Le déménagement

 

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Le déménagement apocalyptique

 

Nos amis Luc et Patricia déménagent aujourd’hui. Ils nous ont gentiment conviés à les aider pour transvaser leurs affaires dans leur nouvelle maison. Le trajet n’est pas très long : ils ont fait construire une petite villa dans un village à quelques kilomètres de l’actuelle maison en location qu’ils occupent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que rien n’est prêt pour le grand jour… La construction, c’est une aventure, surtout quand on se réserve les travaux de finition.

Tous les amis sont là : Benjamin, Nicolas, Julie, Céline, Renaud et moi. Le rendez-vous est fixé à huit heures : la tâche qui nous attend est colossale… Luc a terminé les peintures de la nouvelle maison à trois heures du matin et il semble dans un état second, incapable de prendre des initiatives. Quant à Patricia, elle nous annonce qu’elle est enceinte de trois mois, et qu’elle ne peut absolument rien porter, ni se baisser, ni rester debout trop longtemps… en bref, elle ne peut rien faire. Nous arrivons donc à huit heures et là, surprise : les cartons ne sont pas faits, les armoires sont pleines, le réfrigérateur regorge de victuailles, les machines ne sont pas débranchées, ni vidangées, les rideaux et les luminaires sont encore en place… Quand je dis que la tâche s’avère colossale, c’est un euphémisme !

Nous vidons donc pêle-mêle les tiroirs, armoires, placards de leur contenu et entassons le tout quasiment en vrac dans des cartons. Ils auront le temps de trier et ranger quand ils seront dans leur nouveau nid. Nous décidons de ne démonter aucun meuble et de les transporter ainsi pour un gain de temps. Quant au réfrigérateur, Julie suggère de le déplacer tel quel, sans le vider. De toute manière, leur nouvelle cuisine n’a pas été livrée, l’évier n’est pas en place, donc je pense qu’ils vont prévoir leurs repas au restaurant ou chez les voisins dans les prochains jours !

Nous chargeons le camion et quelques minutes plus tard, arrivons sur le nouveau terrain. Catastrophe : la pluie des derniers jours a rendu le site impraticable. Benjamin essaie néanmoins d’avancer le fourgon le plus près possible de la maison : la roue arrière s’enlise dans la boue, impossible d’avancer ou de reculer… Il va falloir que nous fassions une chaîne humaine pour acheminer meubles et cartons jusqu’à la maison, car il est impossible de faire trois pas dans cette fange… Je crois bien que je n’ai jamais vu une telle désorganisation : quand je pense à mon propre déménagement, où tout avait été au préalable soigneusement préparé, emballé, étiqueté… Tout le monde s’était moqué de moi, me surnommant la Reine du Contrôle. Eh bien, là, on en est loin !

Quelques heures plus tard, le camion est enfin vidé : il faut repartir chercher le reste du mobilier. Benjamin essaie tant bien que mal d’extraire le camion de la gadoue : nous poussons pendant qu’il accélère, projetant de la boue sur nous, mais rien n’y fait, l’engin n’avance pas d’un pouce. Nicolas repère alors une planche sur le chantier (car il faut bien être honnête, il s’agit plus d’un chantier que d’une maison !), espérant ainsi confectionner une rampe de fortune pour libérer notre fourgon. Ce qu’il ne voit pas, c’est que ladite planche est criblée de pointes… Alors, certes, Benjamin réussit à désembourber le véhicule, mais il en ressort avec un pneu crevé. Vous savez changer la roue d’un fourgon de location, vous ???

L’abattement nous gagne : le réfrigérateur étant plein – merci Julie pour ton idée – je propose qu’on mange un morceau. On verra plus tard pour la suite… Ah le fameux déménagement de Luc et Patricia, on s’en souviendra ! Je vous confirme, quinze ans plus tard, on s’en souvient encore dans le moindre détail !

Fabienne

 

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LE DÉMÉNAGEMENT

 

1930 :    Papa et maman ont été mutés à Compiègne pour la prochaine rentrée scolaire. Nous habitions Creil depuis toujours et c’était un crève-cœur pour nous deux de devoir quitter notre petite ville. Le soir nous en parlions à voix basse :

«  Tu te rends compte Jacqueline ! on ne verra plus nos amis »  me disait ma sœur. «  Eh oui ma chère Janine, j’en suis bien triste, et notre école, et nos maitresses, et notre maison ! »

« De plus, renchérit Janine, papa et maman ne nous emmèneront pas voir la nouvelle maison  attenante à l’école avant le déménagement !»

Quelle frustration ! Nous aurions tellement aimé voir notre future chambre, penser à l’installation de nos lits, de l’armoire. Bref nous ne parlions que de ce déménagement prochain. Papa et maman, quant à eux, travaillaient comme d’habitude et se réjouissaient de ce changement. Maman enseignait le cours préparatoire et papa directeur de l’école enseignait aux grands du certificat d’études.

Les grandes vacances arrivèrent finalement ainsi que le déménagement. Janine et moi, bien décidées à voir la nouvelle maison avant la date officielle, échafaudâmes un plan très astucieux. Dès que le premier camion de déménagement fut rempli, nous profitâmes d’un moment d’inattention  pour nous glisser dans les deux dernières caisses en bois qui n’étaient pas remplies. Bientôt nous entendîmes les deux hommes qui revenaient en disant à nos parents qu’ils seraient de retour dans l’après-midi pour charger le reste. Ni vu, ni connu, nous allions faire l’aller-retour et ainsi découvrir en avant-première notre nouveau logis !! Quelle joie !!!

Le début du trajet se passa sans encombre, nous touchions au but… Mais tout à coup le camion fit une embardée, le chauffeur dut freiner brutalement et nos deux caisses placées tout au bord de la plate-forme furent déséquilibrées et précipitées sur la route, heureusement que le camion s’était immobilisé !!!

Ma sœur s’en sortit avec quelques contusions et moi dans l’affolement, je m’étais mordue si fort la langue que le bout en fut sectionné net ! Quelle ne fut la surprise des deux hommes de nous voir nous extraire des deux caisses ! Il a fallu retourner auprès de nos parents et s’occuper de ma langue.

Nous avons vu la nouvelle maison une fois que tout ait été emménagé tel que papa et maman en avaient décidé !

La curiosité est un bien vilain défaut !!!

Chris

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       Enfin, elle s’en va cette voisine que je déteste depuis dix ans qu’elle est là. Cette punaise a pourri notre vie à tous.

Aucune pétition n’a pu la faire partir, elle payait loyers et charges recta.  Maline, elle ne se manifestait que de huit heures du matin à huit heures du soir, jamais la nuit pour éviter l’accusation de tapage nocturne. Elle pinçait son chien pour le faire aboyer, tirait les moustaches du chat pour qu’il miaule…et toujours dans les escaliers au moment de la sieste.

    Embusquée derrière le rideau, je regarde. De gros meubles vétustes, hérités de ses parents ou achetés chez Emmaüs. Les déménageurs s’agitent, elle crie : « Faîtes attention ! », ils ne répondent pas. Elle s’approche d’un jeunot qui titube en portant un fauteuil énorme. Elle le houspille, le petit en a les larmes aux yeux. Mais le gros costaud qui ressemble à un sumo s’approche. « Madame n’est pas contente ?

-Oh mais si ! Vous êtes des pros, des vrais ! »

Et ça dure, ça dure toute la matinée.

Enfin, le moteur ronfle, le camion part. Elle le suit. J’ouvre la porte. Ce n’est pas vrai ! Elle n’a pas balayé les escaliers ni descendu son sac d’ordures ! Jusqu’au bout, elle nous aura embêtés !

Elle s’en va. Bon. Mais qui va la remplacer ? On savait qui était là…mais qui va occuper son logement ?

          Line

 

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Le voyageur

Déménagez ! Si c’est quitter l’endroit où l’on est pour aller dans un autre, en emportant seulement ce qu’on peut porter, alors, je l’ai fait souvent et suis toujours prêt à le faire. Pourquoi ? Parce que je sais que je ne vais jamais rester là où je suis plus de quelques années et j’habite souvent une chambre dans une pension ou chez l’habitant.

Je suis un voyageur, un vagabond je dirais. J’aime changer d’environnement, de pays. J’aime rencontrer d’autres gens, partager leur vie, leurs coutumes, j’aime m’immerger dans leur culture et apprendre à les connaître. J’aime « découvrir ».

Parfois, c’est moi qui décide de partir, parfois, ce sont des évènements graves, émeutes, guerre, ou d’autres, inhérents à ma profession, qui m’y obligent : fermeture d’établissement, suppression de poste. Je dois y être préparé. Alors, j’ai peu de choses à emporter : quelques vêtements, quelques documents, mon ordinateur et ses accessoires, tout cela tient dans deux sacs. Je suis libre comme l’air. Mes deux sacs et moi sautons dans l’avion et changeons de pays, de vie.

Deux fois, cependant, j’ai occupé un vrai logement, pour moi, et je l’ai meublé. Que faire de ce mobilier, en partant ? La première fois, cela ne m’a pas préoccupé, mon successeur en a hérité. La seconde fois, j’ai eu une belle maison et j’ai recueilli un chien promis à une mort certaine. Là, les choses ont changé. Comme il m’était impossible de l’emmener dans mon nouveau pays, j’ai fait construire une petite maison, dans une petite ville, j’y ai installé un ami gardien et sa famille, avec mon chien. Sans ce poilu à quatre pattes, je n’y serais peut-être jamais retourné ! Le destin en a décidé autrement et ces retours sont pour moi une vraie source de bonheur.

Au fur et à mesure, je l’ai meublée confortablement et décorée à mon goût, cette maison. Peut-être devrai-je en déménager un jour, chassé par je ne sais quel évènement. Je crois que j’apprendrai, alors, ce qu’est un vrai déménagement.

Gill

 

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