Promenade au bord du canal

 

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commençant par

"Il (ou elle) marchait au bord du canal"

 

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Peter Gugerell, Vienne, Autriche, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

 

 

Il marchait au bord du canal. Il connaissait parfaitement le nombre de pas qui séparent l’épanchoir de l’entrée du tunnel du Malpas que Paul Riquet a fait creuser en deux jours dans le tuf de la colline d’Ensérune.

Il tenait dans la paume de sa main gauche, la valeur d’une poignée de petites pierres qu’il venait de ramasser sur le bord du chemin. De temps en temps, il s’arrêtait là, sur le bord de l’eau De l’autre main, il en saisissait une, la bloquait entre les phalanges de son index replié en gâchette et d’un mouvement vif de son pouce la propulsait au milieu du canal comme quand il était enfant, dans la cour de son école et qu’il jouait aux billes.

Il s’appliquait à faire des ronds dans l’eau sous l’œil étonné et suspicieux d’un vieux cormoran perché plus loin, sur un poteau d’amarrage.

Bien qu’il cherchât, chaque fois, à envoyer ses pierres à des endroits précis, ces mouvements, purement mécaniques n’accaparaient pas son esprit et il se plongea dans ses souvenirs. Tout à coup, cet endroit s’imprégnait d’une sorte de magie.

Dans les années 60, les après-midis de canicule, avec sa bande de copains, ils venaient s’y baigner et même pour certains intrépides ou inconscient y plonger du haut de la voûte du tunnel.

Ils avaient baptisé ce site : la mer des pauvres. Situé à deux kilomètres à peine du village, il était facile de s’y rendre à pied ou à bicyclette.

On s’y retrouvait tous entre garçons. IL y avait le Zave, Bill, les 3 Roberts, Théo, Jean Bernard et les autres.

A propos de bicyclette, il lui, revint une anecdote. Un après-midi, le Zave dévalant le talus du tunnel sur son vélo arriva sur le chemin de halage à la vitesse de l’éclair ; profitant de la vitesse, pour faire l’andouille et épater la galerie, sans descendre de la bécane, il s’est jeté tout habillé au beau milieu du canal. Une péniche s’annonçait et l’on n’avait pas le temps de sortir le vélo du canal avant son passage. Le bateau passé, il a bien fallu deux heures pour retrouver la bicyclette et dans quel état ! Lorsqu’on l’eut retrouvée, c’est une épave qui sortit de l’eau. Le Zave ne la reconnaissait pas, et vous pouvez être certain qu’il croit encore que le tas de ferraille que le soir, il a ramené chez lui n’était pas la sienne.

Sous le soleil du matin, ce coin d’ombre et de verdure respirait la tranquillité. C’était le paradis des pêcheurs. Il y en avait un qu’on appelait Bambauche. Le soir tard, il venait à cet endroit près de l’épanchoir car il y avait un bâti en béton qui bordait le canal sur quelques mètres et où on pouvait s’asseoir. Il venait préparer sa partie de pêche du lendemain. Pour cela, il semait dans le canal des petites boulettes qu’il préparait dans sa cuisine et dont il gardait jalousement le secret de fabrication.

Je pense qu’elles étaient à base de pommes de terre car le lendemain, il fixait un bout de patate sur son hameçon et s’appliquait à pêcher d’hypothétiques carpes qu’il aurait attirées sur le site depuis la veille.

Le jour où il a demandé à la pharmacienne de lui vendre un puissant laxatif pour la pêche, elle a quand même cherché à en connaître la raison médicale et le but de son utilisation.

Eh bien voilà. Alors qu’il était confortablement installé sur son lieu de pêche, vers les 11 heures, chaque fois, il voyait débarquer Bourguiba. Bourguiba s’appelait en fait Durand ou Martin, mais comme il avait fait la guerre d’Algérie dans la légion, on l’appelait Bourguiba.

Bourguiba s’installait à côté de Bambauche et en quelques minutes il lui mangeait toutes ses pommes de terre.

Bambauche s’était imaginé , pour lui donner une bonne leçon, d’injecter un puissant laxatif dans ses appâts, et retrouver ainsi la paix et la sérénité lors de ses parties de pêche en se séparant , comme il disait des emmerdeurs .

Et les filles ?

Elles sont venues bien plus tard, quand l’adolescence a sonné le glas de la petite enfance.

On les entendait arriver par les chemins, rire et chanter.

Bientôt chacun choisissait sa chacune ou chacune son chacun.

Des couples se formaient et on passait des moments bien trop courts, allongés dans l’herbe sèche, à l’ombre des grands arbres. Tout se passait au vu et au su de tout le monde, dans les règles de la bienséance et du respect des autres.

Leurs parents ayant instauré une sorte de couvre-feu, sur le coup des 6 heures, on se mettait en route et on les raccompagnait jusqu’à l'entrée du village.

On les laissait seules regagner leur domicile avant le moment fatidique des 7 heures, imposé par leurs géniteurs comme si, pendant leur promenade, elles n’avaient rencontré personne.

Une sorte de jeu de cache-cache avec les mères qui, certainement n’étaient pas dupes.

Le village a vieilli et les enfants n’ont plus les mêmes occupations.

Ils ne viennent plus se baigner dans la mer des pauvres.

Il a repris sa marche sur le bord du canal. Sa réserve de petits cailloux est épuisée et il ne fait plus de ronds dans l’eau; d’ailleurs il la trouve bien sale.

Les platanes sont malades et meurent les uns après les autres.

Le cormoran s’est envolé et a disparu.

Il est temps de rentrer.

Il prit alors un de ces chemins mille fois empruntés et repartit à pied vers le village, vers son village.

 

Jean-Pierre

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Image par max_gloin de Pixabay

 

 

Elle marchait au bord du canal, son chien courait devant, revenait, puis repartait.  Le soleil jouait à cache-cache avec de gros nuages gris pas encore menaçants.  Elle siffla son chien, il était temps de rentrer, le vent se levait et ce n’était jamais bon signe.

Elle eut beau siffler, appeler, rien n’y fit, le chien avait disparu !

Elle continua donc sa progression au bord du canal tout en appelant son chien de plus en plus fort. Le vent se déchaîna soudain, elle dut marcher courbée en serrant son imperméable qui lui battait les mollets. Toujours pas de chien en vue ! Mais où était-il passé ?

Elle essayait de presser le pas tout en s’écartant du bord du canal, elle n’avait pas du tout envie d’y faire un plongeon, poussée par une bourrasque.

Elle arriva près de la première écluse et là… elle vit son chien au beau milieu de la passerelle ! en arrêt devant un petit castor tout tremblant !

Elle le siffla, l’appela, il ne bougea pas, la contemplation du castor l’avait figé. Le vent fit trembler la passerelle qui tanguait dangereusement.

Soudain, le castor bondit en avant et plongea dans le canal , il disparut aussitôt sous les yeux ébahis du chien , sa proie lui avait échappé !!!

Finalement, la queue basse, le poil encore tout hérissé, il daigna descendre de la passerelle afin de rejoindre sa maitresse qui l’attendait en se cramponnant à la barrière qui fermait l’accès au petit pont.

Rentrer à la maison allait être compliqué avec cette tempête; Elle fit demi-tour courageusement et cette fois-ci son chien la suivit!

Chris

 

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LA PROMENADE AU BORD DU CANAL

 

         Mercredi après-midi nous nous promenons sur le chemin de halage au bord du canal du midi. Arthur mon fils, très fier avec son vélo tout neuf « sans les petites roues » et Maya ma chienne ravie d’inspecter tous les buissons le long du trajet. Après avoir dépassé des canards bruyants, je marche tranquillement et Arthur pédale comme un grand. Des joggeurs, des mamans à poussettes, d’autres vélos nous dépassent. Au bout d’un moment, un marcheur s’avance en face de nous et manifestement il parlait tout seul. De loin je le reconnu et quand il me croisa, il arrêta. C’était Sébastien mon grand copain de collège nous étions dans le même Club de Volley Ballet c’est notre garagiste. J’étais étonnée de le voir se promener seul un mercredi après-midi. Je lui demandais ce qu’il faisait là ; sa réponse embarrassée sonnait faux. Il proposa de nous accompagner avant de retourner au travail et il m’affirma que tout allait bien pour lui et sa compagne Sandra et leur bébé.

Je connaissais bien Sandra personne très agréable et bienveillante. Tout en parlant de changements futurs de pneus pour ma voiture, je remarquais que Sébastien avait toujours sa main dans la poche gauche de son blouson. Plus loin nous trouvâmes un banc libre à une aire de jeux et Arthur partit vite sur le toboggan. A côté de moi, Sébastien était bien silencieux, soudain ni tenant plus,     

Je lui dis :- Mais enfin, Seb qu’est-ce que tu as aujourd’hui tu es agité comme si des fourmis rouges te piquaient. Tu parais inquiet, tendu, fermé, je ne t’ai jamais vu ainsi, tu es malade ?

Il me répondit en se levant : - Non, je t’assure, mais tu as raison, je suis perturbé, j’ai pris une grande décision, je suis sûr de moi, je dois franchir le pas mais je ne sais pas comment faire….

 

Et il sortit une bourse de sa poche contenant un joli écrin. Il m’expliqua que c’était une bague avec un solitaire et qu’il voulait faire sa demande de mariage le jour de l’anniversaire des 30 ans de Sandra. C’était trop mignon, trop plein de tendresse…!!!. Mais, ce qui le perturbait c’était qu’il souhaitait trouver une formule originale pour faire sa demande. Il avait échafaudé plusieurs scénarios mais rien ne le satisfaisait. Il ne demanderait pas d’aide à sa pipelette de sœur qui ne savait pas garder un secret ni à sa mère aux idées conventionnelles. Je décidais donc d’aider mon cher copain dans sa démarche si romantique, un vrai plaisir ! Tout en parlant des goûts de Sandra que je connaissais bien maintenant, nous avons trouvé quelques pistes et projets intéressants.

Et un beau samedi de septembre à la température agréable, dans une charmante église de l’arrière-pays, la petite Alexia fût baptisée en fin de matinée, suivi du mariage l’après-midi de ses parents avec une mariée ravissante et heureuse.

Sébastien avait fait sa demande de mariage dans une montgolfière au-dessus du lac Pavin et en survolant la chaîne des volcans d’Auvergne. Bien évidemment c’était le jour anniversaire de Sandra et pour célébrer ses 30 ans, elle surplombait une région chère à son cœur.

M-Christine

 

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    J’effectuais ma marche quotidienne au bord du canal. Lassée par la contemplation des canards, je m’intéressais à la dame cheminant devant moi.

Elle redressait régulièrement son dos, ses épaules qui s’affaissaient. Elle portait un manteau rouge de bonne façon, un amusant chapeau et, curieusement, des baskets roses. Sans doute pour faciliter sa marche. Elle tenait une canne, mais ne l’utilisait pas.

     Légère, elle allait à pas menus. Elle ne regardait ni les canards dans l’eau, ni les bateaux à l’arrêt, ni l’excavatrice fouissant bruyamment le sol du terrain vague.

J’étais sûre qu’elle s’envolerait sur les ailes des canards ou sur un tapis magique.

Je courais derrière elle pour l’accompagner dans son voyage ou la retenir.

Elle disparut dans une voiture qui n’était pas un carrosse.

Le claquement d’une portière, le ronflement d’un moteur, le grincement des vitesses emportèrent mes rêves.

        Au revoir chimères, bonjour maussade réalité..

     Line

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Image par Myriams-Fotos de Pixabay

 

 

LES  OIES  SAUVAGES

       Il marchait au bord du canal, suivant le courant descendant vers la mer, comme chaque samedi après-midi. Cela le « lavait », qu’il disait, d’une semaine de comptabilité intensive et solitaire, dans un local exigu situé au cinquième étage d’une tour. Appartenant dans son intégralité à une célèbre compagnie d’assurances. Cela le lavait aussi d’une semaine de solitude toute aussi prégnante : dans la foule des transports, matin et soir, en avalant son jambon beurre quotidien assis sur un banc de square le midi, et face à des séries policières à plateaux télé le soir.

      Les samedis étaient jours de fête.  Qu’il pleuve, vente ou fasse 35  à l’ombre, pour rien au monde il n’aurait manqué son rendez-vous hebdomadaire avec les ragondins, les canards et les couleuvres qui peuplaient les berges du canal. Ni son rendez-vous avec le passage des saisons, que son cœur saluait avec reconnaissance. Le samedi, il se sentait revivre et accueillait le futur comme une promesse de bonheur certaine.

     Remontant le courant, elle marchait au bord du canal, trainant sa bicyclette au pneu arrière crevé.

Evidemment, elle avait oublié sur la tablette de l’entrée la boite contenant tout l’attirail de dépannage, plus une chambre à air de rechange. Elle n’en faisait pas d’autres ! Distraite, la tête ailleurs…surtout depuis que Jean-Patrick était parti avec sa meilleure amie.  Elle avait beau se dire   «  C’est la vie ma vieille ! Tu n’es pas la première à qui ça arrive ! », cela ne la consolait guère. Non, il fallait bien le reconnaitre, c’était d’un homme dont elle avait besoin (tout en affichant royalement le contraire, à preuve, sa carte du MLF.) Un homme gentil, tendre, romantique-tout le contraire de Jean Patrick, en fait-un homme à chérir, dorloter…aimer, tout simplement. Et qui, les week end, ne détesterait pas de se balader au bord du canal, par exemple.

         Ils avançaient ainsi l’un vers l’autre, lorsqu’un vol d’oies sauvages, se dirigeant vers le Sud  passa juste au dessus d’eux. Ils levèrent la tête en même temps et se croisèrent sans se voir.

  El Pé

 

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Image par Mabel Amber de Pixabay

 

 

Elle marchait au bord du Canal du Midi ...  Les narcisses ivoire et orangés tapissaient les berges ombragées.

Un vent léger, parfumé, lui effleurait  le  visage.  D'un geste vif elle chassa une mèche rebelle glissant sur ses yeux.

Geste symbolique, elle ne voulait pas d'obstacle, pas de barrière à son envie de vivre. Rester alerte, rester debout, tous les sens en éveil, se disait-elle.

Sur l'autre berge, intrigué, un héron gris la fixait.

Lorsqu'elle se pencha, au dessus de l'eau verte, ce visage, qui lui était devenu étranger, se manifesta de nouveau, entouré d'une guirlande fleurie jaune pâle, prisonnière du courant. 

Cette paix, elle venait enfin de la retrouver, elle se sentait apaisée, près du Canal, ce nouvel ami.

Un poisson intrépide s'élança hors de l'eau, plus rapide que le héron, captura un bourdon zébré de rouge, blanc et noir.

Elle réalisa, elle assistait à des moments inoubliables, elle aurait tellement désiré figer le temps pour toujours, tant la beauté de ce lieu la pénétrait.

Christine

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 Pline, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

 

 

Le canal du Nivernais

 

Il marchait au bord du canal du Nivernais. Il aimait bien revenir de temps en temps, même si le village était devenu, au fil des années, si différent de celui qu’il avait connu. La maison de sa petite enfance, à l’abandon, n’abritait plus que des herbes folles, et ne résonnait plus que des bruits du vent qui s’engouffrait par des ouvertures sans portes ni fenêtres. Et au fur et à mesure de sa promenade, l’image de l’enfant qu’il était 35 ans auparavant, envahissait ses pensées.

Il marche au bord du canal, le petit bonhomme d’à peine 4 ans, il veut cueillir des fleurs pour sa maman. On sent le printemps proche en cette fin de matinée ensoleillée, emplie d’une douce lumière. La maison n’est pas loin, l’enfant est sorti sans que quiconque s’en aperçoive. Il n’est même pas habillé, en culotte, pieds nus dans ses sandales de toile dont les lacets traînent par terre, et il trottine sur le chemin. Le soleil s’insinue à travers les branches des arbres, faisant scintiller l’eau. Il s’approche du bord, attiré par un canard, il a oublié les fleurs. Tendant la main vers l’oiseau, il fait encore un pas pour s’approcher davantage, se prend le pied dans le lacet défait, et, déséquilibré, tombe à l’eau et disparaît.

Il est bien au fond de l’eau, il ne sent pas le froid. Des sirènes, sortes de poissons colorés avec des bras, l’attirent puis le repoussent, l’emmènent vers le bas, puis vers le haut. Tout ce jeu le fatigue et l’empêche de respirer. Puis les sirènes le secouent doucement, puis très fort, trop fort, il n’a plus envie de jouer avec elles, il pleure, il se sent tout mouillé de larmes. Et cette lumière qui l’aveugle, et ses yeux qui s’ouvrent malgré tout, et le visage de son frère François, au milieu du soleil, qui s’avance tout près du sien et crie au dessus de lui « Paul, réveille-toi, Paul, regarde-moi ! ». Dans les bras de l’aîné, il se clame, il est en sécurité. Maman va le sécher, l’enrouler dans un grand drap et le réconforter. Tant pis pour les fleurs.

L’image de l’enfant s’efface peu à peu de l’esprit de l’homme qui s’était arrêté un moment au bord du canal, le temps d’évoquer ce souvenir d’enfance, le temps de ressentir, une fois de plus, la force du lien qui l’unit à ce frère, sans qui il ne serait peut-être pas là aujourd’hui.

Gill

 

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Il marchait au bord du canal

Amoureux de ce décor pas banal

Il s’arrêtait, parfois même s’asseyait

Contemplatif devant l’œuvre de Paul Riquet

Parti trente ans plus tôt

Pour son travail à Toronto

Son canal lui avait beaucoup manqué

Devant lui, un défilé d’images

Il lui fallait tourner la page

Perdu dans le flot des pensées

Il n’a pas vu le temps passer

Sur le chemin des souvenirs

Il marchait vers un nouvel avenir.

 

Louisa

 

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