Dans la malle du grenier

 

Chacun écrit 4 objets dont un vêtement  sur un papier. Donne le papier à sa voisine.

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Vous ouvrez la malle du grenier de votre grand-mère. S’y trouvent ces quatre objets.

En 20 minutes, écrire un texte à partir de ces quatre objets.     

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La malle de VALERIE

 

              Louche/lunettes/lampe/chemise

 

 

 

 

Dans la malle de ma grand-mère

 

Ma grand-mère maternelle, Mamy, habitait avec ses parents, mes arrière grands-parents, à Provins dans une très grande maison. J'aimais beaucoup cette maison, jolie et pleine de coins et recoins, ce qui nous permettaient, à mes sœurs, mes cousins et moi de disparaître au grand dam de nos aïeuls, toujours cherchant et criant après nous.

 

Quelques années plus tard, j'avais une douzaine d'années, mes arrière grands-parents décédèrent, ma grand-mère décida de vendre la maison et il fallut la vider. Mes parents m’emmenèrent avec eux, pour mon plus grand bonheur, et, pendant qu'ils remplissaient caisses et cartons, je filais au grenier dans l'espoir d'y retrouver des trésors.

 

J'y trouvais, en effet, quantité d'objets hétéroclites, empilés là au fil des années. Berceaux, parcs, trottinettes, bicyclettes, ballons, cerceaux, tous les vestiges de mon enfance. Et puis, dans un coin, une malle. Je m'empressais de l'ouvrir, et reconnut immédiatement des objets ayant appartenu a ma chère grand-mère. Chapeaux de paille, étoles, sacs, quelques robes, de vieilles lettres. Certains retinrent particulièrement mon attention, tant ils ravivaient mes souvenirs.

 

Les lunettes, rondes et en écaille, de mon arrière grand-père, qui lui donnaient l'air sévère, voire rebutant, ce qu'il aimait, c'était le garant de sa tranquillité. La lampe de chevet, en faïence blanche et bleue, de ma grand-mère. Tout me plaisait dans cette lampe, sa taille, plutôt petite, son pied en métal doré, son joli abat-jour blanc, et le dessin de sa faïence, fin et délicat.

 

La chemise de nuit, ainsi que son bonnet, de mon arrière grand-mère, en baptiste blanche, très longue, très stricte, comme elle, et sur laquelle elle mettait une liseuse en dentelle rose. Plus incongru, une louche, une louche en argent qui, dans mes souvenirs, servait à servir le potage chaque soir, potage traditionnel et obligatoire que, nous les enfants, rechignions à manger.

 

A ma demande, mes parents m'autorisèrent à prendre la petite lampe bleue. Je l'ai toujours. Elle est trop petite, dispense peu de lumière, a conservé son fil et son interrupteur d'origine. En un mot, elle n'est pas « efficace », comme tout doit l'être aujourd'hui.

 

Peu m'importe, elle me tient chaud au cœur !

 

Valérie

                                       

 

 

 

La malle de DEDOU

 

              manteau/casserolle/voiture/cloche

 

 

 

 

 

Elle vient de s'éveiller, la vieille maison inhabitée qui abritait nos jeux d'enfants. Nous nous y cachions pour attendre le fantôme qui, disait-on, vivait dans les combles. Mais aucun fantôme ne se manifesta.

 

Au détour d'un couloir, une vieille malle attira notre attention: quel trésor pouvait-elle contenir? Et si le fantôme  s'était dissimulé à l'intérieur? Avec maintes précautions nous avons soulevé le couvercle. Hélas, toujours rien !

 

De vieux cadres dissimulaient un manteau, un vieux manteau de drap marron, une sorte de houppelande, comme en portaient ces bergers d'antan lorsque ils partaient vers les hauts pâturages lors de la transhumance.

 

Sous le manteau, une petite voiture modelée et ciselée à la main était à coup sûr l'œuvre du berger durant ses longues journées de solitude.

 

Parmi ce tas d'objets hétéroclites jetés là au hasard, une casserole de cuivre recouverte de vert de gris ; a-t-elle servi au repas frugal d'un homme de la campagne?

Tout au fond de la malle, une petite cloche bousculée par ce remue-ménage tinta. Elle était oxydée, bien sûr, mais en frottant, on pouvait lire un nom gravé au couteau: biquette ! Etait-ce le doux nom d'une petite chèvre? Le souvenir d'une jeune bergère aperçue un court instant ?

 

On peut s'imaginer mille choses, faire siens les souvenirs des autres. Ce berger était-il mon grand-père ?

 

Après tout, pourquoi pas.

Dedou

                                                      

La malle de LILIANE

             

veste/carafe/poupée/boîte

 

 

 

 

… malle y pense…

 

       Et voilà : Mémé partie, la maison est à vendre. Il faut donc en faire l’inventaire  afin de conserver-ou non- certains objets. En souvenir exclusivement, vu que la pauvre Mémé ne possédait rien qui vaille même la peine d’aller le vendre Aux Puces. Chacun de mes quatre cousins s’est vu attribuer une pièce, et comme personne ne veut y aller (ça va certainement être pire que tout le reste), c’est moi qui suis désignée volontaire pour le grenier.

 

0K.  A priori je n’ai rien contre, à l’exception des araignées, mais la curiosité étant la plus forte, je me glisse dans la peau de La Pérouse et part pour l’aventure.

 

 Je ne suis pas déçue. Au milieu d’un fatras de chaises bancales et de lessiveuses en tôle galvanisée, toutes trouées, je distingue aussitôt une malle en métal, dont la rouille a amplement grignoté la peinture verte, sans toutefois l’avoir totalement dévorée. Pas de cadenas. Chance !! Sitôt ouverte, j’aperçois sur le dessus, impeccablement pliée, une veste. Oui, juste une veste, mais d’uniforme de la Police Montée Canadienne, s’il vous plait ! Que fait-elle donc là ? Et soudain me reviennent à l’esprit les histoires que me racontait Mémé quand j’étais petite, au sujet  de son village natal libéré par des troupes canadiennes, lors de la Première Guerre Mondiale. Alors que mon aïeule, n’est-ce-pas, était une accorte jouvencelle… Quelles intéressantes révélations concernant notre arbre généalogique offre ainsi  cette magnifique découverte, à commencer par le mystère enfin résolu de mon indéfectible attirance  pour Léonard Cohen !

 

  Encouragée par ce premier succès, je ne tarde pas à mettre à jour ma troisième découverte, à savoir une carafe en cristal ciselé, une vraie splendeur qui avait sans nul doute orné la table de moult gentilshommes…Mais non, je plaisante ! En fait, il s’agit d’une carafe en pyrex que Mémé avait rangé là-dedans je ne sais pourquoi, à coup sûr un jour où elle battait un tantinet la campagne…

 

    Suit tout un fouillis de draps et serviettes, nettement moins bien conservé que la veste-relique, rien de bien folichon, en tout cas… ce qui l’est davantage, en revanche, c’est la poupée qui apparait soudain. Très style victorien, avec ses anglaises et son teint de porcelaine, ce qui ne l’empêche cependant pas de fermer les yeux quand on la couche, la coquine. Une poupée qui possède un de ces visages dont se sont inspirés de nombreux auteurs de romans et  films d’épouvante (et l’un d’entr’eux est assez récent d’ailleurs). Elle, c’est juré, je vais la garder. Dans ma chambre, afin de m’offrir des cauchemars en technicolor.

 

      Ah tiens ! Tout au fond de la malle se cache une boîte. Je dis : « se cache » car c’est bien ce que semble faire cette vulgaire boîte à chaussures, consciente à l’évidence de son insignifiance. Que referme-t-elle donc ? Une vieille paire de pantoufles ? Un élevage de vers à soie depuis longtemps trépassés ? M’attendant au pire, je soulève le couvercle…

 

Ô divine surprise ! La boîte en carton se révèle être un coffret à bijoux, renfermant colliers en or et pierreries, ce n’est pas le moment de détailler. Bien décidée à rester seule maîtresse du trésor, donc à n’en soufflet mots à ces quatre cousins  qui me snobent, bien fait pour eux, je m’emplis les poches de ces joyaux, en bénissant ma Mémé cachottière et si merveilleusement avare !

 

       Allez va ! Ne vous offusquez pas ! Bien sûr que je vais partager avec ces cousins qui pourtant ne le méritent pas.

 

       Mais uniquement pour sauvegarder l’honneur de la Police Montée Canadienne !

 

               El Pé

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La malle de LINE

             

                      chemisier/carafe/stylo/casserole

 

 

 

 

Ma mémé centenaire dort, elle a enlevé ses appareils, elle n’entend rien, je peux monter au grenier et ouvrir sa malle. Faut dire, en temps ordinaire, je n’ai pas le droit d’y toucher. Mais j’ai pris son trousseau de clés et puis hier, elle a un peu forcé sur le champagne que tonton Georges lui versait. Elle a chanté, on a bien ri.

 

Voyons cette malle. Bof, elle est presque vide. Mais quel beau chemisier rose pâle, transparent, avec un ruban dans les trous-trous, col haut et manches au coude ; Je le prends, je le secoue, la poussière volette. Je suis persuadée qu’elle le portait quand sa mère lui a présenté pépé. Sûr qu’il est tombé amoureux de ce que suggérait le coquin chemisier. Faudra que je vérifie dans l’album photo et que je lui demande de me le donner, la mode rétro est d’actualité. Cette carafe, je me souviens, maman m’en parle avec regret car elle la croit cassée. Qu’est-ce qu’elle va être contente ! Elle va encore me parler des repas d’antan, des dimanches à la campagne et patati, et patata. Passons. Et cette casserole  dont l’émail a sauté ? C’est pour familles nombreuse, c’est vrai, mémé a eu huit enfants, on ne connaissait pas la pilule, un peu Ogino. Quand on videra la maison, direct la déchetterie, rien ne vaut l’inox, quoique, pour mettre des fleurs, elle pourrait servir. Quoi encore ? Ah, un stylo, un des premiers, ceux qui coulaient souvent, tachaient les doigts et le papier. Mémé m’envoyait porter à la poste les lettres qu’elle écrivait à son fils parti faire fortune en Argentine ; je ne l’ai jamais connu, il n’est jamais revenu ; dans le tiroir de sa table de nuit, mémé conserve ses lettres avec de beaux timbres sur les enveloppes,  j’espère que quand on règlera la succession, maman les réclamera pour moi. Je passe la main dans les coins, que du vide. C’est décevant. Dans les romans, on trouve toujours des trésors dans les malles oubliées dans les greniers. Pas dans la mienne, dommage, quelques louis d’or nous auraient bien aidés pour partir en vacances.

 

Remettons nos trouvailles dans la malle, les clés dans la poche du tablier de mémé. Je vais lui préparer sa camomille. Je l’aime bien, ma mémé, et la malle, extérieurement n’est pas mal…Elle fera un bon coffre à chaussures.

 

Line

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La malle de NANOU            

 

                    chemise de nuit/pipe/clé/lettre

                

 

 

 

Je me souviens, par un très chaud après-midi, vous ne me croirez pas, de décembre, pendant les vacances de fin d'année, alors que les adultes faisaient la sieste, certainement accablés par cette canicule hivernale, je volais la clédu garage de mon grand-père, celui qui fumait la pipe et qui habitait en Savoie.

 

L'ennui m'avait poussé à partir à l'exploration de ce lieu si fermé.

 

Dans un premier petit réduit, j'y trouvais tous les outils du jardin. Mon grand-père était un passionné à la main verte (d'ailleurs, je me demandais toujours pourquoi car ses mains, elles me semblaient pas vertes du tout).

 

Dans une deuxième étroite pièce, je découvrais sa réserve d'alcool, vin, génépi, gniole frelatée.

Peut-être  était-ce là la raison de ce garage clos tel un coffre-fort!

 

Dans le plus vaste espace, de loin le plus intérressant, j'avais tout un univers propice à la fouine qui s'ouvrait à moi. Boites, cartons, tubes, objets divers et variés... Bref de quoi occuper un après-midi d'enfant fantasque.

 

Au cours de mes pérégrinations de curieuse, je découvris une lettre au fond d'une boite à sucre métallique. Après observation plus détaillée, je m'aperçus que cette lettre était une sorte de message codé, une piste au trésor.

 

Qu'avait donc mon grand-père de si précieux à cacher?

 

Mes talents de limière et mon esprit de logique me permirent de dévoiler le contenu de ce papier qui m'amena jusqu'au grenier; jusqu'à une malle dans laquelle je trouvais la chemise de nuit de ma grand-mère, qui avait disparue depuis leur nuit de noce.

 

NANOU

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La malle de GILL

 

              égouttoir à vaisselle/moteur/avion/chaussette

 

 

 

 

 

 

Petit pilote deviendra grand

 

 

« Ouf, un peu d’air, ça se soulève au-dessus de moi. Heureusement, car depuis le temps, je commençais à étouffer sous cette espèce de tissu bleu marine qui coince une de mes ailes. On dirait une chaussette  si je ne m’abuse.

 

  toi, le petit curieux qui vient d’ouvrir le couvercle de la malle  à jouets, oui toi avec tes grands yeux bleus et ta tignasse blonde, écoute-moi donc ; oui, moi, juste  sous ton nez ! Je me présente : je suis l’avion de Paul, enfin ce qui reste du magnifique avion rouge qu’il avait eu pour ses 8 ans, parce que je suis un peu cassé ; tiens, mon moteur est là-bas, dans le coin, près de la deuxième chaussette ; il les portait pour cet anniversaire ; je me demande bien pourquoi on les a gardées, mais c’est sûrement pour le petit avion qui est brodé dessus.

 

Tu as bien fait d’ouvrir cette malle car depuis que Paul m’y a rangé, je suis un peu à l’étroit et j’ai des envies d’évasion. Il a tellement joué avec moi que je suis un peu déglingué, mais tellement fier d’être à l’origine de ce qu’il est devenu. Tu te rends compte, il est membre de la Patrouille de France. Qui l’eut cru quand il me faisait maladroitement faire des loopings et que j’atterrissais en catastrophe dans les rosiers de sa grand-mère. Et tu vois, là, je reconnais cet égouttoir à vaisselle : Paul utilisait la cuve  pour en faire un hangar à avions ; il l’avait recouverte d’une caisse en carton qu’il avait percée d’une porte ; ingénieux, le gamin ! Non ?

 

C’est pour cela que lorsque la vieille radio qui est tout au fond de la malle se met en route pour retransmettre de sa voix fêlée  le Salon du Bourget et que j’entends commenter les évolutions de la patrouille de France, j’en frémis  d’aise et des larmes perlent au bord de mon hélice. Je suis ému et je te le dis, à toi qui me regarde d’un air interrogatif, tu peux être fier de ton père !

 

Si tu me sors de là, fais bien attention à moi, je suis une vieille relique et je suis fragile. Et si tu refermes ce couvercle, pense à me faire prendre l’air de temps en temps, ça me fera plaisir. »

 

Gill