À quoi pense Lilou, petite chatte moscovite ?

 

 

 

Voici  Lilou

elle vit non loin de la Place Rouge et se montre volontiers très espiègle

 

D'après vous, à quoi pense-t-elle 

en regardant tomber les flocons?

 

Poèmes admis

car rien ne prouve que les chats ne pensent pas, aussi, en vers.

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Image par Eveline de Bruin de Pixabay

 

 

Je suis à la fenêtre, bien au chaud et je regarde tomber les flocons blancs Il est toujours agréable quand on est bien au chaud de laisser le froid dehors. Je n’aime pas la neige, quand je sors, ça me gèle les coussinets, sous mes pattes  et ça me mouille. J’ai horreur d’être mouillé.

« Tombe la neige, tu ne viendras pas ce soir …. La place rouge était blanche » Mes maîtres se passaient ces chansons, quand j’étais petit et ils entamaient quelques pas de danse; Maintenant, ils ne dansent plus. Peut-être ils sont trop vieux ….Et moi, comme une concierge, je suis installé derrière ma fenêtre et je regarde les gens se presser dans la rue.

Tiens, je vois la voisine. Elle sort de chez le boucher. Son chat, mon copain Gaspard va encore manger du mou. Avec Gaspard, nous sommes très amis .Nous devrons attendre les beaux jours pour nous retrouver. Nous nous rencontrons dans la gouttière de notre immeuble .Il est sympa Gaspard. La dernière fois il a apporté trois souris. Il n’a pas voulu me dire où il les avait trouvées mais elles étaient bien grasses. On les a mangées et on s’est régalés.

Avant quand on se rencontrait, Gaspard chantait une partie de la nuit. Il avait une voix terrible. C’était le Pavarotti des matous. On l’entendait à deux-cents mètres à la ronde et toutes les chattes du quartier venaient l’applaudir. Sa voix montait doucement en puissance et progressivement atteignait des sommets. Il arrivait alors à tenir la note pendant plusieurs dizaines de secondes, ce qui soulevait l’enthousiasme des foules et se traduisait par une volée de vieilles pantoufles que nous avions toutes les peines du monde à éviter.

Mais hélas tout cela est bien fini. Un jour, ses maîtres l’ont conduit dans une clinique m’a-t-il raconté. Il ne sait pas ce qu’on lui a fait, mais depuis il n’a plus sa voix de stentor. Plus de Pavarotti: il chante maintenant comme Carla Bruni ou Jane Berking . Des grands drames de l’opéra classique, on est passé à l’opéra comique.

Avant on n’habitait pas la Russie. On vivait dans le sud de la France . Il y neigeait que très rarement et quand ça arrivait, c’était catastrophique .Quatre flocons de neige et voici le pays complètement paralysé ! Voitures et autobus à l’arrêt. Plus un paquet de pâtes ni un litre d’huile ou un kilo de sucre dans les épiceries .Plus un gramme de cette immonde nourriture pour chat .Pour la remplacer, ma maîtresse me donnait à manger une friandise. Quelque chose que j’adore : elle ouvrait spécialement pour moi, une boîte de sardines à l’huile Un régal Mais j’aimais bien la neige à cette époque-là. Elle durait peu . Je restais bien au chaud chez moi sur les genoux de ma maîtresse.

Derrière ma fenêtre bien au chaud je regarde la, rue et la neige qui continue à tomber. Il y en a maintenant une belle épaisseur  et je rêve aux beaux jours à venir quand il fera meilleur et à nos retrouvailles avec les copains. Tiens cinq grosses limousines, tous feux éclairés. Mais c’est le camarade Poutine !

Jean-Pierre

 

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Image par kristamonique de Pixabay

 

 

Par un après-midi d’hiver, regardant  tomber la neige derrière la vitre de la chambre, une petite chatte moscovite se disait à elle-même à peu près ceci :

         « Tournez, tournez, encore et encore mouches blanches ! J’aimerais tant vous attraper : Toi là, ou toi, ou toi. Ah vous me narguez, me provoquez car là où je suis, je ne peux rien vous faire ! Mais…tiens voilà que vous vous êtes écrasées contre la vitre. Ah, ah, ah, vous êtes moins belles à voir mes chéries, je vous le dis, transformées en petites flaques d’eau minables. Bien fait !

 Mais les autres, toutes les autres, comme j’aimerais vous déguster ! Vous avez certainement la saveur et le parfum  de ce délice crémeux et mousseux que Ma et Mic nomment « Chantilly ». Les toits alentour en sont recouverts. Comme il doit faire bon s’y rouler tout en léchant ce moelleux tapis blanc. Miam …

   Mais au fait, j’y pense, pourquoi n’y vois-je gambader aucun des chats du voisinage ? Tout est blanc, désert et silencieux. Ces grosses mouches blanches ont peut-être mangé tout ce qui vivait  là dehors ?  A commencer par le soleil !

 Soudain j’ai peur, très peur. Je devine que de l’autre côté de la vitre il doit faire très froid puisque ces horribles bestioles ont dévoré le soleil. Serait-ce la fin du monde ? Miaou !!!

Par bonheur, j’entends  aussitôt une voix engageante prononcer mon nom ; c’est Ma qui m’appelle, devinant ma détresse. Abandonnant mon poste de vigie, je cours me blottir sur ses genoux…et là…

Là je n’ai plus peur de rien : je suis à l’abri du danger et je sais que Ma et Mic, parce qu’ils peuvent tout, feront demain revenir le soleil. Rassurée et confiante, je ferme les yeux de bonheur puis, bercée par mes ronrons, tout doucement, je m’endors. »

    El Pé

 

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Image par 99mimimi de Pixabay

 

 

Cela recommence. Il neige pour la deuxième fois de l’hiver. C’est trop ! J’ai froid. Par ce jour de grand ménage, je dois rester sur cet appui de fenêtre sans double vitrage. Où sont mon panier douillet, mon assiette de croquettes ?

Les flocons redoublent. Je ne sortirai pas dans le jardin à la recherche d’un mulot. La tortue s’est cachée, je ne peux la retourner pour qu’elle agite ses pattes. Je guette les oiseaux disparus. Encore une journée morose.

Une voix crie : « Quel temps de chien ! », pour les chats c’est pareil. Je baille, je m’ennuie, je miaule plaintivement. « Arrête, tu nous énerves ! » et moi, qui se soucie de ma personne, de mes sentiments ?

Une main me saisit doucement, me caresse, me donne une douceur. Je ronronne. La neige peut bien couvrir le sol, je suis heureux, je renais.

 Line

 

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Par RIA Novosti archive / Shagin / CC-BY-SA 3.0              wikimédia 

 

 

L’hiver est de retour

 

« Flûte, l’hiver est revenu ! J’avais prévu plein de choses avec mon copain Piotr le Kot *(chat *en russe !!!). Avec le mauvais temps et le froid il va falloir attendre !!! Pas de chance ! On devait se voir tout à l’heure à l’angle de la rue Kroutchev et de l’avenue Pouchkine. Pas question que je me gèle les pattes !

Quel dommage on avait trouvé un chouette petit coin près d’un samovar, bien au chaud,  dans un genre d’isba ancienne. La vieille tenancière nous a à la bonne et elle nous offre toujours des sotchniks au fromage blanc, un délice ! Je m’en lèche encore les babines.

Bon, tant pis, changement de programme ! Hibernation, bien au chaud dans l’appartement avec croquettes et pâtées fines.

J’attendrai le printemps. Je vais quand même prévenir Piotr le Kot et tout de suite avant de me geler les pattes, je déteste ça !! »

 

Chris 

 

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Par Олег Токарев — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,              wikimédia 

 

 

UNE CHATTE A SA FENÊTRE

 

            La neige commence à tomber, moi je suis bien installée sur ma couverture derrière la fenêtre.

Je m’appelle Lilou-Doucka et ma mère Douchka n°6. Nous habitons au 4e étage et la vue est superbe sur la place rouge qui se couvre de blanc. Hier nous avons fait connaissance avec le nouveau chat du 1er un jeune chartreux Jimmy très gentil qui a remplacé Igor le grincheux parti au printemps. Mais actuellement nous sommes très inquiètes maman et moi, notre maîtresse la Comtesse est malheureusement très malade et très âgée. Elle a autant d’années que les flocons qui tombent du ciel. Si elle part, qui s’occupera de nous, où irons-nous toutes les deux ? si on nous chasse, nous deviendrons des chats errants qui mendient leur nourriture dans les rues, dans le froid... C’est impossible car nous sommes des chats d’Aristocrates nous descendons de la première Douchka la chatte de l’Impératrice Marie Féodorovna partit en exil avant la Révolution. Douchka fut sauvée par une Comtesse Dame d’Honneur à la Cour et depuis toute la lignée est restée dans la même famille. Mais aujourd’hui notre Comtesse reste au lit tout le temps. Le docteur lui fait des piqûres et une infirmière la soigne. Cette furie nous interdit de monter sur le lit pour ronronner affectueusement! Tout est silencieux, gris, maussade! Pourtant avant cet appartement était ensoleillé, joyeux, plein de chants, d’enfants et de rires car la Comtesse était professeur de musique. Mais c’est trop triste ! je me roule en boule le cœur lourd en soupirant et Douchka se pelotonne contre moi. Natascha et Grégory viennent demander des nouvelles, ils habitent au-dessus. Natascha joue du piano et Grégory du violon je les écoute toujours avec ravissement. Nous les aimons beaucoup. Mais là je reste sur la fenêtre, je ne fais pas de fêtes, je suis trop déprimée. Soudain des caresses et des gratouilles comme j’aime entre les oreilles et doucement Natascha me dit à l’oreille : - « Ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas abandonnées, nous nous occuperons de vous deux, vous habiterez toujours ce petit nid douillet avec nous car la Comtesse a légué son appartement à notre famille ».Et je comprends, quel bonheur, nous sommes sauvées, nous resterons ici dans notre maison, je ronronne de plaisir dans le cou de Natascha et reconnaissante je la chatouille avec mes moustaches et frotte mon nez contre sa joue comme elle aime.

 

M-Christine

 

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Les voyages de Lilou

Aujourd’hui j’ai 18 ans, et bien au chaud derrière ma vitre, je suis fascinée par le rideau de flocons qui descend lentement.

Mon esprit se met à vagabonder et transforme chaque flocon en fleur, en fleur d’amandier. Je repense alors à la maison où je suis arrivée, minuscule chatte, à peine sevrée. Dans la maison, un jeune couple, mes maîtres pour la vie, deux petits enfants et un chien déjà âgé qui fut le patient compagnon de mes jeunes années. Et devant la fenêtre du salon, un amandier dont les fleurs réjouissaient mon regard, se transformant au fil des saisons, annonçant la fin proche de l’hiver. Qu’elles furent belles et insouciantes ces années !

Les flocons tourbillonnent et s’écrasent sur le rebord de la fenêtre, se transformant en gouttelettes d’eau. De l’eau, de la pluie qui dégouline sur les vitres, j’en ai vue pendant mes années bretonnes ! C’était à Brest, où mon maître, militaire, avait été muté. Mes copines et moi, nous nous retrouvions sur les toits des garages proches de nos pavillons. Il y avait même quatre chatons, nés de matou inconnu, dont la mère et moi nous partagions la garde. Ils m’avaient choisie comme compagne de jeux et je me sentais investie d’une mission auprès d’eux. C’est aussi durant cette période que je perdis mon cher copain chien. Qu’elles furent remplies d’émotions ces années-là !

Mon regard revient aux flocons et se porte au-delà, sur le tapis blanc qu’ils forment au sol, et mon esprit m’emporte alors vers mes années africaines, en Tanzanie, où j’ai vu la calotte neigeuse du Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique. Mon maître avait quitté la vie militaire et travaillait alors pour une ONG. Les enfants étaient devenus adolescents et c’était sans doute le dernier voyage à l’étranger qu’ils faisaient avec nous avant de continuer leurs études supérieures en France. Ce fut les années de ma maturité !

Et me voici maintenant en Russie, avec mes maîtres que j’ai toujours suivis. Je suis encore en forme, même si mes articulations sont un peu douloureuses et que je supporte mal le froid. Mais je sors peu, passant presque tout mon temps sur mon coussin derrière la vitre à regarder tomber la neige ou luire le soleil. Je ressemble à un bouddha poilu. Je suis dans mes années sagesse !

Moi, la chatte globetrotteuse, j’ai gardé la nostalgie des voyages. C’est pourquoi j’aimerais en faire un dernier qui me ramènerait là où je suis née. Oui, j’aimerais fêter mes 20 ans devant un amandier en fleurs.

D’ailleurs, j’ai vu ma maîtresse sortir des valises, hier… Ne serait-ce pas la préparation d’un ultime voyage ?

Gill

 

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Par Auteur inconnu — Numérisation personnelle, Domaine public,      wikimédia 

 

 

Rien à l’horizon

Ras le bol des flocons

Ce mur de béton

Me fiche le bourdon

Si encore je pouvais sauter

Aller voir de l’autre coté

Enfin, faire quelque chose

Hélas, je souffre  d’arthrose

Finalement, je vais rentrer

M’installer près de la cheminée

Louisa

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