Dialogue improbable

 

Tirez au sort un être humain et un animal

Choisissez  la photo d’un second animal

 

Écrivez un dialogue entre les deux premiers, dont le sujet sera l’animal choisi

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Ilder

wikimédia

 

A propos de……deux jeunes putois. Dialogue  entre  un comédien radieux et une renarde.   

 

   Comme chacun le sait, Benjamin Trencavel est un comédien heureux. Déjà de nature, et aujourd’hui plus encore car il vient de décrocher le rôle de sa vie. Pour le coup, il irradie littéralement de joie. C’est pourquoi il se dépêche à présent de rentrer chez lui, afin d’apprendre à Iphigénie la bonne nouvelle. Ah oui ! Précisons qu’Iphigénie est le nom de sa renarde apprivoisée (elle ne s’en fâche pas, du moment qu’aucun renard n’est au courant). Comédien avant tout, il prépare déjà un sourire triomphant en passant le portail lorsque soudain :

« -  Halte là, Messire Benjamin ! Regarde un peu où tu mets les pieds, nous avons de la visite !

-Oh c’est toi Iphigénie ?  Tu m’as fait peur ! Quelle visite ? Où ça ? Je ne vois personne.

-A tes pieds !! Cachés sous les fougères dont tu as par chance garni ton jardin, vu que ça ne demande pas d’entretien…

-Je ne vois rien…Oh si ! Mon Dieu comme ils sont jolis ! Qu’est-ce-que c’est d’après toi ? Des bébés loutres ?

-Quelle pitié ! Deux jeunes putois, ignorant !

-Ils ne bougent pas les pauvres mignons…

-Pardi ! Ils ne m’ont pas encore vue, mais ils m’ont bien sentie ! Ils sont terrorisés.

-Des…des…des putois…mais dis-donc, alors…

- Oui, je sais. Même à leur âge, ils savent dégager une odeur…impressionnante !

-Et alors, qu’est-ce qu’il faut faire ?

-Attendre.

-Attendre quoi ?

-Que l’un des deux décide de s’enfuir, en douce. Alors, je pourrai me jeter sur l’autre et lui régler son compte avant qu’il ait eu le temps de faire…pouf…

-Oh non ! Tu ne vas pas faire ça, Iphigénie ! Ces pauvres petits êtres sans défense, si fragiles, si vulnérables, si…

-Tendres, miam ! Dans ce cas, tu proposes quoi, Messire Benjamin ?

-Je ne sais pas, moi…Les apprivoiser peut-être…ce ne doit pas être si difficile, ils ont l’air tellement gentils !

-Ah, et tu penses t’y prendre comment ?

-Et bien, en leur récitant des poèmes par exemple… d’une voix douce, chaude, caressante qui ne manquera pas de les mettre en confiance. Ils vont alors, tout  naturellement, s’approcher de moi et…

-Je leur sauterai dessus !!

-N’y pense même pas, monstre que tu es !!

-Alors, bon courage, cher et vénéré maitre. Je vais partir en chasse, loin de ta vue si prompte à s’émouvoir. Ben oui, comme chaque nuit ! Parce que, je vais te dire, tes boites de pâtée, ne constituent pour moi que d’aimables amuse-gueule. Bonne chance et bonne nuit, Messire Benjamin !!! »

        Bercés par la douce voix du comédien radieux, les bébés putois s’endormirent très vite…sans hélas s’être rapprochés d’un millimètre de leur bienfaiteur. Aux alentours de minuit, ayant épuisé tous les sonnets de Ronsard et Du Bellay, ce dernier entama courageusement la Légende des Siècles. A l’heure où nous écrivons, il y est encore.

El Pé

 

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Carcharias taurus

wikimédia

 

 

 

A propos d’un……requin taureau. Dialogue entre une femme plantureuse et un perroquet.

 

 

---Oh ! Ma toute grosse, on te dit plantureuse,

Ton tour de taille, donc, te rendrait malheureuse?

---Ah! Toi, vilain oiseau, toi le vil perroquet,

Je connais le moyen de fermer ton caquet,

A deux pas de chez nous vit un requin taureau

Il mange les baigneurs, même avec leur maillot,

Perroquet habillé de tes plus belles plumes,

Il t'avale tout cru, je le sens, je le hume,

Je lui dirai combien tu es irrespectueux,

Et d'un seul coup de dent, te coupera en deux.

Pas besoin de rôtir, comme simple volaille,

Tu essaieras de partir, volant vaille que vaille,

Et quand il te mordra, te mordra sans relâche,

Tu crieras : un taureau? Avec moi, il est vache !

Jean-Pierre

 

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Rama head shot

wikimédia

 

A propos d’une.... panthère nébuleuse. Dialogue entre une femme irascible et un poulpe.

 

Le petit poulpe, fraîchement pêché, mais bien éveillé dans le plat, parmi ses congénères, se doute bien que la femme au strict chignon qui s’affaire dans la cuisine, ne lui veut pas que du bien. Il cogite donc à toute vitesse, pour essayer de se sortir de cette délicate et dangereuse situation.

 

« – Hou, hou, chère madame, je vois que sur le mur de cette belle cuisine, vous avez de bien jolies cartes postales. Auriez-vous de la famille dans le pays d’origine de cette magnifique panthère ?

–Oui, dit-elle froidement, d’une voix sèche, en le toisant. Mon grand dadais de neveu apprend à lire à des enfants débiles, dans un semblant d’école au fin fond de la jungle.

– Oh quel magnifique animal ! et quelle chance a votre neveu de pouvoir côtoyer de si beaux animaux dans leur habitat naturel !

– Tu parles, rétorque-t-elle, je la verrais mieux transformée en douillet manteau pour me protéger du froid de l’hiver.

– Chut, chut, taisez-vous, vous n’y pensez pas ! savez-vous que cette panthère nébuleuse, habitant l’Asie, abrite des mystères insondables. Si l’on touche à un seul de ses poils, elle vous jette un sort et il vous arrive immédiatement un malheur. Une simple mauvaise pensée peut vous apporter maladie, accident ou même mort. Et surtout, si vous faites du mal à un autre animal, si petit soit-il, la réplique est encore plus cruelle.

– N’importe quoi, coupe la mégère »

Et ayant mis ail, oignon, herbes dans une grande marmite, elle entreprend de couper un dernier bouquet avant d’y précipiter les poulpes, quand elle pousse un hurlement de douleur, le couteau ayant pratiquement sectionné un de ses doigts.

« – Vous voyez, dit le poulpe, rien qu’une pensée, et paf, la punition ! »

 

Alors, la femme si irascible, et stupide – il faut bien en convenir – terrorisée et ébranlée par ce qu’elle vient de vivre, devient douce comme un agneau, et après avoir pansé sa  plaie, prend avec précaution le petit poulpe et ses congénères, afin de les remettre à la mer, priant pour que la panthère l’oublie.

Gill

 

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