Miroir, mon beau miroir......

 

Vous vous regardez dans une glace. Que voyez-vous ? En 15  minutes écrivez un texte où vous le racontez.

-------------------------------------------------------

 

 

 

 

Ma grand-mère me l’avait bien dit : « Il ne faut jamais se regarder dans une glace à minuit car on risque d’y voir le diable… »

 

  C’est ce qui venait de m’arriver.

 

La soif m’avait réveillée en pleine nuit. Une soif terrible, comme celle que l’on peut éprouver après une anesthésie générale ou quand on est dans le désert depuis très longtemps*. Aussi, au lieu d’aller jusqu’à la cuisine située à l’autre bout de l’appart, ai-je opté pour le raccourci de la salle de bains afin d’avaler, cul sec, deux grands verres (à dents) d’eau…Avant de jeter, machinalement, un coup d’œil dans la glace, au dessus du lavabo.

 

   Mal m’en a pris.

 

Une créature verdâtre, aux yeux rouge sang a surgi brusquement. Sa chevelure immonde, hirsute, dessinait deux cornes de chaque côté de la tête, tandis qu’une mimique d’effroi, singée par pure moquerie, se lisait sur son visage…si tant est que l’on pouvait appeler ça un visage.

 

  En réalité, son regard diabolique tentait de m’hypnotiser, avec succès ma foi puisque je sentais mon corps se pétrifier de seconde en seconde.

 

    Etait-ce Satan, Lucifer ou quelque démon moins connu du grand public qui venait de m’apparaitre ? Toujours est-il que dans un instant il traverserait le miroir pour m’emporter dans une géhenne dont l’Etna en éruption ne peut en fournir qu’une très faible idée.

 

    Je me mis à hurler !

 

   Etait-ce l’incongruité de ce hurlement perçant le silence de la nuit ? Sûrement car la mémoire me revint alors. Juste assez pour réaliser que jamais, et surtout le soir, je n’avais été fichue de  digérer un curry indien.

 

                                        El Pé

 

*Jean- Patrick Capdevielle je t’aime toujours.

________________________________

 

 

 

 

La maison est ancienne, propre mais vide, semblant abandonnée. Il reste cependant un miroir contre le mur qui fait face à la fenêtre, et attiré comme par un aimant, je m’y dirige, et tout doucement, un peu inquiet de ce que je vais y voir, je regarde. RIEN, je ne vois rien. Je me touche, je fais des gestes et toujours rien ne se reflète. Par quel prodige est-ce possible ?

 

Pourtant, dans ce miroir, il y a bien longtemps, un homme jeune, dans la force de l’âge, s’est regardé. Brun, les yeux gris, plutôt beau, il était heureux. Derrière lui, dans ce miroir, il voyait un salon douillet, une jeune femme blonde qui brodait et dehors, dans l’encadrement de la fenêtre ouverte, trois enfants plein de vie riaient aux éclats.

 

Mais quand était-ce ? Il y a un, deux siècles ? Je ne sais plus. Il y a tant de temps que je traîne ma vie de fantôme sans avoir voulu revenir dans cette maison qui fut si joyeuse. Je n’avais jamais osé me regarder dans un miroir ; j’avais si peur de voir un être horrible. Et bien je le sais maintenant, les autres ne me voient pas et moi, je ne me vois pas non plus. Il n’y a que moi qui vois les autres ; Je ne suis rien. Triste vie que celle d’un pauvre fantôme solitaire !

 

Gill