Parents et paysages

 

En 20 minutes, décrivez vos parents comme s’ils étaient des paysages.

Utilisez  des phrases longues et des phrases courtes sans qu’il soit obligatoire d’associer un paysage à un même type de phrase.

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Mes parents

 

Mon père, aux contours nets, aimait le concis, le précis. Pater familias abrupt, yeux perçants, noirs de geai, sourcils broussailleux, peau ravinée, lèvres serrées, coincées entre deux haies de barbe hirsute. Verbe haut. Sûr de ses dires aux accents rocailleux, brumeux parfois, vin ou pastis à l’appui de ses mots saccadés.

 

Ma mère, tourterelle bleu horizon, chevelure soulevée par la brise iodée, était la muse du foyer. Robes coquettes, fleuries de marguerites ou de coquelicots. Sourire ensoleillé. Visage de nature affable, enveloppante, qui vous roule aussi bien dans le sable chaud que dans la prairie fraichement coupée, au cours d’une conversation torride. Coquine la diablesse, à l’image d’un tournesol perdu dans la tapisserie verte d’un pré. Elégante, dans un jardin aux couleurs de l’arc en ciel.

 

Mouty

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« Papa, Maman, en chantant cette chanson, Papa, Maman, je re’deviens  petit enfant… »

 

  Une petite fille qui dessine. Sa Maman d’abord. Normal.

 

Sa Maman, c’est une forêt au clair de lune. Pas n’importe laquelle. Celle de Blanche Neige, qu’elle est allée voir dimanche au cinéma. Un joli camaïeu de verts. Des verts comme les yeux de sa mère, changeants selon les heures et les émotions.

 

Et des fleurs, partout. Argentées par la lune,  comme ses gestes  à Elle, qui semblaient répandre dans l’air une poudre d’argent impalpable, pareille à celle de la Fée Clochette. Car l’invisible ne l’est pas pour les enfants.

 

Et puis enfin des tas de petits animaux roux, à commencer par les écureuils, bien sûr. Tous de la couleur de Sa chevelure flamboyante.

 

Une forêt qui danserait parce que Maman aimait tant danser…

 

       La petite fille dessine. Son Papa à présent. Une chose est sûre : il faudra beaucoup de crayons bleus car Papa marin devient aujourd’hui Papa –la-mer.

 

Avec des vagues  et du vent venu du fond de l’horizon pour évoquer sa voix si grave. Avec un ciel tourmenté de nuages pour dire son inquiétude quand ceux qu’il aimait s’apprêtaient à partir. Même pour pas très loin, même pour pas pour très longtemps : «Prends bien soin de toi, surtout sois prudent… »

 

     La mer oui, mais avec un port, à l’avant du tableau, car Papa, c’était aussi le refuge, la garantie contre les coups durs et la certitude que nous étions aimés.

 

   Papa, Maman voici mes dessins malhabiles, en guise de chanson. Je sais que vous allez sourire, en les recevant, mais que vous vous dépêcherez de les afficher sur votre frigo, là haut, au paradis…

 

El Pé

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Elle et Lui

 

Elle, c’est une ville, mais pas n’importe quelle ville. Elle, c’est Paris, le Paris qu’on découvre quand on se promène à Pieds, quand on remonte les Champs Elysées, quand on flâne sur les Grands Boulevards, quand on va du Louvre au Musée de la Marine, de Pigalle au sommet de la Tour Eiffel, quand on respire le Quartier latin, quand on marche du Parc Monceau jusqu’à la Porte des Lilas, quand on embrasse la ville du regard depuis le restaurant de la Tour Montparnasse. Elle, c’est aussi les petites rues où se cache le Paris ancien aux portes surmontées d’écussons, le Paris populaire de Ménilmontant, la rue des Artisans où perdurent certains savoir-faire ancestraux, le Paris des hôtels particuliers, véritables trésors à l’abri des regards. Elle, c’est aussi la Seine, les péniches, le métro, le périph’. Elle, c’est tout ça, et quand je suis à Paris, je suis toujours avec Elle.

 

Lui, c’est un paysage de roseaux au bord de l’eau. C’est celui qui plie mais ne rompt pas, celui qui s’adapte à son environnement. Le vent souffle autour de lui, tente de le pousser, mais passe au travers. Lui demeure debout. On dirait que le vent n’a pas de prise sur lui, ne l’a pas fait bouger. C’est un paysage reposant, un paysage qui apporte la sérénité, la stabilité. Dans ce paysage on se sent bien, on se sent protégé.

Elle et Lui, si différents, mais si complémentaires.

 

Gill

 

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