Phrases au hasard

 

 

Cinq papiers où sont écrits respectivement un substantif, un verbe, un complément d’objet direct, un complément de temps, un complément de lieu sont tirés au sort. Ils forment une phrase.

En 15-20mn, écrire un texte libre incluant cette phrase.

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     je me trouve dans une forêt profonde et obscure, respirant un air lourd et étouffant, griffée par des longues ronces piquantes en colère qui veulent me barrer le chemin, ça craque, ça crisse sous mes pieds qui, par endroits, s'enfoncent sur un sol moussu et gluant, je cherche un croisement, une clairière qui me permettra de m'orienter pour sortir de ce labyrinthe où  je tourne angoissée, entendant  toute sorte de bruits plus insolite les uns que les autres, de chuchotis, de claquements, de frôlements qui m'affolent .

 

     Comment ais-je pu m'éloigner de mon groupe à ce point, comment suis-je allé si loin sans m'en rendre compte, toujours ma curiosité; un son inexpliqué et je me dirige vers lui pour savoir, pour voir qui est-ce qui peut émettre ce son, quelle bestiole, ou quel animal, et j'ai quitté le sentier, voilà, ça a suffit au groupe pour disparaître dans cette vapeur moite, comme happé par toute l'épaisseur de l'atmosphère régnant dans cette forêt équatoriale, ne panique pas, j'essaie de me rassurer, mais je ne la mène pas large, des tas d'idées sombres commencent à envahir mon cerveau, je dois les chasser;  je ferme les yeux, me concentrant, je les rouvre et tout à coup, comme par magie, il apparaît devant moi,  traversant le rideau d'eau dans un rayon de lumière, l'arbre tortueuxqui adorait la barbe à papasous la pluie battante au bord de l'amazone. Des trombes d'eau s'abattent,  bouchant tout l'horizon autour de moi mais, dans cet éclat de lumière, j'ai eu le temps de l'apercevoir, mon groupe,  agglutiné contre lui, dégoulinant, se  serrant  contre ses grappes géantes de fleurs, en forme de barbe à papa, que les enfants adorent tant, et moi le cœur gonflé de joie, j'avoue, j'en aurais bien mangé une, aussi, barbe à papa . 

 

               Rina   

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Spectacle en plein air

 

Les comédiens amateurs sont en ébullition. Ce soir, c’est la première. Les crêtes qui entourent le cirque de Gavarnie accrochent les derniers rayons de soleil. Je vais au marché avant la fin de la journée qui verra Louis XIV escalader lamontagne. Il doit se mettre en place avant la nuit tombée marquant le début du spectacle.

 

Les spectateurs commencent à affluer, et les files d’attente aux guichets s’allongent démesurément. Heureusement, j’ai acheté ma place en début d’après-midi. De temps en temps, je tâte mon ticket qui patiente dans ma poche. Ce soir il sera un peu défraîchi, mais qu’importe, c’est mon sésame. L’accès à la scène immense au décor grandiose proposé par la nature est un peu caillouteux. Il laisse présager la magie qui va se dégager des lieux. Je me retrouve au milieu des gradins, endroit idéal pour embrasser toute la scène.

 

Les dernières touches de soleil ont disparu. La musique de Lully provoque soudainement le silence dans la foule, alors que les spots de sécurité s’éteignent et que les projecteurs, braqués sur les artistes nous plongent dans le XVIIe siècle. La féérie éclate : le mariage de Louis XIV entouré de sa cour est en scène. Les personnages apparaissent ici et là, sur les déclivités ou les rochers, avant de se regrouper au premier plan.

 

Comédie, éclairage et musique tiennent en haleinejusqu’au tonnerre d’applaudissements qui marque le fin du spectacle.

 

           Mouty

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Ramina ouvre un œil ; il laisse apparaître une fente dorée entre ses paupières mi-closes. Il n’a pas besoin de pendule pour savoir l’heure ; les multiples petites habitudes de la maison, accompagnées des manifestations de son estomac lui indiquent qu’il va bientôt être l’heure de manger. Ramina n’est pas un chat de gouttière, il ne passe pas son temps dehors même s’il lui arrive de faire une petite promenade dans la forêt proche, juste derrière la maison, et comme tout chat civilisé il prend ses repas à heures fixes. Il aimerait bien pouvoir manger en permanence, par petites quantités, et surtout la nuit, comme tout félin qui se respecte, mais ses maîtres ne l’entendent pas de cette oreille. Alors il se soumet, car c’est facile de ne pas chercher sa nourriture et Ramina est un gros paresseux ! Il se dit, philosophe : si le chat n’a pas assez de sa pâtée à la maison, le chat mangera le superflu peut-être demain, dans la forêt, musaraignes, oisillons qu’ il n’ est pas question de rapporter à sa maîtresse ; elle crierait en le traitant d’assassin, lui qui est né pour être chasseur de mulots et autres chairs fraîches ; c’est ainsi pourtant, Ramina est un chat et comme tel se doit de courir après les souris ! Mais sa maîtresse ne veut pas le savoir alors, pour lui plaire, il se comporte en chat de salon et il en rajoute : miaulant à fendre l’âme, il se frotte à ses jambes, tourne autour de sa gamelle, lui jette des regards éplorés. Et elle, se penchant, le prend dans ses bras, lui murmurant : « mais oui, mais oui, mon pauvre minou, je te donne à manger »

 

Ramina se dit alors : « finalement, c’est bon d’être un chat de salon ».

 

                Gill

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