Les narrateurs: raconte-moi

 

Chacun demande à son voisin ou sa voisine de droite de lui narrer un évènement, réel ou fictif, sur un thème bien précis (enfance, école, vacances, aventure, etc.) ou sur un thème libre.

 

En 25 minutes vous écrivez un texte répondant à la demande.

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Poème sur mon premier baiser

 

 

Mon premier baiser, il était laid !

Pas vraiment express mais depuis j'en ai de l'herpès.

C'était sur une plage, au bord du rivage, ados pas sages.

 

Moi, j'étais amoureuse de Titou, mais lui pas du tout.

Moi, je ne regardais que lui, lui que les autres.

Moi, j'étais désespérée, lui s'en foutait.

 

On faisait tous partis du même groupe, il y avait beaucoup de couple.

J'étais seule, pas ronde comme une meule et pas trop bégueule.

Il était seul, grande gueule, l'unique qu'il me veule.

 

Quand il m'a embrassé, j'étais heureuse.

Mon débardeur débarrassé, j'étais peureuse.

De sa main caressée, j'étais mal heureuse.

 

Terrassée quand son doigt...

Moi, je ne voulais qu'un peu exister.

Moi, je ne voulais qu'un baiser.

 

LE STYLO NOIR

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Nanou

 

Nanou volette. Libellule qui va de feuilles en corolles le long du ruisseau. Née  sous le signe des hirondelles. Ne cherchez pas dans les signes du zodiaque, elle fait partie des extra-terrestres. Disparue à l’entrée de l’hiver, migrant peut-être vers des contrées lointaines, elle réapparait au printemps chaque fois plus vive et colorée que jamais.

 

Sa mère avait mis au monde ce petit oiseau des iles remplissant la maison de ses piaillements plaintifs, joyeux  ou coléreux, se perchant sur son épaule pour lui faire des bécots dans son cou parfumé. Elle était intarissable. Insaisissable aussi. Les qualificatifs qui lui allaient le mieux : vivacité et imprévision.

 

Un jour, elle devint impalpable, presqu’invisible. Sa mère vit sortir par la fenêtre une libellule irisée, rayonnante, réverbérant les rayons du soleil. Elle la laissa filer, sachant qu’elle saurait se tailler un chemin dans les méandres d’un avenir de nature mais non pas sans embûches dont elle se tirerait avec dextérité. Son petit oiseau était réellement sorti du nid. Complètement. Définitivement.

 

Mouty

                                  

 

  

 

Ce devait être la fin de la guerre, je ne réalisais pas, j’étais trop jeune. La veille, derrière les volets fermés, on avait entendu des coups de feu, près de la vieille gare. Je sentais qu’il se passait quelque chose, mais quoi ? Ma mère avait le sourire, mon père chantonnait et mon frère se dirigeait sournoisement vers la porte. Mais ma mère qui le surveillait du coin de l’œil, l’interpellait et lui intimait l’ordre de rester. Je m’ennuyais, je lisais sans trop savoir quoi. Finalement, vers 16 heures, mon père dit : « je vais faire un tour » et mon frère en profita pour s’éclipser. Il faut dire que mon père était un peu ancien style, pas macho, non, « mais je sors » sans nous inviter à aller avec lui. Et nous sommes sorties, toutes les deux, comme nous en avions l’habitude. La grand’ rue était noire de monde, il y avait des gens agglutinés sur les marches de la mairie. C’était étrange, je n’avais jamais vu cela. Les gens se parlaient et ma mère, si réservée d’habitude, échangeait des propos à tout venant sans répondre à mes questions. Je crus voir mon père dans un groupe d’hommes qui discutaient ferme. Cela dura un moment, quelqu’un apparut au balcon de la mairie, mais je n’entendis pas. L’effervescence croissait, le bruit enflait, on ne pouvait bouger tant on était serré. J’avais envie de partir mais ma mère résistait ? Soudain, des hommes en armes apparurent, soldats aux vêtements hétéroclites, fusil à l’épaule. La foule s’écarta. Ils se rangèrent au pied de la mairie. Un silence absolu nous figea et je compris que c’était un moment extraordinaire, magique. Il s’éleva alors un chant lent, puissant qui me bouleversa et je serrai la main de ma mère qui répondit à ma pression. Quand ce fut fini, on applaudit et j’entendis ma mère dire, comme se parlant « est-ce que ceux qui ont été arrêtés vont revenir ? ». La foule se désagrégea, nous revînmes à la maison, ma mère me dit : « c’était le chant des partisans, la guerre est finie ».

 

Le soir, on eut, comme d’habitude, des rutabagas et du fromageon. Le chocolat, le chewing-gum, ce sera pour beaucoup plus tard. On inscrivit des noms sur le monument aux morts, on plaça de nouvelles plaques dans les rues.

 

Line

 

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L’ordinateur ne répond plus !

 

Qui a éteint l’ordi. ? Comment, ce n’est pas toi ? Mais je viens de l’allumer et l’écran reste désespérément noir. Je le savais, ça devait arriver ; depuis plusieurs jours il donnait des signes de faiblesse ; je n’ai pas voulu m’en préoccuper espérant que cela allait s’arranger tout seul. Ah ! Il fallait être patient, il s’allume ; heureusement car j’ai des tas de choses à faire, courriers, recherches, documents à mettre à jour, enfin tout ce qu’on fait avec un ordinateur…Et zut, plus rien de nouveau, c’était son dernier soupir, le dernier éclair de vie d’un P.C. à l’agonie.

 

Bon, ce sera le réparateur obligatoire qui me dira s’il peut encore être sauvé.

Catastrophe ! Je me sens démunie, désemparée, coupée du monde. Mais que fais-je faire ? Et comment faisais-je avant lui, ne serait-ce que pour le courrier par exemple ? Et bien avant j’écrivais, avec un stylo, sur du papier. J’envoyais des lettres et l’on m’y répondait. Bien sûr, en fonction du moyen d’acheminement ou de la levée du courrier, en fonction du nombre de kilomètres qu’elles parcouraient et de la modernité de la poste locale, les nouvelles n’étaient pas très fraîches en arrivant, mais quel plaisir de voir une écriture aimée, un beau timbre évoquant un pays lointain, un cachet parfois difficile à déchiffrer. Quel plaisir d’ouvrir l’enveloppe, de déplier le papier et de lire, de relire des dizaines de fois l’écriture appliquée ou pressée ou maladroite. Quel plaisir de les ranger dans une belle boîte pour pouvoir les ressortir à loisir. Quel plaisir d’y répondre calmement ou fébrilement, au gré des idées qui se bousculent dans notre tête. Peut-être vais-je être obligée de m’y remettre, mais mon cœur balance entre les deux formules : plaisir d’écrire, d’attendre en guettant le facteur ou satisfaction immédiate, message instantané, nouvelles simultanées ; plaisir de se parler et de se voir sur l’écran mais aussi inquiétude de voir les traits tirés, la fatigue sur un visage alors qu’il est si facile, dans une lettre, de ménager ceux qu’on aime.

 

Je crois quand même que l’informatique est une vraie merveille quand on s’en sert à bon escient. Alors : « Allo, dépanne PC, pouvez-vous venir faire une réparation ? Demain ? Oui, c’est parfait. Oui, oui, je survivrai, enfin je crois, jusqu’à demain »

 

Gill

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La fin du monde

 

 

Alors, la fin du monde, c'est :

 

Un animal qui meurt

 

Un arbre qu'on abat

 

Une source qui se tarit

 

Un enfant qui souffre

 

Un vieux qu'on emmure

 

Un livre qu'on brûle

 

Une innocence violée

 

Une question sans réponse

 

Un dos qui se tourne

 

Un amour repoussé

 

Une liberté enchaînée

 

Un homme qui a faim

 

Une femme qui dort dans la rue

 

C'est, c'est, c'est..

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Et puis, chaque jour, le soleil se lève, les oiseaux se mettent à chanter, et la vie continue...

 

Valérie

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