La lettre insolite

 

Écrivez une lettre insolite en vous inspirant des exemples suivants

 

La colombe au fusil

Le sanglier au chasseur

Le pompier au feu

 

Vous pouvez choisir un des ces exemples ou en inventer un autre

 

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pixabay

 

 

Le parapluie à la pluie

 

Oh !  Toi la pluie qui tombe venue du haut des cieux,

Je suis sur ton chemin, inventé par un dieu.

Je suis le parapluie s'ouvrant sans perdre haleine,

Et je ris de te voir, du rire des baleines;

Je me tords, bandant au maximum, l'arc bleu de mes fanons,

Pour t'empêcher, la pluie de salir mon renom.

Je te nargue, la pluie, et tu peux m'inonder,

Jamais tu ne me pourras pousser à me plier

Je suis fier et le pâle débit de tes gouttes m'amuse

Car sur ma toile grise, tes gouttes glissent, fusent

Tu as beau t'éreinter à mouiller les chignons,

Je suis là, vigilant, je leur fais protection.

Jamais tu ne pourras me prendre par défaut,

Car je m'arrangerai pour contrer tous tes maux.

Et quand vient le beau temps, que Météo est belle,

Je me transforme alors, je deviens une ombrelle.

 

Jean-Pierre

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Coustumes - Capucines

wikimédia

 

La nonne à Don  Juan

                                                                                   Don Juan,

 

           Vous pardonnerez, j’en suis sûre, la brièveté, pour ne pas dire la sécheresse de cette interpellation. Vous accoler un « Cher » ou pire un « Mon cher » eut été du dernier mauvais goût, puisque nous ne nous connaissons pas. Renoncer pour autant à vous écrire ? Ça, jamais ! Le plaisir de vous surprendre est bien trop fort.

  «  Qui est donc cette femme qui use des manières aussi cavalières ? », vous demandez-vous ? Et bien une nonne, une humble Clarisse séparée de son noviciat depuis…Oh, de nombreuses années et qui n’a, même de loin, pas la moindre ressemblance avec Dona Elvira. Je vous préviens donc charitablement : Toute illusion de votre part entrainerait une amère déception.  A bon entendeur : Salut.

     A propos de salut. C’est du vôtre qu’il s’agit, rien de moins ! C’est d’ailleurs l’objet de cette lettre, le Seigneur m’ayant choisie pour en être l’instrument. De votre salut, allons, quoi d’autre ? Car, mon cher (nous nous connaissons mieux, je puis donc désormais employer cette formule), permettez-moi de vous dire que vous êtes mal parti, ce qui m’afflige énormément.

     Par conséquent, grâce à une correspondance assidue entre nous, je me fais forte de vous ramener dans le droit chemin. Pour moi, je le sais, ce sera un chemin de croix, car je me doute bien que vous ne renoncerez pas sans lutter à vos turpitudes. Mais cette souffrance, venant en expiation de mon orgueil, je l’accepte d’ores et déjà avec humilité.

        En attendant avec impatience votre réponse, cher, très cher Don Juan, je reste, maintenant et à jamais, votre dévouée servante,

         Mère Marie des Anges

(Occasionnellement El Pé)

 

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Le bateau à la tempête

Arrête, arrête, tempête, je n’en peux plus, tu vas me faire couler. Je tangue dans tous les sens, mes passagers s’affolent, ils ont peur, les enfants pleurent, je t’en supplie, épargne-les, ils ont déjà tellement traversé d’épreuves avant de monter à bord. Écoute, je te fais une proposition, calme-toi un moment, le temps qu’on puisse accoster quelque part afin que tous mes passagers soient sains et saufs. Ensuite, si tu veux, tu recommences à souffler et si tu y tiens vraiment, alors tu me feras couler. Ah ! pardon, que dis-tu, tu acceptes et tu nous laisse même continuer notre route. Oh merci, je n’en attendais pas moins de toi, je savais que tu comprendrais le désespoir de tous ces gens.

Louisa

 

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Souricette à Raminagrobis

 

                        Cher Raminagrobis

                        ou devrais-je plutôt écrire

                        Cher ennemi !

 

           Voilà bientôt 5 ans que vous essayez de m’attraper, sans succès, inutile de le préciser puisque je vous écris ! ….

           Ne pourriez-vous pas vous concentrer sur autre chose, je ne sais pas moi, il y a tant de choses intéressantes à faire ….

           Tenez, par exemple, attraper les mouches sur les vitres, il y en a beaucoup en été. Ce serait plus écologique que la bombe de votre maîtresse !! Ou bien encore surveiller le chien, l’empêcher de rentrer dans la maison, c’est infernal,  il se couche devant ma sortie de secours, met des poils partout, ça me donne de l’asthme !!!

            Bref, il faut que vous trouviez une solution.

            Et puis je ne voudrais pas vous affoler mais question stress, ça vous calmerait, prenez rendez-vous chez votre véto ! Vous verrez, je suis sûre que vous êtes hypertendu. C’est pas bon pour la santé !

            Bref laissez-moi tranquille !!! Vous avez une litière, un jardin, des croquettes et parfois  même un petit pâté.

            Quelle menace représente pour vous une mini souris comme moi, je me le demande ??!!

             Je vous suggère de réfléchir à tout ceci et si vous êtes d’accord on pourrait signer une  convention tous les deux.

             Je m’en remets à votre sagesse et bon vouloir, en espérant que vous verrez la lumière,

             Bien cordialement,

             Votre très dévouée Souricette.

 

Christine

 

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Le feu au pompier

 

Salut,  soldat du feu,

        –     Oui,  il s’agit bien d’un combat que tu mènes contre moi  –

je t’écris par provocation, on peut le dire. Je suis éteint, c’est vrai…pour cette fois. Mais j’enrage et je demeure rouge de colère ! Le rouge, c’est ma couleur, je suis flamboyant par nature. Je danse, je saute, je m’élève vers le ciel ou embrase les sols au gré de ma fantaisie, je cabriole d’un arbre à l’autre, il m’arrive même de bondir par-dessus les rivières, quand le mistral m’assiste. J’avance, inexorablement pour lécher, m’insinuer, m’immiscer, consumer, noircir, détruire. Je déclenche la terreur et me sens gonfler de fierté !

Et toi, tu arrives dans ton camion, toute sirène hurlante, tu es le héros tant attendu, autant que le Messie,  avec ton casque rutilant, ton costume ignifugé, ton masque qui te permet d’entrer en moi sans suffoquer, et ton courage, ton détestable courage qui te pousse à me combattre. Tous les garçons veulent te ressembler, toutes les filles se pâment en te voyant paraître et moi je grimace et redouble de colère.

Alors, dans la bataille qui s’engage, je me dis, je vais gagner ! j’utilise toutes les ruses imaginables, tous les coups sont permis pour te rendre inopérant, pour décimer toute l’armée de tes semblables. Parfois, tu tombes, au bord de l’asphyxie, parfois tu es blessé, brûlé, parfois même tu meurs, mais, là encore, c’est toi le héros, c’est un comble. J’ai gagné et c’est toi qui reçois les honneurs – posthumes, je te le concède – mais c’est agaçant.

Mais je te le dis, je ne me rendrai pas aussi facilement que tu le penses, car heureusement pour moi, certains sont fascinés par mon image, par ma puissance, et leur désir permanent est de me faire naître pour observer ma force de destruction et peut-être même se mesurer à moi. Pose-toi la question, n’aimerais-tu pas t’associer avec moi ? Tu m’allumes et le combat entre nous deux commence. Alors, qu’en dis-tu ?

 

Cette fois-ci, tu as gagné, mais la prochaine fois……qu’en sait-on ! réfléchis……

Le feu qui couve.

 

Gill

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