Quand le légume devient héros!

 

Remplir deux fiches contenant:

 

une couleur/un animal/un nombre/une météo/un défaut/une qualité/un objet de cuisine/un vêtement/un légume/un personnage de théâtre

 

Ecrire le texte le plus court possible, 60 mots au maximum, contenant tous les mots de la première

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Puis en 20minutes, écrire un texte contenant tous les mots de la seconde fiche, dont le héros sera le légume de la première fiche.

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   Radis rouge ou l’Eternel Retour

 

   D’abord il y eut la  tempête  de météorites qui détermina-parait-il-l’apparition de la vie sur Terre. Puis il y eut les amibes, plus tard-bien plus tard- les dinosaures et enfin, il  y a un demi million d’années, ce fut le tour de l’Homme. Tout ceci étant très schématisé évidemment.

 

       Très vite, l’Homme s’avéra d’un orgueil quasi imbuvable, arguant par exemple qu’il était la seule créature terrestre à posséder une intelligence ; je vous demande un peu.

 

       Toutefois, cet état d’esprit évolua. Oh, pas de manière sensible, mais tout de même…

Il y eut d’abord les vaches sacrées, puis l’incroyable découverte concernant l’intelligence des primates et des dauphins, suivis de près par les cochons, puis les abeilles, les fourmis et enfin la merveilleuse certitude que les plantes adoraient la musique, et particulièrement celle de  Mozart, ce qui tend à prouver qu’elles avaient bon goût.

 

    Mais, comme l’affirmait autrefois Madame Parisot avec force, tout étant précaire en ce bas monde, l’inexorable machine du destin, Caligula de l’univers, se mit en route.

 

      Des espèces animales disparurent  de la surface de la Terre. Et quand l’Homme décida de s’en préoccuper sérieusement, il était déjà trop tard. Seules quelques rares spécimen de la race humaine survécurent quelque temps, juste assez pour voir les chiens* prendre leur place. Le règne canin dura quelques milliers d’années-qui furent d’ailleurs des années de paix et de prospérité- puis ils furent remplacés  par celui des araignées, qui disparurent lorsqu’il ne subsista plus aucun représentant de la race animale sur les cinq continents.

 

   Alors les légumes purent enfin s’exprimer librement. Pas seulement eux, bien sûr ! Toute l’espèce végétale était concernée ! Mais il existait chez elle une hiérarchie qui n’avait rien à envier à celle des humains d’antan…et au sommet de laquelle trônait les radis. Cela peut paraitre surprenant à première vue, mais c’est pourtant ainsi. Leur intelligence dépassait de loin celle d’Einstein et leurs belles robes rouges imposaient le respect à toute la Création. Toutefois, leur inconscient collectif commit une petite erreur lorsqu’ils décidèrent que leur dieu aurait la forme d’un racloir de cuisine ; ce qui ne tira d’ailleurs pas à conséquence.

 

    Bref, tout alla pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à l’explosion prévisible de l’astre du jour qui réduisit en cendres tout le système solaire.

 

      Les radis et leurs congénères furent alors précipités dans la XVIIIème dimension- celle qui nous attend tous, on le sait- et retrouvèrent du même coup amibes, hommes, dauphins et araignées.

 

    Et tout recommença depuis le début. Normal

 

                                        El Pé

 

*Merci à Clifford Simak

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Les yeux verts du chat, qui ne reflétaient aucune méchanceté, regardaient les

 

9 aubergines alignées à côté de la cuillère en bois. Il attendait pour manger la

 

disponibilité de sa maîtresse. Dehors, où ne régnait ni pluie ni soleil, un

 

chemisier séchait. Anachronique dans une cuisine, trônait le portrait du Cid.

 

Gill

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Miss Aubergine

 

L’aubergine au ventre gonflé, seule parmi les courgettes et les tomates de la ratatouille, était en train de rêver qu’elle était à la plage. 

 

- « Quel dommage que j’ai tant bronzé, se mit-elle à déclamer ! J’ai perdu ma couleur vert émeraude, plus belle encore que celle des poireaux »

 

- « Tu veux rire, lui répondit alors le brocoli voisin, moi, tu peux dire que j’ai une couleur sublime, d’un vert génial. Je ne me lasse pas de m’admirer. Mais toi tu n’as jamais été verte, mais toujours de cette couleur improbable qu’on ne peut même pas nommer. Ma parole tu te vois avec les yeux d’une idéaliste ou alors tu te prends pour un poivron ! D’ailleurs on est en septembre, on ne bronze plus. »

 

- « Tu racontes des mensonges rétorqua l’aubergine, ou alors tu es daltonien. D’ailleurs, j’ai d’autres atouts : ma chair est blanche comme de la neige, et quand l’écumoire me dépose sur un plat, regarde comme mes tranches sont agréables à voir, entourées, tout en discrétion, de ce petit liséré foncé. Elles s’étalent avec grâce dans l’assiette, douces sous les dents les plus fragiles. Toi, tu es tout granuleux quand tu es cru et tout flasque quand tu es cuit. Il n’y a pas de quoi se vanter. Tiens tu ressembles à un wallabi en maillot de bain ! »

 

- « N’importe quoi. Et toi tu as la bedaine d’Ubu roi ! Et d’abord, un wallabi a de grandes pattes arrière et saute. Et pas moi.

 

Allons, calmons nous ma belle et arrêtons de nous chamailler. Nous avons chacun nos adeptes et chacun a sa place dans une assiette.

 

Et ce qui est sûr, c’est que nous finirons tous les deux à la casserole. »  

 

Gill

 

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ALCESTE

 

Alceste, habillé de bleu, tendit son arc en direction de l’aigleTrois hommes se précipitèrent sur lui pour l’empêcher de tirer : c’était un aigle royal. La douceur est préférable à la sottise lui dirent-ils. La pluie commença à tomber. Les robesdes femmes leur collaient au corps. Les endives finissaient de cuire. Les cuillères à soupe débutèrent un tintamarre assourdissant.

 

Mouty

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LES ENDIVES

 

Avez-vous déjà mangé des endivesà l’orange ? Non ? Alors écoutez-moi, je vais vous en donner la recette pendant que mon chat regarde la pluie par la fenêtre. Tout d’abord, admirez ces endives fraiches, blanches et brillantes comme des porcelaines. Elles s’offrent à vous avec une générosité affriolante pour le regard. Ne vous rappellent-elles pas un peu les danseuses du Moulin de la Galette ? Leur robe coquine et ultra moulante vous laisse déjà espérer une dégustation à faire damner un Saint. Leurs voisins, deux choux, en frémissent de désir, frisant aux entournures. C’était un des mets préférés d’Arpagon qui les faisait venir dans sa cave en les bichonnant de son mieux.  J’en reviens à ma recette : préparées avec attention, creusées à la base, vous les disposez dans une poêle légèrement beurrée. Quelques minutes à feu doux, sous couvercle, vous les retournez, ajoutez le jus et le zeste d’une orange, une pincée de sel  de sucre, un soupçon de poivre et vous recouvrez la poêle de son chapeau pour les cuire lentement. Un couteau pointu planté dans le cœur de ces demoiselles assouvira votre côté sado-maso tout en vous renseignant sur leur tendreté pour arrêter la cuisson.  Parallèlement vous aurez fait cuire quelques pommes de terre à l’eau que vous passerez au moulin à légumes et que vous battrez à la fourchette avec une bonne dose de crème épaisse.  Imaginez ce double accompagnement de cailles cuites au four qui embaument déjà votre cuisine.

Alors, à vos fourneaux, c’est la semaine du goût. Et n’oubliez pas un petit Corbières pour arroser le tout.

 

Mouty