Autour de Noël

 

En  20 minutes, écrire un soliloque:

Celui du père Noël / de la mère de famille nombreuse / de l’aîné des enfants / de dernier des enfants / de la grand-mère / de l’arrière grand-mère / de chat / du facteur / ou de n’importe qui d’autre.

---------------------------------------------------

 

        J’en ai marre, marre, marre ! Quelle plaie cette fête quand on s’appelle Jean Balthazar, qu’on est le fils du Père Fouettard et qu’on est amoureux de Marie Noëlle, la fille du Père Noël.

 

        D’ailleurs, je ne suis pas le seul. Elle, tout le monde l’aime, évidemment. Tu parles ! Manière de donner un coup de main à son vieux, elle est de tous les goûters du mois de Décembre, belle à craquer croquer sous son petit bonnet rouge à pompons. Tous les gosses en sont fous et veulent lui faire la bise, leurs papas aussi mais les mamans montent la garde, sourire (forcé) aux lèvres, les braves femmes.

 

          Quant à moi ? A partir du mois de Septembre, j’entame le décompte des jours jusqu’au 24 Décembre, la peur au ventre, et lorsqu’arrive la date fatidique et que mon père, chevauchant déjà sa hyène, me crie d’en bas : « Qu’est-ce-que tu fiches encore, empoté ? Allez, c’est l’heure mon gars, au boulot ! », C’est carrément la colique. Alors je saisis mon martinet et saute sur ma monture-sœur jumelle de l’autre- les yeux rouges et le cœur lourd.

 

     Parce que la vérité, c’est que moi les gosses, je les adore ! Même les méchants que je dois fouetter à tour de bras la nuit durant, tout en mêlant mes sanglots aux leurs. A propos, où sont les caramels ? Je les ai si bien cachés que je ne les retrouve plus…faut pourtant que je remette la main dessus avant de partir, afin d’en donner aux mômes après chaque correction…Si mon père savait ça, il me tuerait…Ah les voilà !

 

        J’en ai marre, marre, marre ! Je suis raide dingue de Marie Noëlle et je voudrais l’épouser. Le pire, c’est que si elle me connaissait mieux, elle accepterait, je sens que je ne lui déplais pas, dans le fond. Mais que faire ? Notre histoire, c’est Roméo et Juliette en pire ! En tout cas, tant qu’il y aura un Père Noël. Vu que, selon le ying et le yang, le blanc et le noir ou le bien et le mal pour faire simple, tant qu’il y aura un Père Noël, il y aura un Père Fouettard. Que faire Boudiou que faire ? Faut que je trouve une solution, très vite. « Oui Papa, une minute, j’arrive !! »L’inspiration, vite, l’inspiration ! Ah j’y suis : Je vais tout de suite passer un coup de fil à Jacques Dutronc  pour lui demander de garder désormais les deux paternels avec lui dans son maquis corse. Après tout, c’est lui le responsable non ?

 

El Pé

                                                                              

 

Seigneur !!! Nous sommes le 22 Décembre et je n’ai encore rien décidé pour notre repas de Noël, que vais-je bien pouvoir préparer pour essayer de satisfaire mes six  diablesses , heureusement que l’arbre a été coupé et installé dans la grande salle ou il trône, stoïque ,  attendant qu’on le garnisse, ce sont les ainées qui vont s’en charger . En ce moment  elles s’activent , découpant , coloriant  sujets et guirlandes qui vont l’embellir, l’illuminer , ce beau sapin , mais reste tant à faire ; d’abord établir le menu , alors je vais prendre un bloc et un crayon  et aller voir les filles qui vont m’aider dans le choix des plats de ce réveillon , bah !   je connais déjà les réponses , je n’ai pas besoin de sortir  de cette cuisine :   tu fais comme pour tous les autres réveillons  non ?  Qui est d’accord pour l’ entrée,  le fameux foie gras fait par mamie , c’est toujours un vrai régal , ensuite la dinde farcie avec ma farce si moëlleuse,  mes filles raffolent  toujours de ces farces, et  le classique biscuit roulé fourré à la crème pâtissière décoré de chocolat fondant dessus , oui , oui,  toutes approuvent en applaudissant ; pour se rafraîchir on terminera par   une grosse salade d’oranges juteuses au vin blanc ça fera glisser le tout , ok  les chéries après avoir fini les décorations préparez-vous à venir donner un coup de main à la cuisine avec moi , trois pour la dinde , trois pour le biscuit et ensembles vous préparerez la salade d’orange ,  à l’attaque pour tout ce qui peut se faire d’avance , il restera la décoration de la grande table , on s’en occupera demain , du temps ,du temps il m’en faut plus et j’en ai si peu , comment vais-je y arriver ! Tiens on sonne , oh  zut,  qui  est l’emmerdeur  qui va retarder ces préparatifs ? j’ouvre et me trouve face à Monsieur le curé , il ne manquait plus que ça , il va encore me parler du toit qui fuit. Entrez mon père , vous avez l’air gelé,  venez je vais nous faire un bon vin chaud ,je vais en boire un aussi moi , asseyez-vous  , je mets une bonne rasade d’armagnac ,  je fais brûler  , goûtez moi ça   mon père ,  ça va  vous   requinquer , je m’écroule plus que je ne m’assois sur ma chaise ,   savourant  ce  breuvage brûlant qui descend  dans ma gorge ,le yeux fermés,  je n’entends rien du discours  plaintif du curé ;  voyons j’ai encore  ça et ça  à faire , quand tout à coup une forte brûlure sur ma cuisse me remet sur pieds illico,  j’essaye en vain de décoller le tissus imbibé de sirop de ma peau , mon père il faut m’excuser mais je dois me changer de toute urgence , il se lève de mauvaise grâce , tentant d’achever son verre, puis d’un signe de tête forcé sort ; je claque la porte , ouf !!!,  essayons de continuer , pas de panique , tout va bien se dérouler, je serai fin prête pour le fameux soir , je vois les visages rayonnants de bonheur des filles , leurs yeux étincelants en défaisant les paquets , il y aura des rires, de la joie ,  des chants et surtout ,beaucoup d’amour dans la maison,  pour ce nouveau Noël.    

 

 Rina

                                                               

 

Réveillon glacé

 

Mais combien de temps va-t-on rester coincé dans les voitures au milieu de ce champ de neige ? Je devais arriver ce soir, dormir dans un bon lit après m’être réchauffée devant la cheminée, et voilà que rien ne se passe comme prévu.

 

Ah le foie gras ne risque pas d’être trop chaud, il sera d’emblée à la bonne température, c’est toujours cela. Mais les cadeaux, si je n’arrive pas, qui les mettra au pied de l’arbre ?

 

Impossible de bouger la moindre roue ! Des voitures devant, derrière, sur les côtés, en travers ; ces chutes de neige impressionnantes dont la soudaineté et l’abondance ont surpris tout le monde vont perturber cette veille de Noël et il y aura bien des retardataires au réveillon. Je me demande même si nous ne devons pas nous préparer à la passer sur l’autoroute ; autoroute du soleil, tu parles !

 

Je n’ai jamais autant regretté la douceur du foyer, l’odeur de la volaille, les fruits déguisés où la pâte d’amande sucrée et colorée cohabite si joliment avec les noix et les dattes. J’imagine avec envie le sapin majestueux, paré de mille feux, de boules scintillantes, de guirlandes argentées ; je vois avec envie les cadeaux s’étaler à son pied. Je suis même nostalgique, en commençant à avoir les pieds gelés, de cette année ou Minou avait tant joué avec la crèche qu’il avait envoyé valser les santons aux quatre coins du salon.

 

Tiens, qui sont ces gens qui s’approchent ? Mais ce sont des bénévoles de la Croix-Rouge qui viennent distribuer des boissons chaudes. Et bien, on n’est pas sorti de là. Je vais me résoudre à téléphoner pour annoncer le retard des cadeaux. Et encore, faut-il avoir du réseau !

 

Gill

                                                                

 

 

SOLILOQUES DU PERE NOEL

 

Le Père Noël : Fouchtri de fouchtra ! Ils n’ont pas encore ramoné leur cheminée ! La prochaine fois, je fais demi-tour avant d’y entrer, d’autant plus que je n’ai aucun plaisir à offrir des cadeaux à ceux qui n’en n’ont rien à foutre ! Au petit dernier peut-être qui écarquille encore ses yeux à l’idée d’une surprise. A l’ainé des enfants ? Pfff ! Il attend sa console new-look, sachant pertinemment que je n’ai plus les moyens : il a depuis longtemps un œil dans les secrets familiaux le bougre ! Se doute-t-il pourquoi depuis un mois on ne mange plus que des pâtes à la maison ? A la mère au regard avachi qui attend sa machine à laver depuis des lustres, n’ignorant pas qu’il lui faudra attendre au moins un an de plus… A la grand-mère ? Je vais peut-être bien lui laisser deux pelotes de laine pour tricoter des chaussettes : il faut bien qu’elle s’occupe ! Quant à l’arrière grand-père, je vais lui laisser une pipe. Il n’en n’a plus pour bien longtemps à l’utiliser. J’irais jusqu’à supposer qu’il en a tout juste de quoi finir son paquet de tabac…

 

Quelques câlins pour le chat, c’est tout ce qu’il demande ; son ronron me réconforte. Quant au chien, brave bête, son regard profond, ses oreilles dressées et ses battements de queue me prouvent que je suis dans son cœur. Ces deux-là sont dans le mien aussi. Je repars le cœur léger, sachant qu’il existe encore des êtres désintéressés sur la terre.

Ciao ! A l’année prochaine… peut-être.

 

Mouty

________________________________________________