cette histoire, je dois remonter assez loin…jusqu’à l’enfance de mes parents. Hasard ? L’un et l’autre avaient appris à jouer du violon dans leur jeune âge, mais n’en n’avaient, à priori, pas gardé un excellent souvenir, car la musique n’occupait guère de place à la maison. Certes, ma mère chantait comme un rossignol des airs d’opérettes dans  la cuisine mais cela s’arrêtait là.

      Aussi, quelle ne fut pas ma surprise un matin de Noël, de trouver dans mes souliers un électrophone. Pas une machine à manivelle, non !! Un vrai, électrique avec haut-parleur incorporé dans le couvercle. Ô joie !! Aussitôt douchée  en découvrant les deux 33 tours qui l’accompagnaient : l’un d’Yvette Horner, l’autre d’Aimable, autrement dit deux stars de l’accordéon. Au bout de vingt quatre heures, j’avais une indigestion de « fraises, de framboises et de petit vin blanc…et remisai le bel appareil sous ma table de nuit, attendant des jours meilleurs.

     Qui ne tardèrent pas à venir.  En effet, mon anniversaire coïncidant avec le Jour de l’An, je reçus pour mes quatorze ans des étrennes conséquentes. Youpee !!  Evidemment, dès le lendemain je courus chez l’unique disquaire de la ville –Monsieur Tari pour ne pas le nommer- Ah, le cher homme ! Je le bénis encore aujourd’hui d’avoir si judicieusement guidé mon choix !

     Il ne sourit pas, ne prononça pas le moindre mot  en m’entendant lui demander, d’une voix altérée par l’émotion : «  Quelque chose de bien moderne, s’il vous plait Monsieur ».  Il me tendit simplement un 45 tours. Sur la pochette blanche, on pouvait voir, armé d’une guitare, un gars au déhanché spectaculaire. En haut et en gros était écrit « Tutti Frutti » et plus bas et en plus petit « Blue suede shoes ». Je payai, le cœur autant rempli de curiosité que de gratitude  et courus d’une traite jusqu’à la maison.

     Dès les premières mesures de Tutti Frutti, soit : Ey-oua-ga-doudou-a  Badabemboum, ce fut comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mes parents, tétanisés, réalisaient qu’une nouvelle génération était en train de prendre le pouvoir …

     …quant à moi je tombais sur le champ éperdument amoureuse d’Elvis, en particulier et du Rock en général. For ever.

   El Pé

 

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- Je me souviens de mon premier jour d'école, où la gorge serrée, ma main dans celle de mon Père, je rencontrais cette étrangère, qui était grosse et blonde, ne ressemblant en rien  à ma maman, mais avec laquelle on me laissa discrètement. Puis les jours suivants la découverte de la grande boite de boules de pâte à modeler, et le séances de "piquage" où nous devions détacher de leur support, à coup d'aiguille, des papillons et d'autres animaux .

Cette classe claire, décorée d'enfants heureux et rieurs. Tout était magique.

 

- Mon premier environnement, où vers l'âge de 2 1/2 ans, après la pluie, je découvris les odeurs d'herbe fraîche et de terre mouillée. La treille de raisin noir, où assise sur la marche d'un petit escalier, ma maman me coupait une superbe grappe, qu'elle me tendait accompagnée d'une tranche de pain frais, généreusement beurrée,  quel délice !.

 

- La magie des matins de Noël, où dans la semi-obscurité, ma sœur et moi, nous découvrions nos cadeaux. Cette année-là, deux magnifiques poupons géants en celluloïd, habillés l'un de rose et l'autre de bleu, nous tendaient les bras. Tous deux assis délicatement  sur les fauteuils d'un salon d'enfant.

 

- Le 11 septembre 2001 - L’horreur absolue. Nous arrivions de la plage, et nous fûmes devant l'écran de télévision, les témoins en direct, sidérés, de voir les deux Boeings fonçant sans retenue, dans les deux tours du "World Trade Center" à Manhattan. Après  quelques minutes interminables, les personnes encore vivantes agitaient des morceaux de tissu blanc afin de signaler leur position, aux sauveteurs. Les autres, se défenestraient, dizaines de marionnettes, tourbillonnant, désarticulées, happées dans l'espace, tels des insectes dans le vent. Puis ce fut l'effondrement, masquant le tout, dans un fracas surréaliste, et une poussière dense.  

Ces images resteront à jamais gravées dans ma mémoire.

 

-  L'envie d'autres cieux, à l'âge de 22 ans, le voyage un peu fou, 2 1/2 jours (si je me souviens) dans le train -   Paris - Athènes, "Orient Exprès" mais pas le train luxueux portant le même nom,  à l'âge où je fis ce voyage, je n'en n'avais certainement pas les moyens. Mais quelle  aventure !

 

Christine

 

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Image par Bob Dmyt de Pixabay

 

 

Je me souviens de mes vacances  d’adolescente, entre amis à la campagne.

Je me souviens de l’amour de la terre de mon grand père.

Je me souviens d’une absence.

Je me souviens la première fois que j’ai pris l’avion.

Je me souviens de la bonne cuisine de ma grand-mère.

 

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Je me souviens des éclats de rire.

De nos chansons, nos délires.

Nos parties endiablées aux jeux de ballons.

                                          Les filles contre les garçons                                          

Qui finissaient toujours par des tas de discours.

Puis Léo, le musicien du groupe.

Avec sa  guitare animait nos soirées.

Nous n’avions pas le sou, qu’importe, on s’amusait de tout.

Nous étions les rois du monde.

A l’âme vagabonde.

                                        De cette grande complicité                                        

                                        Était née une véritable amitié                                       

                                Qui perdure encore aujourd’hui                               

Malgré, les aléas de la vie.

Louisa

 

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Rue de Rivoli Hotel Marine 4293

wikimédia

 

 

 

 

Je me souviens….

…des chars qui remontaient l’avenue après le défilé du 14 juillet.

…d’une représentation du Cid au TNP avec Gérard Philippe

…de mon premier vol en avion pour aller à Oran

…du jour où j’ai pris le métro seule pour l’entrée en 6ème.

…des promenades dans Paris avec ma mère

 

 

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Les promenades du jeudi

 

Quand j’étais enfant, le jeudi après-midi, ma mère m’emmenait en promenade dans le centre de Paris. C’est toujours avec émotion que je me souviens de ces moments de plaisir.

Nous prenions l’autobus 69 jusqu’à l’Hôtel de ville. J’aimais ces trajets en bus qui nous faisaient traverser, au rythme de la circulation, moins dense à cette époque, une grande variété de quartiers, contrairement au métro, qui nous permettait la rapidité, mais nous privait de ce spectacle vivant toujours renouvelé.

Nous nous promenions sous les arcades de la rue de Rivoli, où chaque magasin, chaque vitrine attirait le regard par sa présentation savamment étudiée. Puis nous allions goûter dans un salon de thé dont j’ai encore le souvenir, quand je ferme les yeux : atmosphère élégante et feutrée, vaisselle raffinée, gâteaux et chocolat chaud succulents. Ma mère prenait toujours du thé noir fumé et je revois la petite théière ronde, assortie à la soucoupe et à la tasse où elle versait délicatement le liquide brun foncé à l’odeur si particulière.

En sortant, nous longions le Louvre, et selon les jours, nous nous promenions dans le jardin des Tuileries ou marchions jusqu’à la rue Royale et la Madeleine, ou jusqu’à l’Opéra et la place Vendôme où je levais les yeux jusqu’au sommet de la colonne et où j’admirais les vitrines des magasins de luxe.

Puis nous rentrions, moi les yeux remplis de tous ces magnifiques endroits qu’elle m’apprenait à connaitre et à aimer, et elle, je crois, satisfaite de cette immersion dans ce Paris qu’elle aimait tant et dont elle m’a transmis le goût.

Et nous attendions, l’une et l’autre, notre prochain jeudi de promenade parisienne.

Gill

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