Raconte-moi un lieu

 

                                           En les numérotant de 1 à 10, cherchez dix lieux,                                              classés du plus près au plus loin.

Votre voisin choisit pour vous un numéro que vous notez

Écrivez un texte autour du lieu désigné par le choix de votre voisin

 

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Lascaux painting

 

 

Les grottes de Lascaux

 

J'avais treize ans quand mes parents m'emmenèrent faire un voyage en France. À cette époque, il n'y avait pas de grandes autoroutes comme de nos jours, mais de pittoresques Nationales où notre chère vieille traction avant pouvait crachoter, perdre son huile, réclamer de l'eau à grands renvois de fumée, on ne risquait pas de se faire doubler par des fous roulant à du 120 à l'heure, ni de risquer sa vie en s'arrêtant sur le bas côté.  Même, certains automobilistes s'arrêtaient près de nous pour nous venir en aide.

J'ai vu Versailles, les Châteaux de la Loire, la forêt de Mervent et les Marais Poitevin, le gouffre de Padirac et les mystérieuses Eyzies. Et les peintures rupestres dans les grottes de Lascaux.

J'ai beaucoup oublié mais je me souviens bien de ces étranges vaches, à la toute petite tête et aux pattes fluettes mais aux ventres proéminents, prière picturale à la fécondité. Je revois ces chevaux tout en longueur, caracolant, allègres, sur leurs jambes trop courtes sur ces parois jaunâtres.

Je ne savais pas alors que visiter la vraie grotte de Lascaux était un privilège et qu'elle serait un jour interdite au public et reconstruite à l'identique pour faire face à un tourisme forcené et iconoclaste.

Mon père me racontait la vie des anciens hommes, vieux de milliers et de milliers d'années, mais je n'écoutais pas trop attentivement cet ennuyeux papa que j'admirais beaucoup mais dont le savoir ne m'intéressait pas. Je ne savais pas que l'été suivant, il allait mourir d'un infarctus.

Suzanna

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AS11-37-5449 (21657391936)

 

 

La lune

C’était il y a plus de cinquante ans. Tout était prêt pour le grand départ. La sélection avait été très dure et je pouvais me sentir fière : j’allais faire partie du grand voyage et, qui plus est, je serai la seule femme de l’aventure.

Mon enfance avait été baignée par mes lectures de Jules Verne et j’avais toujours rêvé de devenir une grande exploratrice. Mais je n’avais pas envisagé cela et la réalité dépassait toutes mes espérances… Pourtant, peu de personnes avaient cru en moi. À l’adolescence, ma mère voulut m’offrir des bandes dessinées pour me sortir, disait-elle, de ces romans d’aventures qui me mettaient des idées impossibles en tête. J’avais choisi Objectif Lune, un épisode de Tintin. J’avais bien senti sa profonde déception, mais qu’importe : cette histoire avait fait naître ma vocation. Je serai astronaute et rien d’autre. Malgré les ricanements de ma famille, surtout de mes frères, je m’accrochai à mon rêve. Et j’avais eu raison d’y croire : à force de travail et d’abnégation, je ferai partie de la mission Apollo 11. Quelle consécration pour la petite fille que j’avais été, celle qui se voyait dans la peau d’un Phileas Fogg ou d’un Michel Strogoff ! Bien sûr, j’avais été convoquée par les directeurs de la mission qui m’avaient intimé l’ordre de me taire. La NASA était claire : il était inconcevable que le monde entier – ce qui, en fait, signifiait les Russes - sache qu’une femme, aussi brillante soit-elle, participait à Apollo 11. J’avais ravalé ma fierté. Seul le résultat comptait : j’en serai et il n’y avait plus que cela qui importait.

Au risque de vous surprendre, ils ne furent pas trois à poser le pied sur la Lune, en ce jour de juillet 1969, mais bien quatre, et j’étais une des leurs. Aucun livre d’histoire n’en fait état et je ne fus jamais célébrée comme le furent mes compagnons d’aventure. Ce n’est certes pas mon nom que l’on retiendra, mais je suis une héroïne, qui a accompli son rêve. Et le plus important est que j’ai ouvert la voie à d’autres femmes qui purent, bien des années plus tard, embrasser de belles carrières spatiales.

Quand on veut décrocher la Lune et qu’on y croit très fort, on finit toujours par y parvenir.

Fabienne

 

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Porte-Lilas-11

 

 

                   Paris Métro Porte des lilas

 

          Première station de métro de la ligne 3

          À deux pas de chez moi,

          Réjouis-toi !

          Il m’est demandé de parler de toi,

          Sous couvert d’atelier d’écriture.

          MA station de cœur

          Est une station « cinéma »

          Tout un décor pour films, clips et publicités.

          Rappelons-nous « les Femmes de l’ombre »

          Ou « le Fabuleux destin d’Amélie Poulain ».

          Pourtant elle connut un destin de station ordinaire

          Où tout un flot de voyageurs la fréquentait,

          Retrouvant l’air frais après le Paris souterrain,

          Tenant serré leur manteau les jours de grand froid,

          Essayant de lutter contre le vent d’automne, ou,

          Découvrant le ciel bleu les jours d’été,

          Et s’éparpillant, chacun vers sa destination.

          Seulement un jour, ce fut fini,

          La station n’était plus à sa place,

          Il fallut lui trouver une autre fonction.

          La station fut donc "recyclée".

          Adieu Porte des lilas de mon enfance, ton anonymat est terminé,

          Sous les feux des projecteurs tu vas désormais briller.

          Gill

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