Histoires de maisons

 

Consigne du jour:

      Rechercher des mots commençant par  « AT »  (2mn)    - Rayer les mots communs  - Chacun garde un mot de sa liste.
      Faire une liste d’objets se trouvant dans une habitation  (2mn)    -même travail que précédemment.
      Choisir une photo d’habitation.
      Rédiger un texte inspiré par cette photo et contenant la liste de mots  sélectionnés (20-25mn).

                    les mots suivants sont à insérer dans le texte:

       atout- attirail- attirer- attabler- bureau- micro-ondes- serpillère- lampe.

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Par un bel après-midi d’été, au cours d’une promenade en forêt, je fus attirée par une maison aux volets bleus comme je les aime, au toit de tuiles romanes, située au bord d’un plan d’eau. Elle avait tous les atouts pour me plaire, j’eus le coup de foudre car mon rêve était sous mes yeux. En m’approchant, abasourdie,  pour l’admirer, je vis un homme dans son jardin qui me regarda, intrigué par mon arrivée car il ne devait pas recevoir beaucoup de visites dans ce coin si perdu. J’avançai pour le saluer et lui dire combien sa maison me plaisait, correspondait en tout point à mon idéal avec en prime son petit appontement pour canoter sur le lac et pêcher avec tout l’attirail que je voyais sous le porche.
Le monsieur, charmant, me proposa de nous attabler devant la porte pour nous désaltérer en profitant de ce soleil voilé par les pins.
J’appris ainsi qu’il vivait là, seul, veuf, ses enfants ayant préféré la «civilisation»,   comme il dit.
Il avait deux chèvres pour le lait et les chevreaux au printemps qu’on mangeait à Pâques, en famille ; un poulailler ; il vivait quasi en autarcie mais il possédait tout le confort qu’on peut souhaiter car je vis par la fenêtre ouverte, un bureau avec une lampe et un ordinateur. Il était donc relié à la civilisation et il me dit qu’ainsi le soir il conversait avec sa famille par webcam. Je vis aussi par l’autre fenêtre de la cuisine, un micro-ondes et autres accessoires électroménagers.
C’était le paradis pour moi, mon rêve à l’état pur, tout était là sous mes yeux ; et le monsieur aussi était à mon goût mais ça je ne pouvais pas le dire. Nous bavardâmes et fîmes connaissance et nous ne vîmes pas le temps passer au point que le soir commençait à tomber. Je renversai mon verre par maladresse, dans la semi obscurité et comme il alla chercher une serpillière, le charme fut rompu. Il fallait que je regagne mes pénates. Il me raccompagna pour traverser la forêt jusqu’à ma voiture et devant mon enthousiasme pour son lieu de vie, il me proposa de revenir quand je voudrais.
Et depuis je partage avec mon Adam, l’Eden !

Mimi

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La maison médiévale

La montée est rude dans ce petit village fortifié exhalant de ses pierres une époque médiévale qui s’accroche aux murs tel ce lierre à la verdure tenace. On y est attiré vers le haut. Les pavés de la ruelle communiquent une attente de surprise à chaque croisement. La chaleur y est étouffante. Pas de signe de vie derrière les volets mi-clos. J’aboutis enfin au bas d’un escalier appuyé à la muraille du bâtiment qui semble chargé d’histoire. A la hauteur de la première marche, un écriteau : « AU TEMPS DU MOYEN AGE - Maison d’hôtes ».


C’est ici. Je monte péniblement les soixante cinq marches que je compte en m’arrêtant toutes les dix pour reprendre mon souffle. Je débouche sur une terrasse rafraichie par une légère brise, et offrant une vue superbe sur les coteaux striés de vignes aux teintes rougeoyantes passant du pourpre au jaune parsemés d’orangé. Ici et là, quelques cyprès tournés résolument vers le ciel. Un vrai paysage de Toscane. C’est un atout vraiment appréciable dans cette campagne loin de tout.


La porte d’entrée s’ouvre tout à coup sur un couple tonitruant de bonne humeur, et qui m’accueille à bras ouverts. Ils s’excusent de leur retard, alors qu’en réalité mon arrivée prématurée bouscule leur organisation. Devant la porte, un attirail de nettoyage est resté en plan : un seau, un balai, une serpillère.


« Entrez donc prendre un peu de repos » me dit l’hôtesse en m’invitant à m’asseoir avec deux autres locataires attablés devant un café et une tarte aux pommes parfumée à la cannelle. Prestement, d’un coup de micro-ondes caché derrière le pilier d’une arcade, elle remet un café à la température adéquate à une dégustation sur le champ. Elle va s’installer derrière son bureau pour quelques annotations rapides. C’est une table aux pieds et à l’entretoise chantournés, style dix-huitième siècle peut-être, sur laquelle reposent une petite lampe en cuivre et un vase garni de roses.


Les murs aux pierres apparentes, la grosse table trapue et ses gros bancs de bois sombre, l’odeur d’ancienneté et l’ensemble du décor me projettent dans l’ère médiévale. Le cadre est implanté pour m’y transporter. De vraies vacances.

Mouty

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Shoukrya est  réveillée très tôt  par des piqûres  de puce qui la démangent et par les vagissements du petit dernier, alors que l’aube pointe à peine. Elle reste immobile, encore un peu ensommeillée, pensant à tout ce qui l’attend  au seuil de cette nouvelle journée. Son regard s’attarde sur les murs familiers, faits de bois et de terre, sur le pilier central supportant la toiture, rassurant cocon pour elle qui n’a jamais connu d’autre habitation. Elle repousse  la couverture qui l’entoure et se lève pour réveiller la maisonnée. En effet, il va falloir sortir les bêtes, moutons chèvres et bœufs qui dorment avec eux dans la maison car il est bien trop dangereux de les laisser dehors la nuit, les hyènes risquant de les dévorer. Les enfants s’occuperont du petit bétail et le père des bœufs. 

Si cette maison ainsi que toutes celles de ses nombreux voisins  n’a rien d’extraordinaire pour Shoukrya, il n’en serait pas de même pour le voyageur occidental entrant chez elle. Cherchant une lampe pour s’éclairer, Il  écarquillerait des yeux effarés en regardant ce qui l’entoure, c'est-à-dire : RIEN. Aucun mobilier, ni table, ni chaise, ni lit, encore moins de bureau, ni même une pauvre serpillère, et c’est à la main que Shoukrya  ramassera les déjections du bétail avant de préparer la grande crêpe de tef ou autre céréale pour le petit déjeuner. Notre voyageur, habitué au micro-ondes, chercherait en vain la batterie de cuisine, mais par contre, il reconnaîtrait certainement  l’ingéniosité des constructeurs de cette hutte qui y ont prévu deux niveaux, une partie périphérique plus haute permettant de s’asseoir en posant les pieds sur le plus bas niveau. Shoukrya se dit qu’il faudra aussi aller chercher de l’eau car il n’y en a plus. Pas question, donc, de se laver ni de boire, à moins d’utiliser l’eau de la mare boueuse qui est à quelques pas. Il faudra marcher au moins deux heures pour trouver cette eau et autant pour la rapporter.  Ne perdant pas de temps, elle se met à préparer le repas. En guise d’attirail de cuisine, elle n’a qu’une simple plaque métallique graissée à mettre au dessus du feu qu’elle a allumé. Ce sera le seul repas jusqu’au soir. Elle commence par attirer l’unique  chaudron de la maison où elle a préparé la pâte, puis l’étale sur la plaque pour la cuire ; chacun puisera avec ses doigts dans le plat   commun ; ici, pas question de s’attabler pour manger.

 La tâche du père, c’est la culture des champs. Est-ce un atout pour lui d’être dehors ? Pas vraiment car le travail est bien pénible ; tout se fait à la main, aucune aide d’aucune machine, même pas de soc  pourvu de roues. C’est le Moyen Age,  en plus archaïque !  Pas d’école pour les enfants, on a besoin d’eux pour aider  et l’école, quelquefois, c’est trop loin. 

Les tâches des uns et des autres se succèdent dans ce village bien peuplé où on trouve une hutte tous les cent mètres, puis la journée de Shoukrya  s’achève avec le coucher du soleil. Il est presque temps d’aller dormir, le faible éclairage ne permettant pas les longues veillées. La maison est silencieuse et on a l’impression que le temps n’a pas bougé depuis celui où Henry de Monfreid décrivait cette campagne éthiopienne, du côté de Dire Dawa.    

 

    
Gill