Petite cause, grands effets

 

Imaginez un récit où un fait anodin va provoquer

un enchainement d’évènements

et un dénouement conséquent

 

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pixabay


 

 

           Mauricette s’étant levée du pied gauche ce matin-là,  c’est donc d’une humeur massacrante  qu’elle aborda sa journée de ménage dans l’immeuble où elle officiait comme concierge. Oubli ou acte manqué (ce qui, me rétorquera-t-on avec raison revient un peu au même), elle omit, après l’avoir copieusement enduit de savon noir, de rincer le sol marbré du hall d’entrée.

      Malheureusement pour Gaby, la factrice, qui fut la première à pénétrer dans l’immeuble pour déposer dans les boîtes aux lettres le courrier dont elle était chargée.

Elle glissa, tomba, hurla, le tout en moins d’une seconde. Les secours, diligentés par une Mauricette effarée, arrivèrent très vite et l’ambulance repartit aussitôt une fois Gaby à l’intérieur... Bien que ne souffrant en fait que d’une foulure du poignet gauche-plutôt bénigne d’ailleurs- la jeune fille ne cessait de pousser des cris stridents qui finirent par énerver le chauffeur qui accéléra brutalement. Lancé à pleine vitesse, le véhicule heurta de plein fouet une limousine qui sortait à l’instant de l’ambassade de Chine,  un puissant émissaire à son bord. Le choc fut effroyable et comme par malchance quelques journalistes stationnaient par hasard sur le trottoir d’en face, la nouvelle se répandit aussitôt et l’affaire fit grand bruit…d’autant que le fameux émissaire  avait été conduit au plus proche hôpital toutes sirènes hurlantes, ce qui laissait mal augurer de sa santé.

A mots couverts d’abord, puis de plus en plus ouvertement, la France fut accusée d’avoir organisé un attentat  contre le malheureux ressortissant chinois.  Son pays, auquel toute l’Asie ne tarda pas à se joindre, protesta. De plus en plus violemment. L’Europe toute entière se déclara alors mortellement offensée et en retour, ses navires de guerre allèrent grossir les effectifs de la Cinquième Flotte US dans le Pacifique. La Chine (qui depuis  longtemps en mourrait d’envie) en représailles envahit Taïwan…

    …Et ce fut le début de la Troisième Guerre Mondiale…

…QUI N’EUT PAS LIEU ! Mais non ! Car, sitôt son arrivée aux urgences, le diplomate asiatique tomba fol amoureux de Gaby qui s’y trouvait encore, son état n’ayant pas été jugé prioritaire. Leur idylle, rapidement suivie d’un mariage civil à la mairie du XIIIème, mit fin aux rumeurs médiatico-alarmistes.

        Et Mauricette fut la marraine de leur premier bébé.

Comme quoi, on a beau dire, l’effet papillon, ça existe !

   El Pé

 

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Barrage de Malpasset 2014

 

 

PIED GAUCHE ET BARRAGE NE FONT PAS BON MENAGE

Aujourd’hui Gaspard s’est levé du pied gauche de fort méchante humeur, du coup son pied a glissé en emportant le tapis , il a perdu l’équilibre, il est tombé sur le dos et s’est cogné la tête sur la table de nuit !Plus de peur que de mal  (semble-t-il …)!

Légèrement sonné, il s’est habillé, a pris une tasse de café et est arrivé un peu en retard au bureau, mal coiffé, avec une chaussette noire et une chaussette bleue aux pieds et un bouton manquait à sa veste. Sa secrétaire en le voyant accoutré de la sorte est quelque peu effarée !

«  Monsieur Gaspard la réunion va commencer !  »

« J’y vais, j’y vais ! »

La secrétaire lui tend son dossier.

Gaspard se précipite vers la salle de réunion, tout le monde est là, le moment est important. C’est un gros contrat qui est en jeu. Gaspard doit apporter la touche finale. Evidemment son aspect un brin négligé intrigue les directeurs et les  personnages officiels assis autour de l’immense table. Mais qu’importe se disent-ils, cet homme est un génie, il a déjà crée de nombreux chefs d’œuvre.

Gaspard toussote pour s’éclaircir la voix et se frotte la nuque. Une douleur diffuse envahit son crâne, sans doute une séquelle de la chute de ce matin ! Il ouvre son dossier, expose brillamment son projet. Le vote est unanime : le barrage sera construit 3 km en amont de la ville!

Quelques mois plus tard : inauguration du barrage en grande pompe avec ouverture des vannes. Et là …. CATASTROPHE…

La pression de l’eau est trop forte, de grosses fissures apparaissent soudainement, le barrage se fend, puis lâche carrément inondant la ville 3 km plus bas !!!

Tout avait été construit en suivant scrupuleusement les plans et les calculs de Gaspard mais le jour de sa chute chez lui, il avait oublié sur sa table de nuit une note importante sur laquelle il avait rectifié ses calculs sur l’épaisseur du béton, en effet les calculs précédents étaient erronés !!! Le béton beaucoup trop fragile …Mais me direz-vous il aurait dû s’en rendre compte en rentrant chez lui et en voyant la feuille sur sa table de nuit. Eh oui, ce serait logique … Rappelez-vous il s’était violemment cogné la tête sur la table de nuit, la feuille à ce moment-là s’était envolée avec le choc et s’était glissée entre le mur et le petit meuble. Et le choc  avait fait perdre temporairement à Gaspard un peu de sa mémoire instantanée !!!

Moralité de cette histoire : Ne vous levez jamais du pied gauche, on ne sait jamais !!!

Chris

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Petite cause, grands effets

 

La randonnée avait commencé très tôt le matin et avec mes compagnons, je profitais de la ballade. L’air était encore frais et le soleil illuminait les sommets encore enneigés. Nous gravissions le sentier qui serpentait autour de la montagne, lorsqu’en trébuchant, je glissais sur un caillou qui chuta dans le ravin.

Je me mis alors à imaginer le voyage de ce caillou. Ce petit roc tomberait d’abord au milieu d’une troupe de chamois. Ceux-ci auraient si peur qu’ils se mettraient à bondir en tous sens, détachant d’autres morceaux de la rocaille, qui à leur tour dévaleraient la pente. Petit à petit, sous l’effet de la vitesse, cette avalanche de pierres, terres, morceaux de bois entraîneraient d’autres éléments de la montagne. Elle  grossirait jusqu’à devenir un monstre de poussières, rochers, arbres arrachés et finirait par atterrir dans une rivière, créant ainsi un barrage, et inondant toute la vallée.

Évelyne

 

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Alexandrov Ensemble 05

 

 

Fyodor  et Vladimir sont amis depuis l'enfance. Ils chantaient tous les deux  " Kalinka ... Kalinka.. "  dans la chorale des Chœurs de l'Armée Rouge . Fyodor habitait en Ukraine et Vladimir en Russie. Après les concerts, ils se rendaient dans les tavernes en bordure de la Réva. Ils aimaient trinquer à la santé des jolies ukrainiennes, puis chacun se séparait et rentrait dans sa famille respective. Le temps s'écoula, et bien que leurs carrières évoluèrent  vers des destins et responsabilités différents, leur amitié ne s'était jamais tarie; chaque anniversaire, fêtes étaient célébrées, soit dans un pays, soit dans l'autre, car les deux nations étaient unies par le même idéal.

Fyodor se maria, devint père d'une belle petite fille Daria. Vladimir épousa Sophia, devint aussi père. Lors du baptême de Daria, Fyodor insista auprès de Vladimir pour qu'il fût le parrain de sa fille,  aussi à ce que la cérémonie se célébra en la Cathédrale Orthodoxe de Moscou.

Vladimir, bien sûr accepta, et annula, pour la semaine suivante, une vidéo conférence avec les USA. L'amitié  profonde, la circonstance, passaient avant toutes les contraintes de sa tâche de chef d'Etat. Ce jour-là dans la Basilique, réquisitionnée pour Fyodor, l'on vit Vladimir arriver dans le presbytère avec un grand bouquet de fleurs magnifiques,  accompagné d'un joli  "Nounours" en peluche pour la petite Daria.

La vidéo conférence eu  lieu, et maintenant le ton montait crescendo entre son pays ami, ainsi que, d'après Vladimir, les "déstabilisateurs " de sa région. Fyodor en tant que proche de Vladimir fut arrêté, déclaré traître à la cause séparatiste ukrainienne. Son  épouse et Daria

consignées dans leur résidence non loin de la frontière avec la Russie, mais tous restaient bien sûr en contact avec le meilleur ami de toujours, qu'était Vladimir.

Vladimir de son côté ne cessait de penser à Fyodor, à son épouse,  à Daria, il n'en dormait plus la nuit, la sécurité et la vie de son ami était en péril, ne pouvant l'accepter plus longtemps, il donna le feu vert à sa puissante armée de bloquer les frontières avec l'Ukraine, et se prépara à envahir le pays.

 Ceci  est la véritable cause, de cette déclaration  de guerre.

"Petite cause, grands effets " !

Christine

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Promenade matinale

Ce matin-là, je sors avec Sorbonne, mon chien, pour sa promenade quotidienne, comme souvent, sous la pluie. Nous descendons la rue bordée d’immeubles que nous connaissons parfaitement bien, et Sorbonne s’arrête sous une fenêtre où il a l’habitude de faire ami-ami avec tout petit chien. Mais, surprise ! ce n’est pas son copain qui est là, mais un chat tout noir dont le poil se hérisse instantanément à sa vue, et qui, dos arrondi, se met à souffler. Sorbonne, qui n’est pas vindicatif envers les chats, lève le nez jusqu’à toucher le bas de la fenêtre et reçoit un méchant coup de griffe sur le museau. Énervé par la douleur, il se dresse sur ses pattes arrière, effrayant le chat qui saute immédiatement dans la rue. Suit un démarrage en trombe de Sorbonne qui, de surprise, me fait lâcher sa laisse. Et me voilà à courir derrière lui, en m’époumonant « ici ! ici ! »

C’est là que mon regard, suivant la course du chien zigzaguant derrière le chat, s’arrête en bas de la rue sur un homme juché sur une échelle, en train de repeindre les volets de son pavillon. A peine ai-je le temps de prévoir la suite qu’en 1 seconde la laisse accroche l’échelle qui tombe, provoquant la chute de l’apprenti peintre, et le pot de peinture posé sur l’échelle atterrit aux pieds d’une cliente qui sort de la boulangerie, une baguette sous le bras, et un gros gâteau à la main. Surprise et éclaboussée par un beau vert émeraude, elle lâche gâteau et pain, qui ne sont pas perdus pour tout le monde, car mon toutou se sert au passage avant de continuer sa poursuite. C’est à ce moment-là qu’il traverse juste devant une voiture qui pile, glisse sur la chaussée mouillée et dans son élan, s’encastre dans la boulangerie, brisant toute la devanture. Par chance, aucun client !

Bilan de cette promenade : des dégâts matériels et une jambe cassée pour le peintre du dimanche.

Et le chat ? retourné tranquillement sur sa fenêtre.

Et Sorbonne ? revenu terminer les restes du gâteau.

Et moi ? honteux d’avoir, en lâchant mon chien, provoqué cet enchainement de catastrophe !

Gill

 

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pixabay

 

Petite cause, grands effets

Ma mère chantait souvent le refrain de la chanson de Bénabar, son interprète favori : « C’est l’effet papillon, petite cause, grandes conséquences… ». Nous nous moquions gentiment d’elle avec ma sœur, mais je dois dire qu’aujourd’hui, je mesure toute la portée de cette maxime.

Je vais vous raconter ce qu’il m’est arrivé depuis ce matin, cet enchaînement improbable d’événements, parti d’un tout petit rien. J’étais en retard pour mon départ en week-end et dans la hâte, j’ai oublié de mettre la chatière en position ouverte. Mon chat Shadow s’est donc retrouvé bloqué à l’intérieur : je m’en suis aperçue alors que j’étais déjà arrivée sur le quai de la gare. Trop tard pour faire demi-tour. J’ai donc appelé mon voisin Simon, qui a les clefs de ma maison et qui nourrit Shadow lors de mes absences prolongées – je ne le sollicite pas pour un simple week-end. Je voulais qu’il aille libérer mon matou. Manque de chance, Simon n’était pas chez lui. J’ai tenté de l’appeler sur son portable : injoignable. J’ai donc décidé de prendre le train malgré tout et de le rappeler plus tard. En vain ! J’ai donc téléphoné à ma voisine Sabine, qui m’a répondu, tout affolée, que les pompiers venaient de prendre en charge Simon dans leur camion. Inquiète, je lui demandai ce qu’il s’était passé.

- Eh bien, me répondit-elle, on n’a pas bien compris. Il est tombé et semble s’être fracturé le bassin. Il était chez toi.

Je commençai à paniquer et me demandai ce qui avait bien pu arriver à Simon… Arrivée à destination, j’envisageai de revenir à la maison et d’abandonner mon escapade, malgré les réservations. Simon m’appela enfin et m’expliqua qu’il avait aperçu Shadow par la petite fenêtre du couloir, la seule ne disposant pas de volet. Le chat hurlait à la mort et il avait compris alors qu’il était sûrement bloqué à l’intérieur… Mon bon vieux matou passant la majeure partie de son temps dans le jardin, à chasser ou à dormir dans la haie, Simon a pensé qu’il devait aller lui ouvrir. En pénétrant dans ma maison, il avait glissé sur une flaque, d’un liquide indéterminé à l’odeur douteuse et n’avait pu se relever. Je compris immédiatement de quoi il s’agissait… Fort heureusement, il avait son téléphone portable dans la poche et avait pu appeler les secours. Et le voilà cloué dans un lit d’hôpital pour un mois, à cause d’une chute dans l’urine de mon chat… Le pire, dans toute cette histoire, c’est que lorsque les pompiers sont arrivés, ils lui ont demandé ce qu’il lui était arrivé et il n’avait eu de cesse de leur dire : « C’est à cause de cette maudite chatière ! » Ils ont pensé qu’il tenait des propos incohérents et qu’il avait dû se cogner la tête : ils l’ont même obligé à passer un scanner…

Résultat des courses : à cause de cette maudite chatière, comme il dit – enfin à cause de mon étourderie plutôt – Simon est immobilisé pour un mois, il aura droit à trois mois de rééducation au minimum, je suis rentrée sur-le-champ à la maison, mon week-end est avorté, l’argent de ma réservation est perdu. Et mon chat reste introuvable, ce soir, affolé par tout le remue-ménage de la journée. Ma mère et Bénabar avaient raison : petite cause, grands effets.

Fabienne

 

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