La fin ou le bout du monde

 

Après avoir cherché des mots commençant par « mon », chacun en choisit un pour former une liste commune.

En 20 minutes, chacun écrit un texte contenant les mots de la liste et commençant par l’une des deux phrases suivantes :

« C’est pas la fin du monde tout de même »

« J’irai jusqu’au bout du monde »

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Dentelles de Montmirail 1

wikipédia

 

 

« J’irai jusqu'au bout du monde » : juchée sur un monticule, au-delà des dentelles de Montmirail, quelque part entre Avignon et MondragonMonica se projette dans le passé. Du temps de la monarchie, elle était princesse, ou peut être reine, ou encore courtisane, délicieusement parfumée au monoï, elle se montrait à la cour, et les ducs, les marquis, les nobles, la vénéraient et se prosternaient jusqu'à terre, lui offrant des cadeaux somptueux, diamant, or, argent, rubis, pierres précieuses.

 

Monica la belle redescend lentement, la sonnerie retentit. Gégé, le monte en l'air récidiviste, se lève. Le gardien l’accompagne. Un geste de la main. Monica le reverra au prochain parloir. À moins que la monotonie des jours perdus ne l'engloutisse à jamais.

 

Louis

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« C’est pas la fin du monde quand même » !!!! s’exclame Monica rouge de colère, drapée dans un peignoir de soie chinoise, j’ai terminé le flacon de monoï …  et après !!! … Utilisez autre chose !!! … »

« D’accord, répond Pierre-Louis de Mondragon, là n’est pas la question ! Ce monoï était unique, il n’en existait que dix flacons dans le monde dont celui-ci, l’avant dernier.  Le dernier appartient à Philippe-Etienne de Beauplaisir, prince d’une monarchie déchue.   Il va falloir que je demande à Gaston, le monte-en - l’air d’aller subtiliser discrètement ce dernier flacon ! »

Monica est hors d’elle :

« Que d’histoire pour du monoï !!! Je ne vous comprendrai jamais ! Montrez-moi l’étiquette du flacon ! Qu’y a-t-il de si particulier dans sa composition ?? »

« Ma chère Monica ce monoï a un ingrédient secret, que je ne puis vous révéler. »

« Ah ! Puisque c’est votre réponse ! Je préfère partir !  Dommage car je ne peux pas dire que la vie avec vous soit un long fleuve tranquille, empreinte de monotonie ! J’aimais assez cette idée de vivre auprès de vous de nombreuses aventures, mais cette histoire de monoï est la goutte qui fait déborder le flacon, pardon le vase ! »

« Très bien ma chère puisque vous le prenez sur ce ton-là, habillez-vous, prenez vos petites affaires et partez droit devant vous jusqu’au monticule, vous voyez ce petit monticule là-bas à 200 mètres ? Eh bien de l’autre côté se cache l’ingrédient secret !...   Bonne route et bonne chance !!! A un de ces jours peut-être !!!... »

 

Christine

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La fin du monde

 

C’est pas la fin du monde tout de même ! C’était la phrase préférée de mon père. Il comparait toujours les ennuis du quotidien à des faits beaucoup plus terribles et nous apprenait à tout relativiser.

 

S’il avait vu la monarchie s’effondrer et la guillotine trancher la tête de Louis XVI, il l’aurait dit. S’il avait surpris un-monte-en l’air s’enfuyant avec les bijoux de ma mère Monica, il l’aurait dit. S’il avait vu en flamme la ville de Mondragon, il l’aurait dit.

 

Mais aujourd’hui, s’il était encore là, même en voulant montrer le plus grand optimisme, je crois qu’il ne pourrait pas le dire, car la fin du Monde, justement, est annoncée pour demain midi, dans douze heures exactement. Et autour de moi, c’est le silence uniquement perturbé par la monotonie du bruit de la pendule du couloir dont chaque sursaut de la grande aiguille égrène le compte à rebours.

 

Je voudrais faire tant de choses avant que l’énorme météorite n’entre en collision avec la terre, et je ne sais pas par quoi commencer. Peut-être tout simplement devrais-je me mettre en paix avec moi-même, penser à tous ceux que j’aime et qui sont loin, ou imaginer un moment de détente sur une plage de sable fin, où prête à me baigner, je m’enduirais le corps de monoï.

Et oui, j’extrapole, mais que ferais-je si ces pensées inspirées par le monticule de petits fragments de météorite que j’ai sous les yeux, trouvés hier dans mon jardin, devenaient réalité ? Heureusement, nous n’en sommes pas là et nous avons encore de belles années à vivre.

 

Gill

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