"Partir........."

 

Laissez votre imagination vagabonder sur le thème

« Partir »

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Image par gdakaska de Pixabay


 

 

SANS RETOUR

      «   Je crois que j’ai beaucoup dormi. Je vais me tourner de l’autre côté. Le problème, dans cette capsule, c’est qu’il n’y a ni haut, ni bas. Si ça se trouve, j’ai les pieds collés au plafond.

    J’ai beaucoup dormi, aussi ai-je perdu le compte du temps. Ce n’est pas grave, je serai en pleine forme, quand le but devra être atteint. Car forcement  il y a un but à atteindre, mais impossible de me souvenir de quoi il s’agit. J’ai trop dormi, pour sûr.

   Mais je me sens terriblement en forme et impatiente de découvrir les réponses à toutes les questions que je me pose : Où ? Quand ? Pourquoi ? Quelque chose me dit que je ne tarderai plus à savoir.

    Oh ! Minute ! Et si ce que je découvre ne me plait pas, hein ? Et bien je ne quitterai pas ma capsule, voilà tout. Après tout, on n’y est pas si mal…

    Mais que se passe-t-il ? Soudain, les parois se resserrent sur moi et une force gigantesque, irrésistible me pousse, me propulse ! J’ai mal, très mal ! Qu’est-ce que c’est ? Une lumière d’apocalypse m’aveugle. J’ai très peur. Au secours !!

    Un bruit monstrueux, déchirant, retentit à mes oreilles. Le temps de réaliser que cela provient du gaz qui envahit ma poitrine et…non, non, horreur, tout s’efface dans ma tête. »

        «  C’est une fille, félicitations, Madame ! «  s’écria la sage-femme en posant doucement le bébé sur le ventre de sa mère.

                                                                                               El Pé

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Medieval City of Rhodes 02

wikimédia

 

 

Au début des années 70, le rêve était grand, de partir le sac à dos, à l'aventure. En écoutant la chanson de Charles Aznavour :" Emmenez-moi au bout de la terre ! la la la !" Je restais à rêver devant la  fenêtre de ma chambre, dans une banlieue parisienne monotone où il ne se passait vraiment rien. C'était  même assez triste. Un soir, je me décidais, la Grèce, m'avait toujours attirée, toutes ces iles paradisiaques, ses plages merveilleuses, l'eau et le ciel affichant la plus  grande des connivences, je ne tenais plus, je devais partir. Un dimanche enfin, billet en poche, sac au dos, je montais dans le "Paris - Athènes" et cherchais ma réservation assise. Pas de couchette, trop onéreux, pour cette longue destination.

 

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J'entrais dans un compartiment où avaient déjà trouvé place cinq jeunes, à peu près du même âge que moi. J'appris plus tard leurs prénoms respectifs.

Une jeune fille Autrichienne, portant le joli nom de Linda, un jeune homme Grec, Stavros, un jeune Français, se présentant sous le nom de Philippe,  une jeune Belge, Laura et enfin un jeune Américain extrêmement attractif, qui se leva et me fit une élégante courbette et s'annonça sous le nom de Bill.   Tous m'accueillirent avec un "Welcome" chaleureux. L'aventure venait de commencer. Vu les différentes nationalités, l'Anglais fut notre langue commune, ceci ne me déplut pas, car je venais de passer deux ans en Angleterre, afin de me perfectionner, et je pris cela comme une continuité.

Peut-être cinq minutes avant le départ, la porte du compartiment s'ouvrit et un "gentleman britannique" d'un certain âge fit son  entrée, il s'intégra tout de suite à notre groupe, plein d'humour, lorsqu'il rejoignit son coin couloir. Il sorti avec soin, tout une panoplie de petits sachets, contenant des huiles essentielles de lavande, des tissus rafraichissant de menthe, qu'il se passait sur le visage, le cou, les mains, notre compartiment fut déjà transporté dans la garrigue, nous étions prêts !

Le  train s'ébranla et fonça dans la nuit. Vers minuit, l'extinction des feux, il était difficile sur des banquettes d'avoir un  sommeil profond, sans interruption  par les chocs des entrées brusques dans les  tunnels. Combien de pays avons nous traversé?  Je ne me  souviens pas   trop. Notre nouveau compagnon, dont le nom était John, était un véritable clown, il nous faisait  tous rire beaucoup. Il nous fit part, qu'à la gare de Rome d'où  il arrivait, on lui avait dérobé une sacoche, contenant, ses titres de transport et à chaque contrôle il devait régler, le prix de la destination envisagée. Pour lui il avait été hors de question d'annuler son voyage. Le problème restait « comment expliquer cela à un contrôleur éberlué, par un globe trotteur parcourant l'Europe sans billet ? ». A chaque vérification, John donnait une série de pantomime où tout s'activait, les yeux, les mains qui mimaient  les gestes furtifs du voleur de Rome, qui avait "visité" la poche centrale de son sac à dos et s'était emparé de ses billets. C'était hilarant ! Aussi de voir l'air fixe captivé du contrôleur qui analysait chaque mimique et bien sûr remplissait ses formulaires d'un air important.

Le matin nous quittions nos banquettes et rejoignions le wagon restaurant pour prendre notre petit déjeuner, Les grands bols de café crème, et le verre de jus d'orange régulier accompagné de tartines beurrées. Il planait un profond sens de liberté et d'insouciance, nous formions déjà un groupe amical et nous nous amusions beaucoup. Arrivés en ex-Yougoslavie, les voitures restaurants et cabinets de toilette furent échangés, et nous eûmes les plus rudimentaires des wagons avec lesquelles nous devions nous accommoder, spécialement un "toilette à la turque" béant par lequel nous pouvions voir défiler les rails en dessous à toute vitesse, pas très engageant. La nourriture d'une qualité discutable, faisait partie du changement.  Les serveurs, n'avaient rien de soubrettes, très peu aimables, bâtis comme des lutteurs turcs en imposaient. Il était clair qu'ils n'aimaient pas trop les "Gens de l'Ouest" et à leur façon,  nous le montraient. John eu la malchance d'avoir laissé un de ses pieds dépasser, que le serveur, ramenant un plateau en cuisine, lui écrasa copieusement, bien sûr sans s'excuser ! Nous étions tous silencieux, l'atmosphère resta pesante jusqu'à Thessaloniki, puis quel changement, la gare, se présentait accueillante, baignée dans un soleil matinal déjà chaud. Des fleurs superbes accrochées en suspension contre les murs. Quelle belle ville pensais-je ! Puis heureusement, on nous accrocha de nouvelles voitures, restaurant, sanitaires, enfin l'eau coulait de nouveau, et nous pûmes nous laver.

 

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Le petit  déjeuner nous attendait avec des  beignets Grecs, arrosés de miel de fleur d'oranger, quel délice !

 Nous revivions, nous ne pouvions plus rester assis, debout dans le couloir, nous étions accoudés aux fenêtres maintenant ouvertes, regardant la mer d'un bleu profond, nous ne disions plus rien, même sans parole, nous étions en communion, nous échangions des regards émerveillés, puis en fin de journée, Athènes ! John devant rejoindre, je crois son fils, pour embarquer sur un voilier, nous fit ses adieux, nous le considérions un peu comme notre oncle, nous apprîmes beaucoup de lui, il avait une philosophie de la vie et une bonne culture qu'il se fit un plaisir de partager. Après nous être renseignés, nous nous dirigeâmes vers le port du Pirée afin de prendre le Ferry qui devait nous débarquer, avant la nuit, sur l'ile de Rodes. J’étais ravie, j'avais lu quelques descriptions et aussi un peu d'histoire, avec un passé s'alliant à la Sicile, à la Turquie aussi, une architecture tellement inhabituelle, cela ne pouvait pas être autrement que merveilleux ! Quelle traversée extraordinaire, sur le bateau, la musique Grecque nous stimulait, nous avions envie de danser, la mer d'huile nous berçait doucement, on nous servait des petits cafés Grecs, sucrés délicieusement avec le verre d'eau coutumier. Le soleil déclinait, la mer devint oranger vif, puis foncé, nous  débarquâmes sur l'Ile de Rhodes. Malheureusement nous arrivions un peu tard, la plupart des hôtels ou pensions affichaient "complet", dormir à l'extérieur resta la seule possibilité. Nous décidâmes de rejoindre le port et nous installer sur les hauteurs des remparts de la ville, face à la lagune, tous très fatigués, dans l'obscurité,  nous sortîmes nos sacs de couchage, et décidâmes de passer la nuit là.  Quelle vue magnifique, toutes les lumières du port, des restaurants, se reflétaient dans l'eau sombre, comme un feu d'artifice marin silencieux. Après une courte collation, partagée entre tous, allongés nous regardions le ciel criblé d'étoiles, tel que nous décrivaient les récits de voyages, des odeurs de jasmin, de lauriers roses, de lavande, d'épices, de cyprès, montaient jusqu'à nous, nous rappelant que l'Orient, la Turquie,  se trouvait sur l'autre côté du bras de mer, d'où l'on n'apercevait aucune vie. Le sol était dur, certes, mais silencieux, nous avions tous conscience que nous vivions des moments inoubliables, le monde nous appartenait, nous étions jeunes et prêts à savourer chaque moment de ce voyage merveilleux,  plein d'imprévus, dont je me souviendrais toujours.

 

Christine

 

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Image par Foundry Co de Pixabay

 

 

Partir

 

Partir, avec mes amis à l’aventure, baskets et sac à dos, découvrir les merveilles de la nature, percevoir le silence des fleurs, le chant des oiseaux, dormir à la belle étoile bercé par le doux murmure d’un petit ruisseau.

Se réveiller à l’aube et partir arpenter quelques sentiers un peu abrupts aux dénivelés parfois assez important, éprouvant certes, mais quelle satisfaction d’y parvenir.

Prochain départ prévu : les chemins de St Jacques de Compostelle, enfin peut être pour moi !

Louisa

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Le jour « J »

 

Partir ! mon rêve… et je crois qu'aujourd’hui, je vais pouvoir le réaliser.

Je suis le plus beau et le plus grand de tous les avions qu’il a construit, mais je n’ai jamais volé. Jusqu’à ce matin, j’étais suspendu au plafond par des tendeurs ridicules, les ailes déployés, les volets frémissants, l’hélice tremblante, empêtré dans un immobilisme déprimant. Aussi, quand il m’a descendu de mon perchoir et m’a installé dans la voiture, je me suis dit : c’est le jour J.

Et maintenant, mes roues foulent le sol du terrain, mon moteur vrombit, et mu par la télécommande, je roule, lentement d’abord, puis j’accélère, et enfin je m’élève, et je vole, je vole. C’est merveilleux, c’est grisant d’être en plein ciel. Je fends l’air, je me sens aussi léger qu’un oiseau, prêt à faire tous les loopings, toutes les cabrioles possibles. Mais déjà, je sens la télécommande me brider, m’imposer le retour. Quelle déception !

Non, non, je ne me laisserai pas faire. Alors, je déploie toute mon énergie, je lutte contre cette volonté étrangère qui veut entraver ma liberté. Ma carlingue tremble, je souffre, j’ai l’impression que je vais exploser…et tout à coup, le calme, je sens que j’ai gagné, la télécommande ne me contrôle plus, je vole de mes propres ailes, je suis maître de mon moteur, je suis l’avion et le pilote.

Rien ne m’empêche plus de découvrir les grands espaces, les déserts, les océans, les mers et les îles lointaines, de survoler les montagnes et les forêts.

Au fur et à mesure que je m’éloigne, le terrain devient de plus en plus petit, les regards incrédules et médusés sont tournés vers moi, puis tout disparaît, je suis déjà loin et le cœur battant, je me sens libre de partir pour une nouvelle vie.

Gill

 

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