Les sentences

 

A partir de trois papillotes de bonbons contenant des sentences, en choisir une et la commenter ou écrire une histoire. (25 mn) 

 

 

« Il n’y a point de génie sans un grain de folie »    ARISTOTE 

 

 Il a pris un morceau du métal jaune. Instinctivement il sait qu’il peut s’en faire une parure. Il sait ce qui le met en valeur, il aime les bracelets. Il trouve ce jaune très beau, pas comme un jaune bien brillant et bien poli comme l’or, mais un jaune un peu terne, comme un peu sali. Ses mains noires aux ongles sales tournent et retournent l’objet sans forme ; ses yeux le contemplent et l’imaginent déjà s’enroulant autour de son poignet, dansant au rythme de ses mouvements. Lui, c’est un Hameur d’Ethiopie. Dans cette tribu, la beauté et la coquetterie sont de mise ; les peintures de corps et de visage, les bijoux sont indispensables à la toilette. En vérité, il ne sait pas ce qu’est un bijou, il sait seulement qu’il peut donner à cette matière une forme nouvelle en la limant, chauffant, tordant, déformant. Et son esprit se met à vagabonder dans la forêt proche et il façonne la matière en imaginant un serpent rampant silencieusement sous les feuilles ou une liane se balançant mollement dans les airs ; Tous deux se mêlent dans sa tête et son instinct du beau va faire sortir de cette rêverie une pièce unique qu’il ne reproduira jamais à l’identique. Elle sera sortie de la pensée et du désir d’un moment

Quand le bracelet sera passé de la main noir à la main blanche d’un visiteur, quand il aura voyagé et traversé les océans et que tu le regarderas à ton poignet, tu te diras que c’est l’œuvre d’un génie inconnu et que ce qui en fait la beauté, c’est justement ce petit brin de folie qui a traversé l’esprit et guidé la main de l’artiste qui créait avec son rêve du moment, bien loin des normes à respecter.

Ce bracelet unique, venu de si loin et  reflétant la pensée de l’artiste, n’aura pas de prix.

Gill

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 « La plus perdue de toutes les journées est celle où l’on n’a pas ri » Nicolas de Chamfort



  RIRE



-      D’où viens-tu beau papillon

Aux ailes chamarrées de bulles ?

-      Du pays  des libellules

Où tout n’est que rire et chansons.

Un jour débordant de raison

Est vraiment une journée nulle.

Prends donc modèle sur ton Jules !

Me dit le joyeux papillon.

Quand il rit il est bien mignon…

Ne fais pas ta tête de mule

Qui te transforme en tarentule,

La mine triste est du poison.

Plaisante donc un peu Marion,

Et d’un grand rire majuscule

Donne-nous comme un bon pécule

Des pétales de rire à foison.

D’un coup d’ailes le papillon

Enfourcha un petit bidule

Genre d’OVNI bien ridicule

Et disparut à l’horizon.

  mouty

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 «  La rêverie est la vapeur de la pensée » Victor Hugo 

 

Le nom vapeur peut avoir deux sens très différents : la buée qui s’élève  au dessus de l’eau qui bout, elle est légère, inconsistante, elle flotte. Ou bien c’est une énergie qui peut propulser des machines énormes comme des trains et des bateaux.

Je pense que V. Hugo a choisi le mot juste  pour ses deux sens. La rêverie est irréelle mais elle peut aussi être un moteur formidable de la pensée car elle peut générer de grandes réalisations (en art, en architecture par exemple) ou de grandes inventions techniques .On peut se laisser flotter comme la buée, faire abstraction du monde réel, oublier le « ici et maintenant » pour mieux y revenir et créer du concret, du solide.

Mais V. Hugo a-t-il poussé son raisonnement  jusqu’à voir l’aspect négatif de la vapeur et de sa sentence ?...La rêverie peut –elle aussi être un volcan en ébullition qui produit des vapeurs délétères, mortelles et qui entraîne une force destructrice terrible ?      

                                           

                            MIMI

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 «  Parler beaucoup est une chose  Parler à bon escient en est une autre. »  Sophocle

                                         

Parler à bon escient

 

            Le discours du témoin de la mariée était une horreur. On avait soif, on crevait de chaud, ça n’en finissait pas. De plus, qu’a-t-il dit vraiment ? Personne ne se souvient d’un mot, d’une phrase et, ce qu’il y a de pire, qui aujourd’hui pourrait reformuler l’idée même de son texte ? Une horreur vous dis-je.

             Le sermon du curé était plus court, professionnel et émouvant. Lui aussi a parlé beaucoup mais juste ce qu’il fallait et il a su capter l’attention des uns et des autres.

              Les paroles du maire étaient plus conventionnelles, bien à propos. Un passage obligé, quoi, qui ne restera pas dans les mémoires.

               Le blabla de ma voisine de table était un flot incessant auquel je ne pouvais échapper. Elle aussi parlait beaucoup mais elle parlait d’elle, encore d’elle, toujours d’elle. Je fus obligée de me lever de table pour la fuir et aller danser. Quelle belle fuite et quel bon défouloir !

               C’est au moment du dessert que le père du marié a pris la parole. Il avait préparé une partie de son discours, mais, très vite a quitté les yeux de sa feuille et c’est son cœur qui a parlé.

 Les mots qu’il fallait dire à ce moment là à son fils et à sa jeune épouse, il les a prononcés. Il a pris son temps mais, quand il eut fini, chacun attendait qu’il continue, c’était presque devenu trop court.

             Il ne suffit pas de parler, encore faut-il toucher son auditoire.

             Le discours du papa, tout le monde s’en souviendra.

 

Roselyne