La langue française à l'honneur

 

Le Printemps  des Poètes ayant lieu ce moi-ci, l’atelier d’écriture s’associe à cette manifestation en proposant les consignes suivantes :

 

Les dix mots à utiliser :

                                          AME

                                                                                         AUTREMENT

                                             CARACTERE

                                                                                CHEZ

                                 CONFIER

                                                             HISTOIRE

                                                                                                       NATUREL

                                   PENCHANT

                                                                                        SONGE

                                                   TRANSPORTS

 

 

1/ Choisir trois mots de cette liste.

 

     A la suite de la phrase suivante « l’hiver va bientôt se terminer », écrire un texte poétique de trois lignes, avec ou sans rimes, en utilisant les trois mots choisis  (10 mn)

 

2/ Avec les sept mots restant, écrire un texte libre.

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               L’hiver va bientôt se terminer

               Libérant la clef de mes songes

               Mon âme délivrée y plonge

               Encore, en hésitant à se confier.

 

                             Mouty

 

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Plaidoyer pour  la langue française

 

 

Des mots de la langue française piochés au hasard des pages d’un magazine, d’un livre, ou d’une encyclopédie…

Servons-nous en tant qu’ils existent dans les dictionnaires remaniés au hasard de l’arrivée de mots nouveaux d’argot banlieusard qui n’a aucun sens, aucune origine autre que fantaisiste, et de l’éjection de mots anciens qui ne sont plus d’usage dans les salons parisiens, mais qui peuplent joliment notre langage de province, résumant toute une histoire à eux seuls.

Autrement dit, ayons du caractère, ne nous laissons pas envahir par des anglicismes ou des appellations snobinardes. Accrochons-nous à notre vocabulaire naturel, formaté par une vie, par une logique d’étymologie et de grammaire.

Chez nous - « les Sudistes » penserez-vous - nous prenons le temps d’avancer, sans pour cela être passéistes ni lambins. C’est le temps de réflexion nécessaire au changement envisagé, pour vérifier si celui-ci s’avère une erreur ou une amélioration. C’est notre penchant vers le bon sens que vous ne comprenez pas toujours, Parisiens littéraires, avez-vous honte de vos origines ? Savez-vous que notre province fournit bon nombre de mots que vous avez glanés chez nos amis anglais, alors qu’ils ont seulement transité Outre-manche ?

Nous ne voyageons pas à la même vitesse ni de la même façon. Ne croyez pas que vos transports en RER soient meilleurs que les nôtres en calèches qui nous permettent d’admirer et de réfléchir. A quoi bon être si pressé ? La langue française a besoin d’être minutieusement étudiée, soupesée, caressée, utilisée sans la brusquer ni « l’escagasser » dirions-nous ici. Elle nous offre toutes les nuances nécessaires à une peinture subtile et harmonieuse du concret comme de l’abstrait. Et si nous la diffusions de façon plus sensée ? Elle mérite qu’on s’attache à la protéger : elle habille et concrétise si bien les pensées !

 

Mouty

 

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          L’hiver va bientôt se terminer, et

 

          Dans un songe j’ai vu mon âme,

 

          Auréolée d’une couronne fleurie,

 

          Accueillir avec transports la fée Printemps.

                           

                                Gill

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  C’était la fin de l’année, bientôt la distribution des prix dans cette école de garçons du 11ème arrondissement de Paris. Et oui, dans le années 50, au 20ème siècle, il était naturel de récompenser une bonne année scolaire devant un parterre de parents et d’élèves réunis. J’avais un penchant pour le caractère solennel de cette cérémonie parce que j’étais bon élève et que, comme précédemment, j’allais recevoir le prix d’Honneur, le deuxième prix, si vous préférez, le premier étant le Prix d’Excellence.

Nous avions, les jours précédents, répété consciencieusement « la Marseillaise » avec le professeur de chant. Elle ouvrirait la manifestation, après l’installation de l’assemblée sur les bancs prévus dans le préau, face à l’estrade où les lauréats viendraient recevoir leurs récompenses.

 

Sur cette estrade, une longue table recouverte d’une étoffe blanche et supportant des dizaines de livres enrubannés et derrière elle, tout le corps enseignant maintenant installé, de l’institutrice des petits du cours préparatoire à monsieur le Directeur. L’appel des élèves récompensés allait pouvoir commencer et nous monterions chacun à notre tour recevoir le fruit de notre travail : les félicitations et un ou plusieurs livres selon notre classement ; j’espérais avoir un livre d’histoire que j’aimais particulièrement.

Belle cérémonie, en vérité, que celle qui se déroulait chez moi, dans l’école de mon enfance. Mais depuis, j’ai compris combien elle était difficile à vivre pour ceux qui n’étaient pas primés, mon métier d’éducateur m’ayant fait côtoyer beaucoup d’enfants en grande difficulté morale, sociale, intellectuelle et scolaire qui avaient besoin de tout, sauf qu’on leur montre leur échec. Et je vais vous confier ceci : je vois les choses autrement maintenant.

Gill

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L'hiver va bientôt se terminer, il fût rude, mon âme errait en peine, se traînant languissante  dans cette grisaille, jouant  avec la morosité de mon caractère;  aujourd’hui, elle songe avec bonheur à toute cette vie endormie qui sort de sa torpeur se réveillant doucement pour éclater dans la lumière d'une saison au renouveau incessant.

 

            Rina

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Nous sommes à la campagne dans une ferme perdue entre bosquets et chemins empierrés, de vignobles et de prés entourés et les hivers sont longs, mais chez nous ça se passe autrement que dans l'ennui, mon père a ce penchant à conter et raconter une histoire, lors des veillées des longs soirs d'hiver, alors qu'au dehors le vent gémit, secouant les branches des vieux pins de l'allée ; chez lui c'est naturel de raconter ; alors que nous nous mettons en cercle autour du feu de cheminé  le voilà qui commence. Il nous amène et nous transporte loin à ses côtés dans ses exploits de chasseur.  Il faut l'entendre nous confier tous ses secrets pour débusquer l'animal , ici c'est  un lièvre, méfiant et rapide comme l'éclair, dans sa fuite éperdue formant de larges arabesques , zigzaguant à travers buissons épais et  larges fossés si profonds qu'il y disparaît entièrement, se perdant au yeux du chasseur sachant  que son  chien le ramènera vers lui, piégé, j'en frissonne de frayeur ; je le vois devant moi ce gros lièvre roux, il se retrouve ahuri, devant celui qui va en faire le repas d'un bon civet pour sa petite famille grâce aux dons merveilleux de ma mère fine cuisinière.

Mon père avait, par ses histoires, la magie de faire que ses soirées  passent vite, trop vite à mon gré.

 

Rina .