Rencontres improbables

 

Chacun choisit un personnage célèbre, historique ou contemporain.

Puis chacun tire au sort un personnage célèbre  / un lieu  /  un objet précieux

En 30 minutes écrire un texte relatant la rencontre des deux personnages dans le lieu et leur conversation qui doit porter sur l’objet précieux

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 Rencontre de Freud et Richelieu

 

FREUD fait les cent pas dans la GARE ST-LAZARE. Ce hall lui parait démesuré malgré l’affluence d’une foule hétéroclite qui se hâte, se croise sans se voir, semblant tisser des fils d’Ariane invisibles. Une foule bigarrée de l’errant hirsute au fiérot collet monté, du boubou africain au jean délavé, des amples vêtements blancs des similis princes du Moyen Orient aux empaquetages  noirs des femmes de cette même région… Le tout baignant dans un brouhaha inaudible mais usant.

 

Tout à coup, la garde à cheval, issue d’un autre siècle, écarte les badauds, laissant avancer majestueusement le CARDINAL DE RICHELIEU himself, dans toute sa splendeur : satins, soieries, bijoux somptueux, rien n’y manque. Il s’arrête cérémonieusement, le regard embrassant les 180° le précédant, et déclare avec emphase : « Ah ! Mon ami Freud ! Je craignais de ne point vous rencontrer au milieu de cettepopulace ! Avancez donc, que je vous embrasse ! ». Il en profita pour lui glisser à l’oreille : « Avez-vous lePARCHEMIN SECRET ? ». Freud ne sourcilla pas, mais, au milieu de sa révérence, il répondit en catimini : « Bien sûr Monseigneur ».Richelieu l’aide à se redresser en lui disant solennellement : « Vous faites partie de mes invités. Je vous attends ce soir au Louvre pour le repas donné en faveur des savants et des artistes. Soyez à l’heure. J’aurai plaisir à converser philosophie et sciences avec vous. ». Une lueur minuscule et réciproque a croisé les regards en une fraction de seconde.

 

De l’unique rencontre entre Freud et Richelieu, il semble qu’il ne restera pas grand-chose, ni en politique, ni en religion, ni en philosophie…

 

Mouty

 

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 Rencontre historique

      

       Certes, certes ! Le Café des Deux Magots, à Paris, n’a plus la notoriété conférée autrefois par Jean-Paul et Simone. Mais…

 

…Mais, et ça peu de gens le savent, il est depuis peu le point de rendez-vous très prisé des fantômes du passé. Célèbres de préférence bien que  l’invention de la démocratie ait un tantinet chamboulé  des valeurs pourtant bien ancrées chez certains. Ainsi il n’est pas rare de voir Louis XIV s’entretenir avec un gaulois inconnu, ne se prénommant même pas Astérix, ou Duguesclin payer un verre à un Sans Culotte. Ainsi va la vie après la vie.

 

          Aujourd’hui Galilée est plutôt fébrile. Enfin ! Enfin il a réussi à décrocher un rendez-vous avec  Jean de La Fontaine ! Tant il est vrai que le célèbre fabuliste est très demandé d’une part (son esprit alerte étant souvent mis à contribution pour éclaircir quelque point obscur du passé) et d’autre part, il y a tant de monde dans l’Au-delà, n’est-ce-pas, qu’il faut parfois une éternité pour trouver celui(ou celle !) que l’on cherche. Mais on finit par y arriver. La preuve.

 

      Galilée attend. Il en est à son troisième demi quand apparait La Fontaine, toujours aussi élégant, aussi chevelu et arborant ce même petit sourire qui lui a valu la sympathie des différentes générations d’écoliers, nonobstant la fable à savoir par cœur pour le lendemain…

 

 «  -Salut Galilée ! Dites-donc mon vieux, ça fait un bail !

  - Un bail, comment cela ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés, il me semble !

   -Ah bon ? C’est possible. Alors, que me vaut ce plaisir ? Au fait, qu’est-ce que vous buvez, une pression ? Parfait. Garçon, vous nous remettez ça. Excellent choix en effet.

   -Oui, la bière est bonne ici. Pas comme dans ces « pubs » où on la sert tiède. Pouah !!!

    -Ne m’en parlez-pas ! Alors ? Pardonnez-moi si je vous presse un peu, mais je dois retrouver ce tantôt Mata Hari dans les jardins du Taj Mahal et comme ce n’est pas la porte à côté…

 -Bien sûr. Je comprends. En un mot, voici l’affaire : connaissez-vous La Joconde ?

-Le tableau de Léonardo ?

-Précisément.

-Je le connais, sans l’apprécier outre mesure. Cette Mona Lisa manque par trop de piquant...

-N’en dîtes pas plus. Je l’aime en secret depuis plus de quatre siècles !

-Un amour, comment dire… virtuel, si je comprends bien.

-Forcément. Je suis né trop tard, hélas. Mais, comme vous l’avez-vous-même expérimenté sans doute, nous, êtres d’élite, savons aimer d’une manière différente du commun des mortels et...

-Vous m’en direz tant ! Et que désirez-vous de moi ?

-Un grand, un immense service. Je sais que vous possédez un énorme entregent qui vous permet de pénétrer le réel des vivants, aussi…

-Allons, dîtes que diable !!

-Et bien voilà : Je voudrais m’approprier le tableau qui est au Louvre.

-Voyons ! Vous savez bien que La Déclaration des Droits du Fantôme et du Revenant l’interdit formellement !

-Oh ! Pour une fois !

-Non, c’est impossible. Mais je vous propose autre chose. Figurez-vous que je connais personnellement le valet de Mona Lisa, un charmant garçon d’ailleurs, qui se plait à rimailler à ses heures… Et bien, il m’a justement présenté à cette dame avant-hier.

-Comment !!??

-Oh, en tout bien tout honneur ! Je vous dis qu’elle n’est pas mon genre.

‘-Et vous ?

-Oui Galilée, je parviendrai à la convaincre de vous retrouver ici demain soir…A moins, bien sûr, que l’original ne puisse guère tenter un être d’élite tel que vous…

-Vous êtes caustique! On a beau être savant on n’en est pas moins homme, vous savez ! Mais comment, comment vous remercier ?

 -En me présentant en retour Copernic, que je rêve de connaitre, et en vous souvenant que décidemment, quelque soit notre état, on a souvent besoin d’un plus petit que soi. »

 

                                     El Pé

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Quand Jean rencontre James

 

James Dean, jeune acteur et joueur compulsif, est installé à la roulette dans une salle du Casino de Valras. Malheureusement, il perd et sous peu sera obligé de se retirer. Il en est malade, mais ce qui devait arriver arrive et le voilà contraint de céder sa place.

 

Déambulant à la recherche d’une connaissance susceptible de lui faire un prêt, il voit s’encadrer dans la porte, à l’entrée de la salle, la silhouette massive de Jean Gabin. S’arrangeant pour se trouver sur le passage du comédien, il l’interpelle fébrilement :

 

« - Monsieur Gabin, quelle surprise ! Je suis un de vos fervents admirateurs. Vous me reconnaissez, j’espère. J’ai déjà joué dans deux films aux Etats-Unis, qui ont eu un très grand succès. Vous en avez sans doute entendu parler : « à l’Est d’Eden » et « la Fureur de vivre ».

   - Ah oui, le deuxième me dit quelque chose ; c’est celui dans lequel de jeunes cons font des courses en voiture et s’arrêtent au bord d’un précipice. J’espère que tu n’es pas comme ça dans la vie, mon gars, car sinon tu n’iras pas loin.

    - Non, non, monsieur Gabin, non, non, je suis très sérieux. Par contre, je me demandais si vous aviez toujours votre rubis, vous savez, celui qu’un émir vous a donné il y a plusieurs années, tant il avait été séduit par votre jeu dans « Quai des brumes ». On dit que vous l’avez toujours sur vous et que vous le considérez comme un porte-bonheur.

    - Oui mon pote, c’est vrai. Il ne me quitte pas et vaut une fortune. Je l’ai toujours dans ma poche, protégé par un petit sac.

    - Jean, mon très cher Jean, ne voudriez-vous pas me le vendre ?

    - Tu rêves, petit, t’es pas assez riche. En plus, c’est un cadeau, j’y tiens. Il faudrait que tu bosses toute ta vie en faisant des films à succès pour pouvoir te l’offrir.

    - Monsieur Gabin, je vous l’échange contre ma Porsche qui vaut aussi une fortune.

    -Ah mais y rigole l’animal ! Et môme, t’es cinglé. Echanger ce pur joyau contre un tombeau ambulant, faudrait être ramolli du cerveau. Allez oublie gamin. Arrête de jouer, de boire, de courir en auto et tu te porteras mieux. »

 

Sur ce, Monsieur Gabin tourna les talons, sa main protégeant son rubis, et alla saluer son vieil ami, le Directeur du Casino. James, trépignant de déception, resta bouche bée, réfléchissant à une nouvelle astuce pour pouvoir retourner jouer. Dommage pour lui qu’il ne se soit pas débarrassé de cette Porsche qui lui coûtera la vie.

 

Gill

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Soir chaud , étouffant  d'été en Aout , à Béziers ; un seul endroit supportable , la fraicheur d'une église, et  s'approchant de l'église Ste Madeleine , Pasteur entend monter, dans la nuit, le son enchanteur d'un piano ; les notes claires semblent voler, allégeant  l'air lourd de cette nuit torride , on croirait qu'elles montent directement dans le ciel se fondant, puis disparaissant, englouties par les quelques nuages qui cachent les étoiles ,quelle merveille cette musique , voyons qui est le grand pianiste qui interprète cela , sûrement un génie , se dit Pasteur en entrant dans la pénombre fraîche de l'église , tout en déposant son télescope près de son siège ; je suis venu ici à Béziers ce soir , pensant regarder le ciel et  scruter les étoiles avec mon télescope et  je me trouve dans cette église pour écouter un concert de piano ; tournant la tête vers le musicien, il reste bouche bée , en reconnaissant  Mozart  qui, sous les applaudissements,  termine son concerto .

 
S'approchant, il se présente , lui disant toute son admiration et le félicitant . 
« Savez-vous, mon ami, que j'ai ici un télescope pour admirer le ciel, je fais des recherches passionnantes d'astronomie , aimeriez -vous m'accompagner ? Ce soir, le ciel ce prête parfaitement pour étudier  avec cet instrument tout ce qui s'y passe , je vous ai écouté jouer avec un tel plaisir , c'était un pur bonheur » ; « Et moi mon cher Pasteur » ,répond Mozart , «  J'adore aussi admirer avec un télescope tout ce qui compose notre ciel , voyons ce que vous avez ici » ; « Venez  vite », dit Pasteur , « Je vous promets une fin de nuit aussi belle  que votre sublime musique dans cette église , avec les astres de ce ciel d'été, ce sera tout à fait une autre chose » . Pasteur prenant son instrument, ils sortent avec empressement vers les remparts. « Je suis passionné par les appareils tels que les télescopes et  ce qu'ils peuvent nous permettre de voir , dans ce grand mystère que contient le ciel , malheureusement la musique, passion principale pour moi , ne me laisse pas une minute », confie Mozart . « Alors ce soir, moi , Pasteur , je vous en donne l'occasion , nous allons vivre pleinement cette chaude nuit et admirer en commentant, comme deux gamins, ce que va nous dévoiler la sphère céleste et  tout ça avec ce génial appareil  qu'est le télescope. »


« Et oui Monsieur le génie , en musique, admirez ce que peut nous faire entrevoir et découvrir cette petite merveille , et tout cela avec un minuscule miroir concave , dans le corps du télescope. »

 
Rina

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