Mathilde et les quatre saisons

 

En dix minutes dressez le portrait de « Mathilde » : âge, physique, traits de caractère

En 15 minutes, décrivez une journée de Mathilde au printemps

votre texte commencera par   « Sept heures du mat’ »

finira par une une morale ou une sentence

vous y introduirez 3 noms de fruits, 2 noms de fleurs, 1 nom de  plat cuisiné

 

Avec les mêmes consignes , décrivez ensuite une journée de Mathilde en été, puis en automne et enfin en hiver

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Portrait de Mathilde par Mouty

 

Mathilde : 25 ans, rousse, grande, svelte. Un brin maladroite dans son langage et son comportement. Aime son chien. N’aime pas les oiseaux. Déteste qu’on la charrie

 

 

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Une journée de Mathilde au printemps

 

Sept heures du mat ! C’est l’heure ! Et ce foutu réveil qui s’égosille sans faiblir ! Avec le chant des oiseaux en plus ! Les copines de Mathilde lui avaient offert cet objet fabuleux pour son vingt-quatrième anniversaire. Des oiseaux en tous genres dont la cacophonie avait le don de l’exaspérer. En ce moment-même,  plus qu’à un autre, elle déteste les oiseaux. Elle parvient avec peine à poser son doigt sur la touche d’arrêt puis saute néanmoins prestement du lit pour ouvrir sa fenêtre.

 

Aujourd’hui c’est le printemps. Les violettes parent le bord des allées de mauve, tandis que le muguet arbore déjà quelques boutons.

 

Les amandes sont formées et le cerisier est en fleurs.

 

Mathilde se hâte d’aller dans la cuisine où l’attend son petit déjeuner préparé par sa mère ; autant en profiter : elle n’en n’a plus pour longtemps de la maison paternelle avec ses habitudes d’enfance. Noix, noisettes, orange, et une belle part de tarte aux pommes !

 

Mathilde avale en vitesse son café et se met à cavaler vers la sortie. Comme d’hab elle rate son car et doit prendre ses jambes à son cou pour être à l’heure - ou à peu près à l’heure, à un quart d’heure près - à son boulot. Réception glacée. Regards chargés de reproches. Rien ne sert de courir lui dit le chef d’un air courroucé, il faut partir à point.

 

 

 

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En été

 

Sept heures du mat ! Pas de réveil barbare au son d’un engin métallique casse-oreilles ! Mais en douceur - ou presque - au chant du coq qui vocalise allègrement depuis bientôt deux heures ! En vacances à Saint-Rémy de Provence, Mathilde savoure son petit-déj préparé la veille pour ne pas perdre une minute dans l’excursion programmée. Une pêche, une poire, et une pomme cuite. Un café et hop !

 

Bien dans ses baskets, la tête abritée sous un chapeau à larges bords, elle rejoint le groupe qui l’attend déjà depuis une demi-heure.

 

Alors Mathilde ! Incorrigible ! Toujours dans le dernier wagon !

 

Taisez-vous les gars, elle ne va pas tarder à faire la gueule ! clame Bertrand qui lui souffle dans le creux de l’oreille qu’elle a mal boutonné son jean et qu’elle est mieux cheveux au vent que sous cette capeline datant de sa grand-mère.

 

Plus un mot ne sortira de la bouche de Mathilde, jusqu’au soir.

 

Pique-nique à midi, douze heures pétantes s’il vous plait ! Encore du cake de Marie qui ne lésine ni sur les olives ni sur les lardons : elle n’aime ni les unes ni les autres.

 

Dès la dernière bouchée, elle se lève d’un bond pour aller cueillir des marguerites, des bleuets et des coquelicots. Elle en fait un bouquet qu’elle offrira à son chéri, militaire dans l’armée de l’air. Demain, quatorze Juillet, il défile à Salon de Provence. Un bouquet champêtre avec des couleurs aussi éloquentes ne peut déparer une tenue de soldat en pareille circonstance.

 

Le soir venu, Mathilde tourne les talons sans un adieu ni même un au revoir. Il lui tarde de se glisser entre les draps pour rêver à sa guise, loin de la gouaille ironique des soi-disant copains. C’est ça les amis…

 

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En automne

 

Sept heures du mat ! Mathilde a du mal à se tirer de sa couette. Elle a pris huit jours de vacances en Octobre pour savourer l’odeur des bois en cette saison mi-figue mi-raisin. Debout, un café pris à la volée, bottes enfilées, et la voilà partie en direction de la forêt, son chien sur les talons.

 

A peine arrivée à l’orée du bois aux couleurs chatoyantes, elle tombe sur des châtaignes qu’elle ramasse non sans se piquer pour en remplir un de ses sacs. Le deuxième sac accueillera les cèpes. A midi : omelette. Devinez à quoi ? aux champignons bien sûr, et pas n’importe lesquels !

 

Après deux heures de récoltes diverses, y compris de noix et de noisettes, Mathilde presse le pas pour retourner au bercail, son chien crotté jusqu’au dernier poil s’ébrouant tous les dix mètres.

 

Ah, la chaleur de la cheminée ! Et la douche tiède : Quel délice ! Quant à l’omelette, n’en parlons pas ! Comme Mathilde, j’en bave encore !

 

Mathilde change l’eau  du bouquet de roses et de buis. Puis, sieste jusqu’au soir. Un peu de musique, un brin de lecture, et hop ! au pieu après une soupe chaude et gouleyante à faire damner un saint.

 

Tout ne se passe pas comme chez le curé de Cucugnan : un diner simple  vaut largement un réveillon indigeste.

 

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En hiver

 

Sept heures du mat ! Mathilde lance un regard torve sur son réveil qui n’a pas encore sonné. Il s’est même arrêté sur le coup de quatre heures. Sa pile est sûrement HS. La langue épaisse et l’estomac au bord des lèvres, ce n’est pas la pleine forme. La GdeB le premier jour de l’année, ça la fout mal, d’autant plus qu’elle avait prévu de passer une journée à la neige avec sa bande de fêtards. Ils avaient franchi la Saint-Sylvestre sans compter les verres d’alcool qui, maintenant, les encombraient tous de façon épouvantable. Ils auraient pourtant dû être rodés dans ce domaine, ayant expérimenté le trop-plein pour honorer Mathilde le jour de la Sainte-Catherine. Ils avaient remis ça le 21 décembre pour célébrer l’arrivée officielle de l’hiver. Puis rebelote avec le réveillon de Noël. Accros à l’alcool en pareilles circonstances, prétextant qu’il décuplait leurs sensations, ils oubliaient vite les lendemains pénibles.

 

Mathilde referme les yeux et se laisse embarquer dans un rêve de glisse, respirant à pleins poumons l’air vivifiant de Font-Romeu, rêve entrecoupé de nausées qu’elle ne parvient pas à maitriser. Elle se lève péniblement, enfile sa robe de chambre et va ouvrir sa porte pour tâter le temps d’hiver. Sur le seuil, un pot de fleurs dopées pour être offertes au 1er janvier : jacinthes, crocus et tulipes naines dans un nuage d’asparagus. Un petit mot épinglé au cellophane : Salut Mathilde ! On ne te réveille pas : cette nuit tu étais dans un tel état qu’on a pensé qu’il était plus sage que tu récupères chez toi. On va se remettre d’aplomb dans les Pyrénées Orientales. On pensera à toi. Repose-toi bien : demain on bosse !

 

A côté du pot, une petite boîte pâtissière contenant deux belles profiteroles au chocolat. Brk !  Mathilde ne peut retenir un haut-le-cœur. Elle commence sa journée par un verre d’eau.

 

Elle se verse un jus d’orange, mange un kiwi et une rondelle d’ananas : il parait que ça fait du bien. Bof, pas terrible ; elle accompagnera sa journée d’un grand verre d’eau citronnée. A défaut de glisser sur la neige, elle glisse dans son lit.. Quand arrive le soir elle ouvre avec peine ses yeux pour revoir une énième fois les dépliants touristiques sur Font Romeu.

 

Le rêve n’est pas forcément toujours réalité !

 

Mouty

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Portrait de Mathilde par Marie

 

 

Adolescente de treize ans, très mince, volubile.

A l'esprit rapide et les gestes aussi.

Avec elle on ne s'ennuie jamais.

 

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Printemps

 

      7H. du mat., le réveil sonne, Mathilde n'a pas envie de se lever, quinze minutes plus tard, sa mère vient la tirer du lit en la houspillant : « Tu vas être en retard au collège !» Alors Mathilde se précipite à la cuisine pour avaler son petit-déjeuner : un bol de cacao accompagné de tartines de confiture, une de fraises, une d'abricots et une de prunes.

 

      Après son passage sous la douche elle enfile un jean  et le petit top blanc sur le devant duquel se détache une énorme marguerite tandis qu'au dos éclate un coquelicot.

 

      --Tu me prépareras des lasagnes pour ce soir, Maman, crie-t-elle en franchissant  la porte, à ce soir.

 

      A l'arrêt de bus, Pauline la voit qui arrive en sautillant selon son habitude; même si elle n'est pas pressée, Mathilde ne sait pas marcher posément, ni parler posément non plus...Son esprit est aussi rapide que ses gestes, volubile, elle n'arrête ni sa langue ni ses mains, sauf à de rares exceptions, comme lorsque Pauline lui murmure dès qu'elle est proche  «  Tu as mis ton top à l'envers ». Un bref instant de panique, puis Mathilde  décrète : « J'irai me changer dans les toilettes en arrivant. »

 

            Dans le flot d'élèves qui se pressent pour franchir l'entrée du vieux bâtiment, elle espère passer inaperçue. Mais bien sûr Jonathan la repère  de loin et se dirige vers elle qui tente de l'esquiver. » Maudit printemps, bougonne -t-elle, au moins sous mon manteau d’hiver, personne n'aurait rien vu. Bon, je l'expédie  en vitesse Jonath. il ne s'apercevra peut-être de rien. » A ce moment là la sonnerie retentit, soulagée, elle lui crie : « On se voit à la cantine »  et s'éclipse aux toilettes.

 

      Elle réussit à rejoindre la classe à temps, toute la matinée se passe sans problèmes et l'après-midi, le cauchemar arrive : EPS.

 

      Pourtant elle ne déteste pas tous les sports, mais ce jour-là c'est COURSE ! Lorsqu'elle court, elle donne l'impression que ses jambes partent de côté et d’autre, ses bras sont comme désarticulés, bref, les autres ont des sourires ironiques et la prof lui demande toujours si elle le fait exprès !

 

      16H enfin, elle peut quitter le collège , aller bavarder avec Pauline jusqu'à l'heure du souper , tout en faisant les exercices de maths et d'anglais.

 

      Plus tard, prête à s'endormir, elle se murmure sa devise « Demain est un autre jour »

 

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Eté

 

      7h. du mat., Mathilde bondit du lit en entendant le réveil, c'est le jour du départ en vacances: un mois et demi de circuits en Europe. Toute la famille est levée.

 

      --Maman je vais m'occuper du chat, je lui donne les restes de la daurade aux courgettes d'hier soir »

 

      Elle se sent un peu  coupable de l'abandonner si longtemps. Le petit-déjeuner est pris rapidement, Mathilde n'arrête pas de poser des questions, de faire des projets, puis elle sort arroser son petit massif d'oeillets d'Inde et de pensées. La voisine qui va nourrir le chat en prendra soin ensuite, elle profitera aussi des fruits du jardin, elle ramassera les dernières fraises, cueillera les pêches et les poires.

 

      A l'appel de son père, Mathilde se précipite, tout le monde est prêt, elle s'installe dans la voiture et c'est parti pour l'Italie.

 

      Les paysages ont défilé sous le soleil, le pique-nique à l'ombre a été le bienvenu, l'après-midi s'est écoulée en avalant encore des kilomètres, Mathilde et sa famille sont enfin arrivés dans le gîte retenu. En s'installant, Mathilde se rend compte qu'elle a oublié de mettre des chaussures dans sa valise.

 

« Tête de linotte, une fois de plus. »  conclut sa mère.

 

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Automne

 

      7h. du mat., comme d'habitude, il faut se lever, se préparer, la rentrée est déjà un vieux souvenir et Mathilde a hâte de se rendre en cours, cette dernière année au collège lui donne des ailes. Elle met dans son sac des amandes, une banane et des figues car le petit-salé aux lentilles annoncé à la cantine ne lui dit rien de bon. Ensuite, elle rejoint son amie Pauline à l'arrêt de bus et elle lui raconte ses rêves durant le trajet.

 

      Une fois en classe, même si elle est intéressée, Mathilde se retourne souvent, fait passer des petits papiers à deux ou trois élèves, toujours très vive et rapide, elle réussit à donner tout de même de brillantes réponses quand elle est interrogée.

 

      La journée s'achève sans rien de particulier, Mathilde et Pauline traversent la cour en évitant les marrons accumulés par terre et s'apprêtent à quitter l’établissement. Elles croisent deux gothiques et Mathilde qui n'a pas sa langue dans sa poche persifle : « Il vous manque une tulipe noire et une rose noire ! ». Ce qui lui vaut immédiatement cette réplique menaçante : «  Rira bien qui rira le dernier »

 

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Hiver

 

      7H.du mat. Les cris de joie de Mathilde qui ouvre les volets font râler son frère dans la chambre à côté «  Oui quoi la neige, t' en as jamais vu ! Pas la peine de crier comme ça ! C'est dimanche ! » et il se met l'oreiller sur la tête pendant que de son côté Mathilde s'absorbe dans la contemplation des flocons. Mais cela ne dure pas, assez vite, elle part déjeuner à la cuisine où le calendrier exotique tranche sur le paysage du jour : un hibiscus rouge framboise domine une haie de monettes jaune pamplemousse.

 

      Tout en savourant son  cacao et ses trois tartines de confiture, Mathilde énumère à sa mère tous les devoirs qu'elle a à faire, se lève pour aller chercher son cahier de textes, lui lit les deux sujets d'écriture et commence à inventer pour celui d'imagination puis se met à argumenter pour celui de réflexion. En éclatant de rire, sa mère lui conseille «  Fais ton choix et ne traite pas les deux ! »

 

      Alors elle tourne les talons et part travailler dans sa chambre. Le chat sur les genoux, elle tripote un stylo de la main droite, caresse machinalement le doux pelage tigré de la gauche et réfléchit, le regard tourné vers les gros flocons qui descendent derrière la vitre.

 

      10H du mat. Son estomac réclame, elle va se faire un jus d'orange et manger des noisettes.

 

      Midi. Les devoirs sont terminés, la cour, la rue, la ville, tout est blanc. Aucune voiture ne circule plus. Elle se hâte de téléphoner aux copains et copines pour se retrouver dans la neige à 15H. Le poulet rôti et les frites sont les bienvenus. Le moelleux au chocolat encore plus apprécié ! Chacun participe au rangement du séjour et de la cuisine puis repart à ses occupations.

 

      15H. Rassemblés sur le grand talus surplombé par l'immeuble où vit Jonathan, Mathilde et ses amis commencent  les glissades en luge qui vont durer deux bonnes heures. Soudain un des garçons lance  une  boule de neige sur Pauline,  c'est le départ d' une bataille endiablée entre tous , jusqu'au moment où une dame âgée ouvre sa fenêtre au rez-de-chaussée et reçoit  en pleine figure la boule que Mathilde destinait à Jonathan. Le petit groupe s'apprête à s'excuser avant de partir car la nuit tombe déjà et c'est alors que la dame, outrée, leur crie «  Mauvaise herbe croît toujours même en hiver »

 

Marie

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Mathilde vue par El Pé

 

    Disons-le tout de suite : Mathilde est très rock and roll. Elle flirte allègrement avec les 70ans, mais ça, elle ne le sait pas…ou fait semblant de ne pas savoir…

 

        Comment être sûrs ?

 

     Ne se déplaçant qu’en Harley, elle est vêtue en toutes saisons d’une combi-cuir noire qui moule sans la moindre discrétion ses formes avantageuses.

 

      Dès qu’elle ôte son casque, on remarque sa tignasse ébouriffée, d’un roux qui ne doit plus rien à la nature, et des yeux verts petit-pois qui semblent toujours annoncer un fou rire.

 

       Elle vit seule depuis longtemps quelque part dans les Cévennes.

 

       Est d’une santé insolente.

 

        Incollable sur Woodstock également.

 

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Printemps, été, se sont enfuis. Nous voici donc prêts  à partager un moment de la vie de :

 

                                      Mathilde en Automne

 

  Sept heures un matin de novembre. Il pleut. Un vent sournois souffle sur la campagne environnante, arrachant méchamment les dernières feuilles des arbres. Un temps à l’évidence propre à flanquer le cafard à n’importe qui.

 

     N’importe qui sauf Mathilde. Au contraire, elle adore car il n’y a pour ainsi dire pas un chat sur la route, ce qui autorise des pointes à 150-sensations garanties- et permet à cette pauvre moto de se dégourdir un peu les pattes et le carburateur ; d’ailleurs, pour manifester son contentement, elle émet un rugissement du plus bel effet, d’autant qu’il est répercuté par l’écho des montagnes.

 

       Pour l’accompagner sans doute, Mathilde-mise en joie, comme chaque matin, par les trépidations de la machine- entonne à pleine voix un « Boudin » martial, puis enchaine dans la foulée-son humeur ayant brutalement viré vers la mélancolie Dieu sait pourquoi- avec « Les roses blanches » aussitôt suivies de « Gentil coquelicot » pour rester dans le ton.

 

         Mais que l’on se rassure ! Le blues de Mathilde ne dure jamais bien longtemps sauf ! …Sauf s’il se décline en accords diminués, car la gente dame a une autre passion : la guitare électrique.

 

         En effet, sitôt rentrée de sa virée quotidienne, généralement en fin d’après-midi, elle soulève avec amour la Gibson de son étui, branche l’ampli et la distorsion….et c’est parti pour un petit concert vespéral, plutôt éloigné du chant grégorien, qu’on en juge :

 

 Un « Tutti frutti » endiablé destiné à chauffer une salle qu’elle seule peut voir, puis arrivent en se bousculant un peu Jimmy Hendrix, Joan Baez, Joe Cooker et parfois le grand Led Zep, même s’il n’était pas présent sur l’île magique…

 

          Perdue dans son trip, Mathilde n’a pas vu tomber la nuit d’automne derrière les vitres. Derrière les vitres justement où se rassemblent comme chaque soir à la même heure, une dizaine de loups, venus en famille écouter la musique. La tête un peu penchée sur le côté, les yeux mi-clos, l’air rêveur…

 

            Mathilde ne sait pas qu’ils sont là. Et c’est mieux ainsi. Depuis leur petit coin de paradis, Mozart et quelques sixties assistent  au concert incognito et comme à chaque fois, ils diront à la fin : « Décidemment, Friedrich*avait raison : Sans la musique, la vie serait une erreur ! »

 

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                                                                                                 Mathilde en Hiver

 

En Hiver, Mathilde fait comme les ours : elle hiberne.

 

           El Pé

 

*Nietzsche ; Mais tout le monde avait deviné…

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Mathilde vue  par Line

 

Mathilde, 100 ans, plus que ridée, ratatinée dans son fauteuil, l’œil rond aux aguets pour tout voir, le jugement péremptoire, édentée mais la parole mordante, heureusement sourde, non appareillée par avarice, et par prudence par nous, pour pouvoir l’injurier et évacuer notre détestation commodément.

 

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Mathilde  au printemps

 

7 heures du mat. Moi, Mathilde, je suis éveillée si tant est que j’ai dormi, ce que je ne crois pas. Je vois bien que mes enfants pensent que je déraille quand je dis que j’ai entendu le métro cette nuit. D’après eux, c’est la voisine qui arrose ses pétunias et ses œillets mais moi, je sais ce que je sais. Voilà l’infirmière, elle m’embête, je la pincerai quand elle m’enlèvera mes couches. C’est quelle heure ? Midi ? Je respire l’odeur de la paëlla de l’espagnole d’à côté. Pouah, j’aime mieux la senteur des oranges, des bananes, des amandes. Comment ? Les bananes et les amandes ne sentent pas ? Et les bananes pourries ? Et les amandes dans les feuilles moisies ? J’ai faim. De quoi ? J’ai déjà mangé, il est 7 heures du soir ? Menteurs, vilains enfants bourreaux de leur mère, je vous déshérite, tout ira à l’état. Vous vous en moquez, je ne peux plus tenir un crayon. Je me plaindrai au président de la République, je lui dirai « vieux dans son milieu, vieux malheureux. »

 

Line

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                      Mathide vue par Gill

 

Mathilde a dix ans. Elle a des cheveux auburn, longs et ondulés. Elle est très secrète. Elle parle peu sauf à ses jouets mais elle écoute beaucoup. Elle a trois frères plus âgés qu’elle, un père chirurgien et une mère pianiste. Une partie de sa famille vit en Afrique. Elle est rêveuse, très curieuse et lit beaucoup.

 

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Mathilde et le printemps

 

Sept heures du mat. Mathilde, c’est l’heure dit maman avec un rapide baiser. Sans attendre elle se lève ; au printemps, elle sait qu’il y a tout un tas de choses à découvrir dehors. Bien qu’elle n’habite pas à la campagne et qu’elle ne puisse pas embrasser du regard un champ de coquelicots ou respirer le parfum  d’une odorante glycine, elle sait que le ciel est plus clair, que les oiseaux chantent et que les gens auront l’air plus gais dans la rue.

Au petit déjeuner, elle adore sa surprise du matin : aura-t-elle un jus d’orange, de pamplemousse ou de fraise ? Qu’importe elle aime tous les fruits.

 

Allez, prête à partir ; un court trajet et arrivée à l’école. C’est son dernier printemps ici. L’année prochaine, lycée, changement d’endroit, changement de copines, des profs différents. Le printemps sera-t-il aussi agréable dans un nouvel endroit, avec un printemps de plus qui la fera entrer dans le monde des « presque grands » ?

 

Déjà midi ! Allez, tous au self. Ici, dans cette école privée, pas de plats cuisinés, type saucisses lentilles, confectionnés par une société de restauration. Tout est préparé sur place par les cuisiniers, …mais jusqu’à quand ?

 

Puis le retour ; quelques rues à enfiler à pieds, dans la douceur de la fin d’après-midi, le nez au vent. Que les rues de Paris sont agréables, en cette saison !

 

Soirée tranquille. Tout le monde est de bonne humeur. Ah qu’il est doux de vivre un printemps en famille.

 

Gill

 

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 Mathilde et l’été

 

Sept heures du matEt bien non, le réveil ne sonnera pas et Mathilde pourra faire la grasse matinée. Ses trois frères ne sont pas encore levés, son père est déjà parti à la clinique, il opère tôt, en été. La maison est calme, sa mère ne s’est pas encore installée au piano pour répéter son concert du soir.

 

Mathilde est en vacances, en vacances à Paris ; et Paris, l’été est un havre de paix. Tous les parisiens l’ont déserté et le calme règne, excepté sur les Champs Elysées ou une multitude de cars déversent un flot de touristes japonais, caméra au poing. Mais Mathilde s’en fiche, elle n’habite pas les Champs Elysées.

 

Bon, debout ! Après avoir déjeuné et s’être préparée, elle s’installe, assise sur le tapis, à l’africaine, pour savourer pour la nième fois, un gros livre sur l’Ethiopie, offert par son oncle.

 

Il y a là une multitude de photos de plantes, d’animaux, montrant des paysages verdoyants ou au contraire, brûlés par le soleil. Elle s’imagine sur les sommets enneigés du Ras Dashan, dans la fournaise du Danakil ou descendant le Nil bleu. Elle observe les loups d’Abyssinie ou parcourt la montagne avec les Nyalas . Elle s’imprègne de l’odeur des arums blancs ou des plantations de roses ; elle savoure les mandarins, les papayes, les mangots ou les bourtoukans.

 

Après un déjeuner rapide, pas un kitfo* ou un doro wat*, mais une simple pizza, Mathile restera jusqu’au soir devant son livre, à imaginer d’autres choses, d’autres lieux, d’autres peuples, d’autres coutumes.

 

En se couchant, la tête pleine de rêves, elle se dira : « point n’est besoin de changer d’endroit pour se dépayser ».

 

Gill

 

*kitfo : plat de bœuf cru finement haché mélangé avec une poudre aux épices (mitmita) et un beurre assaisonné (niter kibbeh) souvent servi sur de l’injera (crêpe de farine de tef)

*doro wat : plat de poulet en sauce avec des œufs entiers (plat de fête)

 

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 Mathilde et l’automne

 

Sept heurs du mat. Petit matin de début d’automne, un brin d’humidité, et ce charme indéfinissable d’une saison qu’on dit triste à tord, tant les couleurs qu’elle arbore sont chaudes et lumineuses.

 

Nous sommes dimanche ; et Mathilde aime dormir le dimanche, mais aujourd’hui est un jour particulier. C’est l’anniversaire de sa grand-mère et Mathilde sait que la famille va se rendre à Rambouillet pour le fêter avec elle.

 

Mathilde aime beaucoup sa grand-mère. C’est elle qui lui a appris à aimer la lecture, elle qui lui a raconté toutes les histoires qui la font encore rêver, elle qui lui a rapporté tous les objets éthiopiens qui ornent sa chambre, elle qui lui a raconté la vie là-bas, quand elle y habitait avec son fils, cet oncle voyageur qu’on voit si peu et qui lui semble un peu mystérieux. C’est elle qui a toujours sur sa table un panier de fruits secs, noixnoisettesdattes, que Mathilde adore croquer, elle qui a toujours un vase fleuri pour égayer le salon, tulipes, roses ou œillets selon la saison. C’est elle aussi qui fait les meilleurs desserts, comme sa tarte aux pommes si moelleuse.

 

Elle lui a aussi appris la patience et l’obstination : tu peux rêver, Mathilde, certains de tes rêves se réaliseront. Mais surtout apprends à faire tout ce qu’il faut pour atteindre ton but et « aide-toi, le ciel t’aidera ».

 

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 Petit matin frileux d’hiver

 

Mathilde a la grippe. Elle restera au fond de son lit toute la journée. Chut…ne la réveillez pas.

 

Gill

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 FIN